Le Monde selon Monsanto - contrevérités et approximations?

Ici on discute de thèmes environnementaux : écologie scientifique et/ou écologie politique, décroissance, etc.

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TouF
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Le Monde selon Monsanto - contrevérités et approximations?

Message par TouF »

Histoire de ne pas gober tout cru ce que nous donnes à manger les Journalistes:
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article832
Marcel Kuntz a écrit :Le film « Le monde selon Monsanto » part du postulat que le passé (années 60 et début 70, voire avant) de la firme chimique Monsanto « éclaire ce qu’elle est ou prétend être aujourd’hui ». Les culpabilités passées, si elles sont avérées, amenant à la conclusion, leitmotiv du film, « on ne peut pas faire confiance à Monsanto, jamais ! ».

La posture générale peut être ainsi synthétisée :
a) les biotechnologies sont intrinsèquement dangereuses ;
b) les risques ne sont pas évalués comme ils devraient l’être ;
c) cette insuffisance est imputable à l’influence de Monsanto sur les instances d’évaluation.

Le cas de la production du L-Tryptophane serait l’illustration première de la déficience des instances d’évaluation : il s’agit bel et bien d’un véritable accident industriel imputable à une mauvaise filtration pouvant laisser passer un contaminant (Belongia et al. (1990). An Investigation of the Cause of the Eosinophilia-Myalgia Syndrome Associated with Tryptophan Use", The New England Journal of Medicine, 323(6) :357-365) ; signalons d’ailleurs qu’il ne s’agissait pas d’un produit végétal mais bactérien, et que la firme responsable n’était pas Monsanto, ni même américaine, puisqu’elle était japonaise (Showa-Denko KK).

Afin d’examiner la validité scientifique du film, ce texte se concentrera sur les seuls arguments scientifiques relatifs aux seuls OGM. Les autres thèmes, Agent Orange, hormone de croissance bovine recombinante et l’herbicide RoundUp, tout comme les autres aspects (économiques, sociaux, etc.), mériteraient aussi d’être commentés mais le choix a été réalisé de se focaliser sur les arguments scientifiques maltraités dans le reportage.


Argument n° 1 : le principe d’équivalence substantielle aurait conduit à considérer les OGM comme équivalents aux autres aliments, et donc à ne pas les évaluer

Dans les années 90, un débat a porté sur les risques potentiels des applications de la transgénèse (sont-ils de nature différente de ceux des autres variétés végétales ?) et sur la façon de les évaluer. Le concept de substantial equivalence a été proposé comme un outil d’évaluation des incertitudes, dans un cadre d’harmonisation des approches étatsunienne et européenne (1). Il s’agit d’une méthode comparative de l’OGM avec un organisme reconnu comme sûr (en raison d’un long usage antérieur), c’est-à-dire la variété non-OGM la plus proche (hormis le transgène). La réalisatrice du film a, quant à elle, compris qu’il s’agissait d’un principe dispensant l’OGM d’études ! Il s’agit donc d’un contre-sens complet.

Ce principe a évolué depuis l’origine : il est aujourd’hui considéré comme une étape (impliquant des analyses vérifiant expérimentalement la composition équivalente en substances chimiques) vers d’autres études (tests toxicologiques sur rongeurs par exemple), si nécessaire.

La principale faiblesse de ce passage du film est qu’il assimile des risques théoriques à des risques avérés, et un débat sur ces risques à une preuve de la dangerosité.


Argument n° 2 : le « lanceur d’alerte » Arpad Pusztai aurait été sanctionné car ses travaux montreraient la dangerosité des OGM

Le 10 août 1998, Arpad Pusztai annonça à la télévision britannique qu’il était en mesure de prouver que les plantes transgéniques pouvaient entraîner des effets inattendus (sur des rats en l’occurrence). Il s’agissait d’une lignée de pomme de terre expérimentale (n’appartenant pas à Monsanto). Que cette annonce ait suscité une excitation médiatique est étonnant en soi car, dans un passé récent, trois variétés de pomme de terre conventionnelles n’ont pu être commercialisées pour cause de présence intempestive de substances toxiques, sans que cela n’attire l’attention de la presse … De plus, si une variété OGM devait se révéler, à l’étude, impropre à la consommation, elle ne serait pas commercialisée, sans que cela préjuge du cas des autres OGM : les évaluations se font, et doivent se faire, au cas par cas.

Contrairement à ce qui est dit dans le film, le directeur de l’Institut de recherche de Pusztai n’était pas au courant des soi-disant résultats de son chercheur : submergé d’appels de la presse le lendemain de l’interview, incapable de répondre, il mena une enquête qui lui suggéra qu’aucune donnée fiable n’était en possession de Pusztai. Ce dernier n’a d’ailleurs jamais publié dans un journal scientifique ses affirmations médiatiques (sa publication d’octobre 1999 ne reprend pas la plupart de ses allégations de 1998). Il y a donc eu une entorse grave à la déontologie scientifique qui veut que les données soient d’abord publiées dans un journal scientifique (et ainsi soumises pour examen critique par tous) avant médiatisation : dans le cas contraire, les affirmations ne peuvent être vérifiées, ce qui ouvre la voie à toutes les allégations fantaisistes.

Pusztai persiste aujourd’hui dans sa posture victimaire, mais en fait il n’a jamais convaincu la communauté scientifique, et encore moins la commission qui l’a entendu et qui a conclu a des résultats « deeply flawed ». Tous les éléments du dossier sont présentés dans la référence (2, de manière équilibrée (y compris sa défense par quelques personnes qu’il a lui-même sollicitées).


Argument n° 3 : l’évaluation du soja transgénique serait insuffisante et montrerait des anomalies sur les animaux

Parmi les amis de Pusztai figure Ian Pryme (ils ont collaboré à de nombreuses reprises). Dans le film, Pryme « décortique » une publication de Hammond et collaborateurs (3) décrivant l’évaluation du soja génétiquement modifié (GTS ou 40-3-2) de Monsanto. Bien que publiée dans un journal scientifique reconnu, l’étude de Hammond et al. serait, pour Pryme, « de peu de valeur » et de la « mauvaise science ». Précisons que Pryme était un scientifique compétent, mais que l’on voit mal en quoi ses travaux scientifiques lui permettent de remettre en cause une publication peer-reviewed et qui, depuis sa publication en 1996, n’a été contestée par aucun spécialiste du domaine.

Examinons en détail l’un des arguments à charge contre le soja GTS de Pryme. La publication montrerait une coloration plus prononcée du foie de rats gavés de ce soja ! Précisons d’abord que cette publication jugée « minimaliste » a examiné les effets sur des rats mais aussi sur des poulets, des poissons et des vaches laitières (sans anomalies). Que lisons-nous page 723 ? Plusieurs individus ont présenté une coloration plus sombre du foie (tous les autres paramètres étant normaux) chez les rats gavés du soja GTS. Effectivement. Ce que Pryme omet de préciser est que cette même caractéristique a également été observée chez les rats nourris de soja contrôle (non OGM) et n’est donc pas liée à la modification génétique, mais plus probablement à la consommation, en quantité élevée, de soja cru.

Précisons, car le film omet de le mentionner, que deux autres publications de 1996 montrent, pour ce même soja, par rapport à un soja contrôle, une composition similaire en nutriments et anti-nutriments (4) et que la protéine spécifique du soja GTS ne montre pas d’effet dans des tests de toxicité aiguë (5). De plus, une publication de 2005 montre que l’introgression du transgène dans d’autres variétés de soja ne change pas leur composition en substances principales (6). Mêmes résultats quand le soja est cultivé en Europe (Roumanie) (7). Une étude de l’Université d’État du Dakota du Sud, sur plusieurs générations de souris nourries de ce soja, n’a pas révélé d’anomalies (8). Toujours dans la liste des omissions du film, une étude d’un groupe hospitalier danois qui ne montre pas de problème d’allergie pour ce soja (9). Et pour finir, citons l’avis européen (10).


Argument n° 4 : les échecs du coton Bt pousseraient les paysans indiens au suicide

L’efficacité du cotonnier Bt n’est pas celle du maïs Bt. Les générations actuelles de cotonniers génétiquement modifiés permettent de réduire significativement le nombre d’épandages d’insecticides (d’un facteur trois à quatre) mais ne les abolissent pas pour autant complètement : les variétés actuelles de cotonnier ne sont pas protégées contre tous les ravageurs et cette protection est variable suivant la saison (11, 12, 13).

Même si certains épandages restent nécessaires, ces résultats positifs des cotonniers Bt, cultivés dans neuf pays en 2007, suffisent à expliquer que la part des agriculteurs indiens acquérant des semences biotechnologiques soit passée de 0 (en 2001) à 63 % (en 2007 ; soit 3, 8 millions d’agriculteurs) (14). Les difficultés rencontrées localement doivent être analysés en fonction des situations locales (15), sans oublier qu’en Inde ont pignon sur rue des vendeurs de variétés non-certifiées, quelquefois vendues comme transgéniques (Bt) alors qu’elles ne le sont pas.

En résumé, le film met en scène des événements dramatiques, réalise une sélection partielle et partiale de l’information et désigne un coupable – les OGM – : il relègue artificiellement au second plan le rôle des facteurs les plus souvent invoqués pour expliquer ce phénomène initialisé bien antérieurement à l’introduction des semences biotechnologiques, à savoir le surendettement et l’usure (16) et omet totalement les études qui montrent des bénéfices pour les cultivateurs de Bt (17). Le film omet aussi de mentionner que l’entreprise américaine Monsanto n’est plus la seule à vendre des semences biotechnologiques de cotonnier en Inde (18, 19) et que la recherche publique y développe ses propres variétés OGM (20).


Argument n° 5 : le maïs transgénique envahirait le Mexique et produirait des formes monstrueuses

Le film donne le beau rôle à Ignacio Chapela qui prétend avoir détecté, au Mexique, la présence de transgènes en provenance de maïs OGM des États-Unis. Le fait que les travaux de ce chercheur aient été contestés, contredits par d’autres et désavoués par la revue Nature (voir 21, pages 28-29) est passé sous silence dans le film : Chapela serait la victime d’une « campagne de diffamation » ! N’est pas mentionnée non plus la réflexion exemplaire, déjà menée, sur les implications qu’auraient l’utilisation de maïs transgéniques au Mexique (22), ni l’analyse de Bellon et Berthaud (23) montrant que ce n’est pas la présence d’un transgène qui nuirait à la biodiversité du maïs dans ce pays mais l’abandon des pratiques de sélection traditionnelle des fermiers paysans.

Des sommets sont atteints lorsque sont montrées des images de mutation affectant la morphologie florale et qui seraient susceptibles de se diffuser dans les maïs mexicains. Ce qui est montré (le film parle d’une espèce locale) est en fait une crucifère nommée Arabidopsis thaliana, plante modèle de laboratoire, utilisée entre autres pour étudier le développement floral, grâce notamment à ces mutations (dites homéotiques). Précisons, pour sortir de la vision apocalyptique du film, que certaines de ces mutations, qui peuvent apparaître spontanément, procurent le caractère « fleurs doubles » particulièrement apprécié des amateurs de fleurs ! Pour faciliter la recherche, ces caractères peuvent être créés par transgénèse, grâce à la propriété du transgène de s’insérer aléatoirement dans le génome (au moment précis de la transformation, mais plus dans les lignées sélectionnées). Le film insinue que ces événements aléatoires pourraient survenir par croisements d’une lignée transgénique de maïs avec des variétés non-transgéniques. Ce qui est faux puisque la lignée transgénique commercialisée possède une seule insertion, qui est stable, et ne saute plus aléatoirement dans le génome. Ces affirmations sont, de plus, parfaitement grotesques quand on sait que plus de la moitié du patrimoine génétique du maïs est formée, sous l’effet des mécanismes de l’évolution (mutations, sélection naturelle), d’éléments génétiques résultant d’insertions de fragments d’ADN, générés par le maïs lui-même nommés rétro-transposons…

Ces connaissances scientifiques n’empêchent pas un militant anti-OGM – que l’on voit manipuler sans scrupules des paysans en leur montrant des images de « monstres » (par exemple, plantes avec trois épis) – de prétendre qu’il s’agit de maïs transgéniques, qu’il faut arracher sous peine de les voir envahir les champs de maïs traditionnel.
En guise de conclusion

À la formulation d’une hypothèse classique selon laquelle les biotechnologies végétales constitueraient, pour l’entreprise américaine Monsanto, un choix stratégique en faveur de la biologie la repositionnant par rapport à la chimie, son métier d’origine, le film préfère prêter à Monsanto l’intention de « contrôler la nourriture » et les « populations du monde ». L’objet du reportage est de documenter cette opinion, mais force est de constater qu’il est truffé d’allégations pseudo-scientifiques. Comme la plupart des personnes convaincues par avance du caractère néfaste des OGM tout comme des motivations des entreprises biotechnologiques, la réalisatrice, non outillée pour faire le tri entre le vrai et le faux sur le plan scientifique, ne se montre ainsi perméable qu’aux seuls arguments allant dans le sens de ses a priori et expose aux téléspectateurs l’image d’un monde binaire, avec des bons et des méchants.
Marcel Kuntz, 3 mars 2008

Références

(1) http://sth.sagepub.com/cgi/content/abstract/32/1/26
(2) http://gmopundit2.blogspot.com/2006/02/ ... on-gm.html
(3) http://jn.nutrition.org/cgi/reprint/126/3/717
(4) http://jn.nutrition.org/cgi/content/abstract/126/3/702
(5) http://jn.nutrition.org/cgi/content/abstract/126/3/728
(6) http://highwire.stanford.edu/cgi/medline/pmid;15969514
(7) http://highwire.stanford.edu/cgi/medline/pmid;17608426
(8) http://highwire.stanford.edu/cgi/medline/pmid;14630127
(9) http://highwire.stanford.edu/cgi/medline/pmid;14961970
(10) http://ec.europa.eu/food/dyna/gm_regist ... fm?pr_id=8
(11) http://www.iisc.ernet.in/currsci/jul252005/291.pdf
(12) http://www.iisc.ernet.in/currsci/may102006/1170.pdf
(13) http://209.85.129.104/search?q=cache:4p ... 6/1170.pdf
(14) http://www.isaaa.org
(15) http://www.cababstractsplus.org/google/ ... 0053128837
(16) http://www.guardian.co.uk/world/2008/ma ... tworkfront
(17) http://dx.doi.org/10.1016/j.foodpol.2006.11.002
(18) http://www.checkbiotech.org/green_News_Genetics.aspx ?infoId=15663
(19) http://www.thehindubusinessline.com/200 ... 330100.htm
(20) http://www.ifpri.org/pubs/articles/2005 ... iotech.pdf
(21) http://agribiotech.free.fr/analyse_Berg ... MON810.pdf
(22) http://www.cec.org/maize/index.cfm?varlan=francais
(23) http://www.plantphysiol.org/cgi/content/full/134/3/883
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Message par TouF »

raph a écrit :conclusion les journalistes sont nuls
Putain, ça c'est LA revelation! ;) :)
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Message par drÖne »

Ouais, mais Marcel Kuntz est loin d'être neutre : il prend position partout pour les OGM. Quand ça l'arrange, il prône une définition très étroite de la science (dans les débats sur les OGM on ne devrait parler que de contenus scientifiques, et pas d'aspects sociaux, moraux ou humains), mais quand ça l'intéresse, il revendique des effets extra scientifiques positifs des OGM qu'il s'agirait pour le coup de prendre en compte (amélioration de la traçabilité, etc.). Donc ce chercheur est bien baigné d'idéologie positiviste (il appartient à l'Union Rationaliste) mais refuse de voir qu'il n'a pas toutes les compétences pour traiter le problème des OGM dès qu'il sort de sa spécialité qui est, et n'est que, la biologie moléculaire. Que je sache, il n'est ni historien, ni sociologue, ni géographe ou économiste, ni spécialiste des analyses de controverse, ni spécialiste des rapports entre science et société, et il devrait donc s'appliquer la même prudence que celle qu'il exige du journaliste ou des anti-OGM : se taire quand il s'agit des paysans suicidaires en inde, et se taire tout court dès qu'il ne s'agit plus de génétique.
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Message par drÖne »

Voilà comment se présente l'union rationaliste à laquelle appartient Kuntz :
Raison, rationalisme sont des mots qui n'ont pas aujourd'hui bonne presse, sans doute parce qu'on ne voit plus ce qu'ils signifient.
Le véritable rationalisme n'a rien de commun avec certains excès de la rationalisation industrielle ou administrative. Il n'a rien de commun, non plus, avec une sécheresse logique qui rejetterait tout ce que les individus et les groupes portent en eux de richesses humaines. Enfin, il ne se confond nullement avec le scientisme d'il y a un siècle qui croyait naïvement que tous les problèmes humains, théoriques, pratiques et sociaux, seraient résolus par le seul progrès de la science.
Le véritable rationalisme repose sur une constatation que l'humanité n'est à même de faire que depuis une époque relativement récente. Pendant des centaines de siècles, elle a vécu sans connaître vraiment son propre passé, ses origines, la cause de ses succès: elle attribuait ceux-ci, soit à la bienveillance des dieux, soit au hasard, soit au pouvoir sacralisé. Et elle enfantait sans cesse des mythes pour s'expliquer à elle-même sa naissance et son destin. De ces mythes découlaient des morales et des politiques le plus souvent rigides, favorisant ainsi à la fois le conservatisme des structures sociales et l'impérialisme des pouvoirs.
L'humanité comprend qu'elle s'est lentement dégagée de l'animalité par un effort technique, scientifique, politique et culturel qui révèle une capacité mentale d'adaptation, d'organisation, d'expérimentation et de critique, qu'on appelle la raison. La raison n'est pas tout l'homme; mais c'est en perfectionnant sa raison que l'homme devient homme.
Le rationalisme est d'abord la reconnaissance du rôle fondamental de la raison dans l'aventure humaine.
Hum hum... Ils ne se sont pas rendu compte que la philosophie de Platon a commencé à s'élaborer dans un contexte de croyance, avec appels à la Pythie autant qu'à la Raison, mais que des centaines d'années plus tard Mitterrand, et sans doute d'autres, ont eu leurs astrologues et prenaient certaines décisions stratégiques en fonction de ces prédictions... alors les progrès de la Raison, tut tut ! Sans parler de l'irrationalité du fonctionnement bureaucratique des institutions scientifiques dont certains mécanismes ne sont pas sans rappeler les pratiques oraculaires mythiques : entre l'appel à la Pythie pour décider du jour de lancement d'une invasion, ou la référence au classement de Shanghai comme justification de politiques internationales en matière de recherche et d'enseignement supérieur, je ne sais pas de notre société ou de celle de Platon laquelle est la plus irrationnelle. Quant au conservatisme des structures sociales, on est mal placés pour donner des leçons aux peuples du passé.
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Message par LLB »

Pas d'accord avec le fait que ce documentaire serait nul car il ne l'est pas du tout.

C'est rarissime : on ne part pas du principe que les OGM sont des objets qui posent des problèmes scientifiques.

Face à ça horreur du scientiste qui décide de montrer que les arguments ne sont pas valables. Et quels arguments attaque-t-il? non pas des arguments justement, mais des énoncés qu'il juge être faux par méconnaissance scientifique. Or non seulement il n'invalide en rien l'argumentaire global du film, ce qui montre qu'il n'a rien à en dire, mais en plus, son commentaire des erreurs commises par la journaliste ne tient pas :

- sur l'équivalence en substance, le fait qu'il s'agisse pour lui d'une "méthode comparative" et pour la journaliste d'un "principe" (mais ce n'est pas ce qu'elle dit) de quelque chose en tout cas qui permet de soustrtaire les OGM à l'évaluation appliquée aux additifs, n'est en rien contradictoire, elle n'a pas fait de contresens, ils disent la même chose de deux manières différentes mais lui ne supporte pas qu'elle ne parte pas de la définition technique

- sur les reproches faits par Pryme à l'étude, le truc sur les foies, il parle de quelque chose qui n'a rien à voir avec ce que Pryme reproche vraiment : le fait qu'on se soit contenté de regarder l'aspect des foies

- sur le suicide : alors Kuntz, t'as pas réussi à faire le lien entre le surendettement et le monde d'agriculture lié au marché du coton BT??? Pourtant c'est exactement là que réside l'un des principaux arguments de ceux qui s'oposent aux essais d'agriculture OGM, et c'est exactement le coeur du film : le problème, c'est bien cette appropriation du vivant comme marchandise, cette dépossession des agriculteurs de leurs propres semences, cette rafle de Monsanto sur l'agriculture mondiale, spécialiement dans les pays pauvres. Kuntz ne semble pas avoir vu ça. On lui montre un éléphant rose, il remarque qu'il manque des poils sur la queue dans la photo.

Je trouve très bien ce documentaire (à part le côté "j'enquête par google", on aurait pu s'en passer) parce qu'il ne s'embarasse justement pas du récit "pour avoir un avis sur le modèle de société qui promeut une transformation radicale du vivant en marchandise, il faut passer obligatoirement par la compréhension de ce qui se passe sous le microscope du type en blanc dont on ne sait plus par qui il est financé soit dit en passant.

"La science fait des découvertes, ni bonnes ni mauvaises, la société dispose" non, tout est déjà dans les politique de recherche, science servile, pilotée par l'objectif de produire des innovations à haute valeur ajoutée.
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Ah! Cela dit j'avoue : je trouve aussi que les journalistes en général.... et certainement dans ce film il y a les choses en trop pour émouvoir, les plantes-monstres, je n'avais pas trop réfléchi, scotchée que j'étais par le film.
Ainsi toi aussi tu as des plants-monstres?
Et si les fleurs réglementaires de l'uniforme du fonctionnaire prussien mutaient?
Au fond, les OGM, ce serait tout différent si c'était une technologie qui pouvait être appropriée par des planteurs artisanaux indépendants, une écologie des pratiques de recherche et des pratiques agricoles, y compris vous les planteurs des herbes rares, de la génétique qui n'exigerait pas des investissements de firmes comme Monsanto, mais qui se pratiquerait dans les maisons du Sud chez les copains!
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Message par drÖne »

BREVET POUR LE PORC : LA MÈRE NATURE AU SERVICE DES MULTINATIONALES? UN DOCUMENTAIRE-CHOC AUX GRANDS REPORTAGES DE RDI
Montréal, le 14 février 2007 — Géant mondial du marché des semences qu’elle a largement converti à ses produits modifiés génétiquement, la multinationale Monsanto tente maintenant d’obtenir des autorités américaines un brevet sur des séquences d’ADN de porcs désirables pour l’élevage qu’elle a décodées. Si cette demande est agréée, des animaux qui sont largement présents dans la nature seront assimilés à la propriété intellectuelle de Monsanto. Les éleveurs du monde entier pourraient donc, dans un avenir pas trop lointain, être obligés de verser des redevances à l’entreprise pour des animaux conçus tout à fait naturellement.
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Message par LLB »

Entrefilet dans Le Monde hier : une graminée résiste au grounup de Monsanto, et elle est susceptible d'envahir les champs plantés en OGM traités au roundup dans le sud des USA. Monsanto propose d'autres expérimentations de confinement comme solution.
Ca fait vraiment froid dans le dos. Le documentaire a tapé juste.
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Message par TouF »

Entrefilet dans Le Monde hier : une graminée résiste au grounup de Monsanto, et elle est susceptible d'envahir les champs plantés en OGM traités au roundup dans le sud des USA. Monsanto propose d'autres expérimentations de confinement comme solution.
Ca fait vraiment froid dans le dos. Le documentaire a tapé juste.
pas trouvé sur le site du Monde, mais dans un autre lien:
http://planete.bleue.free.fr/Gazette.htm
La malédiction sur le Vietnam

Alors que la guerre américaine a pris fin,il y a prés d’un quart de siécle,le South China Morning Post de Hongkong estime à cinq millions de personnes qui subissent encore actuellement les terribles conséquences des 42 millions de litres de défoliant (l’agent orange de Monsanto) déversé à l’époque sur les forêts par l’aviation.Maladies chroniques,multiformes,morts prématurées,fausses couches à répétitions,naissances d’enfants handicapés physiques et mentaux sans compter la misère générée par les terres polluées devenues improductives,sont aujourd’hui la rançon de ces expériences diaboliques de guerre chimique.

Un coup de maître de Monsanto

Aprés avoir inondé la planéte de son Roundup herbicide universel,la Monsanto inonde maintenant les cultures transgéniques résistantes au Roundup doté du géne rR.Alors que seul un traitement préventif était possible avant la plantation, le Roundup peut être maintenant appliqué sans vergogne pendant toute la saison pour le plus grand bien du chiffre d’affaires de Monsanto qui gagne sur les deux tableaux, en polluant trois fois plus.Mieux, on s’est aperçu que le géne résistant rR pouvait se transmettre à d’autres graminées;le Roundup devient de moins en moins efficace, ce qui oblige les agriculteurs à forcer les doses, encore tout bénéfice pour Monsanto.

Le Soja Transgénique résistant au Roundup.

Malgré les protestations des organisations non gouvernementales,dés l’automne 1996,le soja transgénique américain a commencé à être exporté en Europe et ailleurs sans définition d’étiquetage.Grace à Greenpeace et les Amis de la Terre,qui ont organisés manifestations et blocages,une obligation d’étiquetage’’soja transgénique’’est votée pour les cas où il y a effectivement détection d’OGM, même en petit pourcentage.En 1998, il s’est vendu de quoi ensemencer 15 millions d’hectares de soja transgénique.

Le maïs transgénique résistant au Roundup.

Le premier maïs a été cultivé en 1998 aux Etats-Unis sur 376000 hectares.Ce maïs a déclenché des passions à travers l’Europe.Malgré une opposition virulente de l’opinion publique, malgré des essais souvent médiocres voire catastrophiques,malgré les dangers imminents pour la santé et l’environnement,y compris toutes les incertitudes scientifiques,Monsanto par convoitise d’un profit colossal,ferme les yeux et essaie tout pour imposer brutalement ses semences à la planéte entiére. Il est évident que les pressions au niveau des gouvernements sont si fortes que ceux-ci ne pourront résister aux chantages et aux représailles commerciales qu’avec l’aide des organisations de consommateurs et surtout des agriculteurs.Seul un boycott musclé peut endiguer la folie dévastatrice de cette machine infernale,sourde et aveugle.

Le Terminator: arme absolue de Monsanto

Qu’est ce que Terminator ?Comment fonctionne-t’il ?Son principe est basé sur l’insertion dans le génome des graines d’un mécanisme de suicide déclenché par un stimulateur externe. Ceci garantit pour la génération suivante une autodestruction par auto-intoxication. Le déclencheur est la tétracycline, un antibiotique bien connu. Le danger de cette technique est que les génes du terminator introduisent de nouvelles toxines et des allergénes dans les aliments humains et animaux. D’autre part, il est à craindre que les génes de Terminator se disséminent vers le génome des plantes voisines,qu’elles soient sauvages ou cultivées.Autre aspect plus inquiétant encore,on peut imaginer des semences porteuses de maladies indécelables et programmables à l’avance,ce qui permettrait de réaliser des guerres bioéconomiques alimentaires.Ce sujet est trés prisé dans certains pays militaires. Avec le Terminator TPS, on peut être assuré que les planteurs devront payer chaque année leurs semences transgéniques résistantes au Roundup pour le grand bien des bénéfices de Monsanto !

Conclusion

Il y a pratiquement un siécle que cette entreprise maléfique empoisonne l’humanité et la planéte entiére, et que les gouvernements se laissent corrompre par ses intrigues arrogantes et mensongères.Il serait temps que les peuples se rebellent contre ce monstre insensible à la folie meurtriére avant qu’il n’ait tout anéanti. A savoir qu’à chaque fois que nous achetons une boite de Roundup,nous collaborons à notre propre perte et à la condamnation de nos enfants, en nourissant l’ogre Monsanto .

( Documents extraits de la revue Nature et Progrès Nos 20 et 21 )
nota: NATURE ET PROGRES
Fédération Internationale d’agriculture biologique
Une agriculture biologique, écologique, équitable et durable dans la biodiversité
Des consommateurs engagés pour un environnement de qualité.
Un monde sans OGM, sans OMC et sans AGCS
Dans un réseau alternatif et solidaire.
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