Le retable d'Issenheim

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Le retable d'Issenheim

Message par LLB »

Nous sommes allés avec Dröne voir le retable d’Issenheim peint par Grunewald en 1512-1516, exposé au musée de Colmar. J’avais déjà été le voir il y a quelques années dans les mêmes conditions de froid glacial, le retable étant exposé dans une chapelle non chauffée. Cette fois, pareil on a battu la semelle, scotchés devant les panneaux immenses dans la chapelle presque déserte.

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Le retable avait été peint pour un hôpital où on soignait le mal créé par un champignon du seigle, une maladie qui donnait des visions et causait de terribles souffrances. Les malades étaient conduits dans la chapelle devant la crucifixion : ils y voyaient l’hallucinante image du christ au bout de sa propre souffrance à lui.
Les jours de fêtes religieuses on ouvrait les autres panneaux : soit celui avec l’annonciation, la naissance du christ et la résurrection, soit celui avec la tentation de Saint-Antoine et la conversation entre les ermites Antoine et Paul.
Je me méfie de toutes les histoires de délectation esthétique, de la rencontre avec l’œuvre d’art, de la transcendance.
Mais une chose est sûre : ce tableau gigantesque avec des panneaux qui se plient et se déplient de façon à pouvoir montrer trois ensembles de scènes différentes, est saisissant, fascinant.
Il a fasciné d’ailleurs.
Karl Huysmans, écrivain, a décrit dans un roman la vision de ce christ en croix dont le corps est abominablement torturé et horrible à voir : pour lui le christ a la laideur des pauvres et des déshérités, loin des élégantes crucifixions dont les églises et les musées regorgent.
C’est le christ en croix, chez Huysmans comme chez bien d’autres, qui s’est imposé comme une vision inouïe.
Mais c’est tout le retable qui est inoubliable : face à lui, on est arraché à la cage étroite de ses perceptions et jugements ordinaires, immergés dans le mystère de ce que nos semblables faisaient et ressentaient il y a cinq siècles, et dans le mystère de la puissance encore agissante de leurs visions.
Contrairement à ce qu’il est souvent dit de l’état de délectation esthétique - le spectateur d’un tableau serait délivré des attachements et déterminations sociales liés à une configuration toute locale, pour être rendu à un statut de sujet autonome hors temps et hors espace, en seule relation avec lui-même et l’œuvre – le retable fait vibrer l’épaisseur de tout ce qui nous en sépare et de tout ce qui nous le rend proche, et qui rapatrie cinq siècles d’histoire et même bien plus, qui rapatrie tout le christianisme et son évolution, qui rapatrie ce que nous sommes aujourd’hui, de quoi nous avons hérité et qui implique nécessairement la conscience que nous avons perdu à jamais des états dont nous ne pouvons pas être nostalgiques ni rien de ce genre puisque ils ont disparu.
Mais ce dont il nous rend irrémédiablement nostalgiques, c’est de la possibilité de vivre des rapports au monde stupéfiants, immensément mystérieux dans un monde qui n’avait pas de limites.
Que ressentait un malade dont les jours étaient comptés devant cette vision ? Que ressentaient les hommes et les femmes de la renaissance devant ces images si nombreuses mais en même temps, tellement moins que les images que nous voyons aujourd’hui dans une seule journée de notre existence ? Comment était-il matériellement, socialement, psychologiquement possible pour un peintre, de travailler à ce type d’œuvre à plein temps pendant quatre années de sa vie ? Comment ça se passait dans l’atelier ? Comment se décidaient les commanditaires ? Tout ça on commence à le comprendre un peu mieux qu’il y a vingt ans mais dans le cas de Mathias Grünewald, tout est mystérieux, il n’y a presque rien à se mettre sous la dent. Il est contemporain de Léonard de Vinci et de Dürer mais on ne sait très peu de choses des contacts qu’il a eus, de ce qu’il a fait de sa vie, car il n’a pas été seulement peintre mais aussi ingénieur hydraulicien et chargé de divers chantiers.
Vu depuis notre siècle, il lui aura suffi de peindre ce retable pour être un des artistes les plus géniaux et les plus fascinants de la renaissance, après des décennies d’oubli.

Chacun a toujours envie essayer de chercher les raisons de la fascination qu’il éprouve, la machine à interpréter va bon train.
Dans la crucifixion, il y a le Crist bien sûr, à propos duquel tant de choses ont été exprimées, mais il y a aussi ce ciel noir, contre lequel se détachent deux groupes de part et d’autre de la croix. A droite de la croix, du côté où pend la tête du Christ, se tiennent Marie, presque évanouie de douleur, presque morte, les lèvres vertes, couverte de son voile blanc, dans les bras de Jean qui la regarde, les traits tordus de la tristesse de la voir en telle souffrance.
Elle n’a que la force de tendre encore les mains serrées vers son fils, mains fermées, coudes repliés. Marie Madeleine est agenouillée mais portée par l’énergie de son chagrin, elle tend les bras vers le Christ. Un pot d’onguents inutiles est posé devant elle : quelle médecine pourrait soulager cette chair si irrémédiablement meurtrie.
Tout le groupe est écrasé d’impuissance : Marie impuissante à sauver son fils, Jean impuissant à soulager Marie, Marie Madeleine impuissante à guérir. C’est le partage de la douleur qui ne se divise pas mais se multiplie entre les proches. Les femmes et le jeune Jean sont les seuls à être restés avec le Christ, ils sont sa famille. Il n’y a qu’impuissance ici en dépit de l’amour illimité, de cette qualité illimitée et supra-humaine dont chacun de nous est cependant capable.
Car nous sommes de ce côté lorsque nous le regardons, nous regardons Jean qui regarde Marie qui regarde son fils. Le malade du XVème siècle n’est quant à lui pas regardé par le Christ ni par personne ici qui pourrait le consoler, tous occupés totalement d’eux-mêmes. Mais il fait partie du monde où des mères, des fils, des proches, peuvent aspirer à partager sa douleur et souffrent avec lui, et c’est peut-être eux qu’il voit aussi.
A gauche de la croix, c’est un autre monde. Jean le Baptiste est mort avant le Christ mais il est présent pour désigner celui-ci et le mettre en relation avec la parole (il tient un livre et ses paroles sont les mots qu’il a prononcés au moment du baptême du Christ) et avec l’image de l’agneau mystique qui est à ses pieds, et dont le sang coule dans un calice. Jean Baptiste n’a pas de chagrin, il est du monde du verbe et de l’abstraction et non du monde des sentiments : à son intervention, la chair se fait à nouveau verbe. Ce que tout l’amour des proches ne peut faire, il parvient à le réaliser mais dans un ordre absolument distant : la résurrection a lieu dès maintenant dans l’écrasement immédiat, infiniment efficace, de la chair et du verbe.
Le malade du XVème siècle connaît à la fois l’immensité et l’impuissance de l’amour des siens à droite du Christ, et la sortie hors de la souffrance et de la mort dans l’autre monde, celui du verbe. Il n’y a pas d’alternative. Il n’y a pas de lien direct avec le Christ, aucun. Il n’y qu’une médiation et une transformation qui puisse établir ce lien, et cette médiation peut paraître bien froide et abstraite à côté de la puissance inouïe de toutes les souffrances et de toutes les solitudes de ce tableau. Mais tout le reste du retable raconte cette même transformation. La suite demain…..
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drÖne
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Message par drÖne »

Oui oui, la suite !

En tout cas, une chose est sure : l'art religieux, même s'il émane d'une époque révolue (celle où le monde et les places de chacun étaient régulées par Dieu et la religion) ou d'un futur qu'on craint (le retour du religieux), me parle 1000 fois plus que l'art contemporain qui n'est qu'une merde vaine et consumériste. Et il me parle également plus que les 3/4 de la production médiatique, littéraire ou musicale contemporaine.

Bref : allez au musée des beaux arts, c'est là que se trouve la vraie modernité.
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Message par LLB »

Voici le deuxième ensemble de panneaux qu'on voyait à l'époque en ouvrant la crucifixion.

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On y voyait au centre une nativité, à droite une annonciation, à gauche une résurection.
Aujourd'hui les panneaux sont démontés et tous visibles dans la chapelle du musée donc.
Dans la partie inférieure, la prédelle, on voit une mise au tombeau qui fait le lien direct avec la crucifixion : même Christ, Marie Madeleine, Marie, Jean, tous regroupés autour du corps.
Mais au-dessus on est aussi loin que possible de la vision de la souffrance absolue. Comme si Grunewald avait tiré tous les contrastes pour nous empoigner, nous secouer, regardez vraiment, ne faites pas que reconnaître les choses, voyez.
Dans bien des crucifixions le corps crucifié est beau, le visage est serein, la douleur est dépassée, stylisée, les personnages sont au-dessus des problèmes de chair meurtrie et de chagrin familial, ils sont de l'autre monde. Dans bien des nativités au contraire, à l'autre extrémité de la vie du Christ, on est avant tout dans du domestique, de la tendresse intimiste, avec le boeuf, l'âne, Joseph, éventuellement les bergers etc.

Ici Grunewald inverse et radicalise tout. C'est au moment de la nativité qu'on est très très loin du bonheur domestique, dans le ciel lui-même qui est figuré par l'orchestre et le choeur des anges du paradis juste devant la vierge à l'enfant. Le Paradis est même un dedans, sous une voûte, et Marie est à l'extérieur, dans un paysage terrestre. Mais pas de Joseph, pas d'intimité domestique, et même au contraire, une profusion de créatures surnaturelles presque inquiétantes d'étrangeté.
La Viege est à la fois dehors en mère avec son petit et dedans parmi ces créatures célestes, couronnée de rouge, noyée et presque absorbée dans la lumière. De même dans la résurection sur le panneau de gauche, le Christ rentre dans la lumière pure où ses traits se dissolvent.

Marie et le Christ sont donc dans ce panneau tous deux aux antipodes de ce qu'ils sont au moment de la crucifixion : là deux êtres trop humains, d'une pauvre chair totalement corrompue par le chagrin et la souffrance. Ici deux êtres de lumière surnaturels, incandescents jusqu'à l'indistinction.
Cette inversion est étrange : on n'est pas dans une histoire qui démarrerait par une naissance tranquille et modeste et qui aboutirait au moment de la mort à la divinisation accomplie. C'est l'inverse : une naissance prodigieuse à l'extrême, une mort d'une humanité outrancière, désespérée. Ce n'est qu'à la résurection que la jonction est faite. Grunewald, comme dans les deux parties de sa crucifixion, n'aime pas mélanger les registres et les ordres de réalité, et sa perception de la divinité n'est pas celui d'un processus, un progrès en quelque sorte, un accomplissement au long d'une existence humaine. Ce sont des états en rupture totale avec le cours ordinaire des choses sensibles, des états propres au début et, non pas à la fin, mais après la fin, au-delà, ailleurs. Ce n'est pas rassurant. C'est terrifiant, impressionnant. Encore une fois, que devait ressentir et penser le malade puisque manifestement, ce n'est pas la consolation toute compassionnelle qu'il trouve ici?
Certaines interprétations disent que les malades pouvaient se consoler face à un Christ qui avait souffert autant, plus qu'eux et que donc, ils étaient accompagnés par lui. On peut dire l'inverse. Le malade constate ici l'irrémmédiable solitude du souffrant, et des souffrances qui ne se partagent pas mais s'additionnent. Il est face à la brêche qui le sépare de l'autre monde, et encore une fois, il n'y a pas de passage direct.
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Message par LLB »

On t'a pris en photo un lundi matin au lycée, subrepticement

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Je craignais de me voir infliger tous les tourments dronésiens pour avoir mis du religieux plein la room surtout sachant comment tu procèdes avec tes clients adeptes des corans et autres bibles!
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Message par drÖne »

N'empêche, c'est vrai que c'est la notion de sacrifice qui est centrale et intéressante dans le christianisme. Le reste (l'Eglise en tant qu'institution, les dogmes, etc.) , c'est un peu la "part maudite" de la religion.

Mais l'idée de sacrifice, comme seule garantie d'un accès à autre chose qu'à la trivialité de la vie quotidienne, si on ne la prend pas comme une forme de pathos dans la souffrance ni de soumission à la douleur, c'est plutôt intéressant je trouve. Sacrifier quelque chose pour accéder à autre chose qu'au donné immédiat de l'état du monde : l'objet du désir doit être à ce prix. On peut aussi sacrifier pour accéder au savoir, par exemple. En ce moment, je préfère les gens capables de sacrifice que le dogme contemporain de la démocratie facile, de l'accessibilité immédiate de tout pour tous, qui ne crée que de la vulgarité. Les médias ne sacrifient rien au sens commun : ils y sont plongés avec délectation jusqu'à la lie. Le politique ne sacrifie plus rien pour exercer le pouvoir, là où Platon y voyait un sacrifice nécessaire, dans la République. La recherche corrompue avec le marché, ou avec les pouvoirs, ne veut plus payer le prix de la rupture épistémologique : tout doit être déjà là, sans effort.

Inversement, mêmes nous, dans nos pratiques quotidiennes, nous grandissons un peu grâce au sacrifice : quand on fait des kilomètres pour jouer gratos devant des gens, on est aussi dans le sacrifice de notre confort, pour des idées aussi importantes que l'amitié, le partage, l'art éphémère, etc. Presque tout le cinéma de Tarkovski ne parle que de ça. Si on n'avait qu'un truc à retenir de ces retables, et que ce retable-là exprime magnifiquement, c'est le sacrifice, non ? La souffrance physique n'est pas la seule manière de sacrifier quelque chose : il y a mille autres manières de dépasser l'horreur du déjà-là, du présent, de la réalité humaine, d'ouviri des possibles, mais elles relèvent toutes de la dimension sacrificielle. Mais si on ne sanctifie que la douleur, alors on peut ne même plus être dans le sacrifice, mais seulement dans le dogme ou la répétition de gestes vidés de leur sens. Et c'est là que les religions, quand elles enseignent la résignation, s'éloignent radicalement du message christique, je trouve.
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Message par juko »

je trouve qu'au contraire le "sacrifice" est redevenu central dans le dogme liberal, mais pour le pire, cad sacrifiez le meilleur pour le pire.
Sacrifiez votre temps, vos amitiés, vos amours, votre santé, votre liberté sur l'autel de la sécurité, du Produit Salvateur, du Pouvoir d'achat
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Message par drÖne »

juko a écrit :je trouve qu'au contraire le "sacrifice" est redevenu central dans le dogme liberal, mais pour le pire, cad sacrifiez le meilleur pour le pire.
Sacrifiez votre temps, vos amitiés, vos amours, votre santé, votre liberté sur l'autel de la sécurité, du Produit Salvateur, du Pouvoir d'achat
C'est plutot un contresens qu'une absene je trouve.
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Ah ouais, mais alors là on ne parle pas du même sacrifice alors. Moi je pensais plus à un sacrifice auto-consenti dans un contexte où il nous fait ressentir la valeur de la vie, des autres et donne sens à nos actions. Il existe peut-être un sacrifice libéral, mais il ne peut être que totalitaire, mécanique, et vide de sens.
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Message par drÖne »

raph a écrit :CERTES LE SACRIFICE :arf:

MAIS LA VRAI QUESTION C EST COMMENT JE VAIS ALLER A COLMaR Avant la fin de l expo en mars

d autant plus qu a cause du lion j ai pas respecte le programme de mon coffret dvd palettes et je suis aller direct au chapitre Grunewald

et mainteant j aimerai bien voir en grand

parce que la tele ce st bien mais bon hein...


renaissance


ha que ce mot laisse reveur

en 2008
Au pire, même sans voir l'expo, le retable tout seul vaut le déplacement. Sans compter que Colmar et ses environs, c'est superbe.
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Message par juko »

Ah ouais, mais alors là on ne parle pas du même sacrifice alors. Moi je pensais plus à un sacrifice auto-consenti dans un contexte où il nous fait ressentir la valeur de la vie, des autres et donne sens à nos actions. Il existe peut-être un sacrifice libéral, mais il ne peut être que totalitaire, mécanique, et vide de sens.
oui, c toute la différence, autoconsenti, et imposé par les "puissants" qui ne partagent absolument pas ce qu'ils imposent.
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Message par drÖne »

Ah oui, les sacrifices humains chez les Incas, on a des éléments là dessus depuis notre voyage au Pérou. Sinon, c'était quoi la réaction des gens avec qui tu parlais ?
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