Refuser de collaborer avec la société de contrôle
Posté : 25 nov. 2005, 10:50
Bon, le titre est un peu prétentieux, mais c'est une micro résistance à moi que j'ai, et qui se déroule depuis un an sur mon lieu de travail. Je suis universitaire, et mon administration me demande régulièrement de justifier de l'occupation de mon temps de travail. En gros, ça prend la forme d'une fiche semestrielle à remplir, où j'indique le nombre de mes cours, leur durée, etc. Depuis un an ou deux, ces contrôles se multiplient de manière délirante, par différents biais, et ne sont en rien justifiés dans la mesure où nos administrations ont déjà ces informations. Ne serait-ce que parce que c'est moi même, à partir du nombre d'heures statutaires que je dois à l'Etat de part ma fonction, qui ai élaboré mes cours, et parce que j'ai déjà envoyé des infos sur mes cours à cette même administration. En ce moment, on nous demande, en plus, de justifier de nos travaux en dehors de notre administration : et pourquoi pas du temps qu'on passe aux chiottes ou de celui qu'on passe à dormir aussi ? Du coup, ça fait un an que je refuse de rendre ces fiches administratives. On me relance régulièrement, mais je fais le mort : je ne risque rien, sans doute même pas un blâme, mon salaire ne sera pas touché, et je les emmerde.
C'est vraiment micro comme résistance, mais si tous ceux qui, comme moi, jouissent de la sécurité de l'emploi et de postes considérés comme socialement légitimes se mettaient à ce genre de micro résistance, on ferait plier nos administration car on ne risque rien du tout. Le problème, c'est que mes collègues, qui ne pensent généralement pas (si vous saviez à quel point les relations avec des intellectuels et les universitaires sont décevantes ! Si vous saviez à quel point cet univers relève de la psychiatrie ! Si vous saviez à quel point on n'y a jamais une seule discussion intéressante ! Si vous saviez le nombre de lâches et de crétins qu'on y croise...), ne pensent même pas qu'ils pourraient résister facilement à ce qu'ils critiquent parfois, quand l'un de leurs derniers neurones encore valides se met en position <ON> (rassurez vous, ça ne leur arrive qu'une fois tous les dix ans).
Plus généralement, je crois (et on en discute souvent avec LLB) que c'est sur nos lieux de travail que se jouent les principales formes de résistance possible aux pouvoirs coercitifs qui sont en train de se mettre en place. Résiter sous la forme de manifestation est parfois utile, souvent une perte de temps, mais si on développait sur les lieux de travail des formes de résistance civile (ou passive ?), je crois qu'on pourrait réellement changer des choses. Or, les syndicats sont incapables d'avoir de telles initiatives, dans leur immense lâcheté et du haut de leur monumental désir que l'ordre social ne change jamais et que les puissants restent puissants pour qu'eux-mêmes puisent justifier leur place de bouffons syndicaux. J'en avais discuté avec un délégué syndical, mais la seule forme d'action qu'ils savent mettre en place c'est la grève d'une 1/2 journée genre un samedi matin, histoire de ne pas faire de vague : leur fonction est de rabattre toute idée utopique, toute vraie résistance, sur des revendications corporatistes bien gnian gnian, dont ils savent par avance qu'elles ne changeront pas les équilibres en place.
Bref : micro résistez sur vos lieux de travail, c'est là qu'on arrivera peut-être à mettre des grains de sable dans le rouleau compresseur libéral-sécuritaire !
+A+
C'est vraiment micro comme résistance, mais si tous ceux qui, comme moi, jouissent de la sécurité de l'emploi et de postes considérés comme socialement légitimes se mettaient à ce genre de micro résistance, on ferait plier nos administration car on ne risque rien du tout. Le problème, c'est que mes collègues, qui ne pensent généralement pas (si vous saviez à quel point les relations avec des intellectuels et les universitaires sont décevantes ! Si vous saviez à quel point cet univers relève de la psychiatrie ! Si vous saviez à quel point on n'y a jamais une seule discussion intéressante ! Si vous saviez le nombre de lâches et de crétins qu'on y croise...), ne pensent même pas qu'ils pourraient résister facilement à ce qu'ils critiquent parfois, quand l'un de leurs derniers neurones encore valides se met en position <ON> (rassurez vous, ça ne leur arrive qu'une fois tous les dix ans).
Plus généralement, je crois (et on en discute souvent avec LLB) que c'est sur nos lieux de travail que se jouent les principales formes de résistance possible aux pouvoirs coercitifs qui sont en train de se mettre en place. Résiter sous la forme de manifestation est parfois utile, souvent une perte de temps, mais si on développait sur les lieux de travail des formes de résistance civile (ou passive ?), je crois qu'on pourrait réellement changer des choses. Or, les syndicats sont incapables d'avoir de telles initiatives, dans leur immense lâcheté et du haut de leur monumental désir que l'ordre social ne change jamais et que les puissants restent puissants pour qu'eux-mêmes puisent justifier leur place de bouffons syndicaux. J'en avais discuté avec un délégué syndical, mais la seule forme d'action qu'ils savent mettre en place c'est la grève d'une 1/2 journée genre un samedi matin, histoire de ne pas faire de vague : leur fonction est de rabattre toute idée utopique, toute vraie résistance, sur des revendications corporatistes bien gnian gnian, dont ils savent par avance qu'elles ne changeront pas les équilibres en place.
Bref : micro résistez sur vos lieux de travail, c'est là qu'on arrivera peut-être à mettre des grains de sable dans le rouleau compresseur libéral-sécuritaire !
+A+