Internacional Errorista

Tout ce qui concerne les voyages, la connaissance de pays ou de cultures étrangères à la notre. Pour s'évader de la France...

Modérateur : drÖne

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[Max]
djeunz of ze room
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Internacional Errorista

Message par [Max] »

NOUS SOMMES TOUS DES ERRORISTES
FIN OCTOBRE 2005. Sommet des Amériques. George W. B. vole vers Mar del Plata (Argentine) pour
rappeler aux latinos que le dollar est un Dieu tout-puissant dont l’écrasante objectivité peut même annuler
des pays tout entiers. C’est le moment que l’Errorisme International a choisi pour frapper un grand coup et
s’imposer sur la scène mondialisée. Le « Train de l’Aube », affrété par Diego Armando Maradona, file vers la
cité balnéaire avec à son bord les manifestants VIP du contre-sommet dit « des Peuples », dont le cinéaste
Emir Kusturica, el Presidente Hugo Chávez, el futuro Presidente Evo Morales et le chansonnier multinational
Manu Chao. Avec des Sans-Terre brésiliens, des zapatistes mexicains, des cocaleros boliviens, ils vont
rejoindre une multitude d’erreurs statistiques venues manifester leur scandaleuse présence au nez de la
Vraie Religion du Néo-Vampirisme libéral.
Foulards palestiniens au cou et armes poétiques au poing, un commando erroriste s’apprête à faire
irruption au coeur du monde réel. Le moment venu, il pointe par erreur ses kalachnikovs de carton sur l’Air
Force One qui transporte la Véritable Carcasse du señor Bush vers l’incontournable réalité du périmètre de
très haute sécurité, quadrillé par les marines US, des agents de la CIA et des anti-émeutes argentins. Leur
acte manqué libère la paranoïa des riverains. Par méprise, la police accourt et accepte comme plausible le
permis de filmer que les Erroristes ont soutiré préalablement à la municipalité. Par défaut, les passants
prennent la parole et une femme énonce l’énigme de sa vie : « Je me suis mariée par erreur, car on m’avait dit
qu’il fallait fonder un foyer et chez moi je ne pouvais pas dire que je n’étais pas amoureuse » (citée par
ANPRESS).
Les chômeurs-piqueteros, erreur non négligeable du système économique, font entendre leur voix,
harmonieuse et discordante. Ils célèbrent l’erreur humaine confrontée à la terreur économique, exilée à la
périphérie de la raison d’État et du rationalisme financier. Ils rendent hommage au jeune Brésilien abattu
par erreur dans le métro de Londres parce que sa peau et sa peur des flics le désignaient comme terroriste
potentiel. Les Erroristes, arrière-petits-fils de Dada, font exploser leur rire et leur beau geste par-dessus les
barbelés de la zone sécurisée. Sous le nez des médias médusés par leur propre menterie. Vers le ciel bleu
d’une vie sans entrave. L’égarement est une trouvaille, le quiproquo une perfection. Toi aussi, tu peux être
une erreur.
L’ERRORISME est un succube du mouvement protéiforme baptisé Etcetera, mélange réjouissant
d’activisme urbain, de performances frondeuses, de théâtre de rue et de chômage heureux. Né à Buenos
Aires, cet artefact trop humain parie sur une rapide propagation de son joyeux bordel.
« Les Erroristes argentins envoient leurs cordiales salutations aux jeunes erroristes d’au-delà des mers
qui mettent le feu aux quartiers appauvris de la France. » « Écrire Errorisme sur un PC est une erreur. Le
correcteur automatique propose comme alternatives Terrorisme ou Érotisme. L’Errorisme n’existe pas. » « Le
Terrorisme est un concept qui vise à déshumaniser et à criminaliser les sociétés non occidentales, les
opposants, les pauvres, les différents, les étrangers. Le jeune Brésilien abattu de cinq balles dans la tête dans
le métro de Londres n’était pas un terroriste, il était une erreur. Un Erroriste en puissance. »
« Première déclaration erroriste :
1. L’Errorisme base son action sur l’idée que l’erreur est le principe ordonnateur de la réalité.
2. L’Errorisme est une philosophie trompeuse, un rituel de la négation, une organisation désorganisée. Le
quiproquo comme perfection, l’erreur comme réussite.
3. Le champ d’action de l’Errorisme embrasse toutes les pratiques qui tendent vers la libération de l’être
humain et du langage.
4. Confusion et surprise - Humour noir et absurde sont les outils préférés des Erroristes.
5. Les lapsus et les actes manqués sont un délice erroriste. »
internacionalerrorist@yahoo.com.ar
Federico Zukerfeld, Nicolas Arraitz
Article publié dans le n° 30 de CQFD, janvier 2006

MANIFESTE ERRORISTE
Mis à jour le :15 mai 2006. .

Nombreux sont ceux et nombreuses sont celles qui nous interrogent sur le pourquoi et le comment de la brusque conversion de ce journal en organe provisoire de l’internationale erroriste. Dans le but de propager la confusion en ce qu’elle a de plus dangereusement errotique, CQFD livre ce manifeste incomplet, à imprimer et à placarder dans les lieux publics les plus intimes comme dans les lieux secrets les plus exposés.

Le système capitaliste a été et continue d’être la plus grande erreur dissimulée en succès. Il manipule et organise l’Erreur pour son propre bénéfice, déguisant systématiquement les erreurs en succès et les succès en erreurs.

Les équipements erroristes sont là pour sauver l’humanité de l’utopie de la machine parfaite.
L’erroriste, ses pertes, ses profits

L’erroriste parle tellement pendant les infos qu’on sait jamais ce qui se passe.

L’erroriste est souvent insomniaque mais s’endort toujours devant la télé.

L’erroriste est fortuné, et se paye le luxe de refuser un CDI. L’erroriste est en verve, et refuse sans motif un CDI.

L’erroriste est réfléchi, et fait délibérément demi-tour au milieu de la rue.

L’erroriste est débrouillard, et membre d’associations fictives aux subventions réelles.

L’erroriste est travailleur, et n’hésite pas à remettre vingt fois la grève sur le métier.

L’erroriste est vigilant, et se garde bien d’être rentable.

L’erroriste est increvable, et il est des millions.

Un erroriste peut faire le printemps.
Aphorismes erroristes

Les erroristes pratiquent l’égarement délibéré, et inventent sans cesse de plus belles et de plus fatales erreurs.

Comme autrefois les Chevaliers de la Désoeuvrance, les erroristes travaillent à votre perte, à votre perdition : mais au lieu de changer le nom des rues, ils changent les rues de place.

L’errorisme n’existe pas.
Erreurs célèbres

« La vérité d’un homme ce sont ses erreurs. »
(Picabia)

« L’erreur est la condition de la vie, je veux dire l’erreur foncière. Savoir que l’on erre ne supprime pas l’erreur. Ce n’est rien d’aimer. Il nous faut aimer et soigner l’erreur. »
(Nietzsche)

« Où manque un bien réel, la douce erreur abonde. »
(Delille)

« Il faut que l’erreur de l’avenir nous soutienne. »
(Rosa L.)

« Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes : Tous les biens du monde sont à nous. »
(La Fontaine)

« Les erreurs sont les portes de la découverte. »
(Joyce)
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Manifeste publié dans CQFD n° 34, mai 2006.

CQFD organe provisoire de l'international erroriste
[Max]
djeunz of ze room
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Message par [Max] »

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INTERNACIONAL ERRORISTA (GRUPO ETCETERA), BANDEROLE ERRORISTE, BUENOS AIRES, DECEMBRE 2005.


Le collectif Etcétera a été fondé 1998 à Buenos Aires, par un groupe de très jeunes artistes (la plupart n'avaient qu'une vingtaine d'années) issus de la poésie, du théâtre, des arts visuels et de la musique. Fortement influencé dans sa vision du monde par le surréalisme (mouvement qui n'est jamais mort en Argentine), le groupe s'est installé dans l'imprimerie de l'artiste surréaliste Juan Andralis, abandonnée après la mort de celui-ci en 1994, héritant ainsi à la fois d'un lieu et des moyens de production graphique, d'une bibliothèque et d'une sorte d'ancrage spirituel, voire politique. L'attitude d'Etcétera s'est radicalisée de par son engagement dans l'organisation d'"escraches" et dans d'autres mouvements de contestation, où le groupe déploie son énergie surréaliste dans un esprit d'expressivité carnavalesque. En 2002, peu de temps après l'effondrement de l'économie de l'Argentine dû au véritable bradage des biens nationaux par le gouvernement néolibéral, entraînant l'appauvrissement du jour au lendemain des classes moyennes, Etcétera inventa une nouvelle forme de performance collective_: "El mierdazo". Sous la consigne "Pas d'annulation pour cause de pluie, ni de diarrhée", le groupe invitait tous ceux qui voulaient protester à mettre en sac leur propre excrément, ou celui d'un ami, et de venir le déposer devant le congrès national, où une foule manifestait en permanence, pendant que les députés débattaient du budget. Le groupe avait installé des toilettes très publiques - une lunette de WC sur une sorte de tabouret sans siège et sans parois - qu'à l'instar des membres du collectif, tous ceux qui ressentaient le besoin étaient invités à utiliser... Mais c'est moins la dimension scatologique que l'esprit irrévérencieux qui caractérise les nombreuses actions du groupe, qui s'est récemment attribué une nouvelle identité sous le nom de l'"Errorista internacional", avec pour devise : "Somos todos erroristas _!" Tout à fait dans l'esprit surréaliste, les Erroristes internationaux affirment que "errare humanum est", leur objectif étant de se moquer de l'omniprésente assimilation de toute contestation politique au nébuleux terrorisme international, et utilisant l'humour comme outil corrosif. Leurs interventions prennent la forme (comme il se doit) d'un manifeste ("l'errorisme dans sa théorie comme dans sa pratique est fondé sur l'idée que l'erreur est le principe d'ordre de la réalité ; l'errorisme est une position philosophiquement erronée... ; la surprise et l'humour noir... sont des outils de prédilection des erroristes", etc.) et des actions dans la rue, menées de concert avec d'autres groupes contestataires, mais où les erroristes gardent leur propre autonomie, brandissant des banderoles, pancartes et mitrailleuses... en carton. Comme le Visual Collective, comme le GAC, le Collectif Etcétera et l'"Erroriste international" ont choisi d'injecter leurs compétences artistiques dans des processus sociaux sous forme d'énergie palpable, contagieuse, tout en maintenant l'art comme tel dans un état d'absence objective. Ce que font ces collectifs relève du design (d'espaces, d'événements) davantage que de l'art ; et pourtant sans l'art (et les compétences qu'il a engendré historiquement), ce ne serait pas possible de le faire.

Dans le cas de tels groupes qui travaillent sur la dialectique de l'invisibilité et de la visibilité, ce paradoxe fait ressortir un impératif éthique_: comment l'art pourrait-il réconcilier forme et contenu de manière adéquate pour représenter l'absence de toutes ces personnes devenues des "prisonniers fantômes" dans des géôles clandestines, ou plus gravement encore des quelque 30.000 personnes assassinées par le régime militaire argentin en moins d'une génération_? Car ce n'est pas leur simple présence qui est absente, mais bien plutôt leur absence qui est si terriblement présente. Dans de telles circonstances, et d'autres encore, l'art doit savoir respecter cette absence par la sienne.

* Stephen Wright est critique d'art et directeur de séminaire au Collège international de Philosophie (Paris).
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drÖne
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Message par drÖne »

Intéressant, je n'en avais pas entendu parler lors de mon passage à Buenos Aires. J'y retourne avec LLb dans moins d'un mois, on aura peut-être la chance de subir une action erroriste !

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
[Max]
djeunz of ze room
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Message par [Max] »

drÖne a écrit :Intéressant, je n'en avais pas entendu parler lors de mon passage à Buenos Aires. J'y retourne avec LLb dans moins d'un mois, on aura peut-être la chance de subir une action erroriste !

+A+
Ces deux articles sont les seuls que j'ai pu trouver en langue de Moliere par contre il semble y en avoir d'autres en espagnole mais je ne metrise pas malheuresement..

Si tu rencontre ces jeunes poétes activiste passent leur le bonjour de ma part... :D
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