Pourquoi sommes-nous capables de projeter nos envies de liberté, d’égalité, de solidarité sur les Tibétains, et dans le même temps incapables de résister à l’effondrement de ces valeurs dans nos propres sociétés ?
Hyères, le 10 avril 2008
Les manifestations de ces dernières semaines pour ou contre les Tibétains traduisent une méconnaissance profonde des réalités tibétaines et chinoises . Elle produit des réactions partisanes, peu étayées, qui ne permettront pas de faire avancer raisonnablement le débat (mais y a-t–il vraiment débat ?) sur la question tibétaine ni sur celle des J.O. qui lui est liée aujourd’hui.
Ainsi s’agit-il une nouvelle fois de désigner le Mal d’une manière toujours caricaturale, comme si nous ne parvenions pas à nous défaire du manichéisme pluriséculaire véhiculé jusqu’à l’écœurement par les Eglises et les idéologies nationalistes ou socialistes.
Il n’est pas juste de sanctifier les Tibétains aujourd’hui et de continuer d’oublier que c’est l’ensemble des populations de Chine qui souffrent de l’absence de libertés fondamentales et de droits sociaux élémentaires.
Il n’est pas juste de dénigrer la lutte des Tibétains au prétexte qu’avant l’intervention militaire chinoise de 1949 le servage existait au Tibet et l’analphabétisme était généralisé dans un territoire arriéré. Ce genre d’arguments sert aujourd’hui aux partisans d’une relecture de l’histoire coloniale de la France par exemple. Or en quoi le fait que les Français aient apporté l’école, le chemin de fer, ou leur conception du droit, aux peuples qu’ils dominaient, change-t-il quoi que ce soit à la tragédie coloniale ?
Il n’est pas juste de rejeter la lutte des Tibétains au prétexte que leur porte-parole est un chef spirituel. C’est ignorer la manière dont peuvent se forger les identités des peuples. C’est aussi croire que spiritualité = religion = fanatisme et théocratie. Depuis vingt ans, la revendication des Tibétains faut-il le rappeler est celle de l’autonomie et de la démocratie.
Il n’est cependant pas juste de faire des Tibétains des apôtres d’une démocratie idéale martyrisés par des Chinois totalitaires. Tout d’abord parce qu’il ne faut pas exclure un certain opportunisme de la part de Tibétains, recherchant des appuis diplomatiques en Occident. Il est possible aussi de se poser des questions sur la montée d’un courant d’opposition radicale au Tibet pouvant déboucher sur un extrémisme politico-religieux peu recommandable. Enfin de quoi parle-t-on en Occident quand on manifeste pour la démocratie ? D’un modèle occidental qui n’en peut plus de patauger dans ses contradictions ? De libertés individuelles menacées dans des sociétés de plus en plus inégalitaires ?
A vrai dire, la question tibétaine devrait être abordée de manière simple et sans passion :
Le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, devenu depuis 1918 un pilier du droit international, doit-il s’appliquer au Tibet ? Oui, mais à condition que les Tibétains, dans leur majorité, aient pour objectif politique l’indépendance. Est-ce le cas aujourd’hui ? Il ne semble pas. Et cela pour quantité de raisons : l’histoire du Tibet est étroitement mêlée à celle de la Chine ; les lois chinoises offrent un cadre juridique à une véritable autonomie du Tibet, il y a donc là un enjeu de combat qui ne passe pas forcément par une rupture sino-tibétaine ; la Chine devient une grande puissance et il est probable que le régime politique actuel sera amené à évoluer, deux facteurs qui peuvent être favorables à un Tibet inséré dans une Chine fédérale ; des Chinois, nombreux, vivent au Tibet, rendant la situation plus complexe et une évolution à la Bosniaque ou à la Tchétchène possible en cas de proclamation d’indépendance ; sur le plan géopolitique, un Tibet indépendant serait l’objet d’une lutte d’influence extrêmement dangereuse entre l’Inde et la Chine.
Tout cela ne veut pas dire que l’on doit cultiver l’indifférence par rapport à la situation du Tibet. Il est juste d’y dénoncer la répression massive, de ne jamais perdre de vue le respect de la dignité humaine et des droits fondamentaux de la personne.
Mais je souhaiterais que toutes celles et ceux qui s’émeuvent du sort des Tibétains, signent des pétitions, manifestent dans la rue, portent aussi leur regard sur d’autres violations des droits, ailleurs dans le monde, et qu’ils se mobilisent également en France, quand les autorités discriminent, fichent, expulsent au mépris des droits les plus élémentaires des étrangers et des exclus sociaux par exemple.
Si ce n’est pas le cas, c’est en partie parce que la question tibétaine est liée à celle des J.O. de Pékin. La juxtaposition des Jeux et de la violence politique dérange ; il faudrait que la Chine joue, le temps d’une saison, à ne pas trop montrer qu’elle n’est pas une démocratie. La candeur en ce domaine rejoint l’ignorance. S’agit-il, pour les Occidentaux friands de spiritualité orientale, de se donner un supplément d’âme ? Il aurait fallu une mobilisation des opinions, des gouvernements, du CIO, avant même la désignation de la Chine. Elle n’a pas eu lieu car les J.O. ne sont pas l’affaire des hommes mais celle d’un système.
En 1936, les jeux ont lieu à Berlin, organisés par les nazis, dans une Allemagne totalitaire ayant érigé la discrimination raciale en principe de gouvernement. C’est alors un triomphe pour Hitler. Démonstration est faite que les J.O. ne sont qu’une manifestation politique de la puissance, et d’un rapport de force international.
En 1968, quelques jours avec l’ouverture des jeux de Mexico, l’armée mexicaine fait feu sur les étudiants et laisse 300 morts dans la rue. La fête des jeux a lieu normalement. Démonstration est faite que les J.O. ne sont qu’ une manifestation destinée à légitimer un ordre politique et social.
Aujourd’hui, ni le CIO , ni les gouvernements, ni l’ONU ne sauraient remettre en cause une manifestation qui consacre d’abord la victoire du capitalisme libéral en Chine, offre aux entreprises mondialisées des perspectives de profits gigantesques, légitime un pouvoir qui satisfait les marchés, et colle parfaitement à la trinité nouvelle : marché, sport, communication, autrement dit, fric, fric, fric, ou compétition, compétition, compétition.
En d’autres termes, s’il fallait boycotter les J.O. ce serait bien parce qu’ils se servent de la popularité du sport pour consacrer la déshumanisation du monde.
Les enjeux tibétains ne sauraient donc croiser ceux des Jeux de Pékin. Alors, oui, dénonçons la répression au Tibet , mais au-delà de l’émotion qui passera vite, et des stéréotypes stérilisant, la crise tibétaine peut-être une occasion de penser le monde autrement, notamment de nous demander pourquoi nous sommes capables de projeter nos envies de liberté, d’égalité, de solidarité sur les Tibétains, et dans le même temps incapables de résister à l’effondrement de ces valeurs dans nos propres sociétés.
Gilles Desnots
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Une interview d'une biologiste ayant fait connaissance avec la culture tibetainne que j'ai trouvée tres interessante comme conjuration du "syndrome des bons et des mechants"...
http://www.lecourrier.ch/index.php?name ... sid=439089
Par contre, moi qui fait confiance autant au spirituel qu'au rationnel, j'y ressens en filigrane, encore une fois, un parti pris de "democrate technologique occidental bien-pensant"...
Ceux qui cherchent à imposer, même par la force, la démocratie "droit de l'hommiste" quitte à marcher allegrement sur le droit aux peuples à disposer d'eux même et finallement cherchent inconsciement(ou pas) à établir l'hégémonie d'un système unique pour toute la planète.
J'aimerai bien trouver des analyses du même style faites par des anthropologues, sociologues... et autres enculés d'intellos qui servent à rien.
http://www.lecourrier.ch/index.php?name ... sid=439089
Par contre, moi qui fait confiance autant au spirituel qu'au rationnel, j'y ressens en filigrane, encore une fois, un parti pris de "democrate technologique occidental bien-pensant"...
Ceux qui cherchent à imposer, même par la force, la démocratie "droit de l'hommiste" quitte à marcher allegrement sur le droit aux peuples à disposer d'eux même et finallement cherchent inconsciement(ou pas) à établir l'hégémonie d'un système unique pour toute la planète.
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La question tibétaine me paraît indiscossiable, si on veut la considérer comme un problème de "droits de l'hommes", de la question chinoise : la Chine EST une dictature épouvantable et les chinois eux-aussi mériteraient d'être libérés du joug communiste. Il faut se rappeler les événements de Tian An men par exemple. LEs chinois eux-aussi subissent des tortures, des exécutions, une oppression quotidienne. Se focaliser sur le seul conflit tibét-chine me paraît donc une erreur. Pour le reste (les JO), c'est tellement de la merde que seul un boycott me satisferait. De toute manière,je n'ai jamais suivi un seul JO à la TV de ma vie, tellement le sport m'emmerde !
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Bien sûr! tout ce qui peut nuire à la Chine, ne peut que me plaire!
A vrai dire, dans cette actualité, seul le devenir du peuple tibétain m'émeut au-dela des luttes de pouvoir aussi bien locales que gobales.
Et il faut bien que j'avoue avoir une sympathie particuliere pour le peuple et la culture tibétaine doublée d'une attirance teintée de romantisme envers leur spiritualité et de leur situation dans le monde pendant des siecles faisant penser à un "univers parallèle".
Apres coup j'ai lu l'article de benito perez, finallement beaucoup plus interessant car plus neutre que l'avis d'Elisabeth Martens
A vrai dire, dans cette actualité, seul le devenir du peuple tibétain m'émeut au-dela des luttes de pouvoir aussi bien locales que gobales.
Et il faut bien que j'avoue avoir une sympathie particuliere pour le peuple et la culture tibétaine doublée d'une attirance teintée de romantisme envers leur spiritualité et de leur situation dans le monde pendant des siecles faisant penser à un "univers parallèle".
Apres coup j'ai lu l'article de benito perez, finallement beaucoup plus interessant car plus neutre que l'avis d'Elisabeth Martens
Les coulisses de la révolte tibétaine
Paru le Samedi 29 Mars 2008
BENITO PEREZ
ANALYSE - La répression des contestataires tibétains a ému la planète. Mais l'image des moines pourchassés par l'armée suffit-elle à comprendre ce qui se passe réellement sur le Toit du Monde? «Le Courrier» a recueilli les avis contrastés de trois spécialistes de la Chine.
Il aura fallu les échos lointains d'une émeute tibétaine, le 14 mars dernier, pour que Pékin redevienne soudain infréquentable. A moins de cinq mois de la Grand-Messe olympique octroyée au géant post-communiste et à son quart de milliard de consommateurs, le monde a été ébranlé, croyant revivre le cauchemar de septembre dernier, lorsque la junte militaire birmane écrasa la révolte des bonzes en robe safranée. Mais que s'est-il réellement passé sur ce mythique Toit du Monde? Qu'exprime ce mouvement de protestation tibétain, souvent confondu avec le dalaï-lama et son bouddhisme new age? Préfigure-t-il d'autres mobilisations sociales et politiques à l'occasion des Jeux?
Pour mieux cerner la crise sino-tibétaine, Le Courrier a interrogé plusieurs connaisseurs du vieil empire oriental. Le journaliste et chercheur Jean-Philippe Béja, ancien directeur scientifique du Centre d'études français sur la Chine contemporaine à Hong Kong, la sinophile belge et historienne du bouddhisme tibétain, Elisabeth Martens1, et la politologue française Stéphanie Balme, chercheuse à Science-Po à Paris, expriment des vues pour le moins contrastées.
Que s'est-il passé?
Dans leurs éditions du 15 mars dernier, les médias occidentaux ont largement fait état de «violences opposant des manifestants tibétains hostiles à la présence chinoise aux forces de l'ordre»2. Une présentation des évènements généralement maintenue depuis, malgré les dénégations de la Chine, qui parle, elle, de «pogroms» menés par la «clique du dalaï-lama» contre des citoyens chinois d'autres ethnies.
«Les témoignages des étrangers présents sur place vont tous dans le même sens: des manifestants tibétains ont agressé des Han (l'ethnie principale en Chine, ndlr) et des Hui, majoritairement des musulmans», confirme Elisabeth Martens, citant une dizaine de sources internationales. Selon elle, des personnes auraient été «incendiées vives, d'autres battues à mort, déchiquetées au couteau ou lapidées».
Mme Martens ne nie pas le «drame» qui s'en est suivi, et «les répressions chinoises que l'on devine», mais l'historienne du Tibet défend sans ambiguïté «le droit de la Chine à se défendre face à des mouvements séparatistes», ainsi que le devoir des autorités de défendre leurs citoyens contre les «agressions racistes».
A sa façon, Jean-Philippe Béja confirme le caractère «aussi» ethnique des émeutes, sur la base de «nombreux témoignages» et d'«images indéniables», mais souligne le mécontentement socio-économique et culturel sous-jacent des Tibétains. «Les destructions ont surtout visé les commerçants hans», pointe le sinologue français.
Stéphanie Balme se veut plus circonspecte. Basée à Pékin, elle n'a accès qu'aux seuls médias chinois. Sans se prononcer sur les évènements du 14 mars et des jours suivants, elle admet «un glissement de la cause nationale tibétaine vers un combat ethnique». Une évolution qui ne va pas sans inquiéter Pékin, car «il ne s'agit plus, pour le gouvernement, de contrôler uniquement quelques moines: la contestation peut surgir de partout!» remarque-t-elle.
Les causes économiques
Jean-Philippe Béja et Elisabeth Martens partagent un autre point de vue: l'importance des facteurs sociaux dans l'éclatement de la violence. «Les jeunes Tibétains sont frustrés car le développement économique ne leur profite pas vraiment et ils se sentent exclus de la modernité», relève M. Béja. Le journaliste se souvient que, dans les années 1980, les magasins qui viennent d'être incendiés n'appartenaient pas à des Han mais à des Tibétains. Jean-Philippe Béja perçoit là l'effet de la normalisation économique du Tibet voulue par la Chine, dont le symbole est la mise en service en 2006 de la ligne ferroviaire entre Pékin et la capitale tibétaine Lhassa.
Les inégalités entre Tibétains et Han s'expliquent aussi par «le retard historique du Tibet en matière de formation et d'éducation», avance Elisabeth Martens. Du coup, «les postes 'importants'» sont occupés par des migrants venant des autres villes chinoises et non par ceux des campagnes tibétaines. Un déséquilibre ville-campagne qui «touche l'ensemble de la Chine, où les inégalités se font de plus en plus criantes entre les plus aisés et les plus démunis», note Mme Martens.
Peut-on parler de colonisation?
Pour Stéphanie Balme, ces inégalités sociales résultent d'abord de la stratégie de contrôle exercée par Pékin depuis la fin des années 1980: «L'économie de marché, l'enrichissement et le tourisme de masse ont pris le relais de l'idéologie», commente-t-elle. En favorisant ce type de développement, Pékin a suscité une véritable «colonisation» du Tibet, et provoqué chez les habitants d'origine un sentiment d'«encerclement», de «menace» d'autant plus fort que cette politique fait suite aux tentatives d'«éradication de l'identité tibétaine» menée durant la Révolution culturelle de Mao. Aujourd'hui, affirme l'enseignante installée à Pékin, la majorité des habitants de Lhassa seraient déjà originaires d'autres ethnies.
Politique délibérée? «Plus ou moins», modère Jean-Philippe Béja. «Le Programme de développement de l'Ouest, lancé en 2002-2003, a provoqué un appel d'air» et donc l'arrivée de nombreux migrants, mais son but, précise-t-il, était aussi de désenclaver cette région périphérique. M. Béja souligne encore l'avantage accordé aux Han grâce à l'obligation faite à tous de maîtriser le chinois, et non la langue tibétaine.
A contrario, Elisabeth Martens vante la politique de discrimination positive menée, selon elle, par Pékin, qui «facilite l'enseignement aux minorités ethniques par des taxes universitaires moins élevées et des examens d'entrée moins sévères». Une action toutefois insuffisante, concède Mme Martens, d'autant que «le développement du marché libre dans les villes du Tibet favorise les Han et les Hui qui ont plus d'expérience dans le commerce que les Tibétains».
«Nation tibétaine» opprimée?
Elisabeth Martens, qui fait remonter l'union sino-tibétaine au moins jusqu'au XIIIe siècle, admet l'existence de deux cultures distinctes bien que mélangées, mais se refuse à soutenir un «discours ethnique», qui risquerait d'«engendrer nombre de déchirures et de drames familiaux si un jour le Tibet devenait réellement indépendant et mettait tous les Han à la porte». Et de souligner que cette approche ethnique n'est là «que pour expliquer au grand public les guerres que se font entre elles les grandes puissances: cela s'est vu dans les Balkans, en Irak, en URSS, et cela se reproduit au Tibet».
Jean-Philippe Béja approche la question autrement: «Une nation existe du moment que le sentiment national existe», relève-t-il simplement. Le Français se dit incapable d'en mesurer l'implantation actuelle, mais souligne son ancienneté et sa diffusion à travers l'intelligentsia tibétaine, à savoir les moines. Il relève en outre que les Tibétains possèdent «une langue et une culture unifiées», une religion propre («une branche très différente du bouddhisme»), ainsi que le précédent historique de la «théocratie tibétaine» (1913-1950).
Plus catégorique, Stéphanie Balme parle d'une «mémoire collective» et d'un «rapport à la vie» tibétains allant bien au-delà de la religion. Pour la chercheuse, l'accusation de «génocide culturel» portée par le dalaï-lama à l'encontre de la Chine correspond à une triste réalité.
«Il faut ne jamais être allé au Tibet pour dire cela», réagit Elisabeth Martens: «Dans l'enseignement, le bilinguisme est obligatoire et pratiqué dans toutes les écoles que j'ai visitées (primaires, secondaires et supérieures); des instituts de tibétologie donnent des cours de langue, de médecine, de théologie, de musique et danse ou encore d'artisanat.» De même, «la pratique religieuse est loin d'être réprimée», assure-t-elle, affirmant que les Tibétains «pour la plupart très croyants», emplissent monastères et pèlerinages.
«La pratique religieuse est aujourd'hui beaucoup plus libre que dans les années 1970», admet Jean-Philippe Béja, mais le journaliste-politologue remarque toutefois une volonté croissante de contrôle de Pékin sur les monastères. «Les cours de patriotisme imposés aux moines par le gouvernement expliquent une part du mécontentement actuel», estime-t-il.
Les enjeux géostratégiques
Aux causes internes des émeutes, Elisabeth Martens ajoute une «dimension géostratégique». L'indépendance affichée par Pékin, sa montée en puissance économique et le contrôle gouvernemental sur les capitaux («les investissements étrangers en Chine ne dépassent pas 3%») feraient de la Chine un adversaire à affaiblir. «Historiquement, le Tibet est le principal terrain d'affrontement entre l'Occident et la Chine», énonce l'intellectuelle belge.
Une influence étrangère que minimise Stéphanie Balme: «Qui aurait aujourd'hui intérêt à s'affronter à la Chine?» En réalité, poursuit-elle, cette dimension est surtout importante dans l'appréhension de ce conflit par les Chinois. «En mandarin, Tibet se dit 'Trésor de l'Ouest', du fait notamment des richesses forestières et hydrologiques», note l'enseignante. Celle-ci voit d'ailleurs dans la crise écologique engendrée par la surexploitation de ces ressources l'une des causes de la révolte tibétaine.
Faut-il s'attendre à d'autres révoltes d'ici aux Jeux?
Quelle que soit l'influence étrangère dans les affaires tibétaines, l'approche des Jeux olympiques de Pékin a indéniablement motivé les protestataires. «Une ancienne tradition chinoise veut que l'on fasse valoir ses revendications à l'occasion des grands évènements», signale Jean-Philippe Béja. La «réponse forte» des autorités chinoises indiquerait leur crainte de voir d'autres secteurs se mobiliser lors des Jeux. «Il y a actuellement de fortes tensions entre groupes sociaux et entre nationalités», prévient le sinologue français, qui pense notamment aux agitations paysannes et au soulèvement séparatiste des Ouïgours, un peuple turcophone habitant le Xinjiang.
«Il est tout à fait raisonnable de penser que d'autres protestations émergeront», confirme Stéphanie Balme. La chercheuse ajoute la secte Falung Gong à la liste des agitateurs potentiels. Avec cette précision utile: le gouvernement chinois n'est pas seul à craindre les débordements. «La majorité des Chinois réagit de façon très patriotique. Pour eux, ceux qui tentent de perturber les Jeux sont des traîtres, qui risquent de leur faire perdre la face au yeux du monde en cette année cruciale.» De quoi dissuader les vocations? I
[1]Auteure de l'Histoire du Bouddhisme tibétain, la compassion des puissants, éditions L'Harmattan, Paris, 2007.
[2]Dépêche ATS du 14 mars 2008.
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c'est l'occaze pour les chinois de mettre un peu le dawa et demain, après, on leur coupera les couilles, chouette perpesctive.
za fait un boot ke les chinois c des fondus, sous pretexte de jeux, on s'emeut de leur situation (allez o boulot, fot couper des têtes ? bah non c plus des hommes au -pouvoir, c le Powafluzz), pff,
c mort.
-daccord...





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za fait un boot ke les chinois c des fondus, sous pretexte de jeux, on s'emeut de leur situation (allez o boulot, fot couper des têtes ? bah non c plus des hommes au -pouvoir, c le Powafluzz), pff,
c mort.
-mouais, si c'est les m^m tarés qu'en france woauuuA sa façon, Jean-Philippe Béja confirme le caractère «aussi» ethnique des émeutes, sur la base de «nombreux témoignages» et d'«images indéniables»,
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tiens au 13hr sur la 2, yavait des bidochons de touristes filmés en chine, tout heureux de l'accueil, étonné de la non agressivité du peuple chinois à leur égard.
Genre ces cons de chinois sont au courant des problèmes du trajet de la flamme olympique (quelques images indéniables, seulement, leur sont parvenus à mon avis)...................
povs merdes de journaleux, c bien la peine de rester le cul sur une chaise !
++
Genre ces cons de chinois sont au courant des problèmes du trajet de la flamme olympique (quelques images indéniables, seulement, leur sont parvenus à mon avis)...................
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Sur une chaise dans un grand hôtel réservé à leur intention par les services de la propagande locale. Et en plus, quand ils sortent pour pisser ou acheter un nem, c'est accompagné d'un traducteur assermenté par la dictature et d'un représentant de la police, sans doute...
C'est aussi ces conditions de "voyage" qui ont permi à tant d'intellectuels de haut vol (de Sartre à Régis Debray) de voir tant de démocratie en URSS ou tant d'amitié entre le Kossovo et la Serbie, en pleine période de camps de concentration en Yougoslavie ou de Goulags en URSS...
Cons d'intellectuels, et cons de journalistes !
C'est aussi ces conditions de "voyage" qui ont permi à tant d'intellectuels de haut vol (de Sartre à Régis Debray) de voir tant de démocratie en URSS ou tant d'amitié entre le Kossovo et la Serbie, en pleine période de camps de concentration en Yougoslavie ou de Goulags en URSS...
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d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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J'ai été passionné une fois par les JO à la TV : c'était un docu sur Arte expliquant comment une équipe de chercheurs travaillant sur le sport dans l'antiquité (historiens, archéologues, ergonomes, etc.) ont ré-organisé des jeux en suivant le plus fidèlement possible les connaissances historiques. Il s'agissait, avec des sportifs de haut niveau, de vérifier certaines hypothèses sur le type d'installations sportives des jeux de l'antiquité, sur les performances réelles des sportifs de l'époque, etc. Ils avaient réuni des sportifs du monde entier dans des conditions d'hébergement, de nutrition, de soins et de rémunération (que dalle) identiques à celles des jeux antiques. Et tout ça se faisait en parallèle aux "vrais" JO : un OFF en somme. C'était vraiment super intéressant de voir les chercheurs bosser avec les sportifs et découvrir, par exemple, que certains récits concernant les performances au triple saut que l'on croyait exagérés étaient en fait réels pourvu que l'on munisse les sauteurs de poids en pierre à chaque main et qu'on leur fasse faire des mouvements de balancier pour que ces poids les fassent sauter plus loin. Fallait aussi faire appel non pas à des triple-sautistes (ça se dit ?), mais à des haltérophiles pour arriver à ce niveau de performance, justement à cause des poids à tenir en même temps que le saut lui-même. On a aussi pu déterminer que la boxe se faisait jusqu'à la mort, contrairement à ces lavettes de boxeurs actuels : en effet, les grecs ne connaissaient pas le gant de boxe, mais entouraient leurs mains de lanières de cuir. Testé sur des têtes de crash-test, la force des coups est telle avec les lanières qu'elle ne peut que briser les os du crâne. Bref, j'ai pas retenu le nom du docu, mais il vaut vraiment la peine d'être retrouvé.raph a écrit :De toute manière,je n'ai jamais suivi un seul JO à la TV de ma vie, tellement le sport m'emmerde !
Sinon, à part ça, le sport à la TV c'est vraiment de la merde, je suis bien d'accord !
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Vive la Chine ! A mort le Tibet !raph a écrit :t as oublié de dire vive la chine alors que je tremble pour mon sang![]()
sinon concernant le sport j en aurais long a dire vu que je les observe depuis 2000 au quoitidien les sportifs professionels
car les hotels sont un lieu incontournable dans la vie pro du psortif
sieste gouté tout ce passe a l hotel en temps normal alors en temps de compet et en deplacement les kiné les docteurs tout ca suit....
enfin bon un sportif pro ce st comme un ado c est grand comme un adulte mais c est couillon comme un mome de 7 ans ca a autant d autonomie q un militaire et autant de capatite a improviser a inover ou a prendre une initiative en dehors de sa discipline qu un fonctionaire brejnevien
les sportifs
les pôvres
Bon, y'a rien de plus déprimant, je trouve, et ça irait jusqu'à me donner des envies de suicide en penant à l'erreur commise par Dieu (ou Bouddah, Satan, voire Mao) lors de la création de l'humanité, que d'entendre une interview de sportif : je trouve ça d'une banalité confondante, d'un manque d'intérêt qui confinerait presque à l'extase mystique si ça ne me donnait immédiatement la migraine et des nausées. Vive la Chine, OK, mais mort aux sportifs qui parlent !
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"Le partage de la morale est de plus en plus intolérable"
Pour revenir à nos amis, le Glorieux et Démocratique Peuple Chinois en Lutte contre la Théocratie Tibétaine, le point de vue de Rony Brauman est assez intéressant.
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1930
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1930
Rony Brauman : « Le partage de la morale est de plus en plus intolérable »
18 avril 2008
« Il y a « nous » et ce que nous faisons, et qui n’est pas grave parce que nous sommes susceptibles de nous améliorer, et il y a « les autres », qui sont prisonniers de leur sauvagerie. Or, dans ce partage entre « nous » et les « autres », il y a toute sorte de points aveugles. Un exemple : après les jeux de Pékin, la flamme ira à Londres. Il ne semble pourtant venir à l’idée de personne que l’on pose comme condition le retrait des troupes britanniques d’Irak. »
Rony Brauman répond à Denis Sieffert, pour Politis, 17 avril 2008
Que vous inspirent les manifestations des jours derniers au moment du passage de la flamme olympique ?
Une certaine perplexité et une certaine exaspération devant tant d’incohérence à propos des droits de l’homme. Le boycott qui avait été qualifié de honteux et de stérile lorsqu’il s’agissait de la présence d’Israël au Salon du livre, alors qu’Israël venait de tuer cent vingt Palestiniens à Gaza, ce même boycott apparaît comme un acte d’humanité et de solidarité quand c’est la Chine qui tue cent vingt Tibétains à peu près au même moment. Il y a là une incohérence qui torpille la crédibilité des organisations ayant ce regard sélectif. La deuxième réflexion concerne les appels au boycott. Cette forme d’action ne peut être utilisée que dans des circonstances exceptionnelles, et non de façon indistincte. Elle empêche de parler là où il faudrait parler. Elle crispe là où il faudrait détendre. J’étais d’ailleurs contre le boycott du Salon du livre. En se faisant plus Tibétains que les Tibétains, en identifiant la cause tibétaine aux droits de l’homme, certaines organisations, comme Reporters sans frontières (RSF), favorisent plutôt un raidissement nationaliste autour des courants les plus durs au sein de la direction chinoise. Un dosage, une approche réfléchie de ces questions font partie de la défense des droits de l’homme.
Le regard sélectif qui est souvent porté sur les droits de l’homme correspond-il à une logique ?
La sélectivité résulte déjà de l’impossibilité de parler de toutes les atteintes aux droits de l’homme. À partir de quand est-on dans l’intolérable ? Quelle économie morale organise la séparation entre ce qu’on peut accepter et ce dont on doit s’indigner ? Jacky Mamou [président du collectif « Urgence Darfour », ndlr] me rétorquait dans un débat récent qu’Israël était une démocratie. Ce qui veut dire que, pour des gens comme Jacky Mamou, la mort, la torture, l’emprisonnement n’ont pas vraiment d’importance quand c’est le fait de démocraties.
Il y aurait un « côté du manche » ?
Il y a « nous » et ce que nous faisons, et qui n’est pas grave parce que nous sommes susceptibles de nous améliorer, et il y a « les autres », qui sont prisonniers de leur sauvagerie. Or, dans ce partage entre « nous » et les « autres », il y a toute sorte de points aveugles. Un exemple : après les jeux de Pékin, la flamme ira à Londres. Il ne semble pourtant venir à l’idée de personne que l’on pose comme condition le retrait des troupes britanniques d’Irak.
Un autre exemple : au moment des Jeux d’Atlanta, a-t-on exigé l’abolition de la peine de mort aux États-Unis ? Non. Si bien que l’index est toujours pointé dans la même direction. Ce partage de la morale est de plus en plus intolérable.
Vous avez été cofondateur de RSF. Comment jugez-vous l’évolution de cette organisation ?
Je crois que cette organisation s’est emballée. Elle connaît certes des succès médiatiques, mais se perd en même temps dans une sorte d’esthétique de la performance, du happening pour le happening. Quelle crédibilité va-t-elle faire valoir pour défendre réellement les journalistes et la liberté de la presse ? Comment pourra-t-elle désormais discuter avec les autorités chinoises ?
Si la façon est critiquable, la cause, en l’occurrence tibétaine, n’est pas pour autant délégitimée...
Mais la cause tibétaine, puisque les Tibétains eux-mêmes ne demandent pas l’indépendance, c’est la cause de tous ceux qui subissent les effets de la politique sociale chinoise. C’est tout aussi bien la cause de ceux qui veulent la constitution de syndicats, ou de ceux qui revendiquent le droit de s’exprimer, par exemple dans le domaine de la santé je pense en particulier à la question du sida. Dans ce contexte-là, le Tibet occupe une place parmi d’autres.
Regardez, du côté des minorités, les Ouighours, qui ont été sévèrement réprimés. Mais on ne leur accorde aucune attention particulière parce qu’ils sont turcophones et musulmans et qu’ils n’ont peut-être pas le charme exotique des Tibétains ou des représentations romantiques que l’on peut en avoir.
Si l’on veut aller un cran plus loin, il faut s’interroger sur les risques d’instrumentalisation des droits de l’homme. Et notamment sur l’usage qui peut en être fait dans la rhétorique de la lutte contre le terrorisme. Les organisations humanitaires ont commencé à réfléchir à ces risques d’instrumentalisation. Les organisations des droits de l’homme en tout cas, certaines d’entre elles devraient entamer cette réflexion et clarifier les enjeux. On a vu que brandir les « droits de l’enfant » peut mener à des actions de type colonial, façon Arche de Zoé. Protéger une population en butte à une tyrannie, cela peut conduire à renouer avec une rhétorique de guerre digne du XIXe siècle impérial. Tout doit donc être pensé, les objectifs et les façons de faire.
Publication originale Politis
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...