Que faire contre la conjuration des imbéciles ?

Désobéissances et micro-résistances.

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juko
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Message par juko »

Reaction furtive et limitée d'un mammifère marin qui pour l'instant choisit le furtif et limité dans cette zone
Stalker est à l'origine un bouquin de SF des Frères Strougatski, écrivains russes je crois, un tres bon bouquin à un tempo diamétralement opposé au film de Tarkovsky, cad tres speed.

sinon cette phrase:"On souffre comme si on voulait se sortir des sables mouvants en se tirant par ses propres cheveux", ouaouh! exactement ça!
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drÖne
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Message par drÖne »

C'est vrai que le film Stalker est lent. Trèèèèès lent... aux antipodes du cinéma hollywoodien. Remarque, on est en phase là avec notre idée de refus de l'efficacité, pour autant qu'il soit efficace de juger un film au nombre de plans à la seconde !

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drÖne
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LLB
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Message par LLB »

Ca fait plaisir de te lire, Juko, je ne savais pas que tu étais un mammifère marin. Mais tant qu'à être dans le monde des chimères, j'emprunte au baron de Munchaüsen la technique qui consiste à se tirer par les cheveux pour se sortir des sables mouvants, ça rend compte de manière si juste de situations multiples.
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ian
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Message par ian »

Salut,
je viens de lire ces premières pages de convergence. Ce qu'il en ressort, c'est d'abord que nous sommes d'accord sur la nécessité de changer ce monde, d'une manière qui est plus ou moins interventionniste suivant les individus. Nous sommes aussi d'accord sur pas mal de valeurs.
Bien sûr, nous serons difficilement d'accord sur la façon d'agir; de l'action terroriste et radicale à la non-violence de gandhi (le non-agir n'est pas l'inaction, c'est plutôt l'action qui s'inscrit sur une durée beaucoup plus longue), tout est possible, mais à mon sens, seul le raisonnable est souhaitable.
Je pense qu'une manifestation en faveur des free serait par exemple plus efficace si c'était un sitting rigoureusement silencieux. L'image de ces personnes assises, l'air sérieux, silencieuses, contrasterait efficacement avec celle générée habituellement par les teufs, bruyante et chaotique. Ce genre de rééquilibrage est généralement plus efficace que l'accentuation de l'extrémisme.
Si nous sommes dans l'optique d'orienter le changement (plutôt que de laisser faire la Nature), une communication efficace doit être mise en place. Et elle doit se décliner sur tous les modes; elle doit être théorique, avec de longs textes réflexifs (le petit livre rouge) et des actions relativement élitistes, comme certains happenings. Elle doit aussi être "moyenne", c'est-à-dire simplifiée à l'usage des médias généraux. Elle doit être enfin ultra-simplifiée, quitte à frôler le simplisme, avec des slogans et des symboles forts, à l'usage de la masse des gens qui ne retiennent que cette formule. C'est à ce prix qu'il peut y avoir une efficacité et que l'on peut espérer des résultats visibles.

Pour prendre l'exemple de la Nuit des meutes, le communiqué de presse était effectivement trop vague pour intéresser les médias. Peu de journalistes font l'effort de comprendre ce genre d'actions. Et la volonté de ne pas spectaculariser ne leur permet pas de filmer, d'enregistrer ou de raconter quoi que soit. Bref, si l'on n'offre pas aux journalistes un "spectacle" à voir, il n'y aura pas pour eux d"'histoire" à raconter. Donc ils n'en parleront pas du tout.
Pour évoquer rapidement la presse, je pense qu'il est temps d'abandonner la défiance peureuse que l'on ressent souvent à son égard. La presse, les médias en général sont un outil, et rien d'autre. On pourrait dire une arme: posée au milieu du champ, elle attend qu'un des protagonistes la saisisse et tire. Si nous laissons l'arme à l'usage exclusif de notre ennemi - l'homme politique, par exemple, qui a parfaitement compris comment s'en servir - nous ne pouvons que perdre le duel. Il est nécessaire d'apprendre l'usage correcte des médias, et de s'en servir à chaque fois que nécessaire.
La page du courrier des lecteurs, par exemple, est très lue et très facile d'accès, du moins pour les médias régionaux. Ils passent généralement tout le courrier qu'ils reçoivent, du moment qu'il ne contient pas de propos outranciers ou de mise en cause de personnes privées. Timothy Leary était un habitué de cette technique. Il utilisait la provocation en écrivant sous de fausses identités des lettres qui appelaient par exemple à la condamnation à mort des petits délinquants. Ce genre de propos entraînait de nombreuses réactions indignées qui faisait avancer, pour Leary, le débat dans le sens voulu. Il avait adopté ce stratagème après avoir constaté que les journaux ne publiait pas quand il signait de son propre nom.

Bref, si nous souhaitons être efficaces dans notre intervention sur le monde, nous ne devons rejeter aucune voie et ne s'isoler d'aucun "milieu". Mais le souhaitons-nous vraiment? A mon sens, il est moins illusoire de ne changer que nous-mêmes, sans volonté de changer le reste du monde. Car il changera sans nous, dans le sens qu'il plaira au hasard d'adopter, sans que nous n'y puissions rien...
Allez, on essaye quand même?
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Message par LLB »

D'accord quand tu dis qu'il faut différents types d'actions, mais dommage d'en arriver finalement à une telle envie d'être relayés par les médias. Pour quoi faire? Pourquoi aurait-il fallu que les médias parlent absolument de la Nuit des Meutes et pour faire quoi? Pour toucher un large public? Mais à quoi ça sert si on touche sur la base de malentendus, d'inversions de sens, ce qui arrive fatalement si on tente d'optimiser mécaniquement la communication sur le mode d'une simplification (la vulgarisation). Si la Nuit des Meutes avait été un succès médiatique, ses organisateurs seraient peut-être très occupés aujourd'hui à devoir gérer les suites, dans un cadre qui ne serait peut-être pas formidable pour eux, et il n'y aurait peut être pas ce forum où chacun ressent le besoin de prendre en charge ses modes d'action au lieu de regarder les suites justement.
En tant que public des médias, je ne déteste rien tant que des discours qui se déguise en publicité basique, comme ces associations humanitaires qui délèguent leur parole aux spécialistes au marketing, on se retrouve avec des slogans simplistes qui ne révèlent que leur mépris du public. Bien sûr ça marche, au sens où on les voit, mais qu'est ce qui marche là-dedans? Un usage désenchanté, on voit toutes les ficelles. On est indulgent pour les causes dont on sait par d'autres canaux que la pub qu'elles sont vraissemblablement intéressantes, mais on ne peut plus espérer que moindre révolutions des rapports sociaux viennent de là. La culture médiatique des publics est absolument sous-estimée, je travaille là-dessus : ce qui est repéré dans les slogans simplistes, c'est le genre "slogan simpliste". Encore une fois on est capable de comprendre qu'on ait recours à ces réthoriques désolantes parce qu'en tant que publics on les connaît tous ces procédés, mais l'intérêt pour les idées ne vient certes pas des slogans. Oui il faut s'exprimer et écrire (dans la page courrier, bonne idée) mais pas besoin de déployer le spectre de la communication efficace des discours complexes pour les happy few aux slogans pour les autres. Ca repose sur une conception utilitariste et rentables des communications sociales qui fait partie de ce que nous devrions justement chercher à changer.
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Message par drÖne »

Les milieux alternatifs et militants se situent en effet très souvent dans cette ambiguité qui consiste d'un côté à dénoncer les effets des médias, ainsi que le type de discours porté par les médias, tout en regrettant d'un autre côté que les médias ne se fassent pas l'écho de leurs actions. Autre aspect des choses : les médias sont-ils vraiment - et seulement - des "outils" dont il suffirait de se saisir pour être correctement entendu dans l'espace public ? A l'évidence, non : les médias (traditionnels) ne sont pas des relais "transparents" des idées, mais constituent des espaces institutionnels, sociaux et discursif dôtés de leurs propres modes de fonctionnements, idéologies, valeurs, représentations, etc. Car il ne s'agit pas d'outils, au sens propre, mais d'assemblages complexes d'humains, de discours (avec une rhétorique des genres), d'enjeux économiques, de légitimités, etc. S'il s'agissait uniquement de techniques, les utiliser au profit de n'importe quelle cause serait simple. Mais derrière les médias (ou avec eux), il y a le monde des journalistes, leurs formations, leurs finançeurs, leurs habitudes d'écriture, etc. : tout cela fait écran entre la réalité et le lecteur ou le téléspectateur. Même chose avec internet qui n'est pas plus "transparent" pour l'usager que ne l'est la télévision pour le téléspectateur. S'il n'est pas impossible de "manipuler" les médias et de les utiliser pour porter une cause dans l'espace public, il reste vrai, comme le dit LLb, que ça revient souvent à adopter les rhétoriques qu'on combat par ailleurs et que les publics, qu'on sous-estime toujours a priori dans ce genre de raisonnements, repèrent bien ces effets de rhétorique.

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Message par LLB »

Je reviens sur ce qu'exprime Ian, à raison, quand il pose la question : le monde change sans nous, comment espérer le changer si on n'agit seulement à son échelle micro voire individuelle. On l'a souvent dit dans ce forum mais personnellement je ne pense pas qu'on puisse prétendre changer autrui. On peut se confronter essayer de convaincre (de séduire, d'influencer, de s'imposer dans l'espace et le temps de chacun "coucou je suis là", ce que fait la publicité) mais je ne vois pas comment on pourrait prétendre changer autrui directement, à moins de postuler que chacun de nous est suceptible de changer de la même manière, aussi facilement. C'est pourquoi j'ai plutôt confiance non pas dans l'efficacité d'une action globale, mais dans le fait que des individus qui ne se seraient pas reconnus comme étant proches dans leurs aspirations se mettent en réseau. Pour moi, l'action, c'est celle des individus et des groupes; et le changement, c'est le fait qu'ils deviennent témoins les uns des autres et que ça change la portée de ce qu'ils font, dans un sens qu'on ne peut pas prévoir. Mais justement, tous les modèles qui planifient des programmes d'action collectives aux objectifs décidés d'avance reproduisent ce qu'ils combattent. J'ai confiance dans le fait que nous sommes probablement très nombreux à ne pas voir encore ce qui n'a pas été catégorisé comme action, et comme convergence, mais que des mises en réseau et comme Ian le propose, une expression publique, peuvent rendre apparents. En fait je n'en sais rien, je dis que j'ai confiance mais en même temps, j'avoue un pessimisme profond, je n'aime pas le cours des choses, mais je ne veux pas me sentir obligé d'en passer par des mécanismes qui sont ceux qui nous étouffent pour changer les choses. Je suis membres de quelques trucs comme tout lemonde, des assos etc. si jamais je les voyais prendre le masque de l'ennemi par souci d'efficacité stratégique, je m'en détournerai aussitôt, parce que ça serait pour moi le véritable signe de la puissance des idéologies qui nous écrasent. lJe préfère penser que des dimensions de l'existence humaine supposées condamnées se développent, sans aucune efficacité peut-être, mais le simple fait de les faire exister et de les reconnaître est déjà pour moi considérable.
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Message par miss_yl »

drÖne a écrit :
bin a écrit :oui c'est vrai , je dois trop rester dans le concret. en meme tps j'aurais du mal à m'en defaire. des formes de recalcitrances capables de se départir de l'efficace éculé du slogan, oui! mais je me pose tout de meme une question - avec ki desirons nous communiquer? s'agit-t-il de toucher le plus grand nombre ou de faire du cas pas cas?
A mon avis, ce qui compte c'est justement d'éviter de poser la question dans ces termes. Car la communication est sans arrêt pensée ainsi par la pub, les politiques, les syndicalistes ou le marketting : un "message", une cible définie (paradoxalement, cette cible est souvent le plus grand nombre. Sinon, il s'agit de "niches" : un terme de marketing). Si on veut changer les choses, même à un petit niveau, il faut se défaire de tous ces présupposés sur la "bonne" communication qui serait "bien" préparée, "bien ciblée", pour être lisible et compréhensible par "le plus grand nombre". Ce qu'il nous faudrait, c'est un principe alternatif de diversité, une sorte d'écologie de la communication qui ne verrouille rien en amont (ni la cible, ni les formes du message, ni les caractéristiques du support) et n'anticipe pas trop sur la réception. Car il ne servirait à rien de prôner la diversité, l'émergence et les convergences si on devait pratiquer, dans les signes qu'on mettrait en circulation, l'homogénéité, la structuration et l'exclusion (car on exclue plus surement un public si on destine un message à tous : tous, c'est comme "on", ça n'existe pas. Quand "on" s'adresse à moi comme à n'importe qui, comme à un "on", j'estime que ça relève de l'insulte car ça me nie en tant qu'individu libre d'être différent : la pub est une forme assez sophistiquée d'insulte). Je ne suis pas un grand fan de Barthes, au plan scientifique, mais je dois reconnaître que son texte "Leçon" (Seuil, 1978), qui est très court et très facile et agréable à lire, relève d'un refus d'instrumentaliser la communication qui est assez éclairant. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec la "stratégie" de lutte contre le pouvoir qu'il dessine (il mise sur la littérature, qu'il voit comme une forme rebelle par rapport au caractère "fasciste" du langage normé, ce qui est un peu caricatural), mais il me semble qu'il y a des trucs à glaner et à réfléchir dans son texte.
Bon, alors, je débarque seulement maintenant, et je m'en excuse, care cette discussion est d'autant plus intéressante qu'elle touche un domaine qui est miens : la communication.

Je travaille dans la pub. Houuuuuuuuuuh, la vilaine !!!! En tout cas, j'y ais travaillé longtemps...

Je viens de lire vos messages, et j'avoue que celui-ci de dröne me semble particulièrement proche de la réalité publicitaire.

En effet, les publicitaires cherchent avant tout à attirer l'attention du plus grand nombre par des messages visant à toucher des valeurs communes. Le problème, à mon sens, c'est que justement, on cherche à toucher une majorité, faite d'individus qui ne se sentent pas touché en tant que tel.

Bref, je regardais la TV hier, houuuuuuuuu la encore plus vilaine !!! Et je suis tombée sur une espèce de pseudo explication sur le danger de la candidature de Coluche aux élections de 81 (OK, mes références sont peut-être moins culturelles, mais bon...). Et j'en ai tiré une chose très intéressante : il avait basé toute sa campagne sur le fait que le gouvernement ne prenait pas en compte les minorités. Et toutes les minorités réunies, bah, ca faisait une majorité.

Son discours ressemblait à celui-là : À tous les taulards, les pédés, les clochards, les alcooliques, les femmes, les vieux, les jeunes, les drogués... votez pour moi, on leur mettra bien profond.

Bah, c'est un peu ça le truc. Il faut savoir s'adresser aux individus en tant qu'individus et non en tant que masse.
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TouF
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Message par TouF »

Coluche fut pour moi un tres grand homme, l' archétype du "récalcitrant" (déjà avant 1981), un "déclencheur". Si il y en a ici qui ne jurent que par Barthès ou autres ecrivains, penseurs, philosophes, etc ... je ne jure que par lui !...disons que j' ai moins de mal à le comprendre, même dans ses sketchs au nieme degré)
Il faut savoir s'adresser aux individus en tant qu'individus et non en tant que masse.
bonne remarque!
ne faudrait il pas rajouter "pour qu ils gardent leur invidualité" ?
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patman
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Message par patman »

coume sa, un peu h-s:
ce ke je peux lire et capter izi, cela me fait penser à la chiraquie, elle joue enormement des outils de communication et laisse à lasse, la meditation et l'action, C nawak a part leur plan média...

++
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