Projet de réforme de l’université.

Désobéissances et micro-résistances.

Modérateurs : drÖne, LLB

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[Max]
djeunz of ze room
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Projet de réforme de l’université.

Message par [Max] »

PPEL A L'ORGANISATION DE REFERENDUMS
DANS LES UNIVERSITES

Après l'arrêt prématuré du mouvement contre la LEC et le CNE et l'échec des tentatives de l'automne (rapport Hetzel, précarité étudiante), il a semblé à une part importante de la communauté de lutte du printemps dernier à Rennes qu'il était temps de favoriser une nouvelle irruption de la politique réelle sur la scène de ceux qui ont titre à gouverner. Là où beaucoup de militants contribuent à la passivité pré-électorale, en faisant mine de croire que la présentation de tel ou tel candidat suffirait à incarner une puissance de rupture, ou en répétant qu'il est impossible d'opérer une percée dans le vacarme médiatique, nous considérons que l'attitude la plus ajustée à l'égard des élections est de prendre au mot la célébration platement consensuelle de la « démocratie ». Non pour exhorter à la participation (ou à la non-participation) aux institutions, notamment électorales, mais pour insister sur la puissance de délibération et de décision associée à l'idée de démocratie entendue comme gouvernement du peuple.
Proposer une réforme des institutions universitaires par référendum, c'est pour nous, à travers l'appropriation des enjeux politiques de la question du savoir, enjeux neutralisés en permanence par l'institution, l'ambition de transformer l'université de telle sorte qu'elle s'inscrive dans une politique de rupture avec l'ordre libéral. Une politique populaire, antilibérale, révolutionnaire en ce sens qu'aucune réforme réelle ne peut aujourd'hui avoir d'autre visée. Prendre le contrôle d'un certain nombre d'universités (ou de lycées, ou d'entreprises..) est pour nous ce qui peut permettre d'envisager un blocage général, non seulement des facs, mais aussi du jeu électoral, et peut-être plus encore.
Nous prévoyons la tenue du référendum à Rennes 2 pour la mi-mars. Il y a eu avant-hier une première réunion publique qui a réuni une soixantaine de personnes et suscité pas mal d'enthousiasme; nous avons prévu sur la fac, quatre jours par semaine, de nouvelles réunions publiques, débats, projections, écriture de textes, actions, interventions en amphis et sur la radio étudiante. Nous visons sérieusement la victoire et une participation de plusieurs milliers d'étudiants: mais nous travaillons, au delà de la dimension consultative du référendum, à constituer une puissance d'élaboration et d'imposition de cette réforme, puissance qu'aucune majorité ne pourra suffire à garantir. Nous vous tiendrons régulièrement informés de l'état d'avancement du processus.
Il dépendra de chacun de faire en sorte que ce qui ne manquera pas d'avoir lieu à Rennes ne demeure pas isolé.

Comité d'organisation du référendum, Rennes, le 2 Février 2007
[Max]
djeunz of ze room
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Message par [Max] »

PROJET D'UNIVERSITE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
A RENNES 2
PROPOSITION DE REFORME DES INSTITUTIONS UNIVERSITAIRES SOUMISE AUX ETUDIANTS PAR REFERENDUM EN MARS 2007 POUR ROMPRE AVEC LA DERIVE LIBERALE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR


L'approche des échéances électorales nous semble être le moment opportun pour soulever certaines questions incontournables pour l'avenir de l'enseignement supérieur. Pour que le processus électoral constitue un moment démocratique, il est indispensable que les candidats se fassent, autant que possible, simples porte-parole de positions politiques qui ne peuvent réellement s'affirmer que dans les délibérations publiques des citoyens: non dans le sondage, la consultation, la parole donnée, mais dans la parole prise, et gardée. Quand les institutions, comme c'est le cas aujourd'hui, oublient leur raison d'être qui est de favoriser cette prise de parole et de décision par tous sur l'ensemble des aspects de la vie collective, il devient nécessaire et urgent que quiconque estimant que le gouvernement, au nom d'une idée usurpée de la démocratie, accapare tous les leviers de la puissance publique, vienne rappeler à tous qu'il n'y a de démocratie que dans le gouvernement du peuple: quand celui-ci élabore librement les institutions et les lois. Ainsi est-il du ressort de chacun de proposer toute réforme de la vie politique et sociale qui lui paraîtra plus juste que le fonctionnement actuel des institutions, et il est également indispensable que chacun se prononce sur ces propositions. Certains, s'estimant incompétents pour juger de ces questions, s'en remettront aux experts en place. Mais il n'y a pas d'expert neutre, il n'y en a qu'au service d'une certaine politique, dont le sens, l'esprit doivent être déterminés au sein de la vie et du mouvement démocratique, c'est à dire, par nous mêmes, dès maintenant.

L'université fait l'objet, depuis une vingtaine d'années, comme les autres secteurs de la vie sociale, d'une vaste offensive de restructuration et de libéralisation. Cette entreprise a fait l'objet d'une résistance endémique, depuis la loi Devaquet (1986) jusqu'à la mise en place du LMD (2003). L'adaptation forcée de l'université à un environnement économique progressivement délivré des concessions imposées au patronat par le mouvement ouvrier depuis un siècle, a contribué à incliner la fabrication des savoirs dans le sens de la production de compétences capitalisables. On parle souvent de la nécessité d'une plus grande « autonomie » des universités à l'égard de l'Etat, mais c'est pour mieux nous vendre la progressive disparition de l'autonomie des universités à l'égard d'un environnement économique où sévissent depuis vingt ans des politiques libérales exclusivement favorables au patronat. Ce qui (même pour les libéraux) doit persister d'autonomie face aux exigences de rentabilité immédiate est justement ce qui rend possible de refuser la fatalité de cette restructuration qui touche tous les secteurs. C'est ce qui rend possible d'aspirer non plus à l'autonomie de la recherche au sein d'un environnement économique qui l'oriente et s'en nourrit, mais à une autonomie politique, financière, intellectuelle de l'université, en désaccord, en dissensus avec l'ordre libéral des choses.

Il est plus facile à nous étudiants de prendre le temps de penser ce qui en nous se refuse à ce type d'oppression que constituent les rapports d'exploitation. C'est pourquoi lors de la lutte du printemps dernier, la plupart des étudiants savaient qu'ils se battaient aussi pour tous les mécontents. C'est dans les marges de l'université conçue comme espace intégré à la production capitaliste que continue à s'élaborer un autre sens commun: qui subordonne le travail à la communauté réelle, politique de ceux qui pratiquent la démocratie. Sens commun qui n'oublie pas le tort absolu fait depuis trop longtemps aux êtres et à leur environnement sensible par l'oligarchie politico-économique. C'est tout naturellement que ceux qui confisquent la démocratie cherchent à éliminer ces marges de liberté, qu'au contraire nous voulons étendre bien au-delà de ce qui est stigmatisé par les patrons comme un « ghetto estudiantin ». Ceux-là n'ont et n'auront de cesse de nous appeler à faire preuve de « réalisme », de « pragmatisme »: le « monde est ce qu'il est ». Mots qui cherchent à naturaliser une usurpation: l'exigence démocratique implique la capacité de rendre inséparables subsistance politique et subsistance matérielle, de ne rien laisser à l'écart de la délibération collective. S'approprier l'institution implique de constituer les conditions de cette appropriation: ne plus être tenus par le chantage libéral aux bourses, prêts et loyers, au marché du travail, mais faire du CROUS l'instrument adéquat pour s'en dégager: une politique populaire se doit d'assurer la subsistance de tous ceux qui la font. Cela voudra dire à terme se réapproprier la question du logement, de l'alimentation et de la médecine confisqués par des organismes bureaucratiques actuellement subordonnés aux politiques libérales.

Il ne s'agit donc pas de défendre peureusement l'université telle qu'elle est, en se félicitant de ce qu'elle résiste encore, alors qu'elle est partiellement restructurée et devenue déjà largement productive, mais d'élargir son autonomie en l'ouvrant à tous ceux qui aspirent à développer cet autre sens commun. La réforme que nous proposons vise à donner officiellement corps à l'esprit démocratique qui subsiste à l'université mais ne trouve à s'affirmer pour l'instant que lors des surgissements ponctuels, tel celui du printemps dernier. Elle vise à faire de l'institution actuelle une université du peuple, ouverte à tous ceux qui étudient, travaillent et s'organisent pour donner consistance à cette souveraineté populaire tant galvaudée aujourd'hui. Ouverte à tous ceux qui, se fondant sur l'idée d'égalité, sont à la recherche d'agencements susceptibles de favoriser leurs passions tenues en bride par la contrainte économique. Il nous a semblé que proposer cette réforme au référendum était la meilleure manière de faire percevoir à tous ceux qui partagent l'évidence de l'égalité qu'ils ne sont pas seuls. L'événement à proprement parler démocratique sera alors dans la mise en oeuvre effective de cette réforme, au-delà des vagues débats d'idées, des projections utopiques sans conséquence, ou des expérimentations marginales. Ce référendum, formulant un certain nombre de mesures concrètes pour inverser la tendance générale à la libéralisation, doit nous permettre de nous réapproprier les enjeux politiques des mutations actuelles dans l'enseignement. Il implique que nous considérions la question de la démocratie et celle du savoir comme inséparables.

Premier comité d'organisation du référendum








PREMIERES ESQUISSES DE PROPOSITIONS EN VUE D'UN REFERENDUM A L'UNIVERSITE DE RENNES 2 en mars 2007


Administration

L'assemblée populaire de Rennes 2 est le lieu effectif de la délibération et de la décision. Elle se réunira régulièrement.
Le conseil d'administration et le CEVU seront composés en majorité d'étudiants tirés au sort parmi l'assemblée populaire de Rennes 2 et soumis à ses mandats impératifs; présence de lycéens, chômeurs, salariés du quartier en particulier et de la ville en général, prêts à soutenir la mise en place de la réforme.

Statuts

Est étudiant quiconque s'inscrit à l'ensemble des séminaires d'une année: il n'est pas nécessaire d'avoir le bac.
Gratuité de l'inscription pour les revenus inférieurs au SMIC.
A terme, assister aux séminaires doit permettre la validation du diplôme et les examens n'avoir lieu que pour ceux qui n'y ont pas assisté; ce qui entraîne la suppression de l'obligation d'assiduité corollaire.


Programmes

L'assemblée populaire de l'université de Rennes 2 sera en charge également de l'élaboration des programmes et des modalités transitoires d'évaluation aux examens à travers des assemblées de filières étudiants-professeurs.


Autres mesures immédiates

Hébergement, aide et soutien de l'Université aux sans-papiers.
Réquisition des locaux vacants pour les étudiants mal-logés.
Intervention auprès du CROUS pour l'élargissement des critères de bourse, leur non-suppression en cas de redoublement, la baisse des loyers et factures, du ticket de RU.
[Max]
djeunz of ze room
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Message par [Max] »

Parce que ca sent bon la resistance et le debat d'idée en ce moment a Rennes mais aussi apparement a Lyon et a nanterre sur un axe anti securitaire avec réappropriation de fac table ronde debat ...



Image

Mais aussi
Semaine Anti-Securitaire a Nanterre
A partir du 5 mars, la fac de Nanterre se met a l'heure de l' Anti-Securitaire.

Des debats thematiques : _sur la prison,
les evolutions de controle (de la carte d'identite a la biometrie),
l'architecture securitaire,
le systeme educatif, _le bilan de la repression du mouvement CPE et sur les cas locaux, _sur l'universite son role et ses perspectives,

le tout accompagnes d' une exposition sur les mouvements de lutte sur la fac depuis 1995, des repas, des concerts dans les couloirs (appel a ceux qui veulent venir jouer) organises durant toute la semaine.

Il faut faire bouger cette fac ! !
On se prendrais presque a rever
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drÖne
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Message par drÖne »

Plein de bonnes choses dans ces textes, et qui résonnent pas mal avec ce que nous ressentons, nous (LLB et moi), en tant qu'universitaires "en place". Nous avions milité contre le LMD pour des raisons identiques d'ailleurs.

Juste une remarque, à mon sens essentielle : je sens dans ces textes les scories d'une rhétorique "gauchiste" (tendance à désigner des classes sociales comme "le patronat" ou "les ouvriers", "le peuple", etc.) qui ont été quelque peu fétichisées par l'extrême gauche et qui ont pour effet, dans les discours militants, de construire le "libéralisme" comme instance extérieure au social, c'est à dire comme nouvelle figure du "Pouvoir" avec un grand "P" majuscule. Or, et c'est bien là toute la difficulté, le "Pouvoir", ça n'existe pas, ou plus. Ce qui existe, ce sont les pouvoirs répartis dans tous les linéaments du social, et assumés y compris par "le peuple" lui même. Un exemple : j'ai un ami très à gauche, lutte des classes dans chacune de ses phrases, militant anti-libéral, légérement coco mais pas stal, qui bosse dans une grande entreprise nouvellement privatisée. il s'était opposé à cette privatisation. Mais le lendemain de la privatisation de cet ancien service public, voilà qu'il achète des actions de "son" entreprise, en contradiction flagrante avec son discours anti-libéral. Je ne dis pas qu'il n'existe plus d'enculés purs qui se sucrent sur le dos de la masse ouvrière (qui a bien tendance à disparaître en Europe, avec la désindustrialisation et la mise en place à marche forcée d'un mythe d'une "société de la connaissance"), mais avec le capitalisme d'actionnariat que nous vivons aujourd'hui, l'idée d'un Pouvoir répressif qui serait en quelque sorte "extérieur" au social est devenue inopérante : dans le capitalisme "néo-libéral" (pour reprendre la rhétorique en vogue aujourd'hui), la répression est le fait de chacun d'entre nous qui sommes tous engagés, à un titre ou à un autre, y compris dans nos militances anti-libérales, POUR la survie du libéralisme. Car nous avons beaucoup à perdre, tous : notre confort, en particulier. Je veux dire que depuis que je participe à des actions avec des milieux alternatifs, je me suis rendu compte de tellement de duplicités et d'incohérences, que je ne peux plus croire à cette idée d'un Pouvoir répressif qui serait extérieur à nous : le cancer est en nous, totalement, et nous le propageons y compris dans nos discours anti-libéraux trop militants et pas assez réflexifs, y compris dans nos manifs (pas assez "désintéressées"), y compris et surtout dans nos syndicats, nos partis, notre structuration sociale, nos rapports de couple, nos espaces festifs, etc.

Ca ne signifie pas que toute lutte serait vaine. Mais à mon avis, on met la charrue avant les boeufs si on place la lutte au fondement de nos préoccupations : aujourd'hui, dans la perspective (illusoire à mon avis) d'une "société de la connaissance", la lutte doit être avant tout intellectuelle, critique, analytique, bref : sociologique. Elaborer des savoirs authentiquement dégagés des intérêts sociaux immédiats, mais pas dégagés des socles idéologiques, devient essentiel et premier, bien avant la lutte qui, parce qu'elle n'est qu'action, renforce les schémas du libéralisme dont la pensée (très cohérente, à défaut d'être supportable) consiste à croire que seule l'action (au sens de production, de rentabilité) a un sens social. Ce que cherche, entre autre, l'esprit du libéralisme qui nous anime tous (y compris les militants antilibéraux), c'est à anihiler la pensée critique quand elle n'est que questionnement : combien de fois ne nous sommes nous pas entendus critiquer, ici même, au motif que nous ne serions que de doux rêveurs, des "intellectuels" dont la pensée passerait tellement au dessus des préoccupations des masses laborieuses ! Hé bien, justement ! C'est ça la véritable résistance : la résistance qui consiste à refuser d'agir avant d'avoir structuré une pensée. Alors, je suis bien conscient du danger : à l'aube d'une dictature prévisible qui ne peut que s'instaurer en France, les intellectuels risquent d'être balayés, voire d'être éliminés physiquement. On en a eu l'exemple tant en URSS, qu'en Chine ou dans l'Allemagne nazie. N'empêche : ça montre bien où est le danger pour les totalitarismes productivistes, qu'ils soient communistes ou de droite !

Bon, je n'ai pas encore tout clarifié dans ma pensée du libéralisme, mais je ressens de plus en plus les discours anti-libéraux comme de futurs échecs, comme de simples masques, et je trouve que si les étudiants de Rennes pouvaient interroger leur propre discours et leur propre démarche de ce point de vue, ce serait une avancée majeure pour les mouvements étudiants "gauchistes".

Quelques pistes, que nous sommes en train d'élaborer, LLB et moi :

Culture et savoirs aux prises avec la (dé)raison technocratique

Pour une structure d’enseignement et de recherche radicalement cohérente

Enseignement supérieur et recherche : commentaire sur les articles 80 à 87 des 125 propositions du programme des collectifs unitaires
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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