Nouvelle victoire pour L'Humanité et l'Ingéniérie du vivant
Posté : 31 déc. 2006, 00:01
Je viens de lire cet article, qui nous annonce enfin, l'usage tant attendu du bébé médicament, par tant de couples désespérés....Voilà qui nous donne de grandes perspectives pour l'Humanité. On apprécie le caractère neutre de l'article avec la mention du débat médiatique du côté de ce qui est vilain et mal (l'art des médias de se tirer des balles dans le pied) et le "Autre bonne nouvelle" qui vient nous indiquer qu'il faut se réjouir de l'avancée de la sacro-sainte bonne cause médicale. Ca fait vingt ans que la médecine est le bouclier grâce auquel on évite tout débat sur l'ingéniérie du vivant.
Décret de naissance pour les bébés médicaments
L'Agence de biomédecine supervisera la conception de ces enfants.
Par Sandrine CABUT
QUOTIDIEN : vendredi 29 décembre 2006
Les familles concernées et les spécialistes avaient presque fini par ne plus y croire. La conception des «bébés médicaments», rebaptisés «bébés du double espoir», vient d'être autorisée en France. Deux ans et demi après la révision des lois bioéthiques, le décret d'application précisant le cadre réglementaire de ce dispositif a été discrètement publié au Journal officiel du 23 décembre, avec un autre décret plaçant les activités d'assistance médicale à la procréation et de diagnostic prénatal sous la tutelle de l'Agence de biomédecine.
L'histoire des bébés médicaments a commencé aux Etats-Unis en 2000 avec Adam, génétiquement sélectionné pour pouvoir sauver Molly, sa soeur de 6 ans, malade. «Créé pour sauver sa soeur leucémique», «Bébé sur mesure»... avaient titré les médias, déclenchant un débat mondial. Depuis, quelques autres naissances ont été rapportées en Europe. En France, plusieurs familles désespérées ont témoigné ces dernières années dans la presse. L'une d'elle avait même lancé un appel au chef de l'Etat.
Pour les couples concernés, le but est de pouvoir concevoir un enfant à la fois indemne de la maladie génétique familiale et susceptible de soigner un aîné malade grâce à ses cellules souches, prélevées à partir de sang du cordon ombilical. Cette procréation médicalement assistée nécessite deux étapes. Dans un premier temps, un diagnostic pré-implantatoire (DPI) permet de s'assurer que l'embryon n'est pas porteur de la maladie familiale. Les biologistes vérifient ensuite que son système immunitaire est compatible avec celui du grand frère ou de la grande soeur malade. Exceptionnel, le dispositif ne peut s'envisager que dans le cadre d'une maladie génétique grave, qui nécessiterait une greffe de moelle osseuse, mais où aucun donneur compatible n'a été trouvé. Les cas médiatisés concernent surtout des enfants atteints d'anémie de Fanconi, une pathologie génétique rarissime qui s'accompagne d'un risque élevé de leucémie.
«Au cas par cas». En France, où les DPI sont pratiqués dans trois centres (Clamart, Strasbourg, Montpellier), la conception des «bébés médicaments», nommée DPI «à titre expérimental», sera contrôlée par l'Agence de biomédecine. «L'autorisation sera donnée au cas par cas, précise le Pr François Thépot, de l'Agence. Les demandes, faites par le centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal et cosignées par les parents, seront examinées sous deux mois.» Le couple devra réitérer son consentement par écrit après autorisation. Et celui-ci pourra être révoqué à tout moment.
Sur le plan pratique, la technique est difficile, mais «relativement maîtrisée», selon René Frydman (hôpital Antoine-Béclère, Clamart). «Il faut d'abord s'assurer que l'embryon est apte à se développer correctement, ensuite qu'il est indemne de la maladie, enfin qu'il est immunologiquement compatible. Avec ces trois critères, il n'y a qu'une chance sur seize de pouvoir réimplanter l'embryon dans l'utérus. Il faut bien l'expliquer aux candidats», précise-t-il.
Dès 2001, le pionnier français de la fécondation in vitro avait saisi le comité d'éthique sur la question, très controversée à l'époque, des «bébés médicaments». L'avis, rendu le 4 juillet 2002, avait entrouvert la porte, tout en soulignant l'hypothèse inacceptable de voir naître des enfants conçus seulement comme des donneurs potentiels. «En revanche, permettre qu'un enfant désiré représente, de plus, un espoir de guérison pour son aîné, est un objectif acceptable s'il est second», avait estimé le comité.
«Incertitude». Aujourd'hui, les spécialistes du dossier ne craignent pas une explosion des demandes. Pour l'heure, François Thépot a connaissance de quatre dossiers, dont trois concernent des anémies de Fanconi. D'autres familles vont sans doute se manifester dans les mois à venir. «Au total, entre cinq et dix couples m'ont fait des demandes, évalue pour sa part René Frydman. Mais vu l'incertitude en France, certains sont partis entre-temps réaliser leur projet à l'étranger, en Belgique notamment.» Il se dit en tout cas ravi de la publication du décret, deux ans et demi après la loi. «Pour le DPI, il avait fallu attendre cinq ans», rappelle-t-il. Autre bonne nouvelle, le contrôle des activités de diagnostic prénatal et d'assistance médicale à la procréation par l'Agence de biomédecine (qui remplacera dans ce rôle une commission sous tutelle du ministère de la Santé) devrait offrir plus de transparence au public. «Les données concernant l'activité de chaque centre, les techniques qu'ils pratiquent, et des évaluations seront directement accessibles», promet François Thépot.
Décret de naissance pour les bébés médicaments
L'Agence de biomédecine supervisera la conception de ces enfants.
Par Sandrine CABUT
QUOTIDIEN : vendredi 29 décembre 2006
Les familles concernées et les spécialistes avaient presque fini par ne plus y croire. La conception des «bébés médicaments», rebaptisés «bébés du double espoir», vient d'être autorisée en France. Deux ans et demi après la révision des lois bioéthiques, le décret d'application précisant le cadre réglementaire de ce dispositif a été discrètement publié au Journal officiel du 23 décembre, avec un autre décret plaçant les activités d'assistance médicale à la procréation et de diagnostic prénatal sous la tutelle de l'Agence de biomédecine.
L'histoire des bébés médicaments a commencé aux Etats-Unis en 2000 avec Adam, génétiquement sélectionné pour pouvoir sauver Molly, sa soeur de 6 ans, malade. «Créé pour sauver sa soeur leucémique», «Bébé sur mesure»... avaient titré les médias, déclenchant un débat mondial. Depuis, quelques autres naissances ont été rapportées en Europe. En France, plusieurs familles désespérées ont témoigné ces dernières années dans la presse. L'une d'elle avait même lancé un appel au chef de l'Etat.
Pour les couples concernés, le but est de pouvoir concevoir un enfant à la fois indemne de la maladie génétique familiale et susceptible de soigner un aîné malade grâce à ses cellules souches, prélevées à partir de sang du cordon ombilical. Cette procréation médicalement assistée nécessite deux étapes. Dans un premier temps, un diagnostic pré-implantatoire (DPI) permet de s'assurer que l'embryon n'est pas porteur de la maladie familiale. Les biologistes vérifient ensuite que son système immunitaire est compatible avec celui du grand frère ou de la grande soeur malade. Exceptionnel, le dispositif ne peut s'envisager que dans le cadre d'une maladie génétique grave, qui nécessiterait une greffe de moelle osseuse, mais où aucun donneur compatible n'a été trouvé. Les cas médiatisés concernent surtout des enfants atteints d'anémie de Fanconi, une pathologie génétique rarissime qui s'accompagne d'un risque élevé de leucémie.
«Au cas par cas». En France, où les DPI sont pratiqués dans trois centres (Clamart, Strasbourg, Montpellier), la conception des «bébés médicaments», nommée DPI «à titre expérimental», sera contrôlée par l'Agence de biomédecine. «L'autorisation sera donnée au cas par cas, précise le Pr François Thépot, de l'Agence. Les demandes, faites par le centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal et cosignées par les parents, seront examinées sous deux mois.» Le couple devra réitérer son consentement par écrit après autorisation. Et celui-ci pourra être révoqué à tout moment.
Sur le plan pratique, la technique est difficile, mais «relativement maîtrisée», selon René Frydman (hôpital Antoine-Béclère, Clamart). «Il faut d'abord s'assurer que l'embryon est apte à se développer correctement, ensuite qu'il est indemne de la maladie, enfin qu'il est immunologiquement compatible. Avec ces trois critères, il n'y a qu'une chance sur seize de pouvoir réimplanter l'embryon dans l'utérus. Il faut bien l'expliquer aux candidats», précise-t-il.
Dès 2001, le pionnier français de la fécondation in vitro avait saisi le comité d'éthique sur la question, très controversée à l'époque, des «bébés médicaments». L'avis, rendu le 4 juillet 2002, avait entrouvert la porte, tout en soulignant l'hypothèse inacceptable de voir naître des enfants conçus seulement comme des donneurs potentiels. «En revanche, permettre qu'un enfant désiré représente, de plus, un espoir de guérison pour son aîné, est un objectif acceptable s'il est second», avait estimé le comité.
«Incertitude». Aujourd'hui, les spécialistes du dossier ne craignent pas une explosion des demandes. Pour l'heure, François Thépot a connaissance de quatre dossiers, dont trois concernent des anémies de Fanconi. D'autres familles vont sans doute se manifester dans les mois à venir. «Au total, entre cinq et dix couples m'ont fait des demandes, évalue pour sa part René Frydman. Mais vu l'incertitude en France, certains sont partis entre-temps réaliser leur projet à l'étranger, en Belgique notamment.» Il se dit en tout cas ravi de la publication du décret, deux ans et demi après la loi. «Pour le DPI, il avait fallu attendre cinq ans», rappelle-t-il. Autre bonne nouvelle, le contrôle des activités de diagnostic prénatal et d'assistance médicale à la procréation par l'Agence de biomédecine (qui remplacera dans ce rôle une commission sous tutelle du ministère de la Santé) devrait offrir plus de transparence au public. «Les données concernant l'activité de chaque centre, les techniques qu'ils pratiquent, et des évaluations seront directement accessibles», promet François Thépot.