Les "indigènes" de l'Europe

Désobéissances et micro-résistances.

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clone
djeunz of ze room
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Les "indigènes" de l'Europe

Message par clone »

Avec le département d'outre-mer de Guyane, la France est le seul pays européen à compter sur "son" sol des amérindiens, à juste titre considérés comme primo-occupants de ce territoire.
La France ignore l'existence de peuples autochtones sur le territoire qu'elle occupe en se cachant derrière des principes fondamentaux à valeur constitutionelle. Au niveau national, il n'existe qu'un seul peuple : le peuple français. La constituion de 1948 affirme que "l'unicité du peuple français empêche toute reconnaissance de minorité (et d'autochtone) sur le territoire national."
Cet obstacle constitutionnel de l'Etat unitaire et son corollaire, le principe d'égalité devant la loi, empêchent toute existence juridique de communautés titulaires de droits spécifiques. Il existe pourtant des passe-droit : l'accord de Nouméa (1998) admet l'existence d'un peuple Kanak en Nouvelle Calédonie; L'Alsace et la Moselle on hérité de certaines spécificités après la 2nd guerre (sécu remboursée à 90%, statut de fonctionnaire laissé aux corps religieux catholique et protestant...).
Les nations amérindiennes française (6 au total) pèsent evidemment peu dans la balance démographique : environ 6000 personnes.

"Nous voulons obtenir la reconnaissance de nos droits aborigènes, c'est à dire la reconnaissance de nos droits territoriaux, de nos droits à demeurer Amérindiens, et à développer nos institutions et notre culture propres."
Ce discours de Félix Tiouka en 1984, alors président de l'AAGF (Asso des Amérindiens de Guyane Française) ne découle en rien d'une démarche sécessioniste ou indépendantiste. Elle exprime la volonté d'accéder à une relative autonomie de leurs autorités coutumières et de leur mode de propriété (propriété collective en opposition à celle des pays occidentaux chrétiens qu'est la propriété privée) sans pour autant se démarquer de la France.

A priori, il n'existe aucun risque de voir l'unité du pays et sa balance économique se dissoudre si celui accède aux requêtes amérindiennes (qui en métropole est au courant de l'existence d'amérindiens français ?).
La France nie toujours leurs particularités.
En effet, le projet de création d'un parc national dans le sud de la Guyane existe depuis 1992. L'objectif de protection de la biodiversité s'est mué progressivement en grand chantier ethnotouristique lucratif. L'indien à poil et à plumes fait vendre. Comment le gouvernement pourrait-il créer cet énorme zoo-humain, digne des expositions coloniales du début du siècle si les amérindiens détenaient les clefs de la réalisation du parc ?
D'autre part, l'aurpaillage (activité d'extraction à ciel ouvert de l'or dont regorge le sol guyanais) est une activité dont les 3/4 de la production sont illégales (la jungle difficilement pénétrable pour les occidentaux qui recouvre plus de 90% du département est favorable à ce type d'activité). Pour tirer 1 kilo d'or, 1,2 kilos de mercure est nécessaire (il détache l'or de la terre). La concentration des "entreprises" d'aurpaillage se fait en amont des fleuves et par ce biais rejette le mercure dans les fleuves et les rivières empoisonant ainsi le parc halieutique, principale source d'alimentation des amérindiens. Cet empoisonnement des populations constitue pour l'Etat une raison morale de maintenir la gendarmerie et la légion étrangère sur les territoires amérindiens (le sud de la Guyane où se concentrent les activités d'aurpaillage est peuplé à 90% d'amérindiens) qui doit garantir la protection de ces populations. Evidemment, les militaires ne font rien. De quel droit pourraient-ils rester ?
Cette situation d'empoisonnement devient en plus un argument de taille pour maintenir la création du parc National, considéré comme le seul projet garantissant à moyen et long terme la protection de ces populations.
Le parc est evidemment un plan de développement local apportant les bons principes civilisateurs aux amérindiens (Je raccourcis beaucoup) et il permettra surtout de les inscrire à plein régime dans l'économie de marché puisqu'ils sont désignés comme étant improductifs (là aussi, je résume très rapidement).

La situation est très complexe et touche d'autres domaines de taille (santé, non reconnaisance des cultures et des langues amérindiennes, "francisation" forcée par une scolarisation non-adaptée et destructrice...). 1 enfant sur 6 se suicide aujoud'hui parmis ces communautés amérindiennes. La peprétuation des valeurs se fait de moins en moins (le dernier chaman Teko, l'une des 6 nations amérindiennes, s'est éteind sans avoir de disciple). Même si la démographie amérindienne est forte, leur(s) culture(s) s'efface(nt à petit feu.

Quelques adresses :
http://perso.wanadoo.fr/solidariteguyane/Assos.htm

http://ase.ouvaton.org/guyanefilm.htm

http://www.csia-nitassinan.org/com_guyane.htm
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