la souffrance au passé

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Modérateur : drÖne

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drÖne
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Message par drÖne »

J'ai vu les images du nouveau mémorial à Auschwitz. Ce qui est étrange, c'est le traitement artistique du lieu, avec une couche de "symbolique" : dans la partie française, des fils de métal tendus à travers les bâtiments sont supposés représenter les vies, et ils s'arrêtent pour "symboliser" la mort. Ca plus des projections vidéo, etc. C'est un peu comme si le lieu, dans sa réalité brutale, ne suffisait plus à faire réfléchir ni à constituer une méoire : il faut maintenant du "symbole". C'est ça que je n'aime pas trop.

Sinon, à propos de Simone Veil :
« Nous sommes très maltraités »

Un mur dont Simone Veil se félicite qu'il ait été érigé « ici, en France, où nous avons été arrêtés, discriminés, humiliés, avant d'être déportés... »

Néanmoins rappelle l'ex-ministre, « nous sommes souvent très maltraités, encore aujourd'hui on nous pose des questions perfides : vous, les survivants, quelles bassesses avez-vous commises pour être là ? »

Ou encore : « Pourquoi n'avez-vous pas parlé tout de suite ? Parce que ça n'intéressait pas ! Parce que beaucoup préféraient oublier ! Parce qu'on n'avait pas commencé à en parler qu'il fallait tourner la page ! »

Cette fois, les grandes commémorations qui vont se dérouler à Auschwitz, permettront de « rétablir la vérité, dire au monde entier ce qui s'est passé à Auschwitz, le mal absolu ».

« Nous sommes là pour très peu de temps encore », pour dire que « d'autre que les juifs, notamment les tziganes, sont morts à Auschwitz, Sobibor, Treblinka, Belzek, mais que seuls les juifs n'y ont été amenés de toute l'Europe que pour être exterminés. Ils devaient tous mourir ! »

« Il n'est rien resté que cette fumée noire et le ciel empesté de la fumée de ceux que nous aimions. Les nazis ont voulu supprimer toutes les traces mais à Auschwitz ils n'ont pas pu ! »
Dernier point : ceux dont on parle le moins, ce sont les "fous" qui ont été gazés les premiers : c'est sur eux qu'on a testé les méthodes qui ont ensuite été étendues aux juifs, aux tziganes, aux communistes, aux homosexuels, etc.

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drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
juko
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Message par juko »

exact
l'euthanasie, les premiers tests...
je suis assez d'accord avec toi sur l'etrange necessité de symboliser "artistiquement" ce qui peut-etre est trop cru, et qui a mon sens se suffit pour mesurer l'insondable.
Mais ce pavillon a au moins le mérite d'exister dans une forme plus acceptable que précédemmnent, amha.
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drÖne
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Message par drÖne »

Oui, bien sûr, l'exposition précédente était, d'après ce que j'ai compris, assez discutable. Puisqu'on est plusieurs à s'intéresser aux questions de muséologie ici, voici un extrait du document de présentation de l'exposition :

http://www.defense.gouv.fr/portal_repos ... er/getData
Intentions scénographiques et graphiques
par Martin MICHEL,
scénographe de l’exposition du pavillon français d’Auschwitz
et Delphine LEIBOVICI,
graphiste de l’exposition du pavillon français d’Auschwitz
Il s’agissait pour nous de mettre en place un contenu à la fois informatif et émotionnel, sans
effets scénographiques gratuits. Rendre sensible l’histoire générale en l’incarnant, en lui donnant
un visage.
Les travaux du bâtiment ont été conduits dans l’idée de garder les volumes existants et les
matières brutes, sans habillage. La lumière naturelle est filtrée afin de plonger les salles dans la
pénombre tout en préservant la vue sur l’extérieur.
L’histoire générale se déroule chronologiquement, en périphérie sur les murs tout au long de
l’exposition. Simultanément, les itinéraires particuliers de cinq personnalités jalonnent l’espace au
centre des différentes salles.
La vie des personnages est symbolisée par des câbles tendus, lignes de vie fragiles et fortes à la
fois, elles traversent les murs, puis s’arrêtent subitement avec la mort.
La couleur a été un moyen de dissocier l’histoire individuelle de l’histoire générale qui est traitée
en noir et blanc. Chaque personnage a une couleur propre pour montrer à la fois sa personnalité
et son appartenance à un groupe qu’il représente. Ce code de couleur permet aussi d’établir des
correspondances entre des moments précis de l’histoire individuelle et l’histoire générale.
Des ombres de taille humaine habitent les murs des différentes salles. Elles sont à la fois ombres
des victimes, de toutes celles dont on ne parle pas, mais aussi l’ombre du visiteur, notre propre
ombre.
Les salles « Matricules » et « Se souvenir » s’opposent et se répondent à la fois. L’une traite de la
déshumanisation des victimes ; les matricules y remplacent les visages, les chiffres, les vies. L’autre
traite au contraire de chaque vie, et redonne leur visage et leur nom aux victimes, grâce au travail
de Serge Klarsfeld, du CDJC et de la FMD.
Dans les deux dernières salles consacrées à la vie et au souvenir des déportés, en particulier des
enfants, il a été fait appel à des supports multimédias –bornes interactives, enregistrements filmés
de témoignages- pour créer un contact plus direct avec le public.
C'est la dernière phrase qui éclaire le tout, à mon avis : "créer un contact plus direct" avec des bornes multimédias. Pfff... Désespérant.

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drÖne
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