Dürer : l’amour et la mort

Par Le lion Bleufleurophage

Dürer, gravure datée de 1503 : Panofsky la considère comme une version héraldique de l’Amour et la Mort, thème cher à La Renaissance (et présent dans d’autres garvures de Dürer où des amants en promenade préoccupés entièrement d’eux mêmes, sont représentés guettés par la Mort). Bernheimer quant à lui y voit une gravure de mariage (la couronne de la jeune femme est une couronne de mariage) et la gravure est une allégorie de l’éternelle polarité entre amour et mort. D’autres commentateurs voient enfin dans cette gravure une allégorie d’une guerre de succession aux possessions de Georges le Riche, passées à sa fille contre les lois impériales. Ce qui me frappe dans la gravure, c’est la position frontale du crâne sur l’écu, si souvent de profil. L’homme des bois, fréquent dans les mythologies allemandes de la Renaissance, semble ramener la belle guerrière à la pente instinctive du plaisir, l’écu et le casque sont délaissés, le crâne fixe le spectateur et annihile ainsi la possibilité d’avoir en douce un point de vue surplombant sur tous les plans de cette scène, à l’insu de ses protagonistes. Le spectateur est également concerné, dans cette interprétation à la noix typiquement post moderne que je tire de tout le baratin ambiant sur l’assignation de la place du spectateur dans l’oeuvre même. N’en reste pas moins le caractère frappant et inhabituel de ce premier plan occupé par un crâne en représentation frontale.

Le Lion Bleuflorophage

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