Ennui culturel à Lyon : même Le Monde en parle !
Ennui culturel à Lyon : même Le Monde en parle !

Ennui culturel à Lyon : même Le Monde en parle !

Voici un article du Monde qui confirme, si besoin était, notre vision ironique et désabusée du petit village coincé entre deux rivières et qui cherche à se faire plus gros que le boeuf :

Une Biennale sans foi ni choix

LE MONDE | 21.09.07 |
Lyon Envoyés spéciaux

Notre époque aime les palmarès. Quel est le meilleur musicien d’aujourd’hui ? Les plus grands peintres de tous les temps ? Ou : « Quel(le) est selon vous l’artiste essentiel(le) de cette décennie ? » La question soulève tant d’objections – pourquoi n’y en aurait-il qu’un ? Que signifie « essentiel » ? – qu’elle apparaît dépourvue de sens. Elle n’en est pas moins supposée justifier la 9e Biennale de Lyon.

Elle a été confiée à deux commissaires, Stéphanie Moisdon et Hans-Ulrich Obrist, qui ont esquivé la tâche en posant la mauvaise question de « l’artiste essentiel » à quarante-neuf commissaires d’expositions et critiques d’un peu partout dans le monde – mais pas d’Afrique… – et à quatorze artistes. Chacun des soixante-trois a donc désigné son élu(e) à sa guise, sans aucun souci de cohérence. Y en aurait-il soixante-trois, ce serait déjà beaucoup. Mais Pierre Joseph, un des quatorze artistes, a invité avec un narcissisme charmant une dizaine de ses cadets à commenter son propre travail. Saâdane Afif a, lui, rassemblé une cinquantaine d’artistes, qui ont en commun d’avoir exposé à la Zoo Galerie de Nantes.

Chiffres encore : ces dizaines d’artistes sont répartis en quatre lieux fort éloignés les uns des autres, Sucrière, Musée d’art contemporain, Institut d’art contemporain de Villeurbanne et Fondation Bullukian. Le temps où la Biennale, cohérente et réfléchie, se tenait sous la Halle Tony-Garnier est révolu. S’ajoute une nouvelle foire, Docks Art Fair, créée par le galeriste lyonnais Olivier Houg, avec une quarantaine d’exposants. Les stands ayant joué le jeu de l’exposition personnelle, quarante artistes s’ajoutent à la liste. Quant au festival Résonance, greffé lui aussi sur la Biennale, il fédère 120 manifestations dans toute la région Rhône-Alpes. A ce point, on renonce aux additions pour se demander comment une telle profusion aurait pu ne pas tourner à la confusion.

La décision de Moisdon et Obrist de déléguer à d’autres le choix des artistes s’expliquerait par la mondialisation de la scène de l’art et la multiplication des expositions, qui empêcheraient toute vue globale. Mais qui serait assez naïf pour espérer d’une Biennale, fût-elle de Venise, une vue globale ? Tel n’est pas le but de ces manifestations. Que des préférences s’y déclarent, que des tendances s’y affirment, c’est ce qu’on en attend. Et c’est du reste ainsi qu’a agi la majorité des soixante-trois, mais chacun dans son coin, en assénant sa petite vérité personnelle. Vérité souvent nationale du reste : les Anglais exposent des Anglais, les Grecs un Grec, le Lituanien un Lituanien, et ainsi de suite. La mondialisation serait-elle le masque actuel d’un nationalisme inchangé ?

Si aucun thème, aucune esthétique, aucune invention ne se dégagent, une tonalité s’impose, celle du déjà-vu. Le recyclage des provocations de Dada, désormais nonagénaires, tourne à plein : assemblages joliment loufoques d’Urs Fischer, affiches lourdement provocatrices d’Erick Beltrán, vidéo d’Ohad Meromi s’essayant à la parodie, happenings convenus de Tino Sehgal et d’Apertet et Vigier. Les dioramas que Michel Houellebecq a commandés à Rosemarie Trockel en citant gravement Schopenhauer, se veulent terribles et ne sont que grand-guignolesques.

DISCOURS BAVARDS

A mesure que l’on passe d’un lieu à l’autre, l’ennui ne cesse de s’apesantir. On attend une idée neuve, au moins l’esquisse d’une singularité. Mais non : des discours bavards et prétentieux prétendent justifier des dispositifs simplistes et déjà cent fois employés – bricolages façon Robert Filliou, images à la Larry Clark -, mais en bien plus timide.

Ne se dégagent que deux oeuvres spectaculaires. Les Portoricains Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla ont conçu un bunker qui abrite un orchestre de trompettes et trombones dont les sons guerriers jaillissent des meurtrières. Il a été acheté par le Musée Astrup Fearnley d’Oslo et a reçu le prix du jury de la Biennale, le partageant avec une vidéo laborieuse du New-Yorkais Seth Price. Le Pékinois Liu Wei a construit dans le jardin de la Fondation Bullukian une serre faite de fenêtres récupérées. Elle abrite une salle de classe déserte noyée de poussière : c’est la seule pièce de la Biennale qui conjugue force visuelle et poésie.

9e Biennale de Lyon. Divers lieux. Tél. : 04-72-07-41-41.

Jusqu’au 6 janvier. Du mardi au dimanche de 12 heures à 19 heures.

Vendredi de 12 heures à 22 heures. Entrée : 10 €.

www.biennale-de-lyon.org.

Harry Bellet et Philippe Dagen

Article paru dans l’édition du 22.09.07.

23 commentaires

  1. Séverine

    STOP!!!!!C’est facile de critiquer derière votre ordinateur!
    Vous feriez mieux de proposer vos idées.
    Je vous invite à venir faire part de votre insatisfaction aux Café 2013.Ils sont organisés pour promouvoir la candidature de Lyon et parler sur des thèmes de la candidature.Alors si vous vous ennuyez tellement dans cette ville venez faire un tour…

  2. Chère Séverine,

    Vous semblez aimer les clichés, ce dont je vous félicite car les clichés comme celui qui consiste à accuser un auteur de « se cacher derrière son ordinateur » tout en lui écrivant un message par ordinateur, ne peuvent que réjouir l’amateur de prose ennuyeuse que je suis.

    Ce site est justement là pour vous aider à nous ennuyer un peu plus chaque jour d’ici 2013 ! Je m’étonne que vous ne nous preniez pas au sérieux : notre objectif est bien de vous soutenir afin que Lyon soit le plus rapidement reconnue comme la seule – unique et transcendante – capitale européenne de l’ennui !

    Plus sérieusement, tant d’acteurs se sont exprimés publiquement depuis toutes ces années que la mairie ne fait rien pour soutenir les cultures alternatives, ni les musiques actuelles, que je ne perdrai certainement pas une seconde de mon précieux temps à venir m’ennuyer un peu plus dans un exercice de démagogie participative, même s’il prend la forme d’un « Café » (Ô vanité XVIIIèmiste dans un univers où pourtant seule la vulgarité des marchands du Temple et des apôtres du Tout Sécuritaire tient lieu de Raison…).

    Prenez plutôt le temps de lire les articles de ce site, suivez certains des liens proposés, et vous verrez qu’au delà de l’ironie – légitime – il y a aussi de sérieuses analyses qui sont autant de raisons d’être énervé.

    Cordialement

  3. Laurent

    bon qui n’a jamais vu une expo payante ou gratuite à laquelle il s’est fait chier… déjà vécu et plusieurs fois même… et c’était même pas à Lyon !

    bah oui, il faut insonoriser les lieux de concerts et autres bars. c’est la société qui le demande, et la société c’est nous et rien que nous. alors s’il faut hurler dans les oreilles de qqu’un pour se faire entendre et s’il faut pas faire un bruit de travers passé 21h, faut pas chercher des excuses auprès des autres, tout ceci c’est la société, donc vous, eux, nous… à vous de la modeler, l’apprivoiser ! manquerait plus que je doive payer (via mes impôts) pour votre insonorisation, ces lieux de vies sont payants, non !?

    Lyon 2013, vous êtes pas pour !? sérieusement pourquoi !? parce que comme tous les artistes « hors du monde officiel » vous allez être hors de la manne financière européenne !? si vous étiez tant artistes dans l’âme et peut-être moins mercantiles vous aussi (faut vivre, hein faut vivre !!!), vous accepteriez l’idée de voir Lyon capitale européenne de la culture en 2013 et profiteriez pour monter un « off » digne de ce nom (ce que je n’ai pas vu ou vécu à Luxembourg et la Grande Région)

    bien à vous

  4. Salut Laurent,

    « bon qui n’a jamais vu une expo payante ou gratuite à laquelle il s’est fait chier… déjà vécu et plusieurs fois même… et c’était même pas à Lyon ! »

    Oui mais à Lyon l’ennui se fait chronique, existentiel, organique, structurel, transcendant : Lyon n’est pas une ville où l’on s’ennuie parfois, Lyon est l’ennui fait ville. Après, bien entendu, il y a des expos super à Lyon et des expos bien nulles à Pampérigouste ou à New York, mais je ne sais pas si vous avez remarqué, ce blog est avant tout un gros foutage de gueule. Ah, z’aviez pas vu ? Ah ben alors !

    « bah oui, il faut insonoriser les lieux de concerts et autres bars. c’est la société qui le demande, et la société c’est nous et rien que nous.  »

    C’est qui, « nous » ? Ils ont un nom, des porte paroles, des arguments autre que d’autorité, ces « nous » ? Les bars fermés par la préfecture ces dernières années les ont fait ces travaux d’insonorisation. Si vous vous renseigniez un peu sur le sujet, vous verriez comme moi que par exemple, ce ne sont jamais les bouâtes de nuit commerciales pour djeunz bien propres dans leur têtes, style Harpic WC ou Fridge, qui sont fermées, mais les lieux où on passe du rock, du rap, de la techno, bref, des musiques qui ont autre chose à faire entendre que le bruit des tiroirs caisses. Etrange non ?

    « alors s’il faut hurler dans les oreilles de qqu’un pour se faire entendre et s’il faut pas faire un bruit de travers passé 21h, faut pas chercher des excuses auprès des autres, tout ceci c’est la société, donc vous, eux, nous… à vous de la modeler, l’apprivoiser ! manquerait plus que je doive payer (via mes impôts) pour votre insonorisation, ces lieux de vies sont payants, non !? »

    Ben déjà, qui est ce « vous » à qui vous destinez tant d’agressivité ? Et pensez vous être le seul à payer des impôts ? J’en paie aussi et j’ai le droit à la paroel et au bruit après 21h, moi môsieur (voix façon Obelix en colère : on nage en pleine franchouillardise de comptoir là…). En ce qui me concerne, je ne suis que musicien, pas propriétaire de boite de nuit ni de bar. Ensuite, j’ai déjà répondu : les bars qui furent (et vont être) fermés à Lyon ont fait des travaux d’insonorisation souvent coûteux (c’était le cas du Monde à l’Envers par exemple).

    Ensuite, si vous pensez que la culture et le bruit (des conversations, des gens qui parlent et éventuellement pensent tout haut dans la rue, qui rient ou qui s’intéressent encore au monde, celui de la musique et de la fête, etc.) doivent s’arrêter à 21h, pourquoi ne pas aller vivre dans un désert ou à la campagne ? Que je sache, toutes les villes du monde, à part celles où une dictature ou une guerre impose un couvre feu, ont une vie nocturne avec du bruit. Depuis toujours, c’est ce qui a constitué l’idée même de « ville ». Par opposition à la campagne où on se couche avec les poules.

    « Lyon 2013, vous êtes pas pour !? sérieusement pourquoi !? »

    Je ne suis ni pour ni contre, je dis simplement que c’est grotesque !

    Paris, Toulouse ou Marseille sont des villes de culture, mais lyon est un bled puant de prétention. Lyon n’a jamais pu se faire à l’idée d’être au 3ème rang des villes françaises (pour la taille et la population) ou au dernier rang des villes de provinces pour l’intérêt et la créativité culturelles. Avant de prétendre être une capitale de la culture, ce qui est de toute manière purement démagogique et ne peut rien apporter d’intelligent à une ville, il faudrait déjà démontrer sa vitalité, et la vitalité, ça ne s’impose pas à grands coups de « com », ni de festivals de prestige avec artistes invités venant de l’extérieur.

    Pour le off, pourquoi pas, mais si ça doit se terminer à 21h et qu’on doit se contenter de concours de poésie silencieuse, heu, non, merci. J’irai plutôt voir des concerts à Marseille, Paris, Toulouse, Berlin ou Buenos Aires, bref là où il y a de la vie, de l’intelligence créative et moins d’égoisme mesquin et petit bourgeois qu’à Lyon.

    Pour la « manne financière », de quoi parlez vous ? Vous croyez vraiment qu’on peut s’enrichir grace à la culture en Europe ? Hu hu hu ! En ce qui me concerne, je n’en ai pas besoin. D’ailleurs, je n’ai pas besoin de Lyon non plus, ce qui me donne toute liberté dans ce blog, de me foutre de la gueule de cette ville bouffie de prétention mais qui n’a rien d’autre à offrir à sa jeunesse (et aux autres aussi) à part un silence méprisant et morbide. Le silence, c’est la mort.

    Pourtant il y a des énergies, mais elles se font entendre ailleurs, ou sont cassées intentionnellement (par la mairie, par la préfecture, par les beaufs qui portent plainte chaque semaine parce que des gens parlent dans la rue…), car ici on n’admet que le point de vue des gens qui veulent dormir dès 21h devant leur téléviseur, mais qui n’assument pas le fait qu’ils devraient vivre à la campagne pour être cohérents avec leur vision de la culture.

    Cordialement

  5. Laurent 2

    Bonsoir !

    D’abord, félicitations pour le site, j’ai pas mal de désaccords, mais ça percute ! et malgré le caractère volontairement caricatural ou ironique de vos textes, je voudrais faire les réactions suivantes, plus ou moins dans le désordre :

    On ne peut tout de même pas dire que Lyon est l’ennui même : il n’y a pas que votre culture alternative de la nuit, il y a aussi du théâtre classique ou contemporain, de la dans classique ou contemporaine, de l’opéra classique ou contemporain également, des galeries etc. Pour une ville de « province », Lyon se défend plutôt bien pour tout ça par rapport aux autres villes Françaises ; il y a aussi des petits théâtres associatifs, des bars etc

    Vous prenez appui sur la biennale d’art contemporain de 2007 pour argumenter sur un soi disant désert Lyonnais, mais l’art surtout actuel par définition n’est pas une science exacte ! il est en train de se faire ! en raisonnant à l’extrême, je dirai même qu’une expo ratée a autant d’intérêt qu’une expo réussie, s’agissant d’art se faisant sous nos yeux en quelque sorte… et j’ai souvent lu des articles articles critiques sur les biennales ces dernières années, où qu’elles se déroulent… seul le temps fera le tri

    Concernant la vie nocturne, il faudrait déjà quitter cette posture un peu coincée, qu veut que le fêtard est le bon, le gentil, le peuple, et le voisin le beauf ou le bourgeois… sinon, j’ai envie de dire pour faire contrepied à ce que vous dites, qu’on a le milieu alternatif le plus beauf et bourrin d’europe (je ne suis pas expert en musiques alternatives, mais lors de voyage à Berlin ou New York par exemple, et sans vouloir mettre lyon au même niveau, il me semble que les gens n’ont pas cette position agressive de « lutte des classes » dans l’acte de sortir dans des lieux alternatifs et que c’est plus cool…) bref, mélanger les genres dans tous les sens c’est pas mal non plus

    Je suis en revanche d’accord avec vous qu’une ville doit avoir des quartiers où ça bouge, d’autres plus calme (votre renvoi à la campagne est un peu ridicule, dans le même genre, je pourrais aussi dire dans ce cas que ce sont les gens qui font du bruit qui n’ont qu’à aller à la campagne !) et qu’assaillir de procédures à ce point des lieux est anormal

    C’est vrai aussi que Lyon manque de club ; pourtant je me souviens d’une époque où le Factory, l

    Et si effectivement l’équipe 2013, candidature que je soutiens, ne vous écoute pas, c’est dommage, il y aurait effectivement besoin d’un peu de liberté de bouillonnement en plus de tout ce qui sera plus institutionnel ; mais peut être pourrez vous le faire justement sans avoir forcément besoin d’un appui officiel ?

    Et il me semble aussi que les lieux commerciaux, ou ce fameux festival qui à l’air de vous avoir traumatisé, me paraissent plus que nécessaire pour un aspect « grand public », moins élitiste et confidentiel que les styles que vous défendez peut être ; il me semble que cela peut au contraire faciliter l’acceptation de ce que vous défendez

    Il faut aussi dire que Lyon est une ville très dense, l’espace public n’est pas le même que dans d’autres villes, et cela joue sur les problèmes de bruits

    Tout ceci est un peu en vrac, mais j’espère que c’est compréhensible !

    bon courage et bonne continuation !

  6. Zorglub

    J’habite à Lyon et je ne m’y ennuie pas. Suis-je malade? Un ennuyé qui s’ignore? Pire, un ennuyeux alors? J’aimerais m’ennuyer avec vous, ça a l’air fun.

  7. Bonjour Laurent2,

    Je suppose qu’il s’agit d’un autre Laurent, tant le ton est différent. Tout d’abord merci pour votre contribution, posée et argumentée. Je reprends vos arguments :

    « On ne peut tout de même pas dire que Lyon est l’ennui même : il n’y a pas que votre culture alternative de la nuit, il y a aussi du théâtre classique ou contemporain, de la dans classique ou contemporaine, de l’opéra classique ou contemporain également, des galeries etc. Pour une ville de “province”, Lyon se défend plutôt bien pour tout ça par rapport aux autres villes Françaises ; il y a aussi des petits théâtres associatifs, des bars etc« .

    Pour ce qui est de la culture plus institutionnelle, ou plus classique (encore que ces qualificatifs ne soient que très approximatifs), bien entendu, il se passe des choses à Lyon comme dans toute ville de France : je vais au théâtre, j’apprécie la danse contemporaine, le cinéma d’art et d’essai, etc. Mon propos est plus de dénoncer, avec humour si possible, le décalage entre une opération (Lyon 2013) pilotée de façon « top-down » et les besoins en espaces de création (principalement pour les musiques dites « actuelle » ou « amplifiées ») pour lesquels les acteurs locaux, actifs et demandeurs, trouvent généralement porte close. Cette contradiction a été (et reste) très forte avec le festival des Nuits Sonores, et je suis loin – très loin ! – d’être le seul à dénoncer la démagogie qui consiste à mobiliser des fonds pour briguer un titre pompeux et l’absence d’aide aux lieux de diffusion musicale : le CMAL (collectif des musiques actuelles de Lyon) a lui aussi pris position, suite à une série de fermetures administratives de lieux de diffusion musicale, lieux qui sont systématiquement harcelés depuis des années par la préfecture de police quand ils passent autre chose que de la musique aseptisée.

    Le problème n’est donc pas de défendre « la teuf » contre les « beaufs de la culture cul-sur-chaise », mais de défendre une conception engagée et politisée de la culture (dans le sens noble du « politique », à savoir celui de l’action dans la cité, et non dans le sens vulgaire des partis politiques).

    Car c’est bien quand cette culture, qui souvent vient de la rue (rap, rock, techno, etc.), cherche à s’exprimer que l’indifférence à ses engagements est la plus forte de la part des édiles et responsables locaux, qui regardent passivement (voire avec complicité) la police faire son travail de laminage par le bas. Que je sache, les boites de nuit lyonnaises ne subissent pas les mêmes harcellements policiers que les clubs ou bars passant des musiques « à contenu ». Il n’y a pas de hasard : il y a une volonté, sans doute liée à la sociologie très « bourgeoise-catho-de-droite » de Lyon et de son électorat, d’empêcher toute remise en cause des ordres établis par une expression culturelle politisée. C’est pourquoi l’actuelle mairie défend la culture aseptisée de la fête façon « Nuits Sonores » (ne rien dire, ne rien voir, ne rien penser, mais danser comme des niais…) et laisse fermer successivement Le Monde à l’envers, le Melting Pop, le Citron, etc. La fête façon Nuis Sonores, à mon sens, ne diffère en rien du théâtre de boulevard : aucun contenu.

    Vous voyez donc que je ne défends ni la fête, ni le bruit, ni l’alternatif en soi, qui ne m’intéressent pas, mais une vision politique du rapport à la culture, sans laquelle il ne peut exister de culture avec un grand « C ». Or, ce que je pense sincèrement, après avoir vécu quelques années à Paris et à Marseille, et avoir voyagé à new York, Berlin, Buenos Aires, etc., c’est que Lyon ne possède pas la volonté de laisser exister cette vision de la culture : Lyon cherche simplement à attirer du cadre sup à haut revenus et à développer l’économie du tourisme. OK, mais alors arrêtons de prétendre être une « capitale de la culture » et arrêtons l’hypocrisie : revendiquons la fête à Neu-Neu, le théâtre de boulevard et la musique comme moyen de faire vendre de la bière dans les soirées.

    « Vous prenez appui sur la biennale d’art contemporain de 2007 pour argumenter sur un soi disant désert Lyonnais, mais l’art surtout actuel par définition n’est pas une science exacte ! il est en train de se faire ! en raisonnant à l’extrême, je dirai même qu’une expo ratée a autant d’intérêt qu’une expo réussie, s’agissant d’art se faisant sous nos yeux en quelque sorte… et j’ai souvent lu des articles articles critiques sur les biennales ces dernières années, où qu’elles se déroulent… seul le temps fera le tri »

    Pour le coup, je ne faisais que citer un article du Monde que je n’ai pas écrit. Il faudrait s’adresser à l’auteur de cet article. Mon avis est que l’art contemporain est l’art pompier et kitch des années 90, mais bon, l’histoire de l’art nous dira (ou pas…) si j’ai raison ou si je me plante.

    Cordialement

  8. T3

    Salut tous/toutes !

    Bon je prends l’opportunité du dernier biller pour poster mes premières impressions ^^

    Je suis venu consulter vos écrits par le simple fait du hit ranking de votre blog. Sur ce point je note : WorldPress hébergé chez Ouvaton domiciliation Paris –

    Je relève donc une première contradiction sur le point cité + haut : pour faire vivre et prospérer les compétences Lyonnaises [vous ne savez rien faire par vous même ici même à Lyon ?]

    Autre point de réflexion – un esprit de contestation acide ou bien humoristique est salutaire c’est sûr – mais en contrepartie je n’ai trouvé aucune synthèse que vous seriez à même de nous suggérer et/ou de proposer en délibération au diverses réunions publiques qui se tiennent depuis près d’1 an1/2 sur ce dossier.

    Merci de me guider,
    A bientôt, T3

  9. Bonjour,

    « Je suis venu consulter vos écrits par le simple fait du hit ranking de votre blog. Sur ce point je note : WorldPress hébergé chez Ouvaton domiciliation Paris –

    Je relève donc une première contradiction sur le point cité + haut : pour faire vivre et prospérer les compétences Lyonnaises [vous ne savez rien faire par vous même ici même à Lyon ?] »

    J’avoue ne pas très bien saisir le sens de votre remarque. Le site sur lequel vous êtes actuellement est une branche de la Dröne Zone, mon site principal. La Dröne Zone existe depuis 2000, et depuis cette date, elle est hébergée chez Ouvaton, qui est une coopérative d’hébergement bien connue, fiable et répondant à des critères éthiques qui me conviennent. En ce qui me concerne, après avoir vécu à Paris, puis être venu m’ennuyer à Lyon pour des raisons professionnelles indépendante de ma volonté, je vis pour quelqueds mois en Argentine. Bref, je ne vois pas où est le schmilblick du binz qui coince avec Ouvaton : je ne vais tout de même pas me forcer à héberger un de mes sites à Lyon sous prétexte que je parle de Lyon ? Sinon, pourquoi pas plutôt un hébergement en Argentine sous prétexte que j’y travaille durant 9 mois ? Moi pas comprendre. 🙂

    « Autre point de réflexion – un esprit de contestation acide ou bien humoristique est salutaire c’est sûr – mais en contrepartie je n’ai trouvé aucune synthèse que vous seriez à même de nous suggérer et/ou de proposer en délibération au diverses réunions publiques qui se tiennent depuis près d’1 an1/2 sur ce dossier. »

    Une synthèse de quoi ? De la démagogie participative de la mairie de Lyon ? Je crains que ce ne soit fort indigeste, et mieux vaudrait que cela fut fait par les principaux intéressés (l’équipe de Démagogie 2013… heu… Lyon 2013), nan ?

    Sinon, si vous voulez du qui ramone et qui ferait carburer le cerveau d’un adepte du maillage territorial des institutions culturelle (burp !), voici quelques pages de mon blog qui vous aideront à ne pas vous ennuyer idiot à Lyon : :

    http://drone-zone.org/lyon2013/blog/?cat=4
    http://drone-zone.org/lyon2013/blog/?p=24
    http://drone-zone.org/lyon2013/blog/?p=27

    Cordialement

  10. T3

    J’ai lu cette réponse avec attention.

    Je reviens au premier point :

    Ma réflexion concernant Drone-Zone-Ouvaton est à la fois une interrogation et une amère constatation à la vue du fossé inimaginable entre l’expression des préjugés sur Lyon et mon idéal du « possible », du « génial », de « l’inattendu » et de « l’inovateur ».

    Il y a plus d’un an France Telecom/ Orange lancait sa campagne Fibre Optique à Lyon : quelle surprise ! ! merde alors ! Lyon 2ème métropole de France allait prendre 10 ans d’avance ! Un boulevard sur toutes les autres régions de France ! … et je passerais sous silence tous les noms des conseillers municipaux, élus et organismes qui ont travaillés d’arrache pied.

    Au jour d’aujourd’hui le quota est atteint : 20 000 foyers raccordables !

    Alors, Drone, tu compulses et complètes ton blog WorldPress hébergé à Paris et ceci depuis l’Argentine ! ?! tu m’estomaques là …

    Il est grand temps de revenir à Lyon et faire de la création multimédia sur du vrai F2F ou Web 2.0 (comme tu voudras) … et non plus simplement photoshoper le logo de Lyon2013.

    Voilà, sinon le je vais lire volontiers tes liens qui vont m’expliquer « le mailage territorial de institutions culturelles » …. mais j’en suis tellement loin.

    Amitiés
    T3

  11. tu bosses pour les autres villes ?

    Sérieux, en lisant tes articles je me demande si on vit dans la même ville… Si certains lieux biens ont fermé y’a 4 ans, c’est regretable mais faudrait en faire le deuil. De un pour toi culture=electrodrumbeat ou punkcoremetal alternatif, et d’après les affiches en villes y’a encore de quoi faire ici. De deux, ton aigreur commence à se montrer insultant vers tout un milieu artistique (alternatif ou pas) qui se débrouille pour faire ses concerts, expos etc… et qui y arrive : grosso modo ce sont soit des vendus, soit ils font des trucs chiants alors? Et de trois, lâche ton blog, prend le petit bulletin, regarde les murs des pentes pour repérer les événements qui te sortiront du coma.

  12. Je me suis toujours méfié de la pensée unique, du politiquement correct et du contentement béât : la critique est un art nécessaire et qui a toujours contribué à réveiller les consciences et à améliorer les pratiques. L’art sans critique n’est que flatterie des sens, ou flatterie des pouvoirs…

    Après 25 ans de pratique musicale et culturelle, après des années passées dans diverses villes de France, après avoir voyagé dans divers continents, avoir organisé des soirées, joué dans de nombreuses villes, beaucoup lu, essayé de réfléchir, énormément discuté avec plein d’acteurs culturels, ici ou ailleurs, je ne me contente plus d’activités culturelles incolores et inodores, politiquement correctes, ne dérangeant en rien les bonnes petites habitudes fatiguées de ceux qui ne pensent l’art que comme une succession de formes destinées à être vendues au plus offrant.

    Redonnons-nous rendez vous dans 15 ou vingt ans, et j’espère que d’ici là ton exigence en matière d’art et de réflexion sur l’art te donnera une vision un peu plus critique : se contenter de penser que tout va bien dans le meilleurs des mondes sous prétexte que ce monde est lyonnais n’est pas la bonne manière de penser. En tout ca, ça ne sera jamais la mienne, et je le revendique !

    Cordialement

  13. xavier_de_paris

    Vous dites « Paris, Toulouse ou Marseille sont des villes de culture, mais lyon est un bled puant de prétention »
    Mettre Toulouse et Marseille sur le même plan que Paris dénote de votre part un méconnaissance totale du poids relatif des agglomérations en France et en Europe.
    Paris est bien une « ville-monde », une véritable megapole que l’on ne saurait comparer raisonnablement qu’avec Londres par sa population, son poids décisionnel (sieges sociaux, nombre de cadres), et culturel (nombre théatres, cinémas, opéras).
    Vous auriez cité des ville intermédiaires comme Berlin, Milan, Rome, à la limite!
    Toulouse et Marseille doivent avoir pour vous des charmes particuliers (ambiance du sud?) qui font que vous les voyez 1 cran au dessus de Lyon au niveau culturel. Soit, c’est votre point de vue, Mais nous expliquer que ces 2 villes sont plus proches de Paris que de Lyon, la c’est un peu fort.
    Mais, c’est ainsi, Toulouse et Marseille sont tout autant des bourgades de province que Lyon.

  14. Ben non, si on n’aime pas une ville on ne se casse pas : on (enfin, moi) peut préférer brocarder les prétentions outrecuidantes de sa population à être une « capitale » alors qu’elle vit au mieux dans un bled de province. Et ce faisant, avec ironie, on contribue certainement au débat sur la culture qui ne consiste pas à se contenter de ce qui existe, mais à exiger des choses enfin intéressantes. Quand on voit le fiasco lamentable du musée des Confluences, par exemple, ou la nullité du festival de l’Ennui Sonore, il faut en rire, et non se casser ! Il faut moquer les pompeux cornichons, et – oserais-je dire en reprenant vos propres propos : si vous n’aimez pas ce site, cassez vous !

    : -)

  15. Francky

    « t’es pas content, casse-toi » : la majorité a parlé. N’oublions pas que l’interaction des intelligences des hommes et des femmes
    produit un état de conscience collective supérieure qu’un misérable vermisseau comme moi ne peut pas comprendre.

    Dans ce site, c’est aussi la majorité qui parle, elle dit aussi « casse-toi ».
    Tu vois Myrelingues, tout le monde peut dire « casse-toi », c’est très constructif et surtout ça évite de se faire mal au crâne.

  16. Après 3 ans et m’être penché réellement sur le sujet, je pense que j’ai eu tort et que vous aviez complètement raison. Je suis en train d’écrire un article à ce sujet dans mon blog.

    D’ailleurs, je vous encourage à continuer de nourrir votre site d’article. Surtout que 2013 approche…

    Salutations amicales ! Et encore une fois : mille excuses !

  17. Francky

    Pas rancunier, tes excuses sont vites acceptées. Tu as du voir avec le temps la pauvreté et le conformisme culturel qui sévit dans cette ville. Les mentalités itou ! Lyon devient une ville de kékés et de pouffes ou de bourges suffisants.

    Pour 2013, Lyon c’est foutu et tant mieux : C’est d’ailleurs complètement con ces histoires de compétitions « au nom » de la culture. ça pue trop la politique et les gros sous. Bientôt le mot « culture » même sera privatisé.

  18. Salut à tous-toutes,

    N’hésitez pas à nourrir ce blog, et moi non plus je ne suis pas rancunier. Ceci dit, j’ai quitté Lyon, la France et l’Europe, mais on peut s’ennuyer partout hein, faut pas croire…

    Marseille 2013, d’après ce que j’en ai vu (je connais bien cette ville) n’aura d’intérêt que pour son OFF, et il y a bien des dents qui grincent sur place, vue la façon dont le IN a été géré. En effet, ces compétitions sont l’antithèse de ce que la culture devrait signifier.

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