Pat
Avant à la place de cette poste il y avait une piscine municipale en plein air.
On y allait avec l'école.
Les dalles en cailloux

étaient si vieilles qu'on s'y taillaient les orteils et la plante des pieds.
Les cailloux usés par les tongs de générations succesives de maître-nageur présentaient de tranchantes et carnassières arrêtes; le sparadra et le mercurochrome étaient de rigueur dans le cartable de la maîtresse les jours où on avait pistoche .
puis le maire sortant fit construire aqualuna la belle piscine couverte,
et bien qu'il ne fut pas ré-élu pour autant, aqualuna est toujours là.
L'ancienne piscine servit quelques temps de repaires obscurs trans-gérationnelles, inter-zone collective lourde de souvenirs chlorés.
L'après midi les merdeux de 10-12 ans venaient y fumer leurs premières clopes et échanger leurs premiers baisers à grand renfort d'hollywood goût chlorophyle.
Le soir les grands frères perdus venaient s'y fixer à l'abri des regards, ils devaient y cuver leurs songes de lotophages jusqu'au début de la vrai nuit celle qui ne commence qu'après 2heures du mat.
Plus tard dans la nuit je n'ose pas imaginer le genre de vieilles radasses et de faux jeunes gîtons qui devaient y arrondir les fins de mois avec les gras du bide fuyant leurs bourgeoises.
Le petit matin et la matiné appartenaît sûrement aux clodos qui y pionçaient discrets .
Ensuite on a rasé la piscine abandonnée et construit la belle poste toute neuve que vous pouvez voir.
Et l'ancienne poste, avec ces cabines téléphoniques en bois alignées sur la gauche et sur la droite le meuble couvrant le mur et accueillant les annuaires de toute la France, la vieille poste où je faisais portier pour tuer le temps quand ma mère perdait le sien à faire la queue, a laissé place à un parking.
Celui sur lequel je me garais quand j'allais squatter le Djoul aka Primus non sans acheter mon kefta frite chez le marocain qui a ouvert un snack kebab Rue Rousseau.
Lunel quoi
