Petit adendum, même si le punk ne semble pas susciter l'enthousiasme ici... Voici les albums que je peux vous conseiller d'écouter en priorité pour découvrir Killing Joke. il y a en effet du tri à faire entre des albums indispensables à toute discothèque digne de ce nom et de vraies bouses que je ne citerai pas.
Killing Joke (1980) :
Le premier, et déjà les bases sont là : ambiances dark, boucles de synthé, beat dansable (ce qui tranchait à l'époque très nettement avec l'idéologie esthétique punk old school qui voulait que plus la musique était nulle et indansable, mieux c'était), batterie tribale, riffs nerveux de guitares tronçonneuses et voix incroyable de Jaz Coleman. C'est dans cet album que Jaz élabore l'un de ses concepts vocaux qui consiste à tousser comme un malade dans son micro, tic qui ne le quittera plus tout au long des albums : pas en forme le gars... Je plains le roadie qui s'occupe de son micro en fin de concert et doit se récupérer de sales glaviots !
Revelations (1982) :
Là, quand j'ai écouté ça au lycée, je me souviens d'avoir craqué. J'avais ramené la K7 d'un voyage en Irlande, sans doute un import depuis Londres. Le punk était déjà mort, et on entrait dans autre chose avec ce Killing Joke qui est peut être l'Album clé de toute leur discographie, celui où ils se sont révélés comme de grands malades et où le guitariste a inventé, ce qui n'est pas donné à tout musicien, un son. Un vrai mur de son déstructuré, glauque, morbide, soutenu par une batterie de plus en plus tribale. Il n'y a guère que Siouxsie Sioux, à la même époque, qui, avec l'album Juju (1981), peut prétendre s'aligner sur une telle qualité musicale, mais pour elle ça ne durera pas autant que pour Killing Joke. Et toujours la voix de Coleman qui surplombe ce magma de son en putréfaction...
Night Time (1985) :
Virage plus "dance" à l'époque. Je n'aimais pas trop en ce temps là, ça sonnait trop "techno"/dance/romantique pour moi. A la réécoute, l'album n'est pas si mal, mais plus en retrait que les précédents. C'est là qu'il y a leur "hit" un peu bidon et assez commercial, "Love like blood", qui m'avait tellement déçu... A écouter pour une raison toutefois : le riff (noisy à souhait) du dernier morceau, "Heighties", qui a été totalement pompé par... Nirvana. Car Killing Joke est l'influence principale du grunge. Ben oui, c'est pas une référence, je sais mais bon, c'est comme ça.
Extemities Dirt And Various Repressed Emotions (1990) :
Arg ! Alors là, c'est un album monstrueux, à voler d'urgence ! Dire qu'il m'avait complètement échappé à l'époque car je pensais Killing Joke mort et enterré dans un succès commercial douteux. Mais quand j'ai écouté ça, je me suis dit que j'avais vraiment raté quelque chose. L'album s'ouvre sur un nouveau crachat de Coleman dans son micro et vlan ! dans ta gueule, des riffs hard core metal qui tuent tellement que... ben oui : c'est là que le rock industriel s'invente ou prend son envol, bien avant Nine Inch Nails, Pigface (dont certains Killing Joke vont faire partie) et autres Ministry. Même Nick Cave à l'époque de Birthday Party n'a jamais atteint une telle intensité dramatique. A mon avis, c'est le meilleur Killing Joke, peuplé de larsens rocailleux, de mélodies rampantes, de boucles electro sournoises, de guitares tronçonneuses qui se tordent comme des menaces, de beats brutaux, et encore et toujours cette voix qui éructe, incapable de supporter la vanité d'un monde à l'agonie.
Pandemonium (1994) :
Celui là aussi, on peut le voler sans problème. Encore un son monstrueux, avec en plus une touche légérement orientalisante (Coleman a étudié la musique orientale, entre autres) et un brin de mysticisme (il a passé quelques temps dans un monastère en Islande...). Un étrange mélange entre l'esprit "Kashmir" de Led Zeppelin, et du punk hard core industriel.
Killing Joke (2003) :
ils reviennent et ne sont toujours pas contents. Album brutal de chez brutal, peut-être pas aussi extraordinaire que Pandemonium ou Extemities Dirt And Various Repressed Emotions, mais d'excellente facture. Il n'innove cependant pas, et se contente de répéter le principe du riff mastodonte et des ambiances dramatiques. Quelques déchets sur l'album qui est du coup plus inégal que les précédents, mais vaut quand même le détour, ne serait-ce que pour le "remix" de leur morceau phare des 80's, Wardance, mouliné ici à la sauce hard core metal brutalica "je t'en fous plein les dents et si t'es pas content dégage", avec un son brut de décoffrage, ambiance "Nine Inch Nail est une midinette".
En 2006 ils ont sorti un nouvel album, mais je ne sais pas encore quoi en penser. Un autre va sortir incessamment sous peu, je crois, à suivre. Sinon, pour les maniaques de la techno, je signale un album de remixes "trance" de Killing Joke : "Wardance - the remixes"
C'est une sorte d'hommage des gamins aux ancêtres, ça s'écoute sans trop de problème, y'a du beat transouille et des boucles transouilles quoi. De la trance metal, bon, pourquoi pas. Remixes entre autres de Deedrah Remix, Nine Inch Nails, Hallucinogen, Hallucinogenic, California Sunshine. Ca fait un peu penser à du Juno Reactor ou au label Concept In Dance en version metal... Pour info, ils ont aussi sorti pas mal de titres dub-rock à une époque.
Voilà, maintenant si y'en a pas un d'entre vous qui fait l'effort d'écouter Killing Joke, je pisse par terre, je me roule dedans et je crache sur ma machine pour faire comme Jaz Colemen avec son micro, na !
+A+