On erevient sur le Monde à l'Envers, et ça me permettra de répondre partiellement à LadyJedi :
LSI = Loi sécurité intérieure
LSQ = Loi sécurité quotidienne
C'est au nom de ces lois, votées au sénat, et disponibles sur leu site du Sénat (
http://www.senat.fr/dossierleg/pjl02-03 ... omulgation) qu'un certain nombre (disons un nombre certains) de lieux liés à la techno sont en ce moment fermés.
Je rentre du Monde à L'envers où se tenait, jeudi 27/03/03 à 18h, une conférence de presse organisée à l'initiative du patron du MAL. Etaient invités :
- les médias (TV locale et presse)
- les représentants de la mairie (ayant reçu l'invit il y a une semaine, ils n'ont pas jugé utile de se déplacer en disant qu'ils avaient été invités trop tard...)
- les représentants de la préfecture de police (ils ont refusé de venir, sans donner d'explication)
Etaient présents, à la table et au micro :
- Lionnel (patron du MAL)
- le patron du Bistroy (un bar/club lyonnais, voisin du MAL)
- un représentant syndical, accessoirement patron... du Fish (ça aura son importance plus loin)
- une nana dont je n'ai pas saisi ni le nom, ni le statut
- un animateur de la discussion (désolé, c'est vague, mais les gens ont oublié de se présenter avant de parler)
Dans la salle, outre les journalistes, quelques activistes dont :
- Greg (Monde à l'Envers)
- Fabien Oberholtz (ex patron du Melting Pop, un bar techno fermé pour cause de plainte des voisins, mais Fabien n'était pas invité à s'exprimer...)
- le gestionnaire du Gourbi (un squatt lyonnais)
- Vince (Collectif Bee)
- Thias de Dark Fish (un magasin de disques jungle lyonnais)
- le rédac chef du Petit Bulletin (journal culturel gratuit lyonnais)
- des tas de gens que je ne connaissais pas
J'avais eu l'info en téléphonant à Greg pour lui expliquer mon histoire de table ronde, et pour lui dire qu'ElectroClust se sentait solidaire et que Symbioze (et moi même) proposions de jouer gratos en guise de soutien.
La conf de presse a commencé après distribution à chacun d'un document intitulé "y a t il une place pour la vie nocturne sur les pentes de la Croix-Rousse ?" et expliquant les problèmes qui se posent aux professionnels des établissements de nuit. Le texte et le débat s'organisent autour de 4 points :
1. La fermeture des établissements.
Impossible d'ouvrir un dialogue avec les autorité, vu qu'elles sont absentes de la salle. De toute manière, Lionnel nous explique que le dialogue n'est pas à l'ordre du jour, vu que l'on ne donne pas aux intéressés l'accès aux dossiers judiciaires les concernant. Or, c'est sur la base de ce dossier que sont prononcées les sanctions.
2. Association ou entreprise ?
Couplet assez corpo et anti-assos de la part du patron du Fish qui dénonce Arty Farty (budget public mais entrées payantes) et le Sine Qua None (qui a une activité commerciale et n'est pas inquiété. C'est tout juste s'il ne demande pas sa fermeture). Quelques voix s'élèvent pour dire que les assos, même s'il y a des abus, ne sont pas toutes à mettre dans le même sac. On omet de dire ce que j'apprends à la sortie, à savoir que le Fish comme le Bistroy fonctionnent avec des assos. On entend une grosse contre-vérité dans la salle, vite dénoncée par le type du Gourbi : les assos ne seraient jamais inquiétées par la police car elles seraient des lieux privés, alors que les professionnels "toujours en règle", seraient les seuls en butte aux tracasseries policières... or le type du Gourbi sort d'un procès et a vu le local de son asso envahi par la BAC et ses occupants "gazés" lors d'un défilé de mode, ce qui démontre que les lieux associatifs ne sont pas des lieux de non droit.
3. Contrôles à l'entrée, à la sortie ? Ne pas se tromper de métier.
Là, c'est le problème des contrôles (fouilles corporelles) qu'on demande aux tenancier d'effectuer qui est évoqué. C'est aussi la question de leur responsabilité quand des clients qui ont quitté leur établissement, causent des troubles à l'ordre public. Les tenanciers dénoncent cette situation.
4. Perspectives : et si on s'écoutait ?
Demande de discussion et de l'ouverture d'une table ronde. C'est mal barré vu que les principaux interloccuteurs refusent de venir... idem pour les riverains à l'origine des plaintes dont aucun représentant n'était présent.
Sinon, quand j'ai appelé Greg, il m'a expliqué que le fait qu'il s'agisse de musique électronique était un point déterminant dans sa fermeture : on lui a conseillé de changer de musique s'il voulait continuer.
Bon, ce que je tire de tout ça : je trouve la situation lyonnaise complexe, opaque, et peu réjouissante. Tout le monde se plaint, mais rien de collectif n'émerge car les enjeux perso sont visiblement trop forts et les vieilles histoires remontent rapidement à la surface. Moi qui vient de "l'extérieur", je suis assez sidéré du caractère lyonno-lyonnais de certaines problématiques, et pas qu'au niveau des musiques électroniques. En revanche, ce qui est général sur tout le territoire, c'est la vague de fermeture de petits lieux liés à l'électronique. Se rajoutent visiblement à ça des opérations immobilières sur le 1er arrondissement de Lyon qui compliquent l'affaire. Sans parler des enjeux de prestige de la mairie (combien de fois, dans le cadre de mon travail, n'ai-je entendu la revendication de "Lyon comme capitale européenne"...). Avant d'avoir des ambitions européennes, il faudrait déjà s'aligner au plan local et ne pas se couper de sa base. et là, on est loin du compte... Ce n'est pas en privilégiant une politique "de prestige" et en refusant les émergences de petites structures qu'on peut faire vivre une culture.
+A+