Les intellectuels, bouffons prétentieux (Latour & co)

Ici, on discute des sciences de la nature, mais aussi des sciences humaines et sociales.

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drÖne
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Les intellectuels, bouffons prétentieux (Latour & co)

Message par drÖne »

Un nouveau livre vient de paraître, où Latour, Sloterdijk, Descola et Stengers se sont commis dans une bouffonnerie prétentieuse et vaine :
(ix). Les atmosphères de la politique - dialogue sur la démocratie
2006: Les Empêcheurs, Paris (avec Philippe Descola, François Jullien, Gilles Kepel, Derrick de Kerckhove, Giovalli Levi, Sebastiano, Maffettone, Angelo Scola, Peter Sloterdijk, Isabelle Stengers, Adam Zagajewski)

Ce dialogue. à l'initiative de Pasquale Gagliardi, secrétaire général de la Fondation Giorgio Cini et de Bruno Latour, sociologue et philosophe, Sciences-Po Paris, s'est déroulé du 15 au 17 septembre 2004 à Venise, dans l'île de San Giorgio Maggiore. La scène se passe à Venise. Le genre est celui de la conversation, comme ceux que l'on publiait si volontiers au siècle des Lumières. Qui sont les personnages ? Une assemblée de délégués - philosophes, historiens, anthropologues, artistes - porte-parole autorisés mais qu'aucune instance supérieure n'a pourtant mandatés pour négocier avec les autres. Quel est le thème ? Un sentiment partagé de crise aiguë : la vie politique est devenue difficile, il n'y a plus de monde commun. Quelle est l'intrigue ? Les participants ne veulent pas s'entendre trop rapidement. Ils achoppent sur chaque définition : comment se parler ? comment rendre un peu respirable l'atmosphère du bon gouvernement ? Là-haut sur le dôme étincelant, Saint Georges dresse sa lance aiguisée : " Donc c'est la guerre ? " A moins que... Trois jours, ils ont trois jours pour décider. Le bras de Saint Georges s'est levé.
C'est cela, oui... on n'attendait que ces abrutis d'intellectuels pour changer la politique : sans eux, rien ne serait possible. Et surtout, rien ne serait éditorialement rentable, n'est-ce pas ? Tout ça est pathétique : symbolique lourdingue, sélection de belles âmes soi disant lucides et engagées, narrativisation, berk ! On les imagine bien, devisant entre "intellectuels et artistes", autour d'un bon repas bien arrosé, à l'abris des viscissitudes du monde, loin de la plèbe, et calculant le profit symbolique de leur mesquine petite opération éditoriale. Entre temps, Latour a intégré Science Po, dont tout le monde connaît l'engagement intellectuel et la colossale inventivité... Sans parler, évidemment, des recompositions difficiles du champ politique par les "z'acteurs z'eux mêmes", que ni Latour ni Stengers n'ont jugé bon d'inviter à leur petite sauterie : retons entre gens de bien, très chère !

Voilà donc un livre que je vais m'empresser de ne pas lire.

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drÖne
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LLB
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Message par LLB »

Moi aussi j'ai repéré ça.
Je me suis demandée comment avait été montée cette opération, quelle proposition dans quel cadre avec quels crédits quel argumentaire. Vue de loin, vue d'un livre, une production intellectuelle c'est toujours quelque chose dont le contenu est la valeur sont indépendants de ses propres conditions de production, on n'intègre pas à l'affaire les opérations et situations de communications par lesquelles elle s'organise, seul le résultat éditorial fait sens.
Tout se passerait comme si douze stars des sciences humaines se téléphonaient : " dis donc, si on allait avec Philippe, Isabelle, Bidule Peter tout ça, rien que des gens bien, on ferait comme si on serait les chevaliers de la table ronde, le monde va mal, il faut proposer des trucs forts, il faut s'engager. Trois jours, c'est pas mal côté symbolique et ça bouleverse pas trop les agendas, à Venise, tu en es ?", "mais comment donc, je saute dans un avion et j'y suis, on trouvera à se loger sur place, il y a un budget pour les pizzas? Oh et puis laisse, du moment que l'humanité est en jeu, je n'hésite pas", "Philippe ne connaissait pas un sage d'Amazonie ou un type du genre qui ferait un peu les quatre continents?", "Non, écoute, on va pas commencer,douze c'est douze, il y a déjà l'Europe c'est pas mal, et on a un bon éditeur qui est preneur, mais il faut que ça ait de la tenue".
Le Lion Bleuflorophage
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drÖne
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Message par drÖne »

Exactement ! Et puis ensuite, il n'y a plus qu'à valoriser agréablement dans le cadre d'institutions comme le CNRS et Science Po qui ont bien montré leur aptitude et leur engagement à changer le monde politique pour le meilleur :
Les atmosphères de la politique
Dialogue pour un monde commun

Editions Les Empêcheurs de penser en rond

Réunion-débat du CSO autour de l’ouvrage

Bruno Latour et Pasquale Gagliardi ont réuni, à Venise, durant trois
jours, des personnalités - philosophes, historiens, sociologues,
anthropologues et artistes - pour dialoguer sur un thème fondamental de
la société contemporaine. Du 15 au 17 septembre 2004, douze
chercheurs représentant des continents différents se sont retrouvés, tous
partageant un sentiment de crise aiguë de la démocratie aujourd’hui. Une
commune intention, celle d’analyser l’ensemble des conditions
(« l’atmosphère ») qui rendent vivables les formes institutionnelles de la
démocratie. Comment formuler une proposition de vie acceptable, de
bon gouvernement sans que l’on aboutisse à la guerre ? Quels éléments
qui composent « l’atmosphère » permettraient à un bon gouvernement
de devenir une « forme de vie » ? La démocratie est-elle l’unique
système en mesure de conserver cette « atmosphère » et, quand il est
nécessaire, de la recréer ? Quelle est l’atmosphère appropriée, quelle est
la « serre », selon la métaphore utilisée par Peter Sloterdijk, qui pourrait
faire vivre ensemble toutes les espèces, héberger les nouvelles venues en
leur offrant les conditions de cohabitation avec les autres? Comment
prendre des mesures concrètes pour construire un monde commun et
redonner un objet à la politique? Autant de questionnements qui ont
nourri échanges et confrontations. Avec la publication de l’ouvrage* et
la présence de certains de ses auteurs à cette manifestation du CSO, le
dialogue continue…

* Les atmosphères de la politique. Dialogue pour un monde commun, sous la direction de Bruno Latour et Pasquale Gagliardi, Les
Empêcheurs de penser en rond, octobre 2006. Contributions de Phillipe Descola, anthropologue ; François Jullien, philosophe ;
Gilles Kepel, islamologue ; Derrick de Kerckhove, sociologue ; Giovanni Levi, historien ; Sebastiano Maffettone, philosophe;
Peter Sloterdijk, philosophe ; Angelo Scola, patriarche de Venise ; Isabelle Stengers, philosophe ; Adam Zagajewski, poète.

Mercredi 13 décembre 2006

de 18h à 20h

Salle François Goguel (Sciences Po), 56, rue des Saints-Pères, 75007 Paris

Avec la participation de :

Philippe Descola, professeur au Collège de France,
François Jullien, directeur de l'Institut de la Pensée contemporaine,
Pasquale Gagliardi, secrétaire général de la Fondation Cini,
Bruno Latour, professeur des Universités à Sciences Po,
Erhard Friedberg, professeur des Universités à Sciences Po, directeur du CSO,
présidera le débat.

Cette réunion sera suivie d’un verre amical
Juste avant, le CNRS, bonne fille, avait fait une aimable recension de l'ouvrage :
Les atmosphères de la politique

Dialogue pour un monde commun

Bruno Latour et Pasquale Gagliardi (dir.), éd. Les Empêcheurs de penser en rond, octobre 2006, 350 p. – 18 euros

Île de San Giorgio. Septembre. À la table d'un réfectoire monacal, devant un public prié de garder le silence et une poignée de carabiniers, douze « personnages » partageant le « sentiment d'une crise aiguë dans le monde » se sont réunis pour trois jours. Ces douze – sociologue, anthropologue, philosophe, poète, arabisant, patriarche… – vont débattre de la difficulté de construire « une vie bonne, pour chacun et pour tous ». Créant les conditions d'un vrai travail en commun à partir des ressources de chacun, l'assemblée teste sur elle-même ce dont elle discute pour le monde : une expérience exigeante pour tenter de vivre ensemble la démocratie menacée par la mondialisation. Trois jours mouvementés, proposés ici comme une pièce de théâtre, avant que le vaporetto ne vienne reprendre ses passagers… À lire.
Ah comme c'est beau, cette longue chaîne de solidarité scientifique et éditoriale qui court de Paris à Venise, et qui contribue si activement à changer l'atmosphère du politique ! Y'a qu'à voir : la directrice du CNRS est conseillère de Nicola Sarkozy, ça promet dans le genre "humanisme" et "Esprit des Lumières"...

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drÖne
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Chaosmose
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Message par Chaosmose »

Mais si, y'a des z'acteurs z'eux même : l'introduction du colloque par le patriarche de Venise !!!
:arf: :arf:
Un bon moment d'autodérision cependant dans le bouquin : celui de l'irruption dans le débat d'intervenants non autorisés, qui vont jusqu'à s'asseoir sur la table... et se font virer comme des malpropres par la police. Ca s'appelle le monde commun respirable...

Accessoirement, je l'ai lu, quand même... J'ai bien ri (jaune).

Pour vous remettre de vos émotions vénitienne :
http://www.lyber-eclat.net/lyber/bettini/bettini.html
Un livre vraiment très très chouette sur Venise, dont les deux premiers chapitres sont en ligne, avec un délicieux passage sur la forcola dans le chapitre 2.
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