Nouvelle victoire pour L'Humanité et l'Ingéniérie du vivant

Ici, on discute des sciences de la nature, mais aussi des sciences humaines et sociales.

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LLB
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Nouvelle victoire pour L'Humanité et l'Ingéniérie du vivant

Message par LLB »

Je viens de lire cet article, qui nous annonce enfin, l'usage tant attendu du bébé médicament, par tant de couples désespérés....Voilà qui nous donne de grandes perspectives pour l'Humanité. On apprécie le caractère neutre de l'article avec la mention du débat médiatique du côté de ce qui est vilain et mal (l'art des médias de se tirer des balles dans le pied) et le "Autre bonne nouvelle" qui vient nous indiquer qu'il faut se réjouir de l'avancée de la sacro-sainte bonne cause médicale. Ca fait vingt ans que la médecine est le bouclier grâce auquel on évite tout débat sur l'ingéniérie du vivant.

Décret de naissance pour les bébés médicaments
L'Agence de biomédecine supervisera la conception de ces enfants.
Par Sandrine CABUT
QUOTIDIEN : vendredi 29 décembre 2006
Les familles concernées et les spécialistes avaient presque fini par ne plus y croire. La conception des «bébés médicaments», rebaptisés «bébés du double espoir», vient d'être autorisée en France. Deux ans et demi après la révision des lois bioéthiques, le décret d'application précisant le cadre réglementaire de ce dispositif a été discrètement publié au Journal officiel du 23 décembre, avec un autre décret plaçant les activités d'assistance médicale à la procréation et de diagnostic prénatal sous la tutelle de l'Agence de biomédecine.
L'histoire des bébés médicaments a commencé aux Etats-Unis en 2000 avec Adam, génétiquement sélectionné pour pouvoir sauver Molly, sa soeur de 6 ans, malade. «Créé pour sauver sa soeur leucémique», «Bébé sur mesure»... avaient titré les médias, déclenchant un débat mondial. Depuis, quelques autres naissances ont été rapportées en Europe. En France, plusieurs familles désespérées ont témoigné ces dernières années dans la presse. L'une d'elle avait même lancé un appel au chef de l'Etat.
Pour les couples concernés, le but est de pouvoir concevoir un enfant à la fois indemne de la maladie génétique familiale et susceptible de soigner un aîné malade grâce à ses cellules souches, prélevées à partir de sang du cordon ombilical. Cette procréation médicalement assistée nécessite deux étapes. Dans un premier temps, un diagnostic pré-implantatoire (DPI) permet de s'assurer que l'embryon n'est pas porteur de la maladie familiale. Les biologistes vérifient ensuite que son système immunitaire est compatible avec celui du grand frère ou de la grande soeur malade. Exceptionnel, le dispositif ne peut s'envisager que dans le cadre d'une maladie génétique grave, qui nécessiterait une greffe de moelle osseuse, mais où aucun donneur compatible n'a été trouvé. Les cas médiatisés concernent surtout des enfants atteints d'anémie de Fanconi, une pathologie génétique rarissime qui s'accompagne d'un risque élevé de leucémie.
«Au cas par cas». En France, où les DPI sont pratiqués dans trois centres (Clamart, Strasbourg, Montpellier), la conception des «bébés médicaments», nommée DPI «à titre expérimental», sera contrôlée par l'Agence de biomédecine. «L'autorisation sera donnée au cas par cas, précise le Pr François Thépot, de l'Agence. Les demandes, faites par le centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal et cosignées par les parents, seront examinées sous deux mois.» Le couple devra réitérer son consentement par écrit après autorisation. Et celui-ci pourra être révoqué à tout moment.
Sur le plan pratique, la technique est difficile, mais «relativement maîtrisée», selon René Frydman (hôpital Antoine-Béclère, Clamart). «Il faut d'abord s'assurer que l'embryon est apte à se développer correctement, ensuite qu'il est indemne de la maladie, enfin qu'il est immunologiquement compatible. Avec ces trois critères, il n'y a qu'une chance sur seize de pouvoir réimplanter l'embryon dans l'utérus. Il faut bien l'expliquer aux candidats», précise-t-il.
Dès 2001, le pionnier français de la fécondation in vitro avait saisi le comité d'éthique sur la question, très controversée à l'époque, des «bébés médicaments». L'avis, rendu le 4 juillet 2002, avait entrouvert la porte, tout en soulignant l'hypothèse inacceptable de voir naître des enfants conçus seulement comme des donneurs potentiels. «En revanche, permettre qu'un enfant désiré représente, de plus, un espoir de guérison pour son aîné, est un objectif acceptable s'il est second», avait estimé le comité.
«Incertitude». Aujourd'hui, les spécialistes du dossier ne craignent pas une explosion des demandes. Pour l'heure, François Thépot a connaissance de quatre dossiers, dont trois concernent des anémies de Fanconi. D'autres familles vont sans doute se manifester dans les mois à venir. «Au total, entre cinq et dix couples m'ont fait des demandes, évalue pour sa part René Frydman. Mais vu l'incertitude en France, certains sont partis entre-temps réaliser leur projet à l'étranger, en Belgique notamment.» Il se dit en tout cas ravi de la publication du décret, deux ans et demi après la loi. «Pour le DPI, il avait fallu attendre cinq ans», rappelle-t-il. Autre bonne nouvelle, le contrôle des activités de diagnostic prénatal et d'assistance médicale à la procréation par l'Agence de biomédecine (qui remplacera dans ce rôle une commission sous tutelle du ministère de la Santé) devrait offrir plus de transparence au public. «Les données concernant l'activité de chaque centre, les techniques qu'ils pratiquent, et des évaluations seront directement accessibles», promet François Thépot.
Le Lion Bleuflorophage
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drÖne
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Message par drÖne »

C'est dingue ce truc, je ne savais pas que c'était possible. Le plus dingue, c'est que ce sont finalement les milieux religieux qui ont l'attitude la plus saine face à cette forme d'eugénisme. J'ai trouvé ça, sur le site du... Diocèse de Bâle :

http://www.bistum-basel.ch/seite.php?na=1,1,0,60573,f
Bébé-médicament : dérive eugénique
Prise de position de la commission bioéthique de la CES

En janvier 2005 est né à Genève le premier « bébé-médicament » de Suisse : cette petite fille, conçue par fivete, a été sélectionnée dans un laboratoire de Bruxelles pour servir de donneuse de moelle osseuse à son grand frère de six ans souffrant d’une grave déficience immunitaire (granulomatose). La greffe a réussi et le garçon semble reconstruire ses défenses immunitaires. S’il n’est pas judicieux de critiquer l’intention subjective de parents qui ont souffert, et si l’on se réjouit de la guérison de l’enfant, il reste que la technique des « bébés-médicaments » constitue une forme inquiétante d’eugénisme.

Un faux argument
Contrairement à une opinion répandue, ce n’est pas l’intention parentale qui est en cause : le désir d’enfant pour venir en aide à un autre n’est pas moins noble que bien d’autres désirs de naissance plus égoïstes : quelles que soient les motivations d’origine, le désir parental n’est-il pas destiné à se métamorphoser en amour de l’enfant ? Pourquoi voudrait-on que cette petite « fille-médicament » ne soit pas aimée comme une autre ?

Une pratique éthiquement inacceptable
C’est pour d’autres raisons que la méthode est inadmissible. Pour donner naissance à la petite fille « bébé-médicament », le laboratoire bruxellois de Mme Hilde van de Velde a délibérément produit quelque 20 ou 30 embryons humains dans le but de les sélectionner. Tant mieux pour celui qui a eu la chance de survivre. Mais tous les autres ont été éliminés et détruits, comme de vulgaires marchandises. Cette pratique est intolérable pour deux raisons :

1° L’instrumentalisation des embryons humains produits et éliminés volontairement
La technique sacrifie délibérément une foule d’embryons produits volontairement. Or une fin noble (soigner un malade) ne justifie pas de tuer des embryons, qui sont des individus de l’espèce humaine. Ici, l’embryon n’est plus traité comme une fin : il est instrumentalisé et considéré comme une marchandise. Cette pratique constitue un recul de l’humanisme, d’autant plus sournois qu’on la camoufle par l’émotion suscitée par le petit enfant malade et la souffrance de ses parents.

2° L’eugénisme
L’eugénisme est une pratique odieuse consistant à sélectionner des enfants à naître en fonction de critères utilitaires qui ne respectent pas leur dignité intrinsèque. Une instance extérieure, médicale et technicienne, décide ici qui mérite de vivre et qui ne le mérite pas. Tel embryon méritera de vivre parce qu’il est génétiquement compatible avec le receveur de moelle osseuse, tandis que les nombreux autres embryons sont tués au seul motif qu’ils ne possèdent pas les caractéristiques génétiques requises. Cela ne fait-il pas frémir d’apprendre que certains individus humains sont acceptables et d’autres pas ? A l’évidence, la pratique du « bébé-médicament » est un eugénisme honteux, tout enveloppé de bons sentiments.

L’impasse du DPI en Suisse
L’eugénisme négatif (suppression d’un embryon porteur de caractères génétiques inappropriés) est de même type que l’eugénisme positif (sélection d’un embryon porteur de caractères génétiques appropriés, et destruction des autres). Or, en 2005, les Chambres fédérales ont accepté l’eugénisme négatif (DPI : méthode de destruction d’embryons porteurs d’une grave maladie), mais elles voudraient en même temps interdire l’eugénisme positif (« bébé-médicament » : sélection d’une embryon acceptable). Cette attitude est incohérente et irréaliste.

1° incohérente : positif ou négatif, un eugénisme ne change pas de nature : il s’agit d’une instrumentalisation de l’individu humain. Si la technique du « bébé-médicament » est contraire à la dignité humaine, c’est justement parce que le DPI est un déjà un eugénisme contraire à la dignité humaine. La Suisse s’enferme dans une impasse en voulant autoriser l’un mais pas l’autre.

2° irréaliste : si, comme le veut le Parlement, on autorise le DPI en cas de maladie grave pour l’enfant à naître, on n’aura ensuite plus aucune raison de s’opposer au « bébé-médicament ». Face au « tourisme de la grossesse » (comme celui qu’a pratiqué ce couple genevois), on ne tolérera pas longtemps que seuls les parents qui en ont les moyens puissent se rendre à Bruxelles se payer un « bébé-médicament », alors que d’autres en seront privés, livrés à leur souffrance. Tôt ou tard on devra accepter le « bébé-médicament », puisqu’on aura déjà cautionné le DPI qui le rend possible.

Seul le refus du DPI peut donner un argument de refuser le « bébé-médicament ». La Suisse doit donner un signe clair en interdisant le « bébé-médicament », le principe même du DPI, et toute autre forme d’instrumentalisation des embryons humains. Ne pas le faire, c’est franchir la ligne rouge et produire de nouvelles dérives. La solution politique réside dans la stricte application de l’art. 119 de la Constitution suisse (déjà écorné par la Loi sur les cellules souches embryonnaires et l’acceptation de principe du DPI).

Pour une culture de la vie
Mais que proposer aux familles confrontées aux souffrances d’un enfant qui a urgemment besoin d’une greffe de moelle ? Il faut trouver dans le monde un donneur compatible ! C’est difficile actuellement, mais c’est possible, et certainement moins coûteux en vies humaines que la technique des « bébés-médicaments ». Pour couper court à tout eugénisme, il convient de développer les registres de donneurs et d’encourager les gens au don d’organe, de sang et de moelle osseuse. Le don de moelle osseuse d’un adulte compatible rendrait en effet inutile le recours aux « bébés-médicaments ». Au lieu de l’eugénisme et de sa logique de mort, la Suisse devrait parier sur le don, la solidarité et la culture de vie. Elle renouerait ainsi avec sa grande tradition humaniste.

Fribourg, 1 juin 2006

Mario Galgano

Porte-parole et attaché de presse CES

Bien souvent, l'obscurantisme ne se situe pas là où, traditionnellement, on l'attendrait...

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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