les mouches mortes, roman à suivre, un épisode chaque jour

Ecriture, écritures : en solo ou en collectif, ici on aime lire et écrire.

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QUATRIEME PARTIE : ERIC

Je suis sous la douche Je suis seul dans la maison Je savoure ça J’entends l’eau couler Il n’y a pas le bruit de la télévision pour venir parasiter Il n’y a pas de musique Il n’y a pas sa voix pour troubler mes pensées Juste l’eau chaude la vapeur moi Juste moi Je me savonne les parties génitales Mon sexe durcit Je me dis pourquoi pas après tout Je dépose la douche de façon à ce que le jet me vienne contre la poitrine Je m’enduit la main de savon pour lubrifier Je me masturbe vite je me dis faut pas qu’elle rentre maintenant qu’elle me voit comme ça dans cet état en train de faire ça L’orgasme monte très vite des images confuses me viennent à l’esprit elle en train de me sucer un animal mort entre mes mains au bout de trente secondes j’éjacule Je me nettoie Je termine de me laver

Frank filme C’est son tour La techno me remplit la tête Elle remplace le reste Le volume est à fond On n’entend pas le chien C’est le but Il gémit dans la baignoire Ses quatre pattes sont cassées Il se tortille il perd du sang il aboie mais on l’entend pas parce que la techno est assourdissante Jf éric se lavent les mains Nos vêtements sont tâchés de sang Nous portons des vêtements spéciaux On ne les met que pour les chiens Il y a une bâche en plastique transparent qui recouvre tout le sol de la salle de bain Il y a du sang sur la bâche J’en ai marre de ce chien qui gueule de pas l’entendre d’entendre cette musique qui me vrille la tronche je hurle ta gueule à personne en particulier Je lui attrape le museau ça glisse à cause de la bave il manque me mordre il aboie encore je crie bordel de dieu tu vas fermer ta gueule je l’attrape à deux mains j’en cogne la pointe contre la baignoire il glisse veut encore se dégager remue les pattes dans tous les sens elles dérapent j’entre dans la baignoire j’écrase à coups de talons une fracture le chien se tend électrisé ses yeux deviennent des puits de douleur je crie des trucs je cogne j’ai du sang sur les mains je glisse je m’affale sur le chien on lutte au corps à corps je me fais mal aux genoux ses yeux brillent de terreur il essaie de me mordre mais il est trop maladroit je tape son crâne contre l’émail ça fait clonk je grogne je me rends compte du silence le CD s’est arrêté il y a juste le bruit de la caméra les clonk mes grognements le chien qui gémit de moins en moins Je pense à Stéphanie mais je ne sais pas ce que je pense ça passe trop vite ce clonk dans ma tête c’est comme s’il n’était là que pour moi J’entends clonk dans ma tête clonk clonk clonk

On dort elle moi le réveil sonne je ne dors plus

Tiens il faut que tu signes ça sandrine se penche pour me donner un papier son tee-shirt baille je vois ses seins j’ai envie d’y frotter ma queue j’ai envie de m’y frotter le visage de lui dire je veux que tes seins me donnent du réconfort elle se relève me sourit s’en va Je lis le document mais je pense à ses seins Elle porte un soutien-gorge j’ai presque rien vu c’est pas grave elle a aussi un beau sourire un beau cul je suis en train de tomber amoureux d’elle tu crois non ça m’étonnerait le truc c’est qu’à chaque fois que je veux baiser une fille je crois que je suis amoureux mais c’est juste un truc débile une séquelle du romantisme frustré adolescent quelque chose comme ça agnès pareil agnès la première fois que je l’ai vue elle m’a excité je me suis dis j’en tomberais bien amoureux Ca n’a pas raté alors que c’était juste du désir juste du sexe basique simple mais il faut que je complique toujours La fille passe repasse je la regarde je la mate sans discrétion elle me tourne le dos elle porte une jupe sombre à mi-cuisse je fixe mon regard à la jonction entre cuisse mollet je vois ses tendons c’est émouvant ça m’excite j’aimerais qu’elle vienne qu’elle me propose de la baiser là maintenant dans les toilettes ou n’importe où tout de suite maintenant Elle revient récupérer mon papier signé elle se penche pareil me sourit pareil je sais pas si elle a conscience que je vois ses seins en même temps elle me les montre ça serait bien elle viendrait comme ça me donnerait une chemise en carton dedans son soutif elle se pencherait je verrais tous les seins leur totalité le mamelon tout elle me dirait viens on baiserait aux chiottes mais non c’est pas possible d’ailleurs j’ai jamais trompé julie sauf en pensée en branlettes aussi mais ça ça compte pas enfin pour moi si pour moi c’est tromper y’a pas de doute dans ces moments-là je ne suis pas avec elle je ne la désire pas ne l’aime pas elle j’en désire une autre je jouis avec une autre qu’elle existe ou pas qu’est-ce que ça fait mais bon selon les critères habituels ça compte pas moi ça m’arrange je me demande si j’ai le temps d’aller me branler aux chiottes probablement oui probablement
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C’est le silence Je suis assis Les chiens y’en a marre Ca suffit plus J’entends le bourdonnement dans mes oreilles dans mes oreilles aussi les bruits du dehors des gens des voitures Rien d’autre que de la merde le bourdonnement toujours le bourdonnement Je regarde autour de moi bien sûr je la vois Crève grosse salope grosse pute je me dis je me demande quelle expression a mon regard à ce moment Je crois que mon regard est neutre ou à la rigueur simplement méprisant J’espère qu’il ne trahit pas mes pensées Tu es là tu me regardes je me dis crève crève grosse pute grosse merde tu me regardes j’en peux plus de ton regard j’en peux vraiment plus bien sûr c’est la vingtième fois au moins que je me dis ça elle se lève me regarde encore de son sale regard de carême elle va mettre de la musique De la musique classique Un truc baroque insupportable genre mozart Cette musique horrible m’empêche de penser j’ai envie de la tuer oh mon dieu comme je te hais si j’avais le courage je me lèverai je t’écraserai la tronche contre le mur tu arrêterais de me faire la gueule tu arrêterais de me toiser avec ce regard plein de colère absurde bête

Je me masturbe Je pense à une pipe Je recrée les traits d’une fille que j’ai aperçue dans la rue Je l’améliore

Ca s’accélère Je me demande où ça va On en est à trois chiens par semaine On ne sait plus quoi leur faire On se répète C’est de nouveau l’ennui Ou au moins la menace de l’ennui Je regarde mon assiette C’est encore très chaud Ca fume Dedans il y a du riz de l’oignon des tomates émincées les restes d’un berger allemand Je n’ai pas vraiment d’appétit J’ai les mâchoires contractés Je suis furieux sans raison Heureusement cette salope n’est pas là J’aimerais la quitter C’est trop compliqué Je n’arrive pas à me souvenir si on s’est engueulés ce matin Probablement Elle pleure de plus en plus souvent J’ai de plus en plus souvent envie de la tuer J’ai envie de lancer l’assiette Je ne le fais pas Evidemment Dans les romans il y a toujours la description du type qui balance l’assiette de toutes ses forces On voit jamais le même type dix minutes plus tard en train d’éponger sa moquette en se disant merde merde si ma copine rentre maintenant je vais encore passer pour un débile Ca on le voit pas Pourtant c’est ça la réalité la réalité c’est pas lancer des assiettes ou fracasser la gueule de sa femme à coup de marteau la réalité c’est juste passer pour un débile aux yeux de la personne à qui on tient le plus au monde oui mais je ne tiens pas à elle enfin j’en sais rien en fait j’essaie de le dire julie je t’aime julie je ne t’aime pas j’arrive pas à déterminer j’arrive pas à déterminer quelle phrase quand je la dis à voix haute quelle phrase est la vraie Je n’y arrive pas Je suis inerte J’ai envie de violence de jeter de vomir de la violence Je ne bougerai pas de ce canapé Je n’y bougerai pas pendant des heures en l’attendant elle elle qui me manque Peut-être que je vais finir par me lever Mais je ne ferai rien d’autre Non rien d’autre

Je suis dans le lit La pénombre de la chambre est brisée La lumière de la rue filtre travers les volets La lumière de la télé passe sous la porte Il n’y a pas de silence J’entends l’émission qu’elle écoute fort Je suis allongé sur le dos J’ai rejeté les couvertures Je pense à ce couple merdique que nous formons à ma lâcheté Sauf que ce n’est pas de la lâcheté c’est de la peur De la peur simple basique Si on se sépare je me retrouve à la rue Bien sûr on pourrait peut-être cohabiter je ne sais pas trouver un arrangement C’est même pas que je ne l’aime plus c’est que je ne l’ai jamais aimée Pourquoi nous sommes ensemble pourquoi je suis avec elle Je n’en sais rien bordel Un camion passe dans la rue ses phares se déplacent au plafond Nous ne vivons même pas ensemble je vis chez elle je suis hébergé techniquement c’est tout ce qu’on peut dire Je ne participe à rien ses parents ont du fric alors elle aussi mes parents sont fauchés alors moi aussi même ça c’est pas tout à fait vrai des sous j’en ai ils m’en donnent mais dès le début j’ai menti dès le début j’ai caché cette source de fric résultat j’ai du fric ça oui j’en ai mais impossible de l’utiliser impossible de le foutre en pleine lumière comme ça du jour au lendemain impossible elle ne comprendrait pas remarque ça pourrait constituer un beau cas de rupture Oh-oh silence La télé est éteinte La lumière sous la porte a changé C’est la lampe du séjour Clic Lampe du couloir allumée Clic Lampe du séjour éteinte Grincement de la porte de la salle de bain Clic de la salle de bain L’eau coule L’eau coule L’eau coule L’eau ne coule plus Clic Grincement de la porte de la salle de bain Grincement de la porte de la chambre La lumière entre Elle entre elle aussi Je ferme les yeux Je change de position en grognant genre je bouge dans mon sommeil Je lui tourne le dos Je n’ouvre plus les yeux Je l’entends se déshabiller Le matelas se creuse un peu quand elle s’allonge Elle me caresse le dos Elle m’embrasse Mon coeur se serre Elle me dit des trucs tendres J’ai envie de pleurer ou quelque chose comme ça Elle se détache de moi Je sens qu’elle commence à s’endormir Qu’est-ce qui l’attache à moi Je ne suis que mépris On ne baise pas Je suis taciturne En fait oui j’ai de l’argent J’ai du fric grâce à ce compte en banque fantôme Je pourrais la quitter Je veux dire techniquement financièrement pratiquement je pourrais la quitter Rien de matériel ou de pragmatique ne s’y oppose Alors quoi Pourquoi bordel pourquoi je dois supporter chaque jour ses avances son corps tout ça toute cette merde Pourquoi est-ce que je suis obligé de massacrer des chiens pour échapper à cette pression de merde Qu’est ce qui ne va pas à la fin
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Je regarde la collection de DVD Il y en a cinq Je me rends compte que ça fait un an Un an que c’est mon unique loisir Un an que ce sont les seules personnes que je rencontre en dehors de la fac Un an que je ne partage plus grand chose à part du sexe peut-être de l’amour avec Julie mais ça compte pas c’est pas du vrai partage c’est rien d’autre que tout au plus une décision un échange à la rigueur mais un partage non un partage certainement pas On fait rien d’autre que baiser quelquefois se déclarer notre amour acheter de la nourriture ou des meubles ensemble la routine ridicule On ne vit plus ensemble on vit à côté l’un de l’autre Je crois que ça ne compte pas Pourtant je ne peux pas la quitter je n’y survivrai pas C’est le bordel tout ça Un an Un an de DVD Y’a un truc qui va pas Y’a un truc qui va plus J’arrête de tourner en rond dans le salon Je suis debout je ne bouge pas Je marche jusqu’au canapé Je m’y assieds Y’a un truc qui va pas Dans un classeur il y a tous les articles concernant le tueur de chiens qui écume la région Je les collectionne Tu parles que les flics s’en foutent Des chiens errants des bâtards Je suis sûr que personne n’a porté plainte Ca fait deux semaines qu’on a pas baisé Possible que julie me lâche Bon faut trouver une idée un truc quelque chose

Il est arrivé le colis il me dit Vous l’avez mis où je demande Dans ma cave Ca craint pas C’est insonorisé l’ancien locataire s’en servait de salle de répète Pourquoi pas la salle de bain On n’aurait pas la place réfléchis un peu Ouais c’est vrai Tu peux venir quand Demain Tu peux pas avant Ben non j’ai des partiels Bon demain alors On se serre la main Je vais en cours J’arrive en retard L’amphi est bondé Personne ne me remarque Je ne trouve pas de place pour m’asseoir Je me pose sur les marches J’essaie de me concentrer Le prof parle de gestalt Ca me fait chier

Je décide de traîner un peu en ville Je suis la ligne jusqu’à la place de la république Il y a des gens qui enfilent leur manteau à la terrasse du bar du TNS Quelques cyclistes me dépassent Je m’accoude à la balustrade de la passerelle des juifs Je regarde couler l’eau passer les canards Le coin n’offre pas prise au vent J’ai les mains dans les poches Du coin de l’oeil je vois une altercation à la station du tram Une jeune fille habillée en rouge se fait agresser par une bande de gamins Ils doivent avoir douze ans pas plus L’un d’eux la menace avec un couteau papillon Je n’entends pas ce qu’ils se disent Une fillette qui fait partie de la bande lui fait un doigt La fille en rouge n’en mène pas large Elle ne bouge pas Elle n’ouvre pas la bouche Les gens autour ne voient pas n’entendent pas Le tramway arrive Elle s’engouffre dedans La bande reste sur le quai Ca me rappelle des vacances dans le sud Je me remémore la scène Je sors de la gare dans l’avenue une nana crie pleure des gens dans une voiture l’embarquent de force je l’entends pleurer tout se passe à cinquante mètres de la gare à vingt mètres du commissariat je passe je suis sourd aveugle j’ai peur la voiture démarre s’éloigne Je laisse tomber un crachat sur un canard Il ne le voit pas venir Ma salive s’écrase sur son crâne Il secoue sa tête pousse un caquètement contrarié remue le cou s’ébroue les ailes s’éloigne disparaît sous le pont en râlant Je sens le froid m’engourdir J’ai envie de recommencer à marcher Je décide d’aller traîner à la FNAC

Le réveil sonne Il est sept heures il me tire d’une torpeur bizarre Mon partiel est dans une heure Dans quatre heures c’est fini je suis tranquille En vacances Je pourrais décompresser Enfin il y aura les parents Après en avant pour la soirée Putain ça j’ai hâte Ca promet Je me demande comment ça va tourner cette affaire De tout façon Heureusement Julie est chez ses parents à elle ça me laisse une semaine pour faire je sais pas au juste enfin une semaine quoi

Je bois une bière dans un bistrot La fenêtre donne sur les quais Il est midi Y a que des quais des ponts ici Ville de marins d’eau douce de suicidaires Ils ont de quoi faire ici les suicidaires

Je prends le tramway C’est calme dedans Mes parents habitent loin Je descends au terminus à illkirch Je marche Putain de quartiers résidentiels On se croirait dans american beauty Ou dans scream Je transpire à force de marcher Je ne croise personne Juste des gamins habillés de neuf en train de jouer dans la rue
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Je sonne Le chien me reconnaît Il jappe Il se tortille de l’autre côté de la barrière Je passe la main pour le caresser Il me lèche avec frénésie sans arrêter de tortiller japper Mon père vient m’ouvrir J’ai la manche poisseuse de bave Le chien sautille jusqu’à mes genoux en jappant Ses yeux tout noirs sont hystériques Il exulte J’embrasse mon père Le chien veut sa part Il ne nous lâche pas Je le prends dans mes bras Il frétille Il lèche tout ce qui passe à sa portée Ses griffes terreuses laissent des traces un peu partout Il pue de la gueule Je remonte toute l’allée avec le chien dans les bras A la porte ma mère me débarrasse du chien Elle le fout dehors avec un os de poulet Le chien m’oublie instantanément Ah mon chéri dit ma mère Elle me prend dans ses bras Nous nous embrassons Elle sent l’eau de cologne de qualité aussi la cuisine C’est un mélange qui me rend nostalgique Ca ne rate jamais Nous passons au salon Le décor du salon n’a pas changé depuis que je suis enfant C’est sans doute objectivement faux C’est comme ça que je ressens les choses Je transmets les nouvelles immédiates à ma mère Mon père nous sert un apéritif Bon moi j’ai à faire dit ma mère Elle retourne à la cuisine Mon père m’attend dans le divan La télé diffuse les infos Je reconnais le présentateur de TF1 Je ne connais pas son nom Je m’assieds à côté de mon père Je prends le verre qu’il me tend nous trinquons je bois C’est du martini C’est la paix retrouvée Un mélange d’enfance d’age adulte Les avantages des deux On me prend en charge pour le reste je ne rends de compte à personne Je fais ce que je veux on s’occupe de moi pour le reste Je rentre à l’heure que je veux mais c’est pas moi qui fais la vaisselle Je sirote mon verre Nous bavardons Il a acheté une console playstation 2 Pour le fils de ma soeur Je sais jamais ce que c’est le lien de parenté Petit cousin ça doit être ça Je ressens une pointe de jalousie J’ai moi aussi l’âge de vouloir une ps2 Mais j’ai pas l’âge de la réclamer J’ai l’âge de me la payer avec mon fric Avec le fric que me donnent mes parents chaque mois Pour que j’étudie tranquillement On sirote nos martinis On bavarde On écoute les informations On commente On écoute ma mère préparer le repas On renifle les odeurs de cuisine qui s’échappent On se crie quelques phrases avec ma mère

J’aide ma mère à débarrasser la table Mon père s’assoupit devant son café La maison sens le poulet le gâteau le cigare Ca sent le dimanche C’est samedi pourtant Je sors Je vais m’étendre sur la chaise longue dans le jardin Le chien me rejoint Il est plus calme que tout à l’heure Il se laisse caresser sans devenir taré Dans la rue deux gamins passent à trottinette Ils n’ont pas l’air armés Je me dis on a vingt ans de retard sur les USA On comble le retard on fait ce qu’on peut Quand j’aurai quarante ans les gamins auront des armes automatiques Ils s’adonneront au drive by shooting Saine activité Ca va être un monde marrant Mes parents seront morts Moi j’y serai préparé Tout le monde peut pas en dire autant Ces gamins-là qui viennent de passer ce seront les vraies victimes La mort de la classe moyenne Les riches seront trop protégés pour que les pauvre aient une chance de les piller Alors c’est la classe moyenne qui morflera Elle se prendra sur la gueule cent ans de misère chauffée au rouge On va se marrer Moi je serai du côté des pauvres ou du côté des très riches Mais je sais déjà que je ne serai pas dans la classe moyenne Je ne serai pas la victime Mon père me rejoint Il me tire de mes pensées Il s’installe sur le transat à côté du mien Il tient deux tasses de café J’en prends une Il est sucré On bavarde De son boulot de mes études On joue avec le chien qui s’en fout un peu Une BMW passe en trombe Des bribes de rap hardcore la poursuivent Mon père à l’air inquiet Le bavardage reprend après un bref blanc Je remarque ça J’espère qu’il ne dépassera pas les soixante-dix ans Il ne pourra pas supporter le monde qui débarque Il ne pourra pas supporter le futur Je regarde l’heure
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J’ai envie d’aller bouffer aux trois brasseurs avant de rejoindre les autres D’abord faut que je passe à la FNAC acheter quelque chose à lire pendant le repas

Il y a un landau au rayon bd Je regarde le bébé à l’intérieur Il me regarde aussi Je lui souris Il me sourit Sa mère n’est pas en vue Je pose les mains sur la poignée du landau Un flash d’adrénaline me saisit Je suis en un instant pantelant En état second Je risque gros Je prends l’escalator Je suis au rayon disque Je prends l’escalator De grosses gouttes de sueur se détachent de mes aisselles Je suis au rayon hi-fi Mes jambes tremblent Je n’ose rien regarder J’ai le ventre très lourd Je passe les portiques de sortie Le vigile me regarde l’air soupçonneux Mais non il soupçonne tout le monde ce con L’escalator Le hall du centre commercial Le gros con de vigie pirate Il me regarde avec mon landau Je dois avoir l’air terrorisé Il ne m’arrête pas Je suis dehors Je pousse un petit rire de malade Je presse le pas Je suis au milieu de la foule place kléber Je tremble d’excitation Je laisse le landau Ah ah J’exulte Toute l’adrénaline accumulée se transforme en dopamine Des flots de joie de décontraction noient le stress C’est jouissif J’ai le coeur qui cogne tout ce qu’il peut Des bourdonnements aux oreilles J’entre dans la librairie kléber J’imagine le scandale de la mère Les vigiles qui cherchent partout Qui se rappellent de moi Quelqu’un qui trouve le landau abandonné appelle les flics Tout ce monde qui se retrouve les flics le bébé la mère les vigiles Tout ce monde qui a imaginé le pire viol ma queue dans ce minuscule anus vagin je ne sais pas mon couteau dans la gorge toute tendre le pire quoi c’est ce qui aurait pu vraiment se produire les cauchemars de la mère des jours durant

A la librairie kléber j’achète le dernier numéro de lapin Je paie je sors Je repasse par l’endroit où j’ai laissé le landau Il n’y est plus Ben voila happy ending en prime des trucs à raconter peut-être une scène de ménage le père qui reproche à la mère sa négligence Je me dis imagine qu’un vrai détraqué ait chopé le landau il serait dans la merde le gamin

Je marche jusqu’aux trois brasseurs Je me rends compte que je marche tout le temps que je ne parle presque jamais Autour de moi les immeubles les voitures les gens défilent Ca ne m’intéresse pas Le décor ne bouge pas vraiment Je ne sais pas quoi dire aux gens Le plus souvent je dialogue seul enfin seul dans ma tête je veux dire Comme maintenant quoi Mes contrariétés je les mets en scène question réponse j’ai les bonnes répliques le beau rôle L’autre est écrasé humilié C’est mieux comme ça Je marche souvent Toutes mes emmerdes y passent

Après la bouffe j’entre dans un bar que je ne connais pas Le demi-litre de bière commence à faire de l’effet Décor musique branchouille Des tablées d’étudiants Je commande une vodka au bar D’ici je peux voir tout Ca m’intéresse pourtant pas J’anticipe les événements de ce soir Ca me met le sourire aux lèvres Des gens de la fac entrent Je les reconnais Ils me font signe de les rejoindre Je vide ma vodka cul-sec Bouffée de chaleur rapide Epine dorsale On se salue Je m’assieds à leur table Un brun à dread qui propose une tournée de rhum je dis oui un blondinet faschion une nana laure quelque chose comme ça l’air un peu pétée On bavarde eux ils vont en teuf ils me disent moi je dis soirée entre amis je dis on sera quatre non cinq ça me fait marrer ils me demandent pourquoi je dis je suis bourré laissez tomber Les rhums arrivent je bois le mien cul sec on bavarde les deux loosers veulent se taper laure c’est pathétique je vais pisser elle y va avec moi ils sont lourds non je demande en chemin Oui elle me répond Tu veux bouger avec moi chez mes amis Chais pas Elle pisse je pisse on se retrouve dehors Ils veulent te sauter je dis Je sais ils font chier T’as qu’à te taper les deux Elle rigole On retourne aux tables La conversation tourne au onze septembre le blondinet débile me demande mon avis il me prend la tête ce con je lui réponds que tout l’été on s’est brossé sans relâche les couilles avec le loft que maintenant c’est au tour de ben laden de nous les faire reluire tout l’hiver j’ajoute que j’en avais rien à foutre du Loft où j’irai jamais ni de new-york où j’irai jamais non plus que je connais personne ni dans le loft ni dans les tours jumelles il a l’air choqué il me regarde sans rien dire puis il dit que je mélange tout il a l’air plutôt écoeuré L’autre le brun me dit que la cathédrale a failli sauter je réponds que je suis sujet au vertige que je suis athée donc je m’en branle il me traite de connard semble faire la gueule Laure me regarde interloquée je suis bien bourré pour détendre l’atmosphère je suggère à laure de tailler une pipe à chacun des deux de choisir ensuite avec lequel elle va baiser Le brun se lève avec l’intention de me coller un pain Je dis du calme je suis pété d’ailleurs je vais y aller Je me lève je titube jusqu’à la sortie Pauvre cons je me dis Je me demande si j’ai foutu en l’air leur soirée merdique Bof de toute façon ils en auront d’autres Il est temps d’aller chez frank je me dis
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Je traverse un quartier pavillonnaire dans une ambiance de film parano genre x-files Il n’y a personne dans les rues toutes les maisons se ressemblent à travers toutes les fenêtres il y a les mêmes lueurs de télé qui tremblotent bleues pales synchrones En me concentrant j’entends les mêmes dialogues du même film me traverser les oreilles en super-super-stéréo C’est hallucinant Un scooter me dépasse en criant enculé ça casse le truc Je fronce les sourcils Il est déjà loin Je suis à deux de tension Je me rends compte que je suis debout au milieu de la route Je regarde autour de moi J’ai un instant d’hébétude Je fronce encore les sourcils Je repars

Frank a un pavillon c’est le seul d’entre nous c’est le seul aussi qui bosse enfin un truc de fonctionnaire un truc je sais pas quoi j’arrive pas à me rappeler juste qu’il aime pas ce qu’il fait

Je sonne Il m’ouvre en rigolant Entre il dit on matait un DVD évolution ça s’appelle c’est du mec qui a fait ghostbusters c’est trop drôle Les autres sont déjà là il ajoute

Jf me propose un exta

Bon on va pas tarder dit frank Les deux autres se lèvent Je me frotte les mains Eux ils farfouillent dans les sacs qu’ils ont emmenés Ils en sortent des cagoules pour nous tous puis aussi des godes des fouets des trucs bizarres ils les ont achetés dans un sex-shop je me dis On met les cagoules on est tous un peu nerveux excités même frank pourtant pour frank c’est la deuxième fois on dit des vannes foireuses tout ça me fait penser à des lycéens à un premier rencard c’est vraiment une ambiance très spéciale tout y contribue les cagoules tout le matos l’alcool qui continue à me perturber le jugement l’ampoule de l’escalier qui éclaire jaune l’escalier crado qui mène à la cave l’idée que je me fais de la cave la cave en vrai tout ça toute cette scène sort d’un film Frank allume la cave C’est comme dans mon imagination les pierres apparentes les toiles d’araignées dans les coins les meubles pourrissants l’odeur humide renfermée la lueur pisseuse du néon recouvert de poussière le bruit de l’aération les gémissements de la fille Je la découvre Entre la lumière qui masque les contours mais souligne les formes les effets de l’alcool de l’exta c’est comme si elle était hyper à poil c’est la nana la plus nue que j’ai jamais vue plus elle se tortille pour cacher sa chair plus elle est nue elle est bâillonnée ligotée ses yeux reflètent le néon ses yeux sont plein d’effroi la lumière est irrégulière le néon est vieux il tremblote sa lumière tremblote sur la peau de la fille elle scintille elle donne vraiment l’impression de scintiller je me dis elle pourrait disparaître elle pourrait disparaître d’un instant à l’autre dans un sens c’est pas seulement un délire c’est vrai d’une certaine façon c’est vrai je me dis je n’ai jamais rien vu d’aussi beau que cette fille ligotée effrayée frank fait claquer son fouet il ressemble à un dompteur ou à un nazi avec le fouet la cagoule il est beau comme un ss je bande aussitôt puis je me dis faut être malade mais c’est vrai pourtant c’est vrai dans ces circonstances avec ces substances qui agissent sur moi je suis forcé de le voir forcé de l’admettre c’est beau un ss c’est beau le mal c’est excitant Je bande aussi sec Elle se recroqueville On s’approche tous on est mal à l’aise on dirait le début d’un tournage personne ne sait au juste quoi faire on attend tous que quelqu’un dise moteur c’est un moment de super trac de super excitation je bande dur j’en profite pour bien la regarder elle est grosse elle se tient sur le dos les bras attachés dans son dos les jambes attachées aux chevilles légèrement repliées de la cellulite aux bras aux cuisses des mollets de coureur l’intérieur des cuisses marbré de vergetures sa chatte bien rasée c’est un peu écoeurant double menton les cheveux emmêlés les lèvres de sa chatte sont un peu trop charnues elle bouge un peu sans ça avec cette lumière on dirait un cadavre son air terrifié la rend très belle je demande à frank c’est une pute il me répond elle est au lycée c’est tout il refait claquer son fouet pas dans le vide ce coup-ci elle gémit il y a une zébrure rose vif qui barre son gros ventre elle se contracte ses seins se lèvent son ventre bouge bizarrement la zébrure je me dis la zébrure a pris la couleur du jambon de pays ses yeux sont verts Frank enlève son bâillon il la gifle à la volée il lui ouvre la bouche il jette dedans un cachet bleu ciel qu’il la force à avaler jf demande c’est quoi frank répond c’est un valium comme ça dans un quart d’heure elle sera complètement à la masse c’est son quatrième aujourd’hui on pourra faire ce qu’on veut avec elle Alors on la laisse un moment tranquille on en profite pour écluser des bières reprendre un exta chacun ils sont coupés au speed je le sens dans mes mâchoires dans mon organisme des coups de boutoir on dit quelques conneries au bout d’un moment elle est toute molle à qui le tour demande frank il donne du fouet en l’air il crie sa voix résonne j’ai l’impression qu’elle fait le tour de la cave pour venir jusqu’à mes oreilles je suis sûr qu’en me concentrant un peu je pourrais la voir rebondir contre les murs allez salope il gueule allez mets-toi à quatre pattes sale pute allez le fouet claque elle essaie de se mettre à quatre pattes elle galère à cause des liens elle y arrive quand même elle a le dos creusé le cul levé elle tourne la tête vers nous elle a peur
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Marc s’enduit trois doigts de vaseline

On s’agenouille pour que

Pendant que marc s’accroupit derrière elle ses doigts luisants de vaseline

Il les fourre d’abord dans le

Sa bouche se serre se resserre sur

Il lui ramone l’intérieur de

Sa langue suit le mouvement

Maintenant il enfonce son majeur brillant dans

Il fouille profondément elle grimace il rajoute deux autres doigts gras

Pendant que frank lui lève la tête lui enfonce

Il y retourne j’y retourne aussi on est deux dans sa

On se retire juste avant de jouir pour qu’elle prenne tout dans la gueule on la traite de salope j’y fous un coup de poing

Je suis calme

Sa pommette craque

Je vais pour recommencer jf dit attends alors j’attends je me demande ce qu’il veut faire

Elle saigne

On la relève à coups de fouets Elle est debout

Frank dit on va tous te baiser maintenant salope on va te défoncer la chatte le cul salope t’es qu’une salope sale pute écarte les cuisses elles sont trop grasses tes cuisses salope on va te les écarter à coups de fouet salope écarte écarte mieux je veux voir ta chatte tu mouilles hein grosse pute tu mouilles nous on l’écoute on est fasciné

Marc lui jouit dans la chatte jf lui fout sur le ventre frank rebande dit je vais t’enculer salope connasse je vais te la foutre dans le cul il rigole il répète je vais te la foutre dans le cul connasse dans le cul connasse connasse

Il jouit en grognant

Elle est couchée par terre je suis couché dessus je lui tiens les hanches je rentre ma

Je l’insulte Je ne sais pas ce qui me passe par la tête j’ai l’impression de dire des phrases horrible belles insultantes poétiques

Elle tremble elle est complètement flippée abandonnée pantelante victime passive j’essaie de me rappeler combien de fois elle s’est faite bourrer j’y arrive pas je suis trop parti c’est tellement confus tellement confus

Je bave sur sa peau Je regarde ma salive couler Je la mords jusqu’au sang Je ne suis pas seul

Je plante mes doigts dans sa graisse je la malaxe je la griffe La sueur l’odeur je deviens fou je me sens traversé par le mal le diable je crie

Je vais jouir je vais jouir

Sa beauté s’évanouit Ca cesse d’être surnaturel

Après je la force à nettoyer avec sa langue ma

Jf la fouette pendant qu’elle me

Les autres sont assis l’exta redescend un peu je sens la fatigue me rattraper il faut faire quelque chose si je me laisse aller j’aurai mal à tous les muscles envie de gerber de dormir déjà mes mâchoires serrent faut faire quelque chose

On picole pour faire remonter Je reprends un demi pour entretenir on se fait des rails d’exta

J’ai envie de pisser je dis à frank tiens lui la bouche ouverte je vais lui

Elle tousse

Nos cagoules c’est vraiment trop la classe

Elle est allongée sale dégueulasse pleine de sperme de sang le visage tuméfié sanglant dégoulinant de pisse j’ai une idée j’écrase en poudre les derniers cachets on prépare des rails sur son ventre à cause de la sueur c’est merdique on sniffe que dalle mais c’est quand trop mortel trop la classe c’est beau comme un film

Frank dit ça te plairait qu’on recommence tous les samedis soir qu’on fasse la fête ensemble hein grosse truie ça te plairait dis oui elle dit oui ses lèvres sont enflées j’attaque la redescente je sens le malaise approcher je propose un joint marc dit bonne idée on remonte

On a enlevé nos cagoules on est affalé sur le canapé on est fourbus détruits j’ai mal partout mal à la queue aux cuisses aux bras les autres c’est pareil même avec les chiens c’était pas aussi fatiguant je tire une latte du joint qui passe

Je m’endors

Le lendemain je me réveille vaseux J’ai mal aux muscles je suis cassé de courbatures j’ai la gueule de bois la lumière me tue les yeux ma salive est épaisse je suis sale je pue sans doute Je regarde l’heure il est onze heures du matin J’ai dormi sur le canapé La pièce est vide J’entends un bruit de cafetière Je vais à la cuisine Il y a frank qui prépare un café il me dit t’en veux un je dis oui france-info en sourdine débite des infos dont je me fous C’était une bonne idée cette soirée je me suis jamais senti aussi sain aussi en forme Il rigole doucement Je ris un peu moi aussi

Je rentre chez moi

Le dimanche finit lentement Ma gueule de bois s’estompe

J’ai faim Je décide d’aller bouffer au mac do

Je vais au cinéma Je ne sais pas quoi voir Je décide de voir shinning qui repasse

Je sors du cinéma bien fatigué

Des jours passent



FIN
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drÖne
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Message par drÖne »

Clap, clap, clap ! Il est bien ton roman. T'as aucune chance de le placer chez Arlequin, ça c'est sûr ! En tout cas, cette galerie de personnages aussi glauques que désespérés est plutôt fascinante... T'as cherché à le publier ?

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

c'est en cours. un écrivain semi-connu l'a eu sous les yeux au hasard d'un forum, et il lui a assez plu pour qu'il me pistonne auprès de beigbeder et de deux autres éditeurs qu'il connaît bien. donc, début octobre il est lu (lu, et pas parcouru, ô chance !) et après, asta la vista :)

merci de tes claps-claps, si je savais faire la révérence...

(à noter que je suis sur le deuxième volume de ce qui est une trilogie, et qui va plus explorer la condition de victime, premières feuilles dans un an si tout va bien)
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