Pas Zéro de conduite (contre le rapport INSERM)

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drÖne
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Pas Zéro de conduite (contre le rapport INSERM)

Message par drÖne »

Il me semble qu'on avait déjà parlé de ce satanné rapport de l'Inserm concernant les "conduites à risque" chez les enfants, et le projet de loi sécuritaire visant à organiser le contrôle des actes et des pensées dès la petite enfance. Voici quelques nouvelles du collectif "pas zéro de conduite" qui mène la luttre contre ce rapport et contre son exploitation politique démagogique :

Aux 181 000 signataires de l’appel

« Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans »


Où en sommes-nous ? Et pour la suite ?



Nous sommes plus de 181 000 à avoir signé l'appel "Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans". Notre critique à l’égard des conclusions du rapport de l’Inserm, notre refus de son instrumentalisation politique ont été largement diffusés par les signataires et par la presse. La contestation du caractère scientifique de ce rapport se généralise et le débat de société s’est engagé. Cependant les dernières annonces gouvernementales sur le projet de loi de prévention de la délinquance sont autant d’alertes qui incitent à poursuivre notre mouvement.


Qu’avons-nous fait depuis janvier ?

Informé le public :

- par une conférence de presse le 21 mars 2006 très relayée dans les médias (cf. le dossier sur le site, page d’accueil rubrique « initiatives » et l’écho dans la presse, rubrique « articles de presse, médias »),

- par plusieurs communiqués de presse (cf. sur le site).

Sollicité les instances concernées :

- demande de rendez-vous au premier ministre (entrevue prévue le 23 mai),

- demande de rendez-vous aux groupes parlementaires (en cours),

- demande de rendez-vous au directeur général de l’Inserm (pas de réponse),

- saisine du Comité consultatif national d’éthique, qui a accepté de l’examiner (cf. à ce sujet l’article L'expertise médicale, otage de l'obsession sécuritaire, par Didier Sicard et Jean-Claude Ameisen – Le Monde du 23 mars 2006).

Fédéré de nombreux acteurs :

par la mise en réseau et l’expression du soutien de multiples organismes : sociétés savantes, associations, syndicats,… dans les milieux de la santé, de la petite enfance, de l’éducation, de l’action citoyenne.


Quelles initiatives en cours de réalisation ?

Nous publions un ouvrage collectif chez Erès, « Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans » qui sortira en librairie le 8 juin 2006 (cf. visuel sur le site, rubrique « initiatives »).

Nous organisons un colloque pour mener le débat scientifique et de société, qui se tiendra samedi 17 juin 2006 à Paris (cf. programme et bulletin d’inscription sur le site, rubrique « initiatives »).


Et du côté du projet de loi de prévention de la délinquance ?

Les propos tenus à l'Assemblée nationale par le ministre de l'intérieur le 10 mai dernier, lors de la présentation du plan national de prévention de la délinquance (http://www.assemblee-nationale.fr/12/cr ... #TopOfPage) indiquent qu'il persiste malgré tout à vouloir "déceler les troubles du comportement" avec "des rendez-vous fixes, à trois ans, à six ans", dans le cadre de la prévention de la délinquance, et qu'il continue d’évoquer l'hypothèse d'un "cahier de suivi comportemental de l'enfant". Si ce projet de loi de prévention de la délinquance est présenté, nous vous informerons de son contenu et vous ferons part des initiatives que nous pourrions prendre auprès des autorités publiques, avec votre soutien, dans l'esprit de l'appel "Pasde0deconduite".


Nous vous invitons à vous rendre régulièrement sur le site

www.pasde0deconduite.ras.eu.org, où nous nous efforçons de tenir à jour les informations pour suivre le développement du mouvement autour de « Pasde0deconduite ».


Collectif des initiateurs de l’appel « Pasde0deconduite ».

contact@pasde0deconduite.ras.eu.org
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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drÖne
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Message par drÖne »

Et hop, du nouveau, et pour une fois on peut jubiler : l'Inserm a plié devant la pétition !
Communiqué de presse du 11 décembre 2006



"Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans"
Le débat scientifique et de société a porté ses fruits

L'Inserm vient d'annoncer une refonte de ses méthodes d'expertises dans le domaine de la santé psychique. Le débat scientifique et de société impulsé par "Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans" a donc porté ses fruits.

Face à l'ampleur du mouvement, le ministre de la santé avait chargé l'INSERM d'organiser un colloque<. Celui-ci, intitulé « Trouble des conduites : de la clinique à la recherche », s'est tenu le 14 novembre dernier à Paris.
L'Inserm y a fait son "mea culpa".
Dans sa conclusion, le porte parole de l’Inserm a annoncé que les méthodes de travail des expertises Inserm dans le domaine psychique seront revues. Il y aura, notamment, prise en compte de la diversité des approches épistémologiques et pratiques, comme de l'expérience des acteurs de terrain et de l’apport des sciences humaines et sociales concernées par les problématiques considérées. "La multidisciplinarité est une condition d'une démarche éthique et scientifique", a considéré Jean-Claude Ameisen, président du comité d'éthique de l'Inserm. Jean Marie Danion, professeur de psychiatrie à Strasbourg, directeur de l'unité Inserm 666 et porte parole de l'Institut précise : "Désormais lorsqu'une expertise aura de fortes implications sociétales, comme celle-là, nous demanderons aux professionnels de terrain de nous faire des propositions sur les noms d'experts à consulter. Puis, à l'issue de ce travail, mais avant sa publication, nos interlocuteurs y auront à nouveau accès, afin de ne pas donner l'impression d'un texte détenteur d'une réalité intangible. Il nous faut également rejeter toute approche sécuritaire, en étant d'une vigilance sans faille vis-à-vis des risques de récupération politique".

Il aura fallu un an de travail et d'action du collectif "Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans" pour aboutir à cette prise de conscience.

Fin 2005, l'Inserm publiait une expertise sur le « trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent ». Elle établissait une corrélation abusive entre des difficultés psychiques de l’enfant et une évolution vers la délinquance. Elle préconisait le dépistage de ce qui était appelé « trouble des conduites » chez l’enfant dès le plus jeune âge.
Au même moment, un plan gouvernemental de prévention de la délinquance apparaissait. Il prônait notamment une détection très précoce des « troubles comportementaux » chez l’enfant, censés annoncer un parcours vers la délinquance.

Janvier 2006, l’appel « Pas de conduite pour les enfants de trois ans » était lancé. Il s'élevait contre les risques de dérives des pratiques de soins, notamment psychiques, vers des fins normatives et de contrôle social. Il refusait la médicalisation ou la psychiatrisation de toute manifestation de mal-être social. Il engageait à préserver, dans les pratiques professionnelles et sociales, la pluralité des approches dans les domaines médical, psychologique, social, éducatif… vis-à-vis des difficultés des enfants en prenant en compte la singularité de chacun au sein de son environnement. Il appelait à un débat démocratique sur la prévention, la protection et les soins prodigués aux enfants.

L'appel était très vite porté par près de 200 000 signataires. Le débat scientifique et de société prenait alors une ampleur sans précédent, témoignant massivement d’un double refus :
- refus d’une prévention prédictive, du déterminisme et du conditionnement : à trois ans, tout n’est pas joué ;
- refus de voir la politique de sécurité s'emparer, à travers un projet de loi sur la prévention de la délinquance, des domaines qui relèvent de la politique de santé, notamment de ce qui a trait au dépistage précoce dans la sphère psychique.

Juin 2006, "Pas de 0 de conduite" publie son premier ouvrage et organise un débat national poursuivant la critique du rapport Inserm et dénonçant sa récupération politique(1).

Le gouvernement annonce alors le retrait de l'article sur le dépistage précoce du projet de loi prévention de la délinquance et renonce à l'idée d'un carnet de comportement dès la maternelle. Le dépistage précoce d'un trouble psychique chez les touts petits est déconnecté de la législation sur la délinquance.

Dans le même temps, la validité scientifique de l’expertise de l'Inserm est de plus en plus contestée par l’immense majorité des professionnels concernés, par de très nombreux chercheurs et par de larges secteurs de l’opinion publique et des familles. Notamment, la pertinence de la notion même de "trouble des conduites".

Lors du colloque Inserm du 14 novembre 2006, devant le ministre de la santé et le directeur de l’Inserm, c'est quasiment à une contre-expertise collective sur la question du dépistage des troubles des conduites de l'enfant que se sont livrés tous les grands noms de la pédopsychiatrie française, et des pédiatres, psychologues, sociologues, épidémiologistes... (cf. le programme et la liste des intervenants du colloque sur le site de Pasde0deconduite). Xavier Bertrand, ministre de la santé, a déclaré : "C'est la souffrance de l'enfant qu'il faut s'attacher à traiter". Il a plaidé pour un dépistage précoce, mais estimé que "toute association systématique entre troubles du comportement et délinquance est infondée". Regroupant les professionnels de la pédopsychiatrie, de la psychologie, de la santé et de la petite enfance, des chercheurs et des familles, ce colloque a dégagé un rejet quasi unanime à l’égard des préconisations de dépistage précoce de la délinquance, d'un dépistage centré sur les seuls symptômes visibles, d'un contrôle des familles et d’une approche sécuritaire des difficultés de santé. Tous les professionnels se sont accordés sur la nécessité d'une prévention globale des troubles, dans le respect de l'humanité et de la singularité de l'enfant comme de sa famille. Ils ont mis en valeur la notion d’accompagnement.
Aujourd'hui, un demi-million d'enfants sont suivis en psychiatrie publique, autant en CMPP (consultation médico-psycho-pédagogique) et en libéral. Mais tous s'accordent pour déplorer les listes d'attente interminables et le manque de moyens pour démarrer une prise en charge, une fois les premiers troubles détectés.

Ainsi, en moins d’un an, toutes les énergies mobilisées autour de Pasde0deconduite auront permis d’obtenir un double succès, sur le plan des enjeux scientifiques et de société, mais aussi sur celui des pratiques professionnelles de prévention dans le champ de la santé et de la petite enfance.

Les près de 200 000 signataires de l’appel Pasde0deconduite restent mobilisés, à l’heure où les fondements du secret professionnel, gage de l’efficacité et de l’éthique des pratiques de prévention, sont remis en cause par le projet de loi de prévention de la délinquance. Son article 5 prévoit toujours une mesure de levée obligatoire du secret professionnel dans le cas de personnes « présentant des difficultés sociales, éducatives ou matérielles » au profit du maire de la commune.

Le collectif Pasde0deconduite saura dénoncer les initiatives de fichage d’enfants en difficulté, dont la presse s’est fait l’écho, et qui pervertissent les pratiques de prévention.
Il saura aussi rester vigilant sur les contenus et l'éthique des productions scientifiques et des rapports officiels dans le domaine de la santé psychique de l’enfant et de la prévention.

Le deuxième ouvrage collectif de Pasde0deconduite vient de paraître, il rend compte de l’ensemble de ces enjeux, présentés lors du colloque que le collectif a organisé le 17 juin 2006(2).

Nous avons bien avancé, mais l'action et la vigilance sont de mise :
d'autres rapports, d'autres lois concernant nos enfants sont en cours…

(1) "pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans" édité chez Erès en juin 2006
(2) Actes du colloque pasde0deconduite du 17/06/2006, disponibles auprès de la Société française de santé publique
SFSP-BP7
54501 Vandoeuvre-lés-Nancy cedex
http://www.sfsp.info

www.pasde0deconduite.ras.eu.org
contact@pasde0deconduite.ras.eu.org
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