SLEEPYTIME GORILLA MUSEUM

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SLEEPYTIME GORILLA MUSEUM

Message par drÖne »

SLEEPYTIME GORILLA MUSEUM

Attiré par le nom de ce groupe, et plus encore par le titre de leur album (OF NATURAL HISTORY), j'ai téléchargé l'un de leurs titres et, heu..., comment dire ?... c'est bizarre. Intéressant : entre trash metal symphonique, mises en place et sonorités à la Zappa et esprit Residents pour le côté "foire aux freaks".

Du coup je télécharge tout l'album, pour voir ce que ça donne. Ca me fait penser à toute cette vague de bon groupes californiens comme Old Ladie's Drivers ou Primus qui explosent les canons du heavy metal symphonico-trash pour créer des territoires sonores encore inexplorés. Quelqu'un a des infos sur ce groupe intrigant ?

http://www.sleepytimegorillamuseum.com/

Image

'tain, en live, ça a l'air sympa au niveau du visuel...

Et pour se faire une idée, à part Soulseek, y'a des extraits (un peu courts) de leurs albums ici :

http://www.sleepytimegorillamuseum.com/discography.html

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Message par drÖne »

Je reviens sur ce disque que j'ai enfin pu écouter dans son ensemble. Enfin, pas tout à fait encore, mais c'est justement l'une des raisons qui font que j'ai envie d'en parler là, tout de suite. Autant je passe rarement par l'exercice imposé de la "chronique musicale", autant avec ce disque je me sens obligé... D'abord parce que ça fait des années qu'un disque ne m'a pas produit une telle impression de maturité, de cohésion et de puissance. Sleepytime Gorilla Museum fait partie de ces expériences musicales qui ne font aucune concessions aux modes et aux "airs du temps". J'ai y beau déceler des formes que n'auraient pas renié un Jim Thirwell (Foetus) pour l'ampleur symphonique, un Franck Zappa pour la complexité des compositions et l'utilisation d'un dispositif de percussions orchestrales ou de mélodies inscrites dans la tradition américaine de la comédie musciale, ou encore Magma pour le côté sombre, violent et compact, l'ensemble tient remarquablement la route. ca relève aussi de ce qu'on appelle le "concept album", cette tradition de "disques ultimes" composés plus comme des pièces symphoniques que comme une succession de titres autonomes : de Pink Floyd à Foetus, en passant par les Who, l'école de Canterbury (Gong, etc.) ou Nine Inch Nails, chaque époque a produit son lot de concept album. Parfois c'est pompeux (Yes, Genesis, Emerson Lake & Palmer... blurb !), parfois ça donne des ovnis du style "of natural history" des Sleepytime Gorilla Museum. Mais ce disque ne sonne pour autant pas à la manière parfois mièvrement romantique de certains des groupes cités plus haut : il a la brutalité du grind core, du metal, bref, ça cartonne. Et surtout c'est plein d'idées ! Tellement qu'il faut du temps pour tout digérer, et du coup je n'ai pas terminé mon écoute : faudra que j'y retourne !

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Message par drÖne »

Et hop, alors que j'écoute maintenant le live dévastateur de Sleepytime Gorilla museum, voici un article trouvé sur le web qui présente l'univers esthétique et politique de ce groupe hors normes :

http://www.fluctuat.net/article.php3?id_article=2561
Nostalgie de la Fin du Monde

Sleepytime Gorilla Museum : On Natural History
Mimicry Records
cinéma/cinéaste/film/films/art/culture/société/magazine/mp3

La connaissance est soluble dans la pop. Sleepytime Gorilla Museum propose un second album ambitieux, sorte de débat entre les Futuristes et Unabomber, les deux piliers de l'anti-humanisme du XXe siècle, aux vues les plus opposées sur la notion de progrès et sur l'usage des machines. La musique comme un flux d'histoire à travers le corps, ou comme une invitation à danser sur les ruines...

Résumé des épisodes précédents… L'industrie du disque est soumise au principe de concurrence ; elle doit donc faire proliférer les stéréotypes, répondant aux besoins standards du consommateur, se posant chacun comme le prototype dont les concurrents seraient les succédanés, créant des habitudes esthétiques et entretenant un sentiment d'insatisfaction entraînant le consommateur, jeune ou moins jeune, dans une dépendance affective marquée à ces productions standards.

Cependant, la révolution technologique a permis, par les logiciels de téléchargement et le partage de fichiers, la reprise individuelle, gratuite, des objets de consommation musicaux, et a ainsi posé la menace persistante d'un effondrement de cette industrie. Cette menace, cependant, ne concerne pas les petites compagnies qui ont créées, elles, un rapport privilégié, une communauté de vues avec leurs auditeurs, et dont tous les éléments entourant la production musicale (pochette, iconographie, livret, etc.) comptent dans l'appréciation particulière que ceux-ci peuvent avoir de la musique. Cette menace ne concerne pas les artistes musicaux dont la production fait de la connaissance la plus puissante des passions artistiques ; elle ne concerne donc certainement pas Mimicry Records, label créé par Trey Spruance, et qui publie, parmi ses groupes - tous de très bonne qualité - le fantastique second album de Sleepytime Gorilla Museum : On Natural History (2004).

Sleepytime Gorilla Museum, créé par deux ex-membres de Idiot Flesh (Dan Rathbun et Nils Frykdahl) et par la violoniste Carla Kihlstedt (de Tin Hat Trio), tous trois également étroitement associés à la compagnie de danse Butoh américano-japonaise Ink Boat - propose une musique pop violente et vénéneuse, qui tient à la fois du rock progressif des années 70-80 - et, en particulier, de King Crimson - du Death Metal et de l'expérimentation sonore à partir d'instruments customisés, mais encadré dans le format rigoureux de la chanson populaire à textes. Pour Nils Frykdahl, les déclarations de Genesis P. Orridge (comme ses interviews dans Re/Search) sont aussi importants que sa musique, et la musique rock ne vaut rien si elle ne présente pas une puissante consistance anti-politique et affirmativement nihiliste (d'où son goût, également évoqué, pour les Residents et William Burroughs). Son collègue Dan Rathbun a créé la plupart des instruments utilisés par Sleepytime Gorilla Museum : Slide-piano Log, Percussion Guitar, Electric Pancreas, Pedal-Action Wiggler. Les autres instruments utilisés sont rares (Glockenspiel, Toy Piano) ou simplement rarement utilisés en musique rock (Xylophone, Violon, Flûte). Les voix aiguës mêlées de Kihlstedt, Rathbun et Frykdahl, donnent enfin aux chants de Sleepytime Gorilla Museum une dimension théâtrale, délicatement menaçante, et d'une séduction dévastatrice.

De King Crimson, Sleepytime Gorilla Museum tient également l'identification Christ-Lucifer, et donc une relation étroite à la gnose, ainsi que les montées et descentes d'intensité enivrantes de leurs morceaux fleuves. Le manifeste esthétique de Sleepytime Gorilla Museum est simple : Hostilité franche au monde du rock et à ses présupposés. Dans la continuité des grands expérimentateurs du rock progressif des années 70, Sleepytime Gorilla Museum ne propose pas de chansons d'amour, exclue le culte stupide de la personnalité du chanteur, explose systématiquement les formats de la chanson prête-à-diffuser, élabore des rythmes très complexes, des arrangements somptueux, et tente de renouveler les principes du concept-album.

Les deux premiers morceaux de On Natural History, traitent de la difficile conquête de l'individualité diabolique : Le porteur de lumière Lucifer, associé dans la liturgie catholique à l'étoile du matin, et l'Adversaire Satan (qui doit rester l'Adversaire, s'opposant ainsi au Rétablissement Universel). Dès le troisième cependant, l'album se présente comme un débat d'idées entre les Futuristes et Unabomber, soit les deux tendances anti-humanistes les plus radicalement exprimées, et exprimées avec le plus de cohérence, au XXe siècle : embrasser le futur, les machines, la technique, ou les refuser, les détruire par une pratique terroriste justicière comme celle de Ted Kaczynski (l'écrivain préféré des membres de Sleepytime Gorilla Museum avec Samuel Beckett). Mais cette méditation est également remplie d'expressions concernant l'actualité, lui donnant une coloration profondément inquiétante, une haine de la politique devant malgré tout s'exprimer dans les termes de la politique, et qui se termine sur l'indifférence déclarée devant la destruction de l'Occident : « Cafard, tes problèmes ne sont pas les miens ».

«Nous sommes la nouvelle Rome, dit Nils Frykdahl. Notre militarisme, sacrifiant les plus pauvres au profit des plus riches, préservant les intérêts des corporations transnationales qui déterminent les moindres gestes politiques de l'Amérique, est un symptôme de notre déclin plus ou moins imminent. (…) Nous avons passé les cent dernières années à sponsoriser des guerres dans le tiers-monde, qui ont abouti à huit millions de morts. Nous voulons continuer à vivre de cette manière aussi longtemps que nous pourrons, mais, comme tous les empires, nous perdrons. J'ai personnellement tenté de ne pas mêler la politique à mon travail artistique pendant des années mais l'embarras d'être un Américain en tournée aujourd'hui dans le reste du monde m'a forcé à reconnaître la réalité de notre mafia pétrolière. (…) La musique est un flux d'histoire à travers le corps, une interaction humaine avec les matériaux non-humains - métal et bois - et ce que nous pouvons apprendre d'eux.»

Rétif, disruptif et concrètement trans-historique, Sleepytime Gorilla Museum est un des rares groupes de rock contemporains dont la responsabilité esthétique nous aide à combattre un monde que nous désespérons de vivre.

Discographie :
- Sleepytime Gorilla Museum, Grand Opening and Closing (Seeland/Chaosophy, 2001)
- Sleepytime Gorilla Museum, On Natural History (Mimicry, 2004)

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Message par kickblaster »

Et bien mon cher Présidictateur, je sais où iront mes prochains deniers si je doit acheter un disque. J'en ai l'eau à la bouche mais mon pauvre débit en octets me forcera à la patience. T'façon m'en fous j'préfère l'avoir en vinyl. Les deux trois références aux Residents à Burroughs et Crimson m'ont largement convaincu. Et Ted Kaczynski à découvrir.
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Message par drÖne »

Si tu veux que je t'ouvre un répertoire sur Soulseek, y'a qu'à demander, j'y mettrai les 2 LP de Sleepytime Gorilla.

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Message par kickblaster »

Merci Dröne, j'attend d'avoir l'adsl, passque pour l'instant c'est pas humain d'attendre 8 heures de téléchargement pour dix minutes d'écoute. C'est encore la préhistoire chez moi l'informatique. A moins qu'avec c'que tu proposes ça ne change la donne. Mais attention si tu veux m'expliquer que'qu'chose en informatique, tu avances en terrain miné. J'intercomprend pas des masses.
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Message par drÖne »

kickblaster a écrit :Merci Dröne, j'attend d'avoir l'adsl, passque pour l'instant c'est pas humain d'attendre 8 heures de téléchargement pour dix minutes d'écoute. C'est encore la préhistoire chez moi l'informatique. A moins qu'avec c'que tu proposes ça ne change la donne. Mais attention si tu veux m'expliquer que'qu'chose en informatique, tu avances en terrain miné. J'intercomprend pas des masses.
Malheureusement, Soulseek sans adsl c'est comme repeindre la muraille de Chine avec un coton tige... Te reste plus qu'à investir dans le ternet, le truc avé le mulot pour les djeunz, ou alors à dresser des pigeons voyageurs...

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Ah ben j'ai trouvé des vidéos de SGM :

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pH
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Message par pH »

Fred Frith, Stevie Wishart & Carla Kihlstedt (violon de Tin Hat Trio et de Sleepytime Gorilla Museum) viennent de sortir "-The Compass, Log and Lead (Intakt - 2006). Très beau. Tin Hat Trio c'est sympa aussi tiens. Délicat, rayonnant. Bon…

Mais ce qui est rigolo ho ho c'est que là j'écoute ça: Wintsch, Baumann, Frith & Trontin - Whisperings.

Rin à voir. Mais voilà y'a un point commun marrant non?

Fred Frith.

Et comme tout (absolument!) c'que j'écoute c't'ENORME.

Arghhh.

c'est dit

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Message par pH »

Ma foi c'est très bien Sleepytime Gorilla Museum, ça fait penser à un grand opéra rock déjanté servi par des musiciens extraordinaires. On pense évidemment à Bungle pour le côté virtuose, les ruptures, les collages, et aux Residents pour l'ambiance décallée et l'univers poisseux…
Excellentttt---iiissime
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