le bordel quotidien / poésie hebdomadaire / 11ème livraison

[konsstrukt]

dans le séjour il y a des gens qui parlent fort et qui rigolent
et vanessa est parmi eux
moi je me cache à la cuisine
je regarde bouillir une casserole
je ne vois pas ce que je peux faire
des gens
je ne comprends pas
en quoi ils me sont utiles
je ne vois pas quel plaisir je peux prendre
avec eux
le seul plaisir que j’éprouve
est avec vanessa
il subsiste quelques gens que je fréquente
liés à des projets qui continuent à m’intéresser
mais que les projets s’effondrent
et tous ces gens disparaîtront
il n’y a que vanessa
tout le reste tout le reste
est une perte de temps

***

il est quinze heures vingt-cinq un petit point sur mes pensées
je n’en peux plus
j’ai envie de tout pêter
je fous un petit coup de boule dans la fenêtre
tout petit
plus fort je passerais à travers
je saignerais
tout à l’heure les silences entre les phrases
ça faisait comme des couteaux qui coupaient les phrases
les silences coupaient les phrases
je n’en peux plus
j’ai envie de tout pêter à mains nues
et peut-être bien que je le ferai
il est quinze heures vingt-cinq
et c’est l’état de mes pensées
il est quinze heures vingt-six
et mes pensées n’ont pas changé
à seize heures ce sera l’heure
du flash-info sur france inter

***

je devrais faire le ménage
tout ce que j’ai réussi à faire
c’est ramener la table à repasser
à sa place
et casser une lampe
de chevet
tout ce que j’ai réussi à faire
c’est claquer une porte
et ranger la vaisselle
en résistant à l’envie
de tout éclater
contre les murs
de me faire saigner
de me faire mal
et de tout défoncer