La Présidictature envahit le Chili et la Bolivie

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drÖne
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Message par drÖne »

Intermède ironique : prolégomènes à une typologie raisonnée des touristes.

Lors de notre voyage, nous avons pu observer un certain nombre de comportements touristiques, et nous sommes en mesure d'établir une typologie, un classement, des touristes visitant la Bolivie.

- Le treker sportif : majoritairement vêtu en rouge, il arbore fièrement des vêtements « techniques » (polaire, doudoune, etc.). Son biotope est constitué par les hôtels quatre étoiles et il mange uniquement dans les restaurants proposant un menu continental. Il voyage en groupes de 6 à 20 personnes, généralement accompagné par un guide bilingue et ne sort guère des quartiers dont le guide du Routard ou le Lonely Planet disent qu'ils sont « sûrs ». Le guide a pour fonction d'aplanir toutes les difficultés inhérentes à un voyage dans des contrées hostiles : choix et traduction du menu, relations avec les serveurs et traduction simultanée, gestion de l'attente des plats, vérification de la note de restaurant, appel des taxis par téléphone, etc. Formant un groupe compact, les trekers sportifs sont tout entier absorbés par la logique interne à leur propre groupe : leurs contacts avec la population locale se limitent aux relations avec les vendeurs des boutiques d'artisanat des centre-villes. Les activités principales du treker sportif sont caractérisées par des noms se terminant par « ing » : trekking (promenade ou randonnée), canyoning, rafting, canoping (grimper aux arbres), visiting (heu...) et restauring (idem). Suivant aveuglément les conseil des vendeurs du Vieux Campeur, le treker sportif a massivement investit, ces dernières années, dans les bâtons de marche : sans utilité réelle, ces bâtons ont l'avantage de donner une contenance lors des promenadings en groupe.

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- Le touriste atteint du syndrome mimétique de Manu Chao : arborant continuellement un bonnet marron et beige en poils de lamas identique à celui que porte Manu Chao, il cherche à se fondre dans la population locale des quartiers à tendance hippie des centre villes. Il peut également porter un pantalon et des chemises hindoues, car il aime l'artisanat typique du monde entier.

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Affublé à son grand désespoir d'une peau blanche, de tâches de rousseurs et de cheveux teintés en orange, il a cependant un peu de mal à se faire totalement passer pour un paysan Ayamara ou pour un Quetchua... Mais en enfonçant son bonnet andin jusqu'aux oreilles, il a la sensation de participer pleinement au grand tout cosmique de la fusion de tous les peuples du monde dans l'univers de l'artisanat local.

- Le touriste atteint d'indianajohnnisse : variante nord américaine du syndrôme mimétique de Manu Chao, le syndrôme de l'indianajohnisse impose au sujet le port continuel d'un stetson en cuir marron pouvant être accompagné de divers accessoires : coutelas, yatagan, boussole, etc.

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- Le touriste étatsuniens : catégorie à part entière dont le biotope est constitué par les chambres et les cours intérieures des hôtels du centre ville référencés par le Lonely Planet. L'étatsunien a pour caractéristique de ne jamais sortir de son hôtel, dans lequel il reste cloîtré par petits groupes par peur d'affronter la réalité terrifiante des contrées hostiles qu'il visite. L'étatsuniens occupe alors son temps à surfer sur le net en buvant de la bière locale, car elle est moins chère que dans son pays. Quand il ne surfe pas sur le net, il boit de la bière locale en lisant des journaux étatsuniens. Grand amateur de soirées festives entre étatsuniens, son voyage consiste en général en successions ininterrompues de beuveries bruyantes dans les hôtels où il réside. On le reconnaît aisément à l'interjection « yeah » qui ponctue environ toutes les trois secondes son discours : l'étatsuniens est en effet un individu très positif... On le reconnaît également à un signe distinctif spécifique : il est le seul être humain à commander des hamburgers dans les restaurants boliviens.
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Message par drÖne »

raph a écrit :quelques grammes de pure vulgarite dans un topic de grande qualite

la decroissance si c est bien le canard alter mondialiste avec un globe comme logo sur le titre

c est juste un canard d encule moraliste de gauche paume
Oui, c'est bien le journal avec le globe dans le titre. J viens de voir, un peu étonné tout de même, qu'ils ont publié un article signé parTariq Ramadan : "DEBAT : Du spirituel dans la décroissance ?, avec Serge Latouche, Mgr Gaillot, François Schneider, Tariq Ramadan". Quelqu'un l'a lu ? (A mettre dans un autre topic, SVP, sinon on va totalement oublier la Bolivie).

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Message par LLB »

Ca ne m'étonne pas que le journal attaque le yoga et ne dise pas un mot des Raéliens : c'est toujours cette tendance des radicaux que tu signales aussi : on attaque à longueur de colonnes les labels bio mais pas les barons de l'agroalimentaire, la conférédation ou la LCR mais pas les industriels de la politique, les pratiquants du yoga et pas les raéliens, comme si le problème numéro 1 était toujours et encore la conccurrence, et la faute numéro 1 le manque de pureté "les grands salauds eux au moins ont le mérite de ne pas cacher ce qu'ils sont". Du coup l'énergie folle à tirer sur les ambulances ou à détruire ce qui est le plus proche. Si on regarde comme on réagit, c'est quand même souvent le cas hélàs, mais on ne le fait pas dans le cadre d'une parole publique.
Mais à propos de la critique de ce qui est proche : je suis frappée quand même d'avoir pu mesurer à quel point le Monde Diplo entretient une vision qui l'arrange, combien il préfère les grandes gueules de la politique internationale et les expression tonitruante de la haine des états-uniens aux préoccupations de Morales, insoucieux d'une quelconque place dans la politique internationale, tout occupé à la révolution intérieure de la Bolivie. La aussi fonctionne le dépit de découvrir que le proche n'est pas ce qu'on croyait . Comme quoi la vie est compliquée.
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Message par staivair »

votre récit de voyage est très interessant, merci
mais quand vous parlez décroissance svp étudiez le sujet
vous êtes des intellos tout de même non ???? :D
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LLB
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Message par LLB »

On ne parle pas particulièrement de la décroissance. Toute la discussion porte sur des réactions à la lecture du journal "la décroissance".
Mais si tu as réagi c'est peut-être parce que tu as envie de nous dire des choses du mouvement lui-même?
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Message par drÖne »

Pour revenir sur le sujet de la Bolivie, je vous signale une traduction (approximative) d'un article concernant une "conspiration" organisée depuis l'Argentine par des putchistes contre Moralès, putcjistes qui seraient financés par les compagnies pétrolifères :

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=34313

A prendre avec des pincettes, tout de même, vu que ça provient de Bellaciao qui laisse passer un peu tout : il faudrait retrouver l'original de l'article et en savoir un peu plus sur cette histoire de putch en cours. Ceci dit, elle est parfaitement plausible, hélas. On retrouve d'ailleurs une référence à cette tentative de cessession dans un article de l'humanité récent :

http://www.humanite.presse.fr/journal/2 ... -12-836513

Tout ça, plus ce qu'on peut lire dans la presse en ligne bolivienne elle-même, confirme l'extrême tension qui règne en ce moment en Bolivie, tension due, comme nous le disions plus haut, à la droite réactionnaire minoritaire mais et possédante et donc puissante de la province de Santa Cruz.

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Message par staivair »

de ce que j'ai compris, Evo reprend le pouvoir sur les terres de ses ancêtres pillées, volées, souillées par les méchants blancs. Ce qui est logique. La reprise en main de ces terres et leur exploitation se fera donc un peut plus au profit des "pauvres", qui auront un peut plus accès au confort moderne, et dans l'esprit de partage propre à cette culture. Ai-je bien compris ?
Il est donc, comme lula ou les autres, dans une logique d'exploitation de la nature (gaz, pétrole) au profit de la croissance économique pour le confort du peuple qui trime. Ce qui est normal, la majorité des gens préfèrent la facilité du monde moderne au détriment d'une pression de plus en plus lourde sur la "nature".
Alors je sais pas ce que Evo pense de l'exploitation de nature au profit de la croissance....??? En tout cas la décroissance comme l'indique le nom s'oppose au dogme fantasmatique de la croissance et du bonheur qui lui est lié. Donc exit les impostures du développement durable, du commerce équitable et autres, ils préfèrent une économie local avec un respect maximum de la nature environnante. Pour les échanges inter-continentaux ils préfèrent les transports plus lents et moins couteux en énergie (ex: montgolfière).
Avec leur mode de vie les boliviens je n'en doute pas n'ont ne font pas trop pression sur la nature.

Sinon j'aime bien les intellos et les moralistes de bas étages ... :D
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Message par drÖne »

Nous n'avons pas vu apparaître, lors de notre voyage, le thème de la décroissance en Bolivie. Mais disons que, comparativement à d'autres politiques, Moralès ne manque jamais de mettre l'accent, dans ses discours, sur les questions de biodiversité ou de respect de la nature qui sont centrales en Bolivie qui est l'un des pays au monde ayant le plus de biodiversité animale. Ceci ne s'oppose pas, bien entendu, au dogme de la croissance. Mais bon, il faut voir d'où ils partent les boliviens : de très "bas", puisqu'une partie importante de la population vit de manière presque identique au XVIIème siècle, c'est à dire sur l'exploitation de niches écologiques distinctes (la pêche, les lamas, les patates et le maïs, etc) et sur le troc pour obtenir les compléments nécessaires à cette occupation monospécifique. Ce n'est le cas évidemment que les paysans indigènes ayant gardé un mode de vie "traditionnel" (dont je ne saurais pas dire la proportion dans la population). Pour les autres, les urbains ainsi que les habitants de zones industrialisées ou disposant d'une agriculture plus intensive, je pense qu'ils se comportent comme n'importe quel type d'occidentaux en considérant la nature uniquement comme une "ressource" à "dominer" pour favoriser la croissance économique. C'est sans doute surtout le cas pour les régions pétrolifères ou gazifères, dans la province de Santa Cruz.

Ceci dit, simple témoignage qui vaut ce qu'il vaut, on a été hébergés une nuit chez un payasan Quetchua que notre guide nous décrivait comme "riche", mais qui vivait (à nos yeux) dans des conditions de confort particulièrement frustres : ni eau courante, ni électricité, ni WC, ni téléphone, rien. Juste une maison de 2 pièces en torchis, un toit en chaume, un feu de crottes de lamas dans une cuisine de 2m sur 2, et un petit réchaud à gaz de camping. Des couvertures (grande richesse), et une lampe à huile bricolée dans une boîte de conserve. Sa "richesse", c'était 50 lamas et 50 brebis, gardés dans 2 corrals en pierres, et quelques cochons. Il a refusé d'être payé en argent et notre guide, qui le savait, l'a rémunéré pour notre passage, en pain et en feuilles de coca. Une grande partie des communautés rurales qu'on a traversées vit ainsi. Je n'ai aucune idée de la signification que prendrait pour ces population l'idée de "décroissance", mais je ne pense pas qu'ils se posent la question : pour ça, j'imagine qu'il faudrait avoir accès à un certain confort et à un système éducatif permettant de lire les théories correspondantes, ou avoir accès aux médias ou à des gens qui en aient entendu parler.

Pour eux, c'est pas "croissance vs décroissance", mais simplement "survie". Mais ils survivent plutôt bien, du moins ceux qui ne crèvent pas de faim, dans un environnement naturel préservé et somptueux.

Ca n'empêche pas les jeunes dans les familles, dont seulement l'ainé (en général) doit aller travailler en ville pour subvenir aux besoins financiers en matière d'éducation de leurs frères ou soeurs (qui veulent aller à l'université, par exemple, pour avoir des carrières dans le terciaire), de rentrer dans le monde du travail urbain et donc dans une économie de la croissance (travaux précaires dans des ateliers de type artisanat électrique, garages, construction, etc.).

Bref, les questions se posent un peu différemment dans un pays du tiers monde que dans les pays fortement industrialisés.

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Modifié en dernier par drÖne le 22 sept. 2006, 19:48, modifié 1 fois.
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Message par oliv »

staivair a écrit : Ce qui est normal, la majorité des gens préfèrent la facilité du monde moderne au détriment d'une pression de plus en plus lourde sur la "nature".
Oui, oui, oui, la majorité des gens des pays pauvres aimeraient tellement avoir accès à la facilité du monde moderne plutôt que de vivre à 5 ou 10 dans une case de 10 m2. Je pense être assez bien placé pour le constater de visu tous les jours de ma vie actuelle. Comment peut on critiquer ça? Et le moyen de l'obtenir, ils s'en tapent complètement. Va vivre une paire de mois dans les conditions du paysan ghanéen (ou bolivien, je suppose) moyen, et tu auras surement une autre vision des choses. Ces conditions étant outre la case de 10m2, l'absence d'eau et d'électricité. Ceci impliquant une chaleur insupportable pendant les saisons chaudes, aller se laver dans la mer qd ils ont la chance de l'avoir à proximité et aller chier où tu peux dans les rochers à côté de tes voisins. Alors oui, ces gens là rêvent de confort.

Bien aimé la des cription des touristes vus par Dröne, qd je serai remis de mon voyage back to Sarkoségoland, je vous apporterai mon point de vue sur le touriste en Afrique où j'aurai qques catégories à ajouter.

Allez, Manu, on se voit au prochain fauchage d'OGm...pas en Inde, ça fait loin, hein...Plutôt dans le Lubéron...
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LLB
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Message par LLB »

Notez bien que les habitants du Nunavut ne rêvent pas de développement économique et font tout autre chose de leur pays -----ah ben non, on efface tout, je n'ai rien dit, je viens de regarder le site du gouvernement, tout a changé depuis sa création, on y parle la même langue que chez nous, perspectives de croissance, PIB, projets d'envergure. C'était tout différent il y a deux ans à peine, on y sentait le choc d'une autre vision du monde, ils évoquaient un projet de société basé sur le savoir des anciens, le lien avec l'environnement, dans la mouvance amérindienne.
Coup de barre soudain, tiens. Ca m'a coupé le sifflet. Le monde rétrécit.
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