Lettre au Législateur de la Loi sur les Stupéfiants, par Antonin Artaud (et chanté par Alain Z Kan)

Désobéissances et micro-résistances.

Modérateurs : drÖne, LLB

Répondre
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Lettre au Législateur de la Loi sur les Stupéfiants, par Antonin Artaud (et chanté par Alain Z Kan)

Message par drÖne »

Je ne connaissais ni ce texte d'Artaud (voir plus bas) ni sa version chantée en live, en 1979, par Alain Z Kan, chanteur punk dont j'ai déjà parlé quelque part sur ce forum.

Pour écouter ça :

http://dkandroughmix-forgottensongs.blo ... -1979.html

Et le texte d'Artaud :
Lettre au Législateur de la Loi sur les Stupéfiants, par Antonin Artaud. Monsieur le législateur, Monsieur le législateur de la loi de 1916, agrémentée du décret de juillet 1917 sur les stupéfiants, tu es un con. Ta loi ne sert qu'à embêter la pharmacie mondiale sans profit pour l'étiage toxicomanique de la nation parce que : 1° Le nombre des toxicomanes qui s'approvisionnent chez le pharmacien est infime ; 2° Les vrais toxicomanes ne s'approvisionnent pas chez le pharmacien ; 3° Les toxicomanes qui s'approvisionnent chez le pharmacien sont tous des malades ; 4° Le nombre des toxicomanes malades est infime par rapport à celui des toxicomanes voluptueux ; 5° Les restrictions pharmaceutiques de la drogue ne gêneront jamais les toxicomanes voluptueux et organisés ; 6° Il y aura toujours des fraudeurs ; 7° Il y aura toujours des toxicomanes par vice de forme, par passion ; 8° Les toxicomanes malades ont sur la société un droit imprescriptible, qui est celui qu'on leur foute la paix. C'est avant tout une question de conscience. La loi sur les stupéfiants met entre les mains de l'inspecteur-usurpateur de la santé publique le droit de disposer de la douleur des hommes ; c'est une prétention singulière de la médecine moderne que de vouloir dicter ses devoirs à la conscience de chacun.Tous les bêlements de la charte officielle sont sans pouvoir d'action contre ce fait de conscience : à savoir, que, plus encore que de la mort, je suis le maître de ma douleur. Tout homme est juge, et juge exclusif, de la quantité de douleur physique, ou encore de vacuité mentale qu'il peut honnêtement supporter. Lucidité ou non lucidité, il y a une lucidité que nulle maladie ne m'enlèvera jamais, c'est celle qui me dicte le sentiment de ma vie physique *. Et si j'ai perdu ma lucidité, la médecine n'a qu'une chose à faire, c'est de me donner les substances qui me permettent de recouvrer l'usage de cette lucidité. Messieurs les dictateurs de l'école pharmaceutique de France, vous êtes des cuistres rognés : il y a une chose que vous devriez mieux mesurer ; c'est que l'opium est cette imprescriptible et impérieuse substance qui permet de rentrer dans la vie de leur âme à ceux qui ont eu le malheur de l'avoir perdue. Il y a un mal contre lequel l'opium est souverain et ce mal s'appelle l'Angoisse, dans sa forme mentale, médicale, physiologique, logique ou pharmaceutique,comme vous voudrez. L'Angoisse qui fait les fous. L'Angoisse qui fait les suicidés. L'Angoisse qui fait les damnés. L'Angoisse que la médecine ne connaît pas. L'Angoisse que votre docteur n'entend pas. L'Angoisse qui lèse la vie. L'Angoisse qui pince la corde ombilicale de la vie. Par votre 1oi inique vous mettez entre les mains de gens en qui je n'ai aucune espèce de confiance, cons en médecine, pharmaciens en fumier, juges en mal-façon, docteurs, sages-femmes, inspecteurs-doctoraux, le droit de disposer de mon angoisse, d'une angoisse en moi aussi fine que les aiguilles de toutes les boussoles de l'enfer. Tremblements du corps ou de l'âme, il n'existe pas de sismographe humain qui permette à qui me regarde d'arriver à une évaluation de ma douleur plus précise, que celle, foudroyante, de mon esprit ! Toute la science hasardeuse des hommes n'est pas supérieure à la connaissance immédiate que je puis avoir de mon être. Je suis seul juge de ce qui est en moi. Rentrez dans vos greniers, médicales punaises, et toi aussi, Monsieur le Législateur Moutonnier, ce n'est pas par amour des hommes que tu délires, c'est par tradition d'imbécillité. Ton ignorance de ce que c'est qu'un homme n'a d'égale que ta sottise à le limiter.Je te souhaite que ta loi retombe sur ton père, ta mère, ta femme, tes enfants, et toute ta postérité. Et maintenant avale ta loi.
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
Avatar du membre
Ël Rapha
Hikikomori !
Messages : 2497
Enregistré le : 13 août 2009, 01:00

Re: Lettre au Législateur de la Loi sur les Stupéfiants, par Antonin Artaud (et chanté par Alain Z Kan)

Message par Ël Rapha »

[mortderire.gif] "Un discours de connard comme tous les dicours" [bienjoue2.gif] trop bon Alain .
"La loi sur les stupéfiants met entre les mains de l'inspecteur-usurpateur de la santé publique le droit de disposer de la douleur des hommes ; c'est une prétention singulière de la médecine moderne que de vouloir dicter ses devoirs à la conscience de chacun." :sm3:
Avatar du membre
bituur esztreym
commando coin coin
Messages : 355
Enregistré le : 20 janv. 2003, 17:47
Localisation : Bordeaux
Contact :

Re: Lettre au Législateur de la Loi sur les Stupéfiants, par Antonin Artaud (et chanté par Alain Z Kan)

Message par bituur esztreym »

eh oué artaud rulez.
c'est l'époque 20 & quelques, je crois, correspondance avec j. rivière, cinoche, débuts : tout là depuis.
aahhh, raramuris de tarahumara !!
promeneur - finno-magyar filolog - perplex propaganda expert
http://seenthis.net/people/bituur - Ur· http://dogmazic.net/ - ::gniark:: http://vnatrc.net/YAST/YARVBT/
W;7[)
Répondre