Que faire contre la conjuration des imbéciles ?

Désobéissances et micro-résistances.

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Il y a un domaine où le corps est cadré énormément et avec la bénédiction d'à peu près tout le monde à commencer par la gauche humaniste capitaliste : la médecine. C'est le cheval de Troie de la transformation des perceptions du corps comme ensemble intégrant un délire de produits innovants marchands. Ceux-ci se développent pour la bonne cause : guérir, y compris quand on est malade de trop consommer, de trop manger, de trop polluer, de trop s'appareiller, il ne s'agit jamais de remettre en cause ce qui nous rend malade, mais de rajouter une couche supplémentaire, dégraisser les gras et les relâcher dans le monde qui rend gras, irradier les cancéreux et les rendre à un environnement qui les fait augmenter sans cesse, compenser les problèmes grandissant de stérilité de . Si on est pas vraiment malade, il suffit de pathologiser des rapports au corps difficile, la vieillesse par exemple, pour ouvrir de nouvelles perspectives au recadrage du corps comme supports d'innovations. Souviens-toi dans le Train du Génome de ce qui était considéré comme la Grande Espérance ouverte par la recherche : durer, durer le plus longtemps possible, allonger la durée de vie à tout prix. Quel idéal de merde quand même quand on y pense.
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Message par LLB »

Juste un truc, je m'aperçois que mon post pourrait donner l'impression que je suis contre la médecine. Ce n'est pas ça. Je suis contente d'être soignée évidemment.
Je veux dire que sous couvert de la bonne cause médicale médecine, on peut sans le moindre débat modifier les cadres qui structurent la perception du corps.
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drÖne
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Message par drÖne »

LLB a écrit :Il y a un domaine où le corps est cadré énormément et avec la bénédiction d'à peu près tout le monde à commencer par la gauche humaniste capitaliste : la médecine. C'est le cheval de Troie de la transformation des perceptions du corps comme ensemble intégrant un délire de produits innovants marchands. Ceux-ci se développent pour la bonne cause : guérir, y compris quand on est malade de trop consommer, de trop manger, de trop polluer, de trop s'appareiller, il ne s'agit jamais de remettre en cause ce qui nous rend malade, mais de rajouter une couche supplémentaire, dégraisser les gras et les relâcher dans le monde qui rend gras, irradier les cancéreux et les rendre à un environnement qui les fait augmenter sans cesse, compenser les problèmes grandissant de stérilité de . Si on est pas vraiment malade, il suffit de pathologiser des rapports au corps difficile, la vieillesse par exemple, pour ouvrir de nouvelles perspectives au recadrage du corps comme supports d'innovations. Souviens-toi dans le Train du Génome de ce qui était considéré comme la Grande Espérance ouverte par la recherche : durer, durer le plus longtemps possible, allonger la durée de vie à tout prix. Quel idéal de merde quand même quand on y pense.
Oui, j'oubliais ça... pour une fois que je trouvais une raison d'être optimiste ! Durer, se multiplier en se clonant, ouais, c'est sûr : l'idéal capitaliste par excellence !
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Message par juko »

putin j'ai perdu un long post apres une fausse manip
bon je le reprendrai quand je serai moins enervé.
En gros je disais qu'on peut remplacer sans probléme ce qui se rapporte dans la discussion au milieu de la recherche à celui de la musique en tant que milieu pro. Kif-kif, en plus grossier encore, et "naturellement" malade puisque la musique populaire de naissance est parasité par l'industrie.
Je veux dire la musique en tant que pratique professionnelle qui m'a attiré par son pouvoir de contestation et sa liberté, et qui une caricature de soumission implicite et de faux discours critique explicite, en gros.
rha, a plus tard
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Message par juko »

Hello
puisqu'on parle souvent de l'alternative récalcitrants/révolution, j'aimerais dire 2 mots sur une sorte d'aventure récente que je viens de vivre, cad que pour la première fois de ma vie j'ai mis le pied dans un pays qui a fait LA révolution, la Russie bien sûr. Alors evidemment je n'y étais qu'une semaine, et pour des raisons familiales puisqu'un partie de ma famille est originairede là (et d'ailleurs a fui la révolution justement). Je n'ai eu donc necessairement qu'une vue très limitée et subjective puisque nous sommes resté à St petersbourg, et que nous avons surtout au pas de charge vu un maximum de ce qu'il y avait à voir sur l'histoire de la ville, qui est assez particulière (européènne, planifiée, assez sauvegardée du communisme). Mais cetait interessant de sentir cette ville qui par bcp d'aspect se "tue" à ressembler à une ville riche (magasins aux prix européens, destinés aux riche russes et aux touristes), alors que des gens de la vieille génération dépassé par la nouvelle économie de marché dans laquelle se vautre bcp de Russe vendent des echarpes sur les trottoirs.
C'est une impression étrange, ce pays a evidemment énormément souffert, et ce n'est pas tout à fait incompréhensible que pour bcp une fois la chape de plomb totalitaire disparue, l'aspiration à la liberté sous toutes ses formes, voire un certain égoïsme prend le dessus. Mais pourquoi, alors que dans la confusion les idées égalitaires sont discréditées pour ceux qui ont subis leur application souvent perverses et déformées, cette liberté prend une fois de plus le visage de "libéral"? Pourquoi cette force qu'il faut bien reconnaitre à ce courant insidieux et qui se confond pour beaucoup avec un idéal hautement désirable? C'est evidemment attristant. A quoi la faute? Il est difficile de na pas comprendre cet appétit, mais il est aussi inexcusable que 90% des russes soient sur la touche parce qu'il ne comprennent rien, n'ayant pas vécu dans ce système de puis des lustres, aux mots compétition, profit, concurrence, spéculation. Etrangement, moi non plus, mais pas pour les mêmes raisons peut-etre? Les russes avec qui nous avons discutés, nous disaient que la première chose vitale que l'effodrement soviètique leur a amené, c'est qu'nfin ils pouvaient PARLER.
ET puis ce fut le chaos, et maintenant un pouvoir fort qui légalise ce qui était illégale, aplanit, et, apparemmment, est soutenu par une grande majorité de la population, malgré la censure grandissante des médias, et les procès quasi politiques qui reviennent. C'est étrange, plongé dans réalité si différente (nouveau pour moi, ptit gars d'Paris), on dépasse la propagande de part et d'autre et on s'interroge inévitablement. Ceux avec qui nous avons parlé evidemment ne regrettent pas le muselage, la violence de la vie soviétique, mais reconnaissent qu'en partie certaines notions d'égalité ont été appliquées, ainsi l'acces aux études supèrieures étaient une réalité pour tous, la prise en charge d'un minimum vital pour chaque "citoyen", les loyers dérisoires (oui mais dans des barres grises...), etc... Evidemment tout ça à un prix (est-ce le corrolaire?) exorbitant, camps de travail, décisions appliquées de force, pas de débat, culte de la dénonciation, du secret, idolatrie, etc...
Pour finir, si certains ici connaissent des études sur l'empire soviétique qui sortent du cadre partisan (d'un coté comme de l'autre), dépassionné quoi, je suis preneur.
@+
Cétait ma phase: révolution et libéraux sont ans un bateau, Révo tombe à l'eau, qu'est)ce qu'il reste?
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Message par juko »

pour continuer, et il doit y avoir certainement beaucoup d'ouvrages sur le sujet, mais on n'a pas fini de s'interroger sur ce que signifie l'effondrement d'un système politique qui s'est basé théoriquement sur des valeurs communes, de partage, mais qui s'est mué en un totalitarisme. Du coup c'est tres facile de ne pas aller cherfher là-bas ce que ça signifiait pour tous ces gens, ceux qui ont cru, qui certaiment dépassaient largement le cadre restreint des politiques (sinon comme tenir 70 ans à cette cadence?).
Car, et c une pure intuittion, rien d'argumenté là-dedans, je commence à etre persuadé que si l'URSS a duré si longtemps, c'est que malgré toutes les horreurs et les fous furieux qui ont dirigés le pays, bcp de Soviétiques (tres majoritairement issus de milieu ouvrier et paysan) voulait y croire (à ses valeurs proclamés en façade par un pouvoir pas moins corrompu qu'un autre), quoi qu'il arrive. C'est difficile pour un être humain de renier une croyance si forte, surtout pavé de "bons sentiments".
Et on le comprend, si l'alternative c encore et toujours le libéralisme envahissant.
je me demande jusqu'a quel point l'opposition USA/URSS était un jeu de dupe, quand voit la fascination du modèle américain qui anime les nouveaux riches russes, et avec quell rapidité elle a envahit la société russe.
CErtainement dans qq dizaines d'années, une fois que la guerre froide et tutti quanti sera devenu "histoire" on sera assez sidéré de découvrir que tout était en partie une manipulation à grande échelle.
Cetait ma minute parano, mais j'ai eu y'a qq temps que dés les années 70 les USA avaient des études cofidentielles qui soutenaient n'étaient plus un danger depuis longtemps et avait bien autre chose à faire que ce conflit permanent, s'occuper de son économie en ruine, mais qu'il était préférable de continuer comme si, ce qui certainement profitait à l'image de défenseur du monde libre des USA, et contribuait à sa position de force de future seule grande puissance mondiale.
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bituur esztreym
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Message par bituur esztreym »

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, zope, powered by zope, copyleft metropolisation status red


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¡stolen_quot°: The gravest and most painful testimony of the modern world, the one that possibly involves all other testimonies to which this epoch must answer (by virtue of some unknown decree or necessity, for we bear witness also to the exhaustion of thinking through History) is the testimony of the dissolution, the dislocation, or the conflagration of Community. (...) finally, more simply and even more decisively, a place from which to surmount the unraveling that occurs with the death of each one of us - that death that, when no longer anything more than the death of the individual, carries an unbearable burden and collapses into insignificance. : context?_url
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random? handful? translate?
promeneur - finno-magyar filolog - perplex propaganda expert
http://seenthis.net/people/bituur - Ur· http://dogmazic.net/ - ::gniark:: http://vnatrc.net/YAST/YARVBT/
W;7[)
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drÖne
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Message par drÖne »

Je ne connais pas la Russie, ni l'ex-URSS. En revanche, j'ai eu la possibilité de passer un mois complet en Yougoslavie et en Hongrie à l'époque où Tito était encore au pouvoir. J'ai même été hébergé chez des hongrois, du côté de la frontière russe, en fait chez des tziganes sédentarisés : une famille de prolétaires pur sucre, par ailleurs musiciens de rock, ce qui a donné la matière à nos premiers échanges gestuels (because ils ne parlaeint que hongrois et russe, et moi qu'anglais). Je ne vais pas pouvoir tout dire de ce fort instructif voyage, mais voici au moins quelques élements :

Le communisme n'avait pas tout uniformisé : entre la Yougoslavie et la Hongrie, il y avait un monde. La Yougoslavie, en dépit de la présence de Tito, m'avait paru être un monde livré aux haines et aux rancoeurs identitaires. Haine des étrangers et haine d'une région à une autre. Je n'ai d'ailleurs jamais été surpris ni de la guerre qui a suivi l'effobndrement du régime, ni de sa violence. J'ai détesté la Yougoslavie de Tito, à force d'y avoir été détesté en tant que non yougoslave, et à force de n'y avoir eu affaire qu'à des gens qui se détestaient d'une région à l'autre. L'arrivée en Hongrie marquait de ce point de vue une différence : on soufflait, on rencontrait des gens chaleureux, on avait des relations simplement humaine et respectueuses dans la rue avec eux. Le régime communiste y était beaucoup plus ouvert que le titisme, du moins c'est l'impression que j'ai eue.

Le communisme, s'il avait créé de la communauté, c'était souvent contre lui... Confrontés à la brutalité du régime titiste, même les haines des yougoslaves trouvaient à se reporter contre un ennemi commun. Il faut dire que, question brutalité, les films de propagande anti-communistes n'avaient rien de caricaturaux : c'était brutal de chez brutal, dans tous les aspects de la vie quotidienne, et pas seulement dans les relations entre dissidents et pouvoir. J'ai en tête l'exemple de tous ces ouvriers qui rentraient de - ou allaient à - l'usine, dans une gare de province entre Zagreb et Llubiana je crois bien, sur le coup des 4 h du matin, dans l'attente de correspondances interminables entre trains. Vieillards, femmes, enfants, toute une population pauvre dans un univers gris et glauque de méfiance. impossible de s'endormir, même sur le dallage froid de la gare : les milices veillaient, à coups de matraque, pour nous réveiller, routards comme ouvriers, si nous avions le malheur de nous assoupir : il fallait rester assis et réveillés. Une fois le train arrivé, nous sommes une centaine de personnes à y grimper dedans, espérant un peu de confort : manque de bol, l'armée est aussi dans le train et occupe tous les compartiments. La milice débarque (rangers, casques, coques au niveau des parties génitales, matraques) et refoule l'ensemble des passagers dans les espaces entre les compartiments des wagons (pas dans les couloirs, mais aux extrémités des wagons, dans la partie où il y a les WC, et entre les wagons) : il s'agit que les militaires voyagent à l'aise, les ouvriers, femmes et enfants en bas âge pouvant bien s'entasser... Bref, nous avons fait tout le trajet (plus de 200 kms), à trois, enfermés entre deux wagons, accrochés à des chaînes, au dessus des plaques de jonction des deux wagons qui s'ouvraient et se fermaien en suivant les virages, comme des lames de ciseaux : fallait garder les jambes repliées pour éviter de se les faire couper... Ma copine et moi nous fulminions avec notre compagnon d'infortune, et quand nous essayions de dire aux gens qu'il fallait râler auprès des contrôleurs, ils faisaient un geste que nous avons vu souvent : ils croisaient leurs poignets en signe de menottes... Bref, la répression communiste n'était pas réservée aux dissidents, mais était le quotidien de tous. Sans parler des contrôles de visas permanents, de la pauvreté endémique des ouvriers, des conditions de vie et de travail quasi féodales (dans les mines, ils travaillaient à la pioche et à la pelle, et les blessures étaient visibles, "réparées" à la va-vite, tout ça pour un salaire de misère qui obligeait nos amis à vivre, à plus de 30 ans passés, chez leurs parents, dans une maison faite de bric et de broc, sans le moindre confort, WC dans le jardin, ce genre de détail).

A part ça, en Hongrie tout au moins, les transports en commun (bus surtout) étaient quasiment gratuits et l'accès à la culture également : musées gratuits, éditions de livres d'art en couleur à très bon marché, etc. Ca aussi, c'était une réalité du régime hongrois. Et des gens super en plus ! Je ne sais pas ce que les tziganes qui nous avaient hébergés sont devenus car j'ai perdu le contact, mais j'ai le souvenir de leur super accueil. On a été hébergés parce qu'on avait une dégaine punk et qu'on ne savait pas où pieuter alors que la milice rôdait et que le camping était interdit (on avait atterri par erreur à la frontière de l'URSS, dans une région minière industrielle, avec aucune structure touristique) : c'était des passionnés de musique rock-progressive (King Crimson, Genesis, Yes) et on a immédiatement accroché grâce à ça (même du temps du punk,; j'écoutais du progressive et Crimson en particulier). Ils pensaient que les punks, qu'ils connaissaient par les images des couvertures du New Musical Express (je ne sais pas comment ils l'avaient eu), c'était lié au carnaval : il a fallu leur expliquer que c'était un mouvement rock ! Ils fabriquaient leurs amplis avec d'anciennes radios, et jouaient sur des copies de Fender version hongroise... On a eu droit à un boeuf jazz/traditionnel entre le fils, à la guitare, et le père, émigré slovaque, au violon tzigane : sans doute mon meilleurs souvenir de voyage !

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oliv
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Message par oliv »

Confrontés à la brutalité du régime titiste, même les haines des yougoslaves trouvaient à se reporter contre un ennemi commun. Il faut dire que, question brutalité, les films de propagande anti-communistes n'avaient rien de caricaturaux : c'était brutal de chez brutal, dans tous les aspects de la vie quotidienne, et pas seulement dans les relations entre dissidents et pouvoir. J'ai en tête l'exemple de tous ces ouvriers qui rentraient de - ou allaient à - l'usine, dans une gare de province entre Zagreb et Llubiana je crois bien, sur le coup des 4 h du matin, dans l'attente de correspondances interminables entre trains. Vieillards, femmes, enfants, toute une population pauvre dans un univers gris et glauque de méfiance. impossible de s'endormir, même sur le dallage froid de la gare : les milices veillaient, à coups de matraque, pour nous réveiller, routards comme ouvriers, si nous avions le malheur de nous assoupir : il fallait rester assis et réveillés. Une fois le train arrivé, nous sommes une centaine de personnes à y grimper dedans, espérant un peu de confort : manque de bol, l'armée est aussi dans le train et occupe tous les compartiments. La milice débarque (rangers, casques, coques au niveau des parties génitales, matraques) et refoule l'ensemble des passagers dans les espaces entre les compartiments des wagons (pas dans les couloirs, mais aux extrémités des wagons, dans la partie où il y a les WC, et entre les wagons) : il s'agit que les militaires voyagent à l'aise, les ouvriers, femmes et enfants en bas âge pouvant bien s'entasser... Bref, nous avons fait tout le trajet (plus de 200 kms), à trois, enfermés entre deux wagons, accrochés à des chaînes, au dessus des plaques de jonction des deux wagons qui s'ouvraient et se fermaien en suivant les virages, comme des lames de ciseaux : fallait garder les jambes repliées pour éviter de se les faire couper...
La vache, on se croirait en Drönésie, en pire...faudrait peut être prendre un peu plus exemple sur les glorieux ainés, Présid....
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LLB
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Message par LLB »

Pourquoi le libéralisme envahissant dit Juko? C'est vrai que si on arrivait à comprendre les ressorts anthropologiques d'une telle fascination pour le rabattement de tous les liens sociaux sur l'échange marchand qui nous délivre en quelque sorte de toutes les servitudes sociales puisqu'il va de pair avec l'idée de liberté, on serait peut-être délivré de cette espèce de charme monstrueux. J'ai toujours été fascinée par la lecture de Mauss, sur le don, parce que j'y cherche quelque chose qui pourrait aider à répondre à ça, mais justement, on a l'impression dans la littérature anthropologique que la culture est toujours mieux ancrée en pertinence que l'échange rationalisé par la valeur marchande, et dans les faits, ce n'est pas sûr.
Peut-être que le délire de générosité actuelle pour le séisme en Asie est une sorte de gigantesque explosion d'une pulsion du don, parce que celui-ci n'est plus culturellement au fondement de nos liens mais qu'il nous "travaille" comme un membre amputé.
Je ne suis jamais allée dans les pays de l'Est mais je me souviens d'une expérience très perturbante au musée d'ethnographgie de Neuchâtel dans une exposition intitulée Marx 2000 qui traitait de la sacralisation - au sens fort et pas seulement métaphorique - de l'argent. Ily avait dans cette exposition quantité de textes et aussi d'objets, dont des affiches de propagande soviétique, etc. Mais au lieu de faire figurer le sage cartel, traditionnel dans les musées, et qui donne les éléments de connaissance de base sur l'objet (nom, date, provenance, etc.), le conservateur avait fait figurer à chaque fois le cartel à droite et le prix (valeur d'assurance) à gauche, sur une deuxième étiquette. Il était élevé pour les affiches de propagande soviétique, désormais objets de collections. Le visiteur était pris au piège de ses réflexes et de ses intérêts : on ne pouvait s'empêcher de regarder d'abord le prix, avec plus d'intérêt que les éléments d'information. Ce faisant, pas besoin de discours critique sur des panneaux externes à l'expérience de visite. Le pouvoir de l'argent était directement actualisé à cause de nous visiteurs, "pour de vrai" en quelque sorte. C'était nous visiteurs qui rendions dans l'exposition même un culture à l'argent et qui suscitions la défaite de tout autre système culturel de mise en relation avec l'objet. L'exposition faisait éprouver physiquement, directement, notre propre défaite au coeur même de la connivence confortable de la critique partagée, dans l'abri protecteur d'un lieu culturel au chaud dans nos certitudes d'être du bon côté. Elle faisait toucher du doigt l'incorporation de l'idéologie, douloureusement.
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