Que faire contre la conjuration des imbéciles ?

Désobéissances et micro-résistances.

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drÖne
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Que faire contre la conjuration des imbéciles ?

Message par drÖne »

Ce qu'on peut faire, avec les motivés, c'est remonter non pas une action
type Nuit des Meutes, mais un *principe* d'action plus global qui articule de
l'argumentation en ligne, des actions en live, de la veille
informationnelle, des contacts avec différents milieux (ou plutôt avec les
atypiques de certains milieux), etc., le tout en restant 100% anonymes et
informels. Un truc qui serait réflexif, qui permetrait à la fois aux
amateurs d'actions coup de poing (non violentes) et aux amateurs de
réflexions et de création de converger dans le sens qu'on avait commencé à définir avec la NdM.

Si La Convergence des récalcitrants pouvait rester assez floue pour permettre que "rien ne s'ensuive" (je fais ici référence au fantastique roman-essai "L'homme sans qualité" de Robert Musil que j'ai découvert grâce à LLB, roman que j'ai lu en parallèle à la préparation, sur Room 101, de la Nuit des meutes ce qui ne doit rien au hasard), alors je pense qu'on serait sur la bonne voie : un exil en soi-même, peut-être à la découverte des autres aussi...

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Message par LLB »

Ce à quoi il faut faire attention aussi, c'est de ne pas imaginer que tous ces groupes de réflexion ou d'action auraient nécessairement une vitrine en ligne, ou seraient pas nature impliqué dans l'argumentation en réseau, ça créerait une relation trop forte entre réseaux, milieux alternatifs. La convergence peut transcender les modes d'expression.
On peut ainsi rendre compte aussi de gestes ou de la pensée d'individus qui ne sont pas apparents sur le réseau, mais dont on peut parler ici pour ce qu'ils inspirent.
Je ne peux pas rester en ligne là mais je propose de développer le cas des engagements qui se font à l'intérieur des institutions, chez des individus isolés qui assument les missions utopiques qui étaient celles des institutions. Ca permet peut-être de lutter contre un autre stéréotype que celui de l'opposition intello/actifs : celui de l'opposition alternatif institution-pouvoir-ringardise/collectifs alternatifs-liberté-progressisme.
Il y a des employés obscurs en cravate qui sont plus intègres et dont le zèle "imbécile" est plus subversif que bien des prises de position. Les reconnaître, c'est peut-être se donner les moyens de dêmeler avec subtilité l'écheveau des stéréotypes pour penser la convergence autrement que comme des ressemblances culturelles et du coup, avoir des armes pour créer la surprise et l'inquiétude dans l'argumentation.
Le Lion Bleuflorophage
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Message par drÖne »

Oui, tu as en effet raison. Et n'hésite pas à développer ! Reste que pour contacter des gens, et éventuellement partager avec eux un principe de convergence, il faut bien trouver des points de contact : le net n'est que l'un de ces points de contact possible, mais il ne devrait pas être le seul.
drÖne
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Message par LLB »

Je pourrais parler d'un ami concepteur multimédia dans une de ces grosses institutions culturelles qui respire pour beaucoup le gaspillage et la grossièreté, mais où il a eu la possibilité de développer depuis 10 ans un seul projet, un dispositif super, qui pousse dans sa logique la rencontre entre des aspirations de visiteurs qui "croient" dans l'intégrité et la puissance de ces institutions, et les aspirations de certains personnels qui croient que leur mission est d'incarner ces missions historiques. Ce dispositif est destiné non pas à ceux qui ne viennent pas, mais à ceux qui viennent (d’où le côté « élitiste » mais ça rejoint d’autres discussions ici) pour leur proposer une relation permanente à l’institution via ses représentants (ceux qui y travaillent, et qui assument donc la responsabilité d’un discours).
Il ne s’agit pas d’une service clientèle, tout est entièrement gratuit. Le dispositif est peu voyant, car il est réparti sur plusieurs objets (code-barre du ticket, messagerie, site) et dans plusieurs espaces.
Le projet a retenu l’attention, hélàs, des partenaires dudit établissements, qui y voient des retombées importantes en terme de marketing et de traçage des visiteurs. Mais ils le jugent évidemment pas assez visible, trop complexe (éternel débat) alors que les visiteurs qui adhèrent assument complètement la soi-disant complexité.
Du coup, ce pote se voit retirer la responsabilité de ce qu’il a créé lui-même, et il y a révision totale de l’histoire du projet, l’innovation étant presque attribuée aux prestataires techniques du privé, pour qu’on voit bien que c’est le privé, la rapidité, les technologies, qui sont du bon côté, les institutionnels bourin restant là où ils doivent être dans la représentation du fonctionnariat abusif, etc.
Or, ce projet n’aurait jamais vu le jour s’il n’était pas issu d’un dialogue et d’une réflexion étalée sur plus de dix ans. Pourtant, il contribuera peut-être un jour à renforcer la représentation adverse d’une absence de créativité dans le bla-bla au long terme dans les pesantes institutions, et la localisation de l’innovation dans des logiques réactives, techniques, rapides, organisées.

Il y a plein de rapports avec la NdM

- un dispositif multiple, fait de plein d’éléments et de situations peu apparentes, qui est concurrencé aux yeux de certains par un de ses éléments spectaculaires, ici une fête, là-bas un artéfact technique innovant
- la difficulté très grande d’avoir une réflexion stratégique là-dessus, on a pensé que l’ouverture était forcément positive, qu’il suffisait d’être convaincant avec les interlocuteurs intéressés pour de mauvaises raisons, pour maintenir l’esprit initial, et finalement on se rend compte que le cynisme et la brutalité de ceux qui ne veulent pas comprendre mais qui veulent récupérer est franchement destructrice
- le devoir d’optimisme malgré le traumatisme : puisque ça s’est incarné, c’est qu’on peut y croire. Le problème, ici a peu-être été dans une publicité qui a immédiatement attiré les requins, et la publicité, c’était pour avoir une logique de développement, dilemme.
- est-ce qu’il y a échec ou réussite, difficile de le décider d’emblée

Je pense qu’on pourrait essayer de construire un type de discours sur les convergences qui fassent état de la manière dont on les perçoit, et qui cumulerait à la fois la critique des limites et la reconnaissance de ce que ça apporte.
Le Lion Bleuflorophage
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Je me réponds, pour prolonger mon post précédent, où j’essayais de montrer en quoi il y avait convergence entre la NdM et un dispositif dans lequel je me suis investie dans un tout autre contexte, institutionnel.
Je me demande si on ne pourrait pas tenter de se construire un cadre commun pour penser la convergence sans tomber dans le piège de la faire disparaître par les critères mêmes qu’on choisirait pour la penser.
Ainsi, il me vient à l’esprit qu’on pourrait rendre compte de ce qu’un ensemble d’expériences ont de commun, en articulant fortement la critique des tendances lourdes (ce qu’on fait très bien ici) et, plus délicat, la reconnaissance des caractéristiques communes de pratiques et de projets, sans en passer par les critères habituels qui nous piègent toujours : évaluation en terme de succès ou d’échec médiatique, logique d’intégration et de montée en puissance, légitimation par la « simple » originalité artistique ou par la « simple » étiquette idéologique. Ce serait l’articulation critique générale/reconnaissance dans la prolifération et la diversité, qui serait le cadre commun.
Ca permettait peut-être aussi de traiter entre nous la démarcation spatiale et temporelle assez nette entre ceux qui se mobilisent sur la discussion sans s'être forcément investis dans l’organisation de la NdM (parce que leur métier, leur prédilection, leurs limites, les consacrent préférentiellement à l’usage de la parole) et ceux qui se sont investis dans le fait que ce soit possible, et qui manient plutôt d’autres langages et dispositifs, festifs, musicaux, politiques…
On ne peut pas nier cette différence (qui n'est pas forcément effective Drone fait bien le lien) mais on n’est pas obligés de la déplorer, on peut l’exploiter en faisant l’effort de la traiter, par exemple, en ce qui me concerne, faire l'effort de rendre compte précisément de pratiques ou de projets qu’on connaît bien, avec lesquels on n’a pas un rapport d’analyse externe au sens classique.
J’imagine concrètement une publication, un dossier de revue (non universitaire) collectif et absolument anonyme pour que personne ne soit tenté d’en tirer le moindre bénéfice symbolique individuellement, dont la forme reflèterait bien ce cadre critique commune MAIS aussi discours sur la convergence à partir d'expériences. Ce serait une des initiatives dans le prolongement de la NdM et référant à celle-ci, parmi tous les autres prolongements de la NdM. Je propose pour soumettre l'idée, mais je préviens que pour le faire, je ne pourrai absolument pas personnellement être dans la temporalité immédiate et très réactive du type forum. Je réfléchis pour aller plus loin sur ce dernier point important pour moi.
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Message par LLB »

Je prolonge mon post précédent, où j’essayais de montrer en quoi il y avait convergence entre la NdM et un dispositif dans lequel je me suis investie dans un tout autre contexte, institutionnel.
Je me demande si on ne pourrait pas tenter de se construire un cadre commun pour penser la convergence sans tomber dans le piège de la faire disparaître par les critères mêmes qu’on choisirait pour la penser.
Ainsi, il me vient à l’esprit qu’on pourrait rendre compte de ce qu’un ensemble d’expériences ont de commun, en articulant fortement la critique des tendances lourdes (ce qu’on fait très bien ici) et, plus délicat, la reconnaissance des caractéristiques communes de pratiques et de projets, sans en passer par les critères habituels qui nous piègent toujours : évaluation en terme de succès ou d’échec médiatique, logique d’intégration et de montée en puissance, légitimation par la « simple » originalité artistique ou par la « simple » étiquette idéologique. Ce serait l’articulation critique générale/reconnaissance dans la prolifération et la diversité, qui serait le cadre commun.
Ca permettait peut-être aussi de traiter entre nous la démarcation spatiale et temporelle assez nette entre ceux qui ont envie de prolonger la discussion mais qui ne se sont pas forcément investis dans l’organisation de la NdM (parce que leur métier, leur prédilection, leurs limites, les consacrent préférentiellement à l’usage de la parole) et ceux qui se sont investis dans le fait que ce soit possible, et qui manient d’autres langages et dispositifs, festifs, musicaux, politiques…Dröne fait bien le lien.
On ne peut pas nier cette différence, on n’est pas obligés de la déplorer, on peut l’exploiter en faisant l’effort de la traiter, par exemple, en ce qui me concerne, en faisant l’effort de rendre compte précisément de pratiques ou de projets qu’on connaît bien, avec lesquels on n’a pas un rapport d’analyse externe au sens classique.
J’imagine concrètement une publication, un dossier de revue (non universitaire) collectif et absolument anonyme pour que personne ne soit tenté d’en tirer le moindre bénéfice symbolique individuellement. Ce serait une des initiatives dans le prolongement de la NdM et référant à celle-ci, parmi tous les autres prolongements de la NdM.
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Message par drÖne »

Je crois comme toi qu'un prolongement bigrement intéressant de la NdM serait de montrer comment, dans des contextes classiquement considérés comme "non alternatifs", si ce n'est "ringards" ou peu propisces à l'invention et à la subersion (les institutions, le milieu du travail), il y a en réalité des initiatives qui relèvent de la plus totale réclacitrance, et de l'engagement miltant (surtout quand il n'est pas vécu sur le mode du syndicalisme, mais plutôt sur le mode du sacrifice des ambitions personnelles ou du confort au profit d'une certaine idée du bien commun). Si on arrivait à montrer ça, alors oui, on donnerait une dimension autre qu'esthétique ou consensuelle de l'idée qui a germé dans la Nuit des meutes, cette fameuse idée trop rapidement rabattue sur l'artistique, de la convergence des luttes. Arrêtons de faire comme si seuls les artistes, les belles âmes, luttaient et interpelaient la société tandis qu'il ne resterait que le syndicalisme ringard ou la passivité dans le monde du travail. Car en réalité, si onne voit pas, dans le monde du travail, d'enjeux aussi profonds que ceux qu'on prétend voir dans les milieux artistiques, ça peut signifier plusieurs choses : soit le monde du travail et les institutions ne permettent pas la moindre critique sociale et politique, soit on ne perçoit pas les expériences menées. Mais dans ce dernier cas, ça me semblerait signifier qu'on préfère de beaucoup s'investir de manière "révolutionnaire" dans des espaces de revendication de courte temporalité comme la NdM ou tout ce qui relève des mouvements festifs/alternatifs (dans TAZ, Temporary autonomous zone, il y a "temporary"...) car ces espaces de revendication nécessitent finalement moins d'engagement que le fait de s'engager dans son quotidien dans des actions peu voyantes. Ce qui nous imposerait de nous positionner dans le contexte de nos relations de travail, par exemple. La question serait alors : on souhaite changer la société, certes, mais le souhaite-t-on assez pour commencer par nous engager nous mêmes à la changer là où on peut agir ? Ou bien préférons-nous garder à l'utopie révolutionnaire son caractère d'absolue inaccessibilité, ce qui évite ainsi de s'engager réellement, pratiquement, là où ce serait le plus utile : relations de travail, de voisinage, de famille, etc. ?

Je suis bien entendu partant pour ton idée de publication anonyme.

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Message par LLB »

Désolée c'est nul j'ai tellement de mal avec ma connexion, j'ai posté deux fois presque la même chose. Mille excuses.
En fait je trouve au contraire que ce sont ds évènements artistiques et festifs comme la NdM qui donnent un sens véritable à des petites actions ternes et mal vécues au bouot, parce que ça montre ce qui se passe dans des espaces qui sont construits librement, ça montre l'énergie possible, ça montre à quel point la dimension collective est possible.
Donc finalement, bien que je déteste l'idée de complémentarité, je trouve que les deux sont nécessaires, et surtout, ils acquièrent leur portée révolutionnaire l'un avec l'autre et non pas l'un contre l'autre : la récalcitrance au boulot ou dans les univers quotidiens ne donne guère de grande joie et elle est souvent dérisoire, mais on se met à croire à sa valeur quand on voir que des mouvements et des expressions qui se développent dans des espaces libres mobilisent l'énergie dont on rêve. Et symétriquement, les évènements artistiques changent peut-être moins les choses que l'obscure et grise récalcitrance quotidienne dans les lieux où se jouent vraiment les rapports de force, les habitudes, les valeurs, mais ils permettent de croire à qui serait possible dans des espaces sociaux plus ordinaires, si on arrivait à y faire changer les choses. Je viens de comprendre ça bien plus clairement qu'avant.
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Message par charlie »

l'idée de publication est vraimment très bonne. je crois qu'il faur aussi jouer sur différents formats (affiches, internet, journaux) pour toucher.
avec des potes, on a pensé (ça n'a sûrement rien de révolutionnaire), à un journaffiche : le concept est simple on affiche des info pertinentes dans des lieux pertinents, reste à définir...
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Message par LLB »

Tu as raison, super idée, ça permet de ne pas rester enfermé dans les pages d'une revue, mais également de le lier à une pratique d'occupation des lieux publics collectifs, manifester dans la rue par journal-affiche interposé, et de faire en sorte comme tu dis, de dire des choses en fonction des lieux pertinents
J'avais vu un journal de quartier comme ça "ONDIKOI", qui a eu deux éditions, une grande affiche avec des articles, qui n'était pas arrachée parce qu'elle était affichée par les commerçants, les lieux publics, etc. mais elle était aussi un peu sur les murs. Mais on peut facilement publier un texte affiche dans des couloirs universitaires, et même investir des évènements....
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