Shackleton : Devotional songs

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drÖne
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Shackleton : Devotional songs

Message par drÖne »

Rhâââ ! Lovely !

Le Shackleton nouveau est paru : à genoux, frères en bass music, prosternons nous et entonnons des chants dévots ! Devotional songs, tel est le titre de cet opus. Amen.

[img]http://cdn4.pitchfork.com/albums/23497/ ... a72fed.jpg[/img]

En fait de bass music, voire de dubstep, le clubber de base sera fort déçu. De même que l'adorateur d'expérimentalisme bruitiste. Et c'est tant mieux. Car si l'ennui point dès les premières mesures du dernier pensum d'Autechre, la surprise surgit à chaque séquence de Saint Shackleton. On navigue entre esprit baroque, théâtre élisabethain et Moon Dog.

Ah, je vous sens inquiets, là, brusquement, hein ! Y'a de quoi : l'expérimentalisme shackletonnien ne passe ni par des saturations rythmiques, ni par des bidouillages répétitifs de bleeps et autres glitcheries dont nous avons, finalement, pas mal soupé, mes frères ! Des boucles répétitives à la Steeve Reich, des glockenspiel à la Moon Dog, et... une voix, qui semble sortie de la bouche d'un acteur anglais du XVIIIème siècle récitant du Shakespeare. Et des mélodies... comment dire... étranges... entre jazz, indus, réminiscences cold wave, chants baroques, mélodies des pays de l'Est (un vague écho laibachien), et... hum... accordéon. Là, j'en vois qui ont des sueurs froides... [mortderire.gif] Pourtant, les amateurs du "Sex with Sun Ra" de Coil ne seront pas tout à fait dépaysés.

Le tout crée une identité musicale hors norme, ancrée dans une ligne claire, nette, un minimalisme qui ne surjoue pas le minimalisme. Le disque paraîtra nettement plus mélodique que les précédents, et pour cause, puisque le chant s'étire sur de longues plages érudites. Plus aucun vestige de techno, voire même plus aucun esprit "musique électronique". Les avancées des deux précédents opus, absolument indispensables, sont ici synthétisées, radicalisées, avec l'aide d'Ernesto Tomasini, un chanteur d'opéra italien.

C'est de composition qu'il s'agit : là est l'enjeu. Et c'est pourquoi, dès la première écoute, le Shackleton 2016 surprend là où le dernier Autechre, à la pensée embourgeoisée, moins aventureuse, ennuie profondément. Car oublier la composition, au profit du son pur, et du kitch du bidouillage des fréquences ou d'un fétichisme de la technique, est une hérésie. Et c'est ce détour par la construction, par la structure, qui fait tout l'intérêt de Devotional Songs. Qu'un esprit mystique souffle sur ce disque est une évidence. Rendons grâce au gourou de la bass music d'avoir non seulement tué le père, mais surtout tué le genre.

un seul regret : l'album est court. Trop court ! Environ 40 minutes. On aimerait qu'il ne finisse jamais...

Et merci à Pitchwork qui a chroniqué cet opus magistral en cette période pourtant plus propice aux lambadas estivales : http://pitchfork.com/reviews/albums/221 ... nal-songs/
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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