Bon, peut-être est-il temps de commencer les reports, tant que c'est encore chaud. Je vais mettre quelques réflexions mais j'espère bien que LLb suivra. Pour les photos, faudra attendre qu'elles soeint triées et mises en ligne : y'en a moins que l'an dernier, mais tout de même un sacré paquet (dans les 500 je crois).
Quelques indications factuelles, pour commencer, avant d'aller plus loin. Et même une carte, pour suivre, bande de faignasses, faut tout que je fasse ici !
On a débarqué à Santiago du Chili où nous attendait Gabriel Salinas et sa compagne Janina : Gabriel est un ami de LLB, et je la laisserai donc parler de ce délicieux personnage et de sa vie tumultueuse. Toujours est-il qu'on a fait la tournée des bodegas chiliennes du coin, goûté de fort bons vins, énormément tchatché politique et d'autres sujets aussi, qu'on a été manger LE meilleur poisson de mer du monde qui ne se mange qu'à Quintay (un petit port de pêche sur le Pacifique que j'avais déjà testé l'an dernier : on ne mange de bons poissons que là bas... bon, c'est sur, ça fait cher le poisson...).
Ensuite, étape de 3 jours à Valparaiso chez Consuelo que j'avais rencontrée l'an dernier et qui est en collocation avec une bande de jeunes étudiants buveurs et bavards... Ville toujours aussi géniale. Mais pas facile de dormir le soir chez eux, ha la la ces djeunz ! Ou alors c'est nous qui ne suivons plus le rythme ?
Ensuite, les choses "sérieuses" commencent : on prend des bus vers le nord, deux longues étapes (Antofagasta puis Arica), interminables, à traverser le desert le plus aride du monde qui n'est pas le sahara, non, ah que neni ! C'est le désert de l'Atacama au chili, une terrifiante étendue minérale avec rien entre les minéraux, à part des villes champignons industrielles (mines de cuivre dantesques et rougeoyantes sous le soleil de plomb, villes poussierreuses, zéro culture, pas de végétation, difficile de comprendre comment les gens vivent là : la mine, quoi...).
Arrivée à Arica, à la frontière du Pérou, on loue un pick up pour visiter les parcs naturels du coin : Lauca et le parc des Vicuñas, qui jouxtent la frontière bolivienne. 400 km de piste, et des paysages fabuleux : salars, volcans enneigés, vigognes, silence, paix, bordel que ça fait du bien !
De là on va à La Paz, la capitale administrative de la Bolivie. Une ville un peu... dure. Un peu flippante de pauvreté, alors qu'elle bénéficie d'un site formidable, au pied du mont Illimani. Je mets une image qui n'est pas de moi, pour donner une idée :
La Paz est construite dans un creux de l'altiplano, entre 3600 et 4000 m d'altitude, et ressemble à une sorte d'immense favella de briques salles où les paysans pauvres de la région du nord viennent s'entasser dans des conditions d'hygiène désatreuses. C'est un peu comme si les campagnes environnant la ville déversaient leurs habitants depuis El Alto (la banlieue nord) et même depuis des dizaines de km en amont : longue suite de lots agricoles misérables vendus à des campesinos, le tout ayant pour nous le charme des décharges publiques, plus que celui de ce qu'on appelle habituellement "ville". Odeurs fétides, marchés à même le sol, où les cholitas en jupes et chapeau haut de forme vendent leur production agricole, mais aussi du matériel de sorcellerie (foetus de llamas...), tout un tas de babioles, se prostituent de jour en pleine rue (l'acte lui même, de jour et en pleine rue...), bref, à part 2 ou 3 rues historiques et quelques endroits sympas, on a vite quitté La Paz. Ceci dit, il y a des quartiers très riches, au sud, dans la partie basse (moins fatiguante pour le souffle, car moins d'altitude).
De là, les ruines de Tiwanaku : ruines pré-incas, car si les occidentaux ont retenu les incas, ceux ci n'ont en fait regné que 100 ans alors que l'empire Tiwanaku a duré de - 1200 à 1500 ap JC. Sacré bail ! Belles ruines, vous verrez les photos, et sculptures dignes de Tintin au Pérou : d'ailleurs, c'est de Tiwanaku que s'inspire la BD, pas des Incas ! Ensuite, on continue sur le lac Titicaca, Copacabana et l'Isla Del Sol : Rhââââ ! Lovely, putaing ! Là c'est le pied : et la marche à pied, aussi. C'est le coeur de l'empire Inca, le lieux qu'ils ont considéré comme leur origine mythologique fondatrice. Palais mystérieux, lac magnifique sous le soleil, on a envie d'y retourner pour y passer plus de temps.
De là, on va à Sucre qui est en réalité la vraie capitale (culturelle et aussi politique) de la Bolivie. Belle ville à l'architecture coloniale bien conservée. On fait une belle balade de 2 jours avec un guide de l'université, qui nous fait cheminer sur des sentiers pavés du temps des Incas, paysages super, et soirée à la lampe à huile dans une cabane sans eau ni electricité dans un village Quetchua. Roots. Bouffe locale : maïs (Motté), patates, oeufs. On reviendra sur cet épisode (et sur les autres aussi), car y'a pas mal de choses à dire en dehors de ces aspects "factuels" du voyage. Notamment sur des rencontres sympas avec un paysan qui veut créer sont propre musée d'archéologie, et d'autres moins avec un ricain bossant pour un fond d'investissement...
On va ensuite à Potossi, la ville qui a fait la fortune de l'Europe au XVIème siècle, et le malheur de la Bolivie depuis... Ville où le minerai d'argent coule à flots du Cerro Rico mais où cette fortune n'a jamais profité à ceux qui l'exploitent, les indigènes, qui se tuent encore aujourd'hui à la tâche dans des conditions qu'on a préféré ne pas voir : le tourisme dans la mine pour voir les pauvres en train de se tuer au travail est un must à Potosi, mais on a préféré aller prendre le frai dans une estancia du XVIIème, luxe, calme, ballade en montagne, deux jours super. Et une rencontre avec la classe possédante, pour changer : la Bolivie, ce n'est pas seulement les campesinos pauvres, même s'ils représentent plus de 80% de la population. Avoir le point de vue des possédants n'était pas sans intérêt. Et leur estancia, waouh ! Meubles d'origine, tableaux d'époque aux murs, feux de cheminée avec le dueño, la totale.
Ensuite, toujours à Potosi, on choisit de reprendre un guide et de partir deux jours en altitude. Et hop : on a matché jusqu'à 5000 m d'altitude, même que ! Nan mais alors ! Ben dis donc, ça tue sévère l'altitude ! On pensait être de bons marcheurs, mais faut reconnaître qu'à partir de 4500 m, on avait l'air de limaces. Et à 5000, de cloportes, voire de légumes. M'enfin, on a passé le col et on a ensuite dormi chez un paysan Quetchua dans un corral à llamas... bourré le paysan... totalement bourré... Faudra qu'on en parle aussi, de cet épisode intéressant.
Voilà, ensuite on quitte Potosi pour Santa Cruz, la capitale économique, une ville très riche, et c'est le retour : bouh !
Bon, voilà un résumé lapidaire du trajet. Dès qu'on a un peu de temps, on rentre dans le contenu politique et anthropologique de la chose qui sera nettement plus intéressant. Mais au moins, ça vous donne une idée globale du voyage.
+A+