du plus-de-jouir sans la peine censée aller avec

Désobéissances et micro-résistances.

Modérateurs : drÖne, LLB

staivair
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Message par staivair »

l'autre jour mon pote RMiste discutait sur internet
avec un gars au chili à propos de musique électronique
puis au fil de la discussion mon pote lui explique le rmi:
je suis payé mais je travail pas, j'ai la voiture, internet etc ...
le gars au chili étonné lui répond : "quoi ? tu ne travail pas et tu es payé ???? : mais tu es un roi ! "
ouais: on est les roi du monde ... mais c'est pas facile quand même pour tout le monde ...
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drÖne
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Message par drÖne »

staivair a écrit :l'autre jour mon pote RMiste discutait sur internet
avec un gars au chili à propos de musique électronique
puis au fil de la discussion mon pote lui explique le rmi:
je suis payé mais je travail pas, j'ai la voiture, internet etc ...
le gars au chili étonné lui répond : "quoi ? tu ne travail pas et tu es payé ???? : mais tu es un roi ! "
ouais: on est les roi du monde ... mais c'est pas facile quand même pour tout le monde ...
J'étais au Chili il y a peu : c'est vrai que la vie y est très difficile. C'est encore pire en Argentine, le Chili étant en passe de devenir une puissance locale en Amérique du sud, bien gonflé au libéralisme yankee, même si les yankees sont hais par une bonne partie de la population. Mais il y a aussi de très grandes fortunes au Chili et en Argentine. Donc, on ne peut pas étalonner nos pauvretés locales sur des pauvretées lointaines toujours supposées plus dures. Je ne crois pas qu'on favorise une meilleure répartition des richesses au niveau de la planète en nous considérant, nous européens, comme trop privilégiés pour nous plaindre.

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drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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Message par LLB »

Désolée je remonte un peu dans la discussion, Dana m'excusera de prendre son cas comme thème, mais je repensais à ce doute : est-ce qu'on renonce par choix qu'on revendique ou par défaut de choix qu'on assume bien ? Je sais que je vais faire des erreurs de raisonnement. Mais je suis frappée par ce que tu dis


"je vais vous avouer une chose :mon ascétisme à moi c'est un vaste tissu de conneries dont je j'enrobe ma piètre existence en vue de lui donner un peu sinon de sens du moins de relief (c'est une histoire de style si vous voulez)
parce que au fond ai-je le choix ?
je veux dire : c'est quand même plus facile de se priver, d'être ascète quand on a quelque chose dont on peut se priver (quand on est riche par exemple, on peut s'appauvrir un peu, ça fait du bien à l'âme, ça donne bonne conscience)
mais quand on est de toutes façons pauvre, c'est-à-dire quand on n'a pas grand chose dont on pourrait se priver, alors, quel sens ça a cet ascétisme : ce n'est ps un choix en tous cas
".


On se dit ok, il ne s'agit pas de renoncer par choix revendiqué, mais d'assumer un état ressenti comme subi, et en effet je trouve que souvent je fais semblant de choisir ce que je ne fais qu'accepter.

Mais pourtant du dis ailleurs :
"j'enseignais depuis 4 ans la philosophie en qualité (si on peut dire) de maitre auxilliare (auttrement dit je faisais de sremplacements)
en jun j'ai eu mon capes (ce qui est censé représenter l'aboutissement de longues années d'études , surtout en philo où c'est pas du gateau)
et en septembre 2001, j'ai démissioné de l'éducation nationale (sans embaucher donc, sans faire mon année de stage)
"

Donc tu as choisi de renoncer, avec éclat à une situation réputée enviable, tu as renoncé à la thèse, tu as renoncé à des CDI, enfin bref tu as quand même confirmé régulièrement ce choix.
Et bien c'est souvent ça qui est caché et dilué même à nos propres yeux parce que si on regarde dans les parcours, on peut faire apparaître des choix, mais ceux-ci sont passés si bien qu'ils ne semblent plus pouvoir être revendiqués dans une situation présente vécue. Et là je pense à un bouquin magnifique que je viens de finir "Les soldats de Salamine" de Javier Cercas , où apparaît à un moment un pensionnaire d'un hospice de vieux qui se trouve avoir été un milicien pendant la guerre d'Espagne et qui s'est ensuite encore enrôlé dans la Légion pour continuer de combattre auprès des forces françaises libre en Afrique. Bref, au moment où on le découvre, ce vieillard subit avec une certaine distance désinvolte sa condition de vieux anonyme inconnu passant ses journées devant la télé dans un hospice de province, mais en fait, s' il est heureux c'est qu'il a choisi dans sa vie des choses très importantes à des moments donnés, et il sait qu'il a choisi, il ne l'a pas oublié. Forcément, prendre les armes volontairement, ça ne s'oublie pas. Tandis que nous, nous faisons des choix, nous oublions à moitié que nous les avons fait, surtout sensibles au fait que nous sommes dans telle ou telle situation embrouillée dans ces temps d'extrême confusion. Mais peut-être que si on vit (plus ou moins) bien les conséquences subies de certains choix, c'est parce qu'à un moment on a choisi justement, et quelque soit ce qui se passe ensuite, ça a eu lieu. [/quote]
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Message par LLB »

Je continue dix secondes pour conclure : pour moi c'est tellement impressionnant non seulement de renoncer à des biens matériels et symboliques mais aussi d'assumer les suites, alors que ça correspond à des états et des situations très différentes, que là, forcément, je trouve super le lien entre les deux.
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Message par dana »

Donc tu as choisi de renoncer, avec éclat à une situation réputée enviable, tu as renoncé à la thèse, tu as renoncé à des CDI, enfin bref tu as quand même confirmé régulièrement ce choix.
Je ne crois pas avoir choisi de renoncer, je veux dire au sens où il y aurait eu à ce moment là une alternative. Je t'assure que quand je faisais mes études à paris je rêvais de devenir maitre de conf en philosophie antique. Puis j'ai, pour des raisons que je ne comprends que maintenant, bossé à côté bénévolement dans l'illettrisme. Comme j'avais des allocations de recherche (6400 francs par mois pendant 3 ans :) je peux dire que l'université a financé pas mal d'heures passées auprès de personnes adultes qui savaient ni lire ni écrire. Et suite à une grosse enguelade avec la directrice de la fac (un "éclat") , j'ai décidé de "choisir" l'illettrisme, domaine dans lequel j'ai bossé un an.
Sûr que c'est le grand écart de mener à la fois des études érudites (école pratique des hautes études et tout le tintouin) et le reste du temps apprendre à des gens à écrire correctement leur nom et leur prénom.

Le renoncement, conscient et décidé, c'est seulement maintenant qu'il me semble que je le choisis.

mais qu'importe après tout : ce qui importe c'est le récit que tu es capable de faire de ta vie, ce que tu fais de tout ce bordel.

On raconte son histoire ou : on SE raconte des histoires, mais la vérité n'a rien à voir là dedans.
Chacun fait son petit bricolage, et ça tient plus ou moins. Le truc, c'est de pas devenir complètement fou : si ton bricolage peut s'arranger à peu près avec les discours du monde autour de toi, ce qu'on appele la "réalité" alors c'est plus peut-être plus facile (son petit bricolage fait partie du grand bricolage)
le problème c'est qu'à se bricoler à côté, hors scène, au bout d'un moment, il y a risque de délire : ce que les anciens psychiatres appelaient la paraphrénie (une vie toute entière déterminée par des idées délirantes).

Je repointe ce que tu disais dans un autre post : pour s'assurer qu'on n'est pas fou, il faut de l'autre, un minimum d'autre - tu disais : un témoin (et tant que j'écris dans ce forum, que je m'adresse à l'autre, et qu'on me vire pas, alors j'imagine que je ne suis pas complètement fou : le dénommé Konstrukt, qui a produit ici des dizaines voire centaines de textes incroyables, pourrait peut-être (?) en témoigner (je suis un peu sous le choc de ses textes là)
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Message par drÖne »

dana a écrit : Je repointe ce que tu disais dans un autre post : pour s'assurer qu'on n'est pas fou, il faut de l'autre, un minimum d'autre - tu disais : un témoin (et tant que j'écris dans ce forum, que je m'adresse à l'autre, et qu'on me vire pas, alors j'imagine que je ne suis pas complètement fou : le dénommé Konstrukt, qui a produit ici des dizaines voire centaines de textes incroyables, pourrait peut-être (?) en témoigner (je suis un peu sous le choc de ses textes là)
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Si Room 101 peut servir à ça, à ce que des isolés ne se sentent pas devenir fous, alors c'est pour moi l'idéal. En tout cas, aucune raison qu'on te vire !

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Message par LLB »

La room 101 est un havre, cher Dröne, et d'ailleurs je ne visite qu'une partie des lieux, le bistrot du coin en quelque sorte, il faudrait que j'aille voir plus régulièrement ce qui se passe dedans.
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Message par dana »

ben oui c'est sympa ici
le vin est pas cher
on y cause bien et honnêtement je crois
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