legangdeprimeur

Désobéissances et micro-résistances.

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charlie
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legangdeprimeur

Message par charlie »

les textes qu'un mec distribue en manif au gré des occasions...
( legangdeprimeur@free.fr )

"la paix c'est la guerre" mars 2003
LA PAIX C’EST LA GUERRE !


La ’’Guerre’’ ne vient pas de commencer. Elle est permanente et ubiquitaire. Elle est dans chaque moment de nos vies ; dans toutes les têtes, dans tous les corps.

Elle ne se cantonne pas aux bombardements sur l’Irak qui recommencent après n’avoir jamais cessés, ni à des manoeuvres militaires ici ou là. LA GUERRE, C’EST L’ORGANISATION DE CE MONDE, en temps de ’’paix’’ comme en temps de ’’guerre’’. Le spectacle de guerre auquel on assiste aujourd’hui, n’est qu’une péripétie nécessaire à cette organisation.

Les victimes sont quotidiennes : Exécutés. Empoisonnés. Irradiés. Gazés. Pollués. Soignés. Parqués. Condamnés. Scolarisés. Emprisonnés. Internés. Syndiqués. Bombardés. Napalmés. Broyés. Informés. Formés. Déformés. Accouchés. Echographiés. Congelés. Eprouvettés.

Ce qui fait l’efficacité redoutable de cette Guerre, c’est l’ignorance même de son existance par une grande partie de ceux qui la subissent. Les indiens accueillant les conquistadors à bras ouverts.

La ’’paix’’ qui résulterait de la cessation de la ’’guerre’’ en Irak est une illusion. De même qu’on est dans l’impossibilité de savoir ce qui se passe réellement là-bas, – la quantité de bombes déversée sur Bagdad est censée être supérieure en puissance à la bombe d’Hiroshima et l’on ne parle que de quelques dizaines de morts – il est tout à fait possible d’exterminer des populations sans pour autant faire s’émouvoir l’électeur. (Tchétchènes, Tibétains...). Selon la stratégie adoptée.

La phase suivante est déjà commencée ; on envoie des médicaments par la filière humanitaire : la guerre chimique tant fustigée par nos dirigeants démocrates !

Et si jamais les populations d’ici ne continuent pas à faire exactement où il faut toutes seules, on fera comme avec les antibiotiques : après leur avoir vendu comme panacée pendant des décénies, après qu’elles se soient approprié le discours dominant, on leur dira et fera dire exactement le contraire en les traitant d’abrutis ! – Parce que vous le valez bien ! !

Le véritable enjeu de cette véritable Guerre mondiale et permanente est la soumission toujours plus grande de toujours plus de monde.


NOUS NE VOULONS NI DES GUERRES DE CE MONDE , NI DES PETS DE CE MONDE : NOUS NE VOULONS PAS DE CE MONDE DE LA SOUMISSION !

NOUS NE VOULONS PARTAGER NI RICHESSES NI TEMPS DE TRAVAIL, NOUS VOULONS VIVRE !

L’AMBASSADE DES ETATS-UNIS EST BIEN GARDEE ? OCCUPONS-EN D’AUTRES : ELLES SE VALENT TOUTES !



NOUS NE RISQUONS RIEN D’AUTRE QUE DE DEVENIR VIVANTS, NOUS SOMMES DEJA MORTS.


Le Gang Déprimeur
NI RETRAITES NI INTERMITTENCES juillet 2003, distribué pendant la manif des intermittents qui s'est enterrée au panthéon...
NI RETRAITES NI INTERMITTENCES :
(La vie c’est maintenant et à chaque instant)

GREVE GENERALE PERMANENTE ET DEFINITIVE !


La vie est trop courte pour la perdre en élections, revendications, soumissions, et autres humiliations. Pour être réduite à un QCM géant. Pour se retirer après 37,5 ans d’absence. Pour être indemnisé, quels que soient taux et durées. La vie ne s’échange contre aucun dédommagement !

Nous ne risquons rien d’autre que de devenir vivants, nous sommes déjà morts.


NOUS NE SAVONS PAS CE QUE NOUS VOULONS :

NOUS VOULONS CE QUE NOUS NE SAVONS PAS !


Le Gang Déprimeur

textes signés "dis.eugene" publiés cette année sur indymédia... (à lire dans l'ordre)


http://paris.indymedia.org/article.php3 ... icle=14214

http://paris.indymedia.org/article.php3 ... icle=14341

http://paris.indymedia.org/article.php3 ... icle=16123
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drÖne
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Message par drÖne »

Ca a l'air d'être un intéressant personnage. je ne suis pas d'accord avec sa position sur la censure (qu'il confond, dans le cas des sites web, avec un choix éditorial, ce qui n'est pas la même chose car un choix relève de la liberté et n'empute pas celle du censuré : ce dernier n'a qu'à ouvrir son propre site web par exemple). Mais sur le reste des textes, si, en particulier sur ceux qui parlent de déprime... Sinon, celui que tu as cité en premier est simplement une reprise, avec ses mots, de l'intuition d'Orwell : les guerres ont pour fonction principale d'assurer l'ordre intérieur d'un pays en créant de toute pièce un ennemi extérieur. La guerre en Irak relève tout à fait de cette logique.

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Message par Legangdéprimeur »

Bonjour,

Je suis tombé par hasard sur ce topic où ont été mis des liens vers des textes que j'ai écrit et où ont été retranscrits deux tracts de Le Gang Deprimeur dont je fais partie.

Je dois dire que je suis surpris de trouver ces textes dans une rubrique littérature, il me semble qu'il s'agit plutôt de textes politiques. Mais bon.

Si je poste ici aujourd'hui (c'est à dire près d'un an après le précédent post de ce topic, désolé, je n'en ai pas eu connissance depuis longtemps) c'est parceque je voudrais apporter quelques précisions suite au message de drÖne.

Que tu ne sois pas d'accord avec ma position sur la censure, c'est ton droit le plus stricte - et d'ailleurs tu n'as pas précisé quel était ton point de vu à toi - mais tu te trompes quand tu affirme que je confonds censure et "choix éditorial".

Tu donnes ton avis - cette fois - sur le "choix éditorial" - sur lequel effectivement nous n'avons peut-être pas non plus la même position - comme si je n'avais parlé que de cela. Je souhaite qu'il s'agisse d'une erreur de ta part, et pas d'autre chose.

Entendons-nous bien : on peut parler de "choix éditorial" lorsqu'il est annoncé à l'avance, lorsqu'une "ligne éditoriale" est soumise aux participants et discutée par eux. Sinon c'est du n'importe quoi, à l'avenant et à géométrie variable.

Les cas concrets de "censure" dont j'ai parlé à diverses reprises sur Indymedia n'ont rien à voir avec un quelconque "choix éditorial" ou même ne sont en relation avec la "charte" du dit site. Il était question d'initiatives individuelles de modérateurs sans aucune cohérence, y compris avec la fameuse "charte". Il s'agit plus vraisemblablement de problèmes de fonctionnement interne.

Ensuite, effectivement, j'ai dit que, de manière générale, j'étais opposé à toutes formes de censures. Quelque soit le lieu. Que l'on soit éventuellement contraint par la loi est une chose, et je conçois qu'on veuille se protéger de poursuites ; mais ce que je disais, précisément, c'est que j'étais opposé à ces lois et que lorsque, en plus, il arrive qu'il y ait "suppression" sans qu'il y ait risque de poursuite, ça devenait abherrant.

Ce deuxième point peut éventuellement se rapprocher de ce que tu appelles "choix éditorial", ou plus exactement il l'englobe parmis d'autres formes de "réduction d'expression". Effectivement je trouve ça dommage. Ce que tu dis sur la possibilité que le "censuré" (tiens tu l'appelle quand même comme ça
:wink: ) a "d'ouvrir son propre site web" n'est pas faux mais il n'empêche que, dans un débat en cours par exemple, la suppression d'une partie de ce débat, pour des raisons "éditoriales" ou autres, modifie la lecture que l'on peut en avoir, et donc le sens, y compris des parties qui n'ont pas été "censurées". Ce qui motive ma désapprobation.

Pour ton petit commentaire sur le tract "LA PAIX C'EST LA GUERRE" je voulais préciser qu'il n'était pas "simplement une reprise... de l'intuition d'Orwell..."

Comme ça n'aura échappé à personne, c'est évidemment une référence à Orwell, mais le point principal du texte n'est pas de dire que "les guerres ont pour fonction principale, etc..." mais bien que la guerre est PERMANENTE, et indépendante d'éventuels conflits armés. Il ne s'agissait pas de faire rentrer la guerre en Irak dans une grille de lecture "Orwelliene", mais de montrer que l'ensemble de nos conditions de vies étaient la résultante d'une guerre insidieuse.

J'ajoute que pour moi 1984 est aujourd'hui largement dépassé - depuis 21ans maintenant.

Pour terminer, voici les liens des cinq tracts signés Le Gang Deprimeur (les deux derniers "premier mai" et "référendoume" ayant été imprimés recto-verso en un seul tract) :

http://legangdeprimeur.free.fr/tracts/l ... guerre.jpg

http://legangdeprimeur.free.fr/tracts/n ... tences.jpg

http://legangdeprimeur.free.fr/tracts/l ... uerre2.jpg

http://legangdeprimeur.free.fr/tracts/1ermai.jpg

http://legangdeprimeur.free.fr/tracts/referendoume.jpg

Dis.eugène
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drÖne
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Message par drÖne »

Dans un premier temps, je vais mettre ce sujet dans la rubrique "désobéissances et micro-résistances", car en effet il y sera plus à sa place que dans "littérature" : son contenu est manifestement politique, et ce d'autant plus que c'est son auteur qui nous le signale. Ensuite, je prendrai un peu de temps (pas trop de temps en ce moment...) pour répondre à Dis.eugene (que je remercie au passage de s'être inscrit ici : bienvenue parmi nous ! Heu... ça sonne une peu secte mon "bienvenue parmi nous"...).

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bituur esztreym
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Message par bituur esztreym »

ça soone un peu secte... : non, juste une légère et intempestive manifestation de paternalisme präsidiktatorial... peut-être.. c]:=O
promeneur - finno-magyar filolog - perplex propaganda expert
http://seenthis.net/people/bituur - Ur· http://dogmazic.net/ - ::gniark:: http://vnatrc.net/YAST/YARVBT/
W;7[)
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Message par Legangdéprimeur »

drÖne a écrit :Dans un premier temps, je vais mettre ce sujet dans la rubrique "désobéissances et micro-résistances", car en effet il y sera plus à sa place que dans "littérature" : son contenu est manifestement politique, et ce d'autant plus que c'est son auteur qui nous le signale. Ensuite, je prendrai un peu de temps (pas trop de temps en ce moment...) pour répondre à Dis.eugene (que je remercie au passage de s'être inscrit ici : bienvenue parmi nous ! Heu... ça sonne une peu secte mon "bienvenue parmi nous"...).

+A+
J'attends toujours le ensuite, le second temps ; y compris si c'est sans "trop de temps".

Vu la date, au passage, je ne vais pas vous souhaiter une "********", mais bien plutot qu'il n'y ait plus d'année du tout, plus de segmentations du temps, mais juste de la vie, du maintenant.

Dis.eugène
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drÖne
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Message par drÖne »

Difficile de reprendre après tant de temps... mais j'essaie tout de même. Ce qui m'avait fait réagir, si je m'en rappelle bien, c'est ce texte que tu postais dans indymedia :

http://paris.indymedia.org/article.php3 ... icle=16123

En particulier ceci :
Je dois préciser, comme j'ai déjà eu à plusieurs reprises l'occasion de le dire par le passé, que je suis opposé à toutes forme de censure. Y compris si, pour une fois, elle semble m'être favorable. Je suis farouchement contre cette idée qu'il puisse y avoir de bonnes et de mauvaises censures. Pour moi, ou il y a censure ou il n'y en a pas. Un point c'est tout. C'est, comme tout du reste, une affaire de choix.
Et :
Je sais qu'il y a ici la fameuse charte, espèce de ''cahier des charges'', et que ceux qui ne l'approuvent pas n'ont qu'à aller se faire censurer ailleurs. C'est la règle du jeu. Mais c'est une réflexion plus générale, sur la Censure avec un grand ''C'', que j'entame ici. Indépendamment des pauvres péripéties liées à ce site, et bien que ces dernières soient en partie à l'origine de cette réflexion. D'autre part, chacun aura pu le remarquer, l'application de cette charte est, c'est le moins que l'on puisse dire, à géométrie variable.(4)

Avant de parler de choses plus intéressantes, profitons négligemment de l'occasion qui nous est royalement offerte de réfléchir sur la censure…

Quel intérêt peut avoir la censure ? Pour qui ?

Faire disparaître des propos jugés inacceptables ? D'abord ils ne sont pas jugés inacceptables par tous, puisqu'ils sont tenus - qu'est-ce qui est acceptable ? qui le décrète ? - ; et ça ne fait disparaître que leur exposition, pas leur origine. Ce qui n'est d'aucune utilité pour ceux qui voudraient éventuellement les affronter sur le fond. (Un adversaire est plus dangereux lorsqu'il est intégralement ou partiellement caché que lorsqu'il est à découvert.)

Faire disparaître des bêtises ? Tâche fastidieuse et, de toute évidence, au regard de ce qui paraît ici ou là, parfaitement inutile. Le meilleur moyen de combattre la bêtise c'est de la faire apparaître comme telle.

Censurer ses adversaires est une erreur à plusieurs niveaux : dans un premier temps ça rend opaque la ligne de partage, ça ne participe pas à la clarté des choses ; simultanément, c'est se censurer soi même, puisque cela supprime du débat ; ensuite ça motive - à raison - le censuré à se faire entendre, ça le renforce ; et enfin, censurer, c'est TOUJOURS, quelles que soient les circonstances, reconnaître que l'on a quelque chose à cacher. - Pour quelles raisons ?

Si l'on peut avoir intérêt à ce qu'un ennemi disparaisse, ce n'est évidemment pas en façade, mais bien réellement. Sinon cela revient simplement à se cacher les yeux.

Le censeur à donc forcément des motivations troubles : soit qu'il n'ait pas les idées claires, qu'il ne se sente pas capable de répondre à des avis différents ; soit qu'il ait un quelconque intérêt (lequel ?) à opacifier le débat. Celui qui s'adonne à la censure se refuse à regarder les choses en face. Par peur ou par fourberie.

Il est extrêmement révélateur, bien qu'anecdotique, que la censure, par ici, se fasse appeler cacher. On cache ce que l'on ne veut pas voir ; que ce soit par conformisme, par conformité, ou plus simplement par confort.

Personnellement cela m'est complètement égal, cela me laisse indifférent. De la censure il y en a partout. De la connerie aussi. C'est la règle du jeu. Au même titre que les contrôles d'identité. Que les militaires en armes dans nos villes. Que les réalités économiques. Ce n'est pas parce que c'est la règle du jeu que je vais accepter ceci ou cela. Je suis simplement, partout et tout le temps, quelle que soit la forme qu'elle revêt, qu'elle que soit son amplitude, contre la censure. C'est de la réduction d'expression.

Mais reprenons donc plutôt le fil du faire là où nous l'avions laissé la dernière fois. Il est plus que largement temps de clôturer ce (trop) long chapitre sur la censure. C'est un de ses nombreux effets secondaires que de faire parler d'elle, et ainsi d'accaparer l'attention au détriment de sujets plus importants. Mais ce serait également une erreur de la passer sous silence, de faire comme si de rien n'était. Il convient au contraire, comme pour la bêtise, qu'elle apparaisse au grand jour, afin que chacun puisse se déterminer par rapport à elle.
J'aimerais tout d'abord qu'on s'accorde sur le terme de "censure" qui est extrêmement connoté et qui revient si souvent sur les forums. Si je prends le TLF comme référence :

http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/t ... 2038836180;
Examen d'une doctrine, d'un écrit ou d'une activité par une autorité instituée à cet effet. La censure d'une pièce de théâtre, d'un film. P. méton. Organes d'exécution de cet examen.
1. Au sing., le plus souvent péj.
a) Institution créée par une autorité, notamment gouvernementale, pour soumettre à un examen le contenu des différentes formes d'expression ou d'information avant d'en permettre la publication, la représentation ou la diffusion. Censure préalable; soumettre à la censure; le bureau, la commission de censure. Demain, la censure sera levée, et les journaux vont parler en toute liberté (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 483) :

2. La censure est mon ennemie littéraire, la censure est mon ennemie politique. La censure est de droit improbe, malhonnête et déloyale. J'accuse la censure.
HUGO, Correspondance, 1830, p. 465.

3. La censure, quelle qu'elle soit, me paraît une monstruosité, une chose pire que l'homicide; l'attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme.
FLAUBERT, Correspondance, 1852, p. 59.

[...]
Tout d'abord, remarque que rien qu'en citant ce texte du TLF, et en faisant le choix de ne pas le citer en entier car il est très long, je risque, si l'on ne s'en tient pas à une définition précise du mot censure comme "Examen d'une doctrine, d'un écrit ou d'une activité par une autorité instituée à cet effet" d'être accusé de "censure". Or, je ne fais ici que sélectionner un passage d'un texte en faisant appel à ma subjectivité, dans le cadre d'un acte éditorial. Je ne suis pas "institué" en tant qu'autorité morale devant juger de la rédaction du TLF, je me contente d'exercer un jugement sur la pertinence de la longueur d'une citation. Bref, cet exemple mis en abîme d'une citation pouvant être interprétée par analogie comme une "censure" est là pour montrer qu'il convient, pour raisonner sur la censure, de bien préciser le sens qu'on donne à ce mot.

Si maintenant je reprends ton texte dans Indymedia, et surtout le processus disons "éditorial" qu'il semble avoir subi (et que tu appelles "censure"), il me semble que je suis en désaccord abvec ta vision de la publication sur le net. En effet, Indymedia se donne comme un espace de libre publication, soumis à l'application d'une charte, mais il s'agit surtout d'un espace non institutionnel de rédaction qui est ouvert en plus de multiples autres espaces de publications qui te sont également accessibles : la presse, d'autres sites du même type, les sites que tu pourrais ouvrir, ici même, etc. Donc il n'y a pas réellement "censure" d'une part car tu n'as affaire à aucune autorité instituée pour cela, et d 'autre part car tu peux parfaitement, comme tu le signales d'ailleurs, poster ton texte ailleurs sans qu'il soit effacé. C'est pour ça que je dirais plutôt que tu as eu affaire à un choix éditorial, certes discutable, mais pas à de la censure. Car si on utilise "censure" à tout bout de champ, on risque d'oublier les contextes historiques et politiques dans lesquels la censure véritable a une portée d'interdiction totale de bien plus grande gravité que sur Indymedia : dictatures militaires, inquisition, abus de pouvoir en démocratie.

Sur la question du "peut on tout dire sur le web", ma position est simple : oui, mais pas dans mon jardin. Je veux dire que le premier qui profèrera sur un espace que je gère des propos par exemple racistes verra immédiatement ses posts effacés sans que je prenne la moindre seconde pour argumenter ni pour en démontrer l'idiotie : il y a assez de dazibaos comme ça sur le net, pour que le temps, l'argent et l'énergie que je dois consacrer à Room 101 soient occupés par plus intéressant que par des discussions avec des abrutis.

Même chose, par analogie, avec ce qui se passe dans un espace physique comme un appartement : supporterais-tu, par exemple, qu'une cellule du Front National vienne chez toi tenir ses réunions hebdomadaires ? J'en doute, et tu ne prendrais pas le temps, j'imagine, face à une dizaine de skinheads hurlant "sielg heil !" de leur démontrer que le concept de "race" n'a plus cours dans les sciences depuis belle lurette... Tu te contenterais de fermer ta porte ou d'appeler les flics pour qu'on les chasse de chez toi. Il me semble que sur le web, dans des espaces de discussion qui ne sont pas les seuls disponibles à la libre expression, ça peut fonctionner comme dans la "vraie vie" : on fait des choix, il y a ce qu'on a envie de discuter, et ce qu'on préfère laisser aux multiples cloaques qui existent et où on laisse tout se dire.

D'ailleurs, je dois dire qu'Indymedia est pour moi simplement un espace d'affichage, de "propagande" lors d'organisation de manifestations, par exemple, mais en aucun cas un espace de débat rationnel : trop d'abrutis utilisent l'absence de "censure" pour y exprimer des propos haineux, racistes, ou simplement débiles, pour que je ressente le moindre intérêt pour ces espace de non-discussion. On voit d'ailleurs que le dogme du "pas de censure" a été bien compris par les trolleurs de tous poils qui se défoulent dans la partie dite "cachée" et qui est en réalité un bien bel espace d'affichage des idées les plus nauséeuses que le web puisse porter. On nage là dans le paradoxe d'un média qui se veut ouvert aux "alternatives" et qui sert pourtant de support aux idées réactionnaires de droite comme de gauche. Si ce paradoxe, et cette absurdité qui consiste à laisser dire tout ce que l'on dénonce est possible, c'est au nom du dogme de la "libre publication" qui, quoi que l'on en pense au plan moral, est tout simplement idiot au plan éditorial : en effet, n'importe qui capable de poster des anneries sur Indymedia peut également ouvrir un compte chez AOL ou free et ouvrir une page web où il pourra diffuser toutes les insanités possibles et imaginables : pourquoi, dans ce cas, laisser s'exprimer sur des sites issus de mouvements alternatifs ce genre de propos ? Ca me dépasse.

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Re: legangdeprimeur

Message par Legangdéprimeur »

Bonjour, ci dessous un texte distribué à Paris le 28 octobre.

Les autres textes produits par Le Gang Déprimeur ICI
GLISSEMENT DE TEMPS SUR TERRE


Rapport de l'observateur Ospkd concernant les habitants de la planète Terre *


(Je rédige ce rapport dans l'une des langues autochtones, afin de mieux vous imprégner de leur façon de penser. Une notice linguistique fera l'objet d'une prochaine communication. Les concepts en italique seront détaillés dans une annexe ultérieure.)

Ça fait un bon moment déjà que j'observe la Terre et j'avoue humblement que je ne comprends pas tout. La majeure partie de l'activité de son espèce la plus agitée est pour le moins déroutante : celle-ci semble globalement passer son temps à détruire tout ce qui pourrait lui être utile et agréable, et à construire des choses qui lui sont au mieux inutiles, le plus souvent nuisibles. Son fonctionnement psychologique parait organisé autour de deux pôles principaux, opposés et complémentaires à la fois : d'un côté la domination, le pouvoir et l'autorité, de l'autre l'obéissance et la soumission.

Je sais, il faut faire un effort pour se familiariser avec ces notions, qui vous seront étrangères comme elles l'ont été pour moi au début de mon observation. La façon dont ses membres se pourrissent la vie avec l'argent par exemple, comment ils s'abîment dans ce qu'ils appellent travail (c'est à dire une activité dont l'intérêt pour celui qui la pratique et pour l'ensemble de la collectivité n'apparaît pas évident, qui semble plutôt relever d'une tradition ou d'une sorte d'envoûtement, et dont les sujets qui en sont privés, se sentant alors perdus, se mettent à remuer dans tous les sens comme les poulets qu'ils décapitent en certaines occasions – une autre de leurs traditions que je ne comprends pas), sont des mystères à la profondeur insondable. Cela ressemble à un gigantesque jeu sado-masochiste, pour prendre une référence dans leur culture.

Leurs civilisations dominantes ont exterminé les groupes qu'ils qualifient de primitifs, c'est à dire qui ne s'adonnaient ni à l'argent ni au travail. De manière générale, ils n'ont pas une grande considération pour les autres espèces qui peuplent leur planète. Lorsque c'est possible, ils soumettent tout ce qui n'est pas “ eux ”, qu'ils estiment inférieur. Lorsqu'ils envisagent des êtres extraterrestres, c'est pour craindre qu'ils leur soient supérieurs et leur fassent subir un sort similaire. Ils ont une tendance marquée à l'expansionnisme et il n'est pas à exclure qu'ils tentent de coloniser notre planète s'ils en apprenaient l'existence. Il paraît donc dangereux, dans l'état actuel des choses, d'entrer en contact avec eux. D'un autre côté leur exploration de l'espace les fera tôt ou tard tomber sur nous. Notre intérêt est qu'alors ils aient changé d'état d'esprit. Ce qui donne l'impression d'être possible par moment, une espèce d'ambivalence ayant l'air de les habiter.

Lorsqu'ils font ce qu'ils nomment grève notamment (ce qui est actuellement le cas dans la contrée où je me trouve), leurs journées se mettent à ressembler aux nôtres : ils se parlent davantage, ils tentent de s'organiser par eux-mêmes pour les choses indispensables (nourriture, etc.), ils se mettent à penser dans tous les sens, ils remettent les aspects de leurs vies en question, bien souvent le duo pouvoir/soumission se met à leur paraître absurde. Leur temps n'est plus le même. Leur temps leur appartient. (Je ne parle pas ici, bien sûr, de certains syndicalistes ou militants, qui, à ce qui m'a été donné de voir, passent le plus clair du leur - de temps - à essayer de rendre les moments de grève aussi tristes et ennuyeux qu'une de leurs journées de travail.)

Il apparaît clairement que lorsque certains d'entre eux tentent de reprendre leur temps, ceux qui ont une position dominante au sein de leur organisation s'y opposent ; vraisemblablement parce qu'ils considèrent que c'est à eux d'en disposer à leur aise. Comment une chose pareille est-elle possible ?!... Et, plus surprenant encore, il y en a parmi eux, qu'ils portent ou non un uniforme, dont la façon singulière de perdre leur temps est d'empêcher les autres de retrouver le leur ! Ceux-là sont tout aussi dépossédés que n'importe qui, mais paraissent trouver satisfaction à exercer quelque pouvoir subalterne. En résumé, leur organisation repose sur d'obscures systèmes hiérarchiques, d'incompréhensibles constructions sociales et n'a d'autre finalité que la perpétuation de son propre fonctionnement. De telles attitudes, à l'échelle individuelle ou collective, ne peuvent sérieusement être interprétées que comme relevant d'une pathologie aiguë, comme révélant un état avancé de décomposition de ce qui constitue la vie.

Cependant, je perçois la possibilité d'un glissement de temps généralisé sur Terre. Je vois nombre d'entre eux désirer confusément autre chose, je vois la vie se débattre avec les surprenantes péripéties dans lesquelles elle s'est empêtrée en cet endroit précis de l'univers. Je ne peux m'empêcher d'éprouver de la tendresse pour ceux qui tentent de résister aux tendances dominantes de leur espèce que j'ai décrites ici. Leur souffrance doit être immense. La vie, nous avons eu maintes fois l'occasion de le constater, peut rejaillir là où on l'attend le moins. Un grand télescopage est possible, du temps subjectif peut émerger et toutes ces stupidités qui les encombrent peuvent disparaître aussi vite qu'une étoile s'éveille. C'est pourquoi j'ai décidé, contre votre avis, de prolonger mon séjour. Je vous tiens au courant de l'évolution de la situation.

Terre, octobre 2010
________________________
* Ce rapport, on ne sait trop comment, a atterri chez l'un de nos membres.
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Re: legangdeprimeur

Message par Legangdéprimeur »

Bonjour à vous par ici,

Toujours pas pris le temps de reprendre la conversation entamée il y a 10 ans... que le temps passe...

Voici le dernier tract produit par Le Gang Déprimeur :



GLISSEMENT DE TEMPS SUR TERRE (2)


2ème rapport de l'observateur Ospkd concernant les habitants de la planète Terre*


Beaucoup de choses se sont passées depuis mon précédent rapport et ma décision de rester, de partager du temps avec des autochtones de cette planète.

Des êtres avec qui j'avais noué des liens sont morts ; une centrale nucléaire – un de leurs incompréhensibles systèmes pour produire de l'énergie, énergie qu'ils utilisent la plupart du temps de façon incompréhensible – a explosé, pendant que d'autres qui fonctionnent normalement, fuient gaiement un peu partout ; de manière générale leurs rapports de domination-soumission continuent d'être leur principal mode d'organisation. Je côtoie néanmoins des personnes qui font toutes sortes d'expériences visant à être plus libre – terme qu'ils emploient pour désigner ce que nous appellerions simplement chez nous la vie....

Malgré ces nouvelles guère réjouissantes, malgré votre désapprobation bien compréhensible, comme je l'ai déjà dit, je me suis pris de tendresse et d'amitié pour ceux qui désirent et tentent autre chose que ce qui pourrait sembler être, au regard de l'histoire de leur espèce, une sorte de fatalité. Car ils savent que la fatalité n'est pas l'affaire des vivants !

En ce moment il se passe un tas de choses autour de l'activité (?) qu'ils appellent travail, cette mystérieuse notion que j'avais tenté de vous décrire. Il semble qu'au détour de péripéties législatives – des ramifications de leur organisation liées à des systèmes de pensée que ni vous ni moi ne pouvons comprendre, je vous passe les détails – nombre d'entre eux se mettent à douter de la pertinence d'inféoder leur vie à ce fameux travail et à la marchandise. Ah oui.... la marchandise.... Comment dire ?....

Pour faire simple, en plus des concepts déjà abordés de domination et d’obéissance qui caractérisent leur organisation, celle ci repose également sur le fait qu'ils transforment tout, absolument tout, y compris eux-mêmes, en marchandises. C'est-à-dire en quelque chose (?) de totalement dépossédé du moindre contenu, du moindre intérêt, de la moindre substance. Je sais, ça paraît un peu opaque. De fait, ça l'est. Et pas qu'un peu.

Actuellement, un nombre croissant d'entre eux font grève – vous savez, quand leurs journées ressemblent aux nôtres. Ils se parlent, s'occupent de choses importantes, comme remettre en question leur façon de vivre, rigolent, utilisent ce qu'ils appellent l'espace public autrement que comme des spectres qui vont d'un point à un autre. Ils habitent les endroits où ils sont, au lieu de les traverser.

Les plus jeunes notamment, bousculent joyeusement leur quotidien et celui de leurs aînés. Il faut dire, vous aurez du mal à le croire, qu'ils sont parqués une bonne partie de leur temps, plus ou moins par tranche d'âge, dans des sortes d'unités concentrationnaires. Si j'ai bien compris, c'est là que leur sont inoculées les valeurs qui permettent à leur étrange organisation sociale de se perpétuer. On comprend qu'ils veuillent tout chambouler. Ils ont souvent beaucoup de courage face aux employés armés de ceux qui veulent que rien ne change.

Car il y en a – et ceci explique cela – qui tiennent à l'autorité, à la soumission, au pouvoir, à la marchandise, à toutes sortes de choses extravagantes. Et qui n'ont rien de plus intéressant à faire de leur existence que de vouloir convaincre ou contraindre tout le monde à vivre selon ces principes abscons, que de coloniser temps et espace. Ce que globalement, sur l'ensemble de la planète, aussi incongru que cela paraisse, ils semblent parvenir à faire.

Je vous entends d'ici ricaner : ''Quel intérêt peut-il bien trouver à demeurer dans un milieu aussi hostile ?'' C'est que je me suis pris de passion pour cette étrange forme de vie. La dualité qui l'habite, ce mélange insolite d'une tendance à se pourrir l'existence et d'une impressionnante vitalité, est particulièrement touchante. Le glissement d’un temps objectif imposé à du temps subjectif que ces êtres sont en train de réaliser est extrêmement émouvant. Rien n’est figé, tout est possible ; vous le savez bien. La vie pourrait bien prendre le dessus, faire voler en éclats toutes les absurdités que j’ai observées jusqu’à maintenant et réserver de belles surprises !

Voilà ce qui est en jeu ici, sur cette minuscule poussière, dans ce repli de l’univers. Je vous tiens au courant de l'évolution de la situation.

Terre, avril 2016

*Ce rapport, on ne sait trop comment, a atterri, comme le précédent, chez l’un de nos membres.
Ce dernier est consultable dans nos archives.

Le Gang Déprimeur (http://legangdeprimeur.blogspot.com)



Bien à vous. Bon courage.
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drÖne
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Re: legangdeprimeur

Message par drÖne »

Dis.eugene a écrit :Bonjour à vous par ici,

Toujours pas pris le temps de reprendre la conversation entamée il y a 10 ans... que le temps passe...
Ce rythme du dialogue me fait penser à ces films de science fiction dont le héro, coincé dans une capsule en direction d'une planète lointaine, reçoit des messages de sa femme et de son fils avec un décalage temporel de plus en plus important au fur et à mesure de son avancée dans l'espace. [cligne.gif]

A qui prétendrait que sur le net, tout ne serait que vitesse, actualité, co-présence, instantanéité (bref : toutes ces dimensions pompeusement post-modernes), les habitants de Room 101 répondraient par un bâillement d'ennui et par ces mots : revenez nous dans 10 ans, qu'on en reparle !

Voici le dernier tract produit par Le Gang Déprimeur :



GLISSEMENT DE TEMPS SUR TERRE (2)


2ème rapport de l'observateur Ospkd concernant les habitants de la planète Terre*


Beaucoup de choses se sont passées depuis mon précédent rapport et ma décision de rester, de partager du temps avec des autochtones de cette planète.

Des êtres avec qui j'avais noué des liens sont morts ; une centrale nucléaire – un de leurs incompréhensibles systèmes pour produire de l'énergie, énergie qu'ils utilisent la plupart du temps de façon incompréhensible – a explosé, pendant que d'autres qui fonctionnent normalement, fuient gaiement un peu partout ; de manière générale leurs rapports de domination-soumission continuent d'être leur principal mode d'organisation. Je côtoie néanmoins des personnes qui font toutes sortes d'expériences visant à être plus libre – terme qu'ils emploient pour désigner ce que nous appellerions simplement chez nous la vie....

Malgré ces nouvelles guère réjouissantes, malgré votre désapprobation bien compréhensible, comme je l'ai déjà dit, je me suis pris de tendresse et d'amitié pour ceux qui désirent et tentent autre chose que ce qui pourrait sembler être, au regard de l'histoire de leur espèce, une sorte de fatalité. Car ils savent que la fatalité n'est pas l'affaire des vivants !

En ce moment il se passe un tas de choses autour de l'activité (?) qu'ils appellent travail, cette mystérieuse notion que j'avais tenté de vous décrire. Il semble qu'au détour de péripéties législatives – des ramifications de leur organisation liées à des systèmes de pensée que ni vous ni moi ne pouvons comprendre, je vous passe les détails – nombre d'entre eux se mettent à douter de la pertinence d'inféoder leur vie à ce fameux travail et à la marchandise. Ah oui.... la marchandise.... Comment dire ?....

Pour faire simple, en plus des concepts déjà abordés de domination et d’obéissance qui caractérisent leur organisation, celle ci repose également sur le fait qu'ils transforment tout, absolument tout, y compris eux-mêmes, en marchandises. C'est-à-dire en quelque chose (?) de totalement dépossédé du moindre contenu, du moindre intérêt, de la moindre substance. Je sais, ça paraît un peu opaque. De fait, ça l'est. Et pas qu'un peu.

Actuellement, un nombre croissant d'entre eux font grève – vous savez, quand leurs journées ressemblent aux nôtres. Ils se parlent, s'occupent de choses importantes, comme remettre en question leur façon de vivre, rigolent, utilisent ce qu'ils appellent l'espace public autrement que comme des spectres qui vont d'un point à un autre. Ils habitent les endroits où ils sont, au lieu de les traverser.

Les plus jeunes notamment, bousculent joyeusement leur quotidien et celui de leurs aînés. Il faut dire, vous aurez du mal à le croire, qu'ils sont parqués une bonne partie de leur temps, plus ou moins par tranche d'âge, dans des sortes d'unités concentrationnaires. Si j'ai bien compris, c'est là que leur sont inoculées les valeurs qui permettent à leur étrange organisation sociale de se perpétuer. On comprend qu'ils veuillent tout chambouler. Ils ont souvent beaucoup de courage face aux employés armés de ceux qui veulent que rien ne change.

Car il y en a – et ceci explique cela – qui tiennent à l'autorité, à la soumission, au pouvoir, à la marchandise, à toutes sortes de choses extravagantes. Et qui n'ont rien de plus intéressant à faire de leur existence que de vouloir convaincre ou contraindre tout le monde à vivre selon ces principes abscons, que de coloniser temps et espace. Ce que globalement, sur l'ensemble de la planète, aussi incongru que cela paraisse, ils semblent parvenir à faire.

Je vous entends d'ici ricaner : ''Quel intérêt peut-il bien trouver à demeurer dans un milieu aussi hostile ?'' C'est que je me suis pris de passion pour cette étrange forme de vie. La dualité qui l'habite, ce mélange insolite d'une tendance à se pourrir l'existence et d'une impressionnante vitalité, est particulièrement touchante. Le glissement d’un temps objectif imposé à du temps subjectif que ces êtres sont en train de réaliser est extrêmement émouvant. Rien n’est figé, tout est possible ; vous le savez bien. La vie pourrait bien prendre le dessus, faire voler en éclats toutes les absurdités que j’ai observées jusqu’à maintenant et réserver de belles surprises !

Voilà ce qui est en jeu ici, sur cette minuscule poussière, dans ce repli de l’univers. Je vous tiens au courant de l'évolution de la situation.

Terre, avril 2016

*Ce rapport, on ne sait trop comment, a atterri, comme le précédent, chez l’un de nos membres.
Ce dernier est consultable dans nos archives.

Le Gang Déprimeur (http://legangdeprimeur.blogspot.com)



Bien à vous. Bon courage.
Ah oui, le travail, moi non plus, je n'ai jamais compris... Beau rapport en tout cas, très juste. Maintenant que je fais partie des aînés à bousculer, je me dis qu'on a loupé bien des révolutions à accepter nos étranges formes de vie...

Essaie de repasser avant une décennie ! Tweeter et Facebook auront disparu avant que Room 101 ne se couche : nous serons toujours debout, de jour comme de nuit.
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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