CAN : du psychédelique au speedcore en 1971 ?

Les films, skeuds, lives, teufs, expos, et autres événements culturels dont on a envie de parler, là, tout de suite, ça urge !

Modérateur : drÖne

Répondre
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

CAN : du psychédelique au speedcore en 1971 ?

Message par drÖne »

Je découvre (sur le tard) Can. Je m'attendait à quelque chose d'assez barge, mais pas à ce point ni autant electro-speed par moments. Le disque Tago Mago (et en particulier la dernière partie) est assez sidérant, surtout si on remet ça dans le contexte de l'époque, en 1971. J'hésite entre évoquer Cabaret Voltaire, Suicide, ou machin (:D ), mais en fait, ça doit être ça, Can : psyché, brutal, métronomique, très composé, barré, etc. En live, c'était de l'impro avant tout, ce qui n'empêchait pas leur batteur de jouer toujours aussi régulièrement : pire qu'une boîte à rythme !


Mais, comme je découvre, je préfère laisser la parole à quelqu'un qui en parlera mieux que moi :


http://fp.nightfall.fr/index_1098_can-tago-mago.html
Après la parenthèse « Sountracks », Can reprend le cours de son histoire et « Tago Mago » constitue donc son deuxième véritable projet. Cet album s’inscrit dans la tradition des disques extrêmes qui sortirent en nombre anormalement élevé au cours de la période bénie 1968 / 1971. L’album est double (on s’en serait douté) et exploite à merveille cette dualité. Un premier volume rock et un second électro-bruitiste.

Le premier met la touche finale au rock tribal et répétitif initié sur « Monster Movie ». Trois morceaux enchaînés sur la face 1, véritables joyaux de musique hypnotique, et sur la face 2, la nouvelle pièce marathon du groupe, « Halleluhwah », suite logique de « Yoo Doo Right », la maîtrise en plus.
Le second volume, s’il s’achève par le titre le plus serein du disque « Bring me a coffee of tea », est dominé par deux longues plages hors norme où la folie furieuse de Can éclate enfin, libérée de toutes contraintes structurelle, rythmique et mélodique. « Aumgn », cérémonie païenne, véritable mur de sons abrasifs entrecoupé de frottements rugueux et d’incantations possédées. La grand-messe s’achève dans un concassage de toms, comme si Can ne pouvait plus longtemps retenir sa nature et son goût pour la pulsion binaire.
« Pekin O » enfin, ou comment inventer le rock psychiatrique en onze minutes. Articulée autour d’une boîte à rythmes dont les tempi s’emballent au rythme des cris de démence de Damo Suzuki, cette dernière coulée de lave éprouvera définitivement la résistance de l’auditeur.

Dans sa globalité, Tago Mago est remarquablement pensé, j’ai même envie de dire qu’il est perfide. Il se veut un voyage initiatique aux substances hallucinogènes ou à un quelconque rite païen, l’ambiguïté est d’ailleurs intelligemment entretenue. Sa première partie commence en douceur pour prendre l’auditeur dans ses filets puis, à force de montées en puissance successives, de paliers judicieusement espacés, sape progressivement les neurones de celui-ci afin de le préparer au grand trip que constitue la seconde partie, et là, un conseil, équipez vous d’un scaphandre avant de sauter car ce qui se trouve tout en bas peut laisser des séquelles irréversibles.
Trente cinq ans d’âge et toujours déconseillé aux oreilles sensibles. Le chef d’œuvre de Can.
Voici déjà un montage réalisé à partir de ce fameux morceau de Speedcore avant l'heure :

[/video]

Et là, un live, bien brutal indus tribal, Spoon live :
[/video]

Can (plus minimal), Mushroom :
[/video]


Can March 22 1973 Bataclan Paris Sing Swan Song :
[/video]
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
chris
Metal Karkass
Metal Karkass
Messages : 532
Enregistré le : 06 juil. 2004, 11:40

Message par chris »

M 'enfin m'enfin Drone !!!!! t'as cohabité pendanr 10 piges z'avec des galettes de Can !!! d'ailleurs le Funf a Zossi toute leur produc !!!!!!
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Message par drÖne »

chris a écrit :M 'enfin m'enfin Drone !!!!! t'as cohabité pendanr 10 piges z'avec des galettes de Can !!! d'ailleurs le Funf a Zossi toute leur produc !!!!!!
Ben c'est pas pour autant que je les avais écoutées à l'époque : mea culpa !

Là, je découvre donc Tago Mago, Ege Bamyasi et Future Days, et j'aime beaucoup. Je fais mon virage baba sur le (très) tard on dirait...
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Message par drÖne »

Au fait, il existe un site de Can (de leur label en fait) ici : http://www.spoonrecords.com/

Ca dit ça, à propos de leur histoire :
CAN
Biographie

Juin 2003 marqua le 35ème anniversaire de la fondation du groupe Can, qui eut lieu en 1968, quand Holger Czukay (basse), David Johnson (flûte), Jaki Liebezeit (batteur de jazz) et Michael Karoli (guitare) se rencontrèrent à Cologne dans l'appartement du chef d'orchestre classique et pianiste Irmin Schmidt. Leur premier concert, un collage de musique rock et d'éléments enregistrés, eut lieu à Schloss Nörvenich (Château Nörvenich, près de Cologne) et a été enregistré sur la cassette audio Prehistoric Future (Futur Préhistorique).

Le groupe qui n'avait pas encore de nom avait installé son premier studio, Inner Space, au château, quand le sculpteur américain Malcolm Mooney, venant rendre visite à Irmin et Hildegard Schmidt, s'associa au groupe. Entraînés par son énergie intuitive, les musiciens firent un enregistrement unique de musique rock et le morceau Father Cannot Yell provient de l'une de ces premières séances. David Johnson, qui à ce moment-là était devenu l'ingénieur du son du groupe, le quitta fin 1968. C'est à cette époque que l'absence de nom fut résolue par Mooney et Liebezeit qui proposèrent The Can.

Le premier album des Can, Monster Movie (1969), définit leur musique. Joué et enregistré spontanément, porté par des rythmes répétitifs, cet album fut enregistré directement sur bande à 2 pistes et fortement retravaillé. Soundtracks, l'album suivant, est une compilation de musiques de films de 1969 et 1970. Juste après la sortie du disque, Malcolm Mooney quitta le groupe et retourna aux Etats-Unis à la suite d'une dépression nerveuse. L'ère Mooney est largement documentée par Can - Delay, paru en 1982.

En mai 1970, le chanteur japonais Kenji "Damo" Suzuki rejoignit les Can après avoir été remarqué par Holger Czukay et Jaki Liebezeit en train de chanter dans la rue à Munich. Le soir-même, il joua avec le groupe au Blow Up Club.

En décembre 1971, les Can fondèrent le Can Studio - connu sous le nom de Inner Space jusqu'à ce qu'en 1978, l'ingénieur du son René Tinner prenne les affaires en main - dans un ancien cinéma à Weilerswist, près de Cologne. A l'exception de Rite Time, tous les albums ultérieurs furent produits dans ces locaux. Le studio a été minutieusement démonté pour être reconstruit à l'échelle comme pièce d'exposition et comme studio toujours en état de fonction au German Rock'n'Pop Museum à Gronau près de la frontière néerlandaise.

Entre 1970 et 1972, le groupe connaît un tournant décisif avec Tago Mago (1971), impressionnant les critiques en Angleterre, en France et en Allemagne. Ege Bamyasi, paru en 1972, présenta le morceau Spoon, qui est le thème musical du thriller Das Messer (Le couteau) et en même temps le premier succès du groupe au hit-parade en Allemagne. Grâce à ce morceau de musique, où les Can utilisèrent pour la première fois l'un des premiers modèles de boîte à rythme, ils obtinrent le prix Goldene Europa TV en récompense pour la réussite de leurs bandes sonores. Sur Ege Bamyasi, on trouve aussi la musique d'une autre série noire de télé sous le titre de Vitamin C.

Le succès remporté avec Spoon incita le groupe à vouloir atteindre un auditoire plus vaste, ce qui engendra le Can Free Concert. L'événement fut filmé par Martin Schäfer, Robbie Müller et Egon Mann pour le réalisateur Peter Przygodda à la Sporthalle de Cologne, le 3 février 1972. L'hebdomadaire britannique de musique Melody Maker écrivit: "Les Can sont sans aucun doute le groupe de rock expérimental le plus talentueux et consistant en Europe, l'Angleterre inclue." Le magazine français Rock & Folk décrivit la musique des Can comme "l'une des plus impressionnantes expérimentation musicale offerte par un groupe contemporain."

Future Days (1973) fut le dernier album des Can avec Damo Suzuki. D'abord, ce fut Michael Karoli qui se chargea de la partie vocale, puis lui succédèrent par intermittences plusieurs chanteurs, dont Tim Hardin. L'enregistrement, cette même année, de Soon Over Babaluma marqua la fin de l'ère des enregistrements directs sur bande à 2 pistes. Landed (1975) fut le premier album des Can utilisant la technique d'enregistrement sur pistes multiples. Cet album incita Melody Maker à les décrire comme étant "l'ensemble de rock le plus progressif de la planète."

Le double album Unlimited Edition (1976) fut une version prolongée de l'album Limited Edition vite épuisé deux années plus tôt. Parmi ses titres on trouve la gamme variée des expérimentations connues sous le nom de Ethnological Forgery Series (EFS). Flow Motion, également paru en 1976, promulga le tube disco I Want More, et permit au groupe de se produire dans l'émission à succès programmée aux heures de grande écoute Top Of The Pops. L'année d'après, le groupe des Can s'agrandit en accueillant l'ex duo de rythme de Traffic, Rosko Gee (basse) et Reebop Kwaku Baah (percussions).

Holger Czukay s'était retiré en tant que bassiste et avait la charge, pour Saw Delight, des "effets sonores spéciaux". Son nouvel instrument était un récepteur de radio à ondes courtes; alors que son idée de créer de nouvelles impulsions dans le processus musical par l'intermédiaire de signaux de radio ne coïncidait pas avec la nouvelle structure des Can, elle fut néanmoins la base de son premier album solo, Movies, (1979). L'album suivant des Can, Out Of Reach (1978), fut enregistré sans Czukay qui avait quitté le groupe en mai 1977, pendant la dernière tournée des Can. Lors de leur dernière représentation, à Lisbonne fin mai, les Can jouèrent devant 10.000 fans. Le double album Cannibalism (1978) n'était pas qu'une compilation des "meilleurs tubes", c'était en fait le signe précoce que la réputation des Can continuerait de grandir.

L'avant-garde britannique et plusieurs interprétations punk puisent leur inspiration chez les Can. Traduisant la pensée de beaucoup de gens, Pete Shelley (Buzzcocks) est cité sur la pochette de l'album Cannibalism: "Je n'aurais jamais joué de la guitare si cela n'avait été pour Marc Bolan et Michael Karoli des Can." L'album Can sort fin 1978. Pendant ce temps, Michael Karoli monte le studio Outer Space Studio, en France, près de Nice. C'est là qu'en novembre 1986 ils se retrouvèrent dans la même distribution originale de Monster Movie, avec le chanteur Malcolm Mooney, pour enregistrer Rite Time. L'album parut en 1988. Le groupe se réunit de nouveau au Can Studio dans la même distribution, mais sans Holger, pour enregistrer le morceau Last Night Sleep pour le film de Wim Wenders Until the End of the World (Jusqu'au bout du monde).

En mai 1997, le CD remix Sacrilege fut une preuve supplémentaire de l'aspect durable de la musique des Can. Pour leur rendre hommage, des personnalités importantes du monde de la techno, de la danse et de la scène ambiante remodelèrent 15 morceaux classiques des Can. L'ironie veut que l'importance de la contribution apportée par les Can au vaste panthéon musical soit résumée par Andrew Weatherall qui refusa la proposition de faire un remix d'une oeuvre des Can pour Sacrilege: "J'adore remanier le travail des autres. Mais celui des Can? Rien à faire. On ne touche pas à une musique aussi parfaite. Il n'y a rien à ajouter ou à enlever."

La manière choisie par le groupe pour célébrer son 30ème anniversaire est particulièrement originale. Voulant éviter une tournée réunissant tous les membres du groupe parce que cela aurait été trop prévisible, et parce que surtout, cela irait à l'encontre de l'esprit du groupe, ils optèrent pour la Can Box et le Can-Solo-Projects Tour pour marquer l'événement. Can Box inclut des enregistrements live de la période entre 1971 et 1977, un livre en trois langues présentant l'histoire du groupe, des interviews, des comptes rendus et des photos faites par Hildegard Schmidt et Wolf Kampmann, en plus d'une vidéo contenant le Can Free Concert Film réalisé par Peter Przygodda et le Can Documentary fait par DoRo-film.

Le Can-Solo-Projects-Tour avec Holger Czukay & U-She, le Club Off Chaos de Jaki Liebezeit, Irmin Schmidt & Kumo et le groupe Sofortkontakt! de Michael Karoli démarra le 19 mars 1999 à Berlin à la Columbia Halle. La tournée connut un tel succès qu'on en organisa une deuxième pour septembre 1999. Elle eut lieu sans Holger Czukay qui fut obligé d'y renoncer à la dernière minute en raison de circonstances imprévues.

Les Can travaillèrent ensemble pour la dernière fois en août 1999 au studio d'Irmin en Provence, avec Jono Podmore, pour enregistrer une reprise du thème The Third Man (tiré du film du même nom, Le troisième homme) pour la compilation Pop 2000 produite sous le label Grönland/EMI de Herbert Grönemeyer.

Le 17 novembre 2001, Michael Karoli meurt après avoir lutté longuement contre le cancer.

En mars 2003, les Can reçurent le prix le plus prestigieux que l'industrie de la musique allemande puisse remettre : le prix Echo pour l'oeuvre de toute une vie fut remis lors d'une cérémonie qui eut lieu à Berlin. Herbert Grönemeyer, l'un des artistes les plus célèbres d'Allemagne, tint le discours officiel pendant que Brian Eno projetait un court-métrage plein de verve sur le groupe. Le prix fut remis par les Red Hot Chili Peppers dont le guitariste John Frusciante parla lui aussi de son appréciation et du respect qu'il éprouvait pour la musique des Can.

Tous les membres de Can continuent leurs carrières solo tout en poursuivant le travail avec d' autres artistes internationaux.

Gary Smith (31.08.2003)
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
Avatar du membre
pH
Hikikomori !
Messages : 2336
Enregistré le : 12 juin 2006, 23:24
Contact :

Message par pH »

C'est sur Saw Delight qu'il y a des morceaux jungle à couper le souffle tellemnt c'est visionnaire. Et cette pochette… si c'est pas dronésien ça…

Image

:twisted:
Avatar du membre
drÖne
Présidictateur
Messages : 7766
Enregistré le : 05 oct. 2002, 22:35
Localisation : Présidictature de Drönésie Orientale
Contact :

Message par drÖne »

Ah ben ça, tu pouvais pas tomber mieux avec la scie circulaire : j'en faisais collection ! J'en ai fait une photo à l'époque où je bossais en studio. Faudrait que je la scanne...

Bon, direction soulseek, je vais chercher ce Saw delight. Les 3 Can dont je dispose sont vraiment très bien en tout cas, ceux avec le premier chanteur. Après, j'ai un peu peur du virage reggae, mais bon, faut voir.

Sinon, j'ai suivi le lien de l'adresse de la pochette, et je constate que c'est Mute Records qui distribue Can en UK. Et comme il y a pas mal d'infos sur leurs disques, autant mettre l'adresse ici : http://www.mute.com/artists/viewArtistMain.jsp
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
Répondre