Tu veux ressembler à Manu Chao ?
Déjà, en Bolivie, j'avais trouvé que le syndrôme de Manu Chao sévissait de manière endémique dans la population des touristes européens et nord américains. Genre "fondons-nous dans la masse des locaux". tu parles, un grand escogriffe roux et pâle, même avec un coup de soleil et un bonnet péruvien, ça ne se fond pas dans la masse bolivienne ! Même chose avec les nanas touristes...
Le manu Chao, c'est un type de touriste en soi : reconnaissable, avec ses atribus typiques. post baba, légérement teuffeur, candidement alter-mondialiste, mais avant tout désireux de ressembler à tous ses congénères. Il achète les mêmes pantalons rayés multicolores que les autres aux mêmes marché vaguement artisanaux, il porte les mêmes chemises indiennes (ce qui lui interdit durablement de se fondre dans la masse...), il porte parfois un poncho péruvien, écoute les Rolling Stones avec ses potes de l'auberge de jeunesse dont il ne sort que rarement (en fait, s'il est originaire des USA, le Manu Chao ne sort presque jamais de l'AJ, et y reste à plein temps en buvant de la bière : dehors, il risquerait d'affronter les réalités locales, voire d'avoir à parler une autre langue que l'anglais, et ça, il veut pas. Donc il passe son temps en groupe, devant une Tv qui diffuse CNN ou devant un PC connecté au net, à discuter en ligne avec ses potes Manu Chao restés aux States).
Tant mieux, parce que du coup, le Manu Chao américain, on ne le rencontre que rarement dans les beaux paysages boliviens qu'il gacherait avec sa dégaine de ringard.
Reste le Manu Chao européen, un peu plus supportable. On reconnaît le français immédiatement : il est trentenaire, informaticien, le mâle porte de petites lunettes rondes et a une légère calvitie. La femelle a un Guide du Routard Bolivie collée à la main, ce qui fait qu'elle ne regarde jamais le paysage, mais seulement son guide. De temps en temps, le Manu Chao français en voyage en amérique du Sud lève son nez de son Guide du Routard Sacré, et alors il s'insurge contre ce qu'il voit qui le déçoit énormément. Les couleurs ne vont pas, les gens sont sales, pas sympas, le paysage ne fait pas authentique comme sur les photos, ça manque de ci, y'a trop de ça, etc. Bref, le Manu Chao français en voyage est asez insupportable, et malheureusement on en rencontre pas mal.
Bon, tout ça c'est du vécu des dernières années, il se peut qu'au Pérou, il y ait d'autres variétés de Manu Chao à décrire. Je ferais bien une thèse d'entomologie comparée du touriste, moi !
