du plus-de-jouir sans la peine censée aller avec

Désobéissances et micro-résistances.

Modérateurs : drÖne, LLB

dana
The knight who says : "NI !"
Messages : 138
Enregistré le : 19 nov. 2005, 02:12
Localisation : uzbekistan
Contact :

du plus-de-jouir sans la peine censée aller avec

Message par dana »

(ha ! j'avais écrit ce truc hier, je le glisse ici alors c'est l'endroit -scusez pour le style : j'avais un peu bu)

Je fraye un chemin vers la sagesse - ce qui est somme toute prendre ce mot de philosophie au sérieux - , je m’évertue à inventer un bricolage satisfaisant - lequel implique à la fois un renoncement aux sublimations sociales courantes, comme le travail, une discipline de vie qui s’en déduit, qu’on pourrait tout aussi bien appeler voeu de pauvreté - si tant est que j’ai eu en la matière le choix.
J’assume (enfin) ma jouissance, la cultive, l’entretiens, la renouvelle.
Ces belles journées d’hiver, sans le souci de travailler pour gagner sa pitance, sans le souci de faire semblant auprès de qui que ce soit, être simplement être, se promener, rêvasser, une vie rythmée par les séances auprès de ma psychanalyste, les conversations avec mon amie, écrire un peu, lire, regarder les matchs de football à la télévision…
Tel est mon quotidien.
Et je ne désire rien d’autre que cela que j’ai déjà.

En renonçant, j’ai gagné un plus-de-jouir, qu’on pourra entendre paradoxalement comme l’analogue de la plus-value de Marx.
A vrai dire, la clé de ma nouvelle existence, ce n’est pas tant d’avoir renoncé aux objets, mais d’avoir faire le deuil du mirage de la société occidentale. J’en entends quelques uns qui font ce deuil. Le cheminement est ardu car il faut se défaire de bien des discours. Depuis mon ermitage, la chose est plus aisée.

J’entends aussi de ces discours les voix qui s’indignent : mais comment ose-t-il assumer aussi franchement ce plus-de-jouir alors même qu’il s’évite toute peine, tout labeur. Comment peut-on prétendre jouir sans le payer à la sueur de son front ?
Quand tous les autres travaillent, ou cherchent à travailler, afin de gagner leur pitance, afin de mériter leur jouir, comment oserait-il s’avancer sans la peine dont chacun souffre ?

Hé bien ! Si mon style de vie vous inspire autant d’envie, tâchez de l’adopter à votre tour : mais il faudra aussi vous faire à certaines privations, vous défaire de l’affection aux objets pour lesquels vous aviez tant travaillé, vous coltiner la solitude et probablement l’ennui, jouir de petites choses - un arc-en-ciel sur les plateaux du haut cantal, une belle journée d’hiver ensoleillée, quelques mots d’un livre, un rêve étrange apparu durant la nuit, un baiser sucré sur la bouche.

Je ne prétends à rien, sinon à l’amélioration de mon petit bricolage, ce noeud par lequel je m’articule et tiens debout. C’est là ma méthode et mon style, tout personnel, ce n’est en rien une méthode à suivre, je ne préconise rien, je m’arrange avec mes propres histoires, mes propres capacités.

A vous d’inventer votre propre sentier vers la sagesse, d’élaborer le style d’une vie qui vous convienne. Je n’ai aucun jugement à porter là dessus : et j’entends qu’on ne me juge pas plus que je ne juge.
Modifié en dernier par dana le 29 nov. 2005, 18:04, modifié 1 fois.
dana
The knight who says : "NI !"
Messages : 138
Enregistré le : 19 nov. 2005, 02:12
Localisation : uzbekistan
Contact :

Message par dana »

un de mes plus gros coups, ratages, micro résistances :

j'enseignais depuis 4 ans la philosophie en qualité (si on peut dire) de maitre auxilliare (auttrement dit je faisais de sremplacements)
en jun j'ai eu mon capes (ce qui est censé représenter l'aboutissement de longues années d'études , surtout en philo où c'est pas du gateau)
et en septembre 2001, j'ai démissioné de l'éducation nationale (sans embaucher donc, sans faire mon année de stage)

en fait je me rends compte que mes plus belles micro résistances ont toujours à faire avec un : NE PAs FAIRE - ne pas faire comme on devrait faire : style j'ai été réformé P4 à mon service militaire, me suis fait virer de 2 boîtes en cours de CDI, ai démissioné d'une autre en cours de CDD, ai claqué la porte de la directrice de l'université de paris-val-de-marne à trois mois de la soutenance de ma thèse (qui n'a donc jamais été soutenue bien que rédigée)

Bref
s'efforcer de ne pas achever, de ne pas finir

bon, d'aucun stigmatiserait mes 15 dernières années en parlant de pathologie, ou, comme ce crétin de l'anpe (à qui j'ai bien failli foutre une mandale) : INSTABLE
(vous êtes quand même un peu instable isn't it ?)
(poc tache bien sur que je suis instable et je t'emmerde)

disons que pour les instances normatives sociales je n'ai rien d'un héros, mais plutot je les désespére
ce en quoi
c'est désormais leur problème
pas le mien


ça va comme micro résistance ?
(j'avais dans l'idée un jour de publier mon véritable CV
un CV honnête
sans concession
avec toutes mes périodes d'alcoolisation, mes plans routards en espagne, etc..
on devrait faire ça
des vrais CV
des vrais CV de loosers)
juko
Hikikomori !
Messages : 1322
Enregistré le : 06 oct. 2002, 17:00
Localisation : ngc224, messier31
Contact :

Message par juko »

j'ai un pote qui a fait ça , un CV de tout ce qu'il n'avait pas fait qu'il a envoyé à canal +, et cu coup il a bossé pour les guignols!
pardon mais ça me revenait là meme si c un peu HS
dana
The knight who says : "NI !"
Messages : 138
Enregistré le : 19 nov. 2005, 02:12
Localisation : uzbekistan
Contact :

Message par dana »

oui un cv en négatif en fait
mais là c'est de l'humour
alors que ce qui m'intéresserait serait de produire un véritable cv
style : entre janvier 2002 et mars 2003 : consommé 128 litres d'alcool
Avatar du membre
LLB
Haut fonctionnaire prussien
Messages : 508
Enregistré le : 06 oct. 2002, 17:14

Message par LLB »

Dana tu aurais pu apparaître dans ce film de Pierre Carles "Danger travail", où on voit des RMIstes dont la vie a changé en bien avec le renoncement (consenti ou subi) au travail. Dedans il y a quelqu'un qui réagit au fait qu'on peut le trouver parasite, il répond : je suis un tout petit parasite, il y en a des gros. Ca m'a fait rire. Comme contribuable, ça m'aide de penser que les impôts servent à ce que quelqu'uns puissent vivre sans travailler, comme tu dis rares sont ceux qui se mettraient à leur place de toutes façons. Mais ça me fait chier n'est-ce pas qu'ils servent à alléger les charges des grosses entreprises et de ceux qui emploient des domestiques. Contrariété à l'apparition du RMA. IL y avait eu à une époque un mode de calcul d'impôt où on signalait qu'on souhaiterait que la part de % réservée à la défense soit affectée à autre chose. C'était l'époque où l'armée incarnait le pouvoir l'oppression, fini ces ennemis méchants bien visibles.

J'ai un exemple de micro-résistance chez mon jeune frère qui a fait une école de commerce payante à cause des débouchés commerciaux qui ne le faisaient pourtant pas rêver, et qui a postulé à des choses avec son meilleur copain. A un entretien on leur dit : "vous êtes amis?, on ne peut prendre que l'un d'entre vous, on ne veut pas de duo dans la boîte, choisissez". Ils ont refusé tous les deux, bien trop jeunes et frais pour hésiter une seconde. J'imagine que ces types ont des enfants qu'ils cherchent à élever avec le petit jésus et le père noël et en tant que recruteurs, ils cassent que que les mômes qui passent entre leurs mains ont de plus précieux.
Le Lion Bleuflorophage
dana
The knight who says : "NI !"
Messages : 138
Enregistré le : 19 nov. 2005, 02:12
Localisation : uzbekistan
Contact :

Message par dana »

héhé
oui je connais le film de Pierre Carles "Attention : Danger travail"
(quand je vais à brussels je vais toujours faire un tour aux colloques organisés par le cinéma nova - avis aux bruxellois s'il en est ici)

Sauf que chez moi il n'y a aucune militance en ce sens là : je n'invite pas les gens à ne pas travailler. Je préfère les renvoyer à leur propre désir : si tu veux une grosse voiture ou passer un week end à new york, si c'est ce qui te fait plaisir hé bien tant mieux : mais tu devras trouver un moyen de te payer cela (et donc probablement travailler).
ET il, est possible qu'un de ces jours l'envie me prenne de travailler à nouveau (je veux dire dans le sens de rechercher un moyen de gagner ma vie par le travail, alors que mon travail à moi ne me rapporte pas un sou - et je ne fais rien pour qu'il en soit autrement)

Maintenant il faut bien voir une chose : si je peux me permettre de vivre ainsi, c'est parce que je vis en France, et qu'on a des trucs qui s'appelent RMI, Alloc logements, CMU. Et les contributions sociales qui vont avec. C'est un peu ce qui me gène dans le film de Pierre Carles. Or ce contrat social, par lequel une partie des citoyens accepte de sacrifier une part de sa richesse pour la subsistance de l'autre, hé bien ça ne va pas de soi et ça me parait bien précaire (surtout à entendre les discours ces derniers temps) :

On pourrait admettre (et on admettait) que ce sacrifice était justifié en raison d'un calcul d'intérêt bien mené :
par exemple, je peux sacrifier une partie de ma richesse dans la mesure où il est possible que je me retrouve moi-même en positon de prétendre au rmi un jour (mon avenir étant tout de même assez précaire si j'y songe)
ou bien, je peux sacrifier une partie de ma richesse au bénéfice des plus pauvres, parce que si je laisse la misère se développer, il est possible qu'apparaisse des révoltes, des émeutes ou des guerres civiles (ce qui mettrait en danger mon propre confort)

si on n'abandonne pas tout à fait les pauvres à la misère dans ce pays, c'est en gros parce qu'on s'assure ainsi de les faire taire :) (liés qu'ils sont par contrat au reste du corps social, au sens où ils auraient eux aussi à rendre des compte)

Des visions alternatives se profilent toutefois (mais je n'attends pas des politiques français dans leur ensemble qu'il aient le courage de s'y frotter) : notament celle (pas nouvelle) d'une revenu minimum d'existence (j'ai la flemme de retrouver mes sources, mais vous m'aiderez peut-être) : à chacun serait accoirdé, à partir de sa majorité (18 ans) un revenu mensuel fixe, versé tout au long de sa vie, indépendamment du fait qu'il travaille ou pas (un revenu suffisamment consistant pur qu'on puisse vivre : au moins 1000 euros). Je vote pour le mec qui aura le courage de porter cette proposition aux prochaines élections :)
juko
Hikikomori !
Messages : 1322
Enregistré le : 06 oct. 2002, 17:00
Localisation : ngc224, messier31
Contact :

Message par juko »

cetait kan ce temps beni ou il y avait ou on pouvait faire des propos su r sa page d'impot LLB?
je suis intrigué
Avatar du membre
LLB
Haut fonctionnaire prussien
Messages : 508
Enregistré le : 06 oct. 2002, 17:14

Message par LLB »

J'ai oublié une précision essentielle : ce n'était absolument pas légal ou valide administrativement : c'était juste une forme de manifestation appuyée par des associations qui fournissaient des indices de calcul, mais les gens payaient quand même. En principe on aurait pu aller jusqu'à la désobéissance s'il y avait suffisamment de monde pour rendre impossibles les poursuites, ce qui le grand moteur et le grand problème de ce type d'action individuelle. Mais quand on voit que dans le cas des faucheurs anti OGM on a finalement arrêté et fait passer en procès une toute petite partie des gens qui s'étaient déclarés complices à la gendarmerie, on voit que cette question du nombre peut être contournée par l'Etat.
Au moment de la guerre du Vietnam, des américains ont refusé de payer leurs impôts et envoyaient à la place de leur déclration une copie d'un texte de Thoreau sur La désobéissance civile.
Cette histoire du refus d'impôt est ambigue, et la discussion sur le RMI le montre bien. Le père de la désobéissance civile aux USA Thoreau, était par principe contre l'impôt, et il y a une récupération d'une partie du courant de désobéissance civile par des groupes franchements ultralibéraux, qui veulent le moins possible de lois. Nous zautes français désobéisseurs j'ai l'impression qu'on aimerait plutôt désobéir à la dérégulation générale.
Modifié en dernier par LLB le 25 nov. 2005, 16:37, modifié 1 fois.
Le Lion Bleuflorophage
dana
The knight who says : "NI !"
Messages : 138
Enregistré le : 19 nov. 2005, 02:12
Localisation : uzbekistan
Contact :

Message par dana »

ha bâtir sa cabanne au canada comme D.H. Thoreau
(le problème c'est que / 1° les territoires où bâtir sont soit privés soit appartiennent à l'état, et on peut pas construire comme ça n'importe où / 2° l'hiver arrive, l'année dernière on est descendu à -20°C alors la vie dans les bois ça pèle quand même)
Avatar du membre
LLB
Haut fonctionnaire prussien
Messages : 508
Enregistré le : 06 oct. 2002, 17:14

Message par LLB »

La vie dans les bois certes, c'est plus confort dans bouquins.
Le Lion Bleuflorophage
Répondre