Episode 2 saison 13

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Ël Rapha
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Episode 2 saison 13

Message par Ël Rapha »

Ce soir,

si j’y vais,

c’est épisode 2 saison 13.



Si, ça fait 13 ans que la fête fautive d’Aigues-Mortes

-le revivre ce soir pour être précis-

est intégrée au territoire vaguement délimité de mes déambulations nocturnes.



Il y fait toujours aussi froid; octobre faut dire que…



En tout cas ce week-end de 1997 La fille aux cheveux bleus, mon pote et moi, on s’était sérieusement fendu la poire.



L’épisode 1 saison 1, je m’en souviens. Ca c’était du pilote!



Avant, c’était plutôt Beaulieu ma fête de village de référence.

Il faut dire qu’on y cassait encore les tables et les chaises à la fin du bal en 1996; et rien que pour ça…





La fête fautive en petite Camargue, hier comme aujourd’hui, reste un haut lieu de saoulerie tauromachique où les odeurs de pisse, de vomi, de mauvaises eaux de toilette et de bouse de taureau le disputent à la médiocrité généralisée des playlist de bodega .

Par plus tard qu’hier Claude François rivalisait avec Goldman pour incendier les dancefloors entre deux remix minimal ou house de supermarché de tube des années 80.



Tout ça pour dire que, à première vue, on n’avait strictement rien à foutre là.

Dans ce bled du Gard marécageux.

Bled taurin, chauvin, alcoolique et cocaïnomane.

Bled duquel, sous la tutelle de Louis quelque chose sanctifié pour son intégrisme sans limite, et à l’invitation D’Urbain chez pas combien après qu’il ait baratiné les foules à Clermont-Ferrand,

une tripoté de velus s’en étaient allé mourir en terre sainte, convaincus en plus, les cons !









Mise à part l’appel de la drogue, il n’y avait que peu de raisons valables à notre présence sur place.



Mais c’est joyeux et souriant que nous déambulions dans les rues de la cité médiévale, blaguant et riant, saluant nos quelques amitiés locales, le temps que notre psychose hallucinatoire temporaire démarre.

Et puis furieusement hilares nous avions pleinement profité de la nuit.

De ces couleurs et du chaos électrique installé dans nos cafetières, jusqu’à ce que les bodegas, le bal et les cafés ferment.

Nous laissant plein d’une envie de nous désarticuler au rythme des machines, à l’heure où la nuit commence à se prendre pour un matin.



C’est à ce moment précis, mais alors dire précisément lequel par contre…

A ce moment là donc, que le petit frère de notre marchand de gommettes du soir décida de nous offrir une séance de pim pam poum poum poum poum rien que pour nos synapses malicieuses.



Aigues-Mortes et ainsi faite, qu’il n’y a pas d’arènes en dur.

Depuis toujours,



-enfin depuis qu’on rend les taureaux de Camargue jobastres en leur courant après pour ramasser 4 sous offert par le maire et les commerçants. Mais/et surtout pour montrer aux filles qu’on en a, et pour rendre fiers nos anciens pendant que nos mères tremblent. En fait les leurs de mères, nous autres ne courrions que peu après les vaches.-



je disais depuis toujours, les familles réunissent leurs théâtres en cercle, des genres d’échafauds familiaux fait de bric et de broques mais surtout de planches en bois d’arbre, pour matérialiser leur saint lieu : les arènes.


Un genre d’espace ovoïdal et fermé, dédié à la torture douce de bovidés semi sauvages, qui une fois sortis des camions doivent d’abords traverser la ville et se répandre un peu partout avant d ‘avoir le droit de se faire raseter.



Et ce, au pied des remparts.

A l’extérieur de la cité, du côté où elle regarde vers les salins et ou le vent d’automne te gifle, te coupe les oreilles et te remplis la bouche de sable si tu tentes de l’insulter lui et son goût pour les bourrasques impitoyables.



Ainsi il advient que nous dansâmes comme des damnés sous le regard même pas attendri des remparts.





A7 ou 8

(ou la nationale mais c’est plus long)

maximum.

Foulant le sable des arènes face à deux caissons et un Dj que l’on nommera « oui-oui en allemand » pour préserver son anonymat.

Sentant bien q’u on en aurait sous le coude pour un moment, vus les fous rires accompagnant nos chorégraphies improbables, et afin de nous soulager, ou plus sûrement pour le plaisir démiurgique de piloter nos caboches,

le mec se mit a enchaîner sévère.

A enchaîner plaques acid sur plaques acid en les pitchant de plus en plus.



Les boucles stridulantes s’empilaient les unes sur les autres, se télescopant les unes dans les autres comme les anses intestinales de ma grand-mère, pendant que la machine à laver rythmique s’approcher de plus en plus du mode essorage.

Nous autres montant en température, les esclafades ayant laissé places à d’intenses gesticulations magiquement collectives.



Je retrouve encore en fermant les yeux, ses images intérieures qui accompagnaient mes mouvements lorsque Oui-oui le dj passa pour la 3eme fois « acid kid ».

Ze rave tube. Il avait tellement jouait le vice à pitcher de plus en plus l’affaire, que le tube de Dj ESP tournait maintenant en 45tours alors qu’on l’avait entamé légèrement en dessous de sa vitesse de croisière 20 minutes plus tôt.

ou 5 minutes plus tôt en fait…

Qu’est ce que le temps ?

Et surtout qu’est ce que le temps depuis le 16 avril 1943?



Oui-oui fait péter.

La meuf aux cheveux bleu danse aux abonnés absents, ses paupières closes sourient au monde.

Mon pote trace des cercles des ronds des carrés en face de lui,ses jambes répondent à ses mains, ses oreilles voit très clairement la musique,ses yeux entendent les couleurs sans noms, il sourient de toutes ses dents, elles brillent.

E moi je rebondis sur le sable, zébulon lysergique, et les yeux fermés je vois ce phénix au ailes de feu jouer à la marelle en battant des ailes ; terre ciel 1, 2 ,3. 4-5. 6. 7-8. 9.

Et je ferme les yeux.

Et je bats des ailes.





J’ouvre les yeux pour apercevoir un aigues-mortais d’une bonne trentaine d’année,

un vieux au regard de nos 18 ans,

qui me/nous scrute moitié amusé moitié terrorisé.

« Mais qu’est ce qu’ils ont dans la tronche ces jeunes, la techno ok mais là ??? »





Il fait quasi jour maintenant, Oui-oui coupe la platine laissant le disque ralentir de lui-même.

Les remparts on moins l’air de légos géants.

Je n’arrive plus à leur rajouter des rangés de moellons juste en les regardant.



Le disque se meurt dans un amalgame sonore caverneux, notre dj héros d’un soir l’accompagne de deux ou trois scratch et tout est fini.





Plus tard, le surlendemain, mon père me dira « Machin vous a vu à la fête ». Machin c’était le mec ahuri qui me fixait quand j’ai ouvert les yeux.

Forcément, l’univers et son sens de l’humour…





Mon père ne me dira rien de plus et j’entendrai le reste.



Le mélange de respect d’amour et d‘inquiétude, la capacité à comprendre, et la fierté d’être le père d’un gamin qui traumatise les cons bêtes et méchants, les cons gentils et les cons qui ne se prononcent pas.



Je l’ai entendu ce « Oui tu cherches la lumière sous la terre. Oui je comprends la volonté d’arpenter les souterrains. J’ai confiance tu trouveras ce que tu cherche. Prend soin de toi quand même mon fils, je t’aime ».



Elle m‘accompagne encore cette bénédiction silencieuse.

Je les voir encore les moellons fluo s’empilaient comme dans un tétris d’architecte Télékinésiste.

Les ailes dans mon dos je les sens souvent, l’amour de mes amis aussi.



Ce soir j’irai à la fête d’Aigues-Mortes, au revivre pour être précis.

Quand les bars auront fermés quand la dernière bodega d’after se sera tue, j’en sortirai plein de musique de mauvais vin et de sourires et c’est à ce rempart exposé aux 4 vents mon rempart de trippé que je souhaiterai une bonne journée avant de m’en retourner dormir chez les pescalunes.



Et comme à chaque fête d’Aigues-Mortes je penserai à mon pote, à la fille aux cheveux bleus, et à moi dansant sur ce sable aux pieds de ces murs entourés par les théâtres des familles d’Aigues-Mortes.

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