Il fait chaud et on va tous crever

Ici on discute de thèmes environnementaux : écologie scientifique et/ou écologie politique, décroissance, etc.

Modérateurs : drÖne, LLB

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TKFATPK
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Message par TKFATPK »

vous connaissez tous le film " soleil vert", nest ce pas...c'est un roman d'anticipation...quand yaura plus de baleine, yaura plus de plancton !!!
KoM On SeE !
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LLB
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Message par LLB »

Le monde est fou n'est-ce pas?
Les rapports alarmants s'accumulent et il n'y a aucune prise en charge des problèmes inouïs qui s'annoncent par les instances politiques.
Dans la décennie 80, quand on voyait monter la sensibilité écologique dans le public, les collègues soiologues et philosophes se méfiaient : la nature est de droite, à bas le catastrophisme qui entrave le libre mouvement conjoint de la pensée et de progrès et d'abord, la nature est une invention.
L'exposition "environnement" à la cité des sciences évacuait laparole des alarmistes (Ramade) et invitait des scientifiques hard et des sociologues du risque.
Aujourd'hui sociologues et philosophes s'y mettent timidement - il leur en a fallu du temps - mais comme on apprend jamais riende rien, c'est une sorte d'esthétique politique qui relégitime le discours écologiste : Ca m'enerve un peu de voir citer Sloterdijk, Debord, Latour, pour parler des problèmes de climat et d'environnement. Latour surtout.
Il n'y a qu'à voir : Vilain Bové paysan, sympa féministe Vert. En Bolivie, je me disais qu'avoir mis Morales au pouvoir, c'était un peu comme si on méttait Bové chez nous, la comparaison étant malgré tout très contestable sur bien des aspects.
Micoud disait que pendant que la sociologie avait complètement oublié la nature, des gens ordinaires, des paysans, des amateurs, des bourins, continuaient à s'en occuper en perpétuant une veille discrète, un inventaire obscur et provincial des populations animales et végétales. Aujourd'hui les sociologues à la mode rebaptisent ça "sciences citoyennes" et en font un mouvement novateur de gauche.
J'avoue que je fais ici comme les journaux radicaux à critiquer le proche plutôt que l'ennemi mais comme j'ai écrit le post et que si je m'écoutais en ce moment, j'arrêterai de dire quoi que ce soit tant je participe de l'incohérence générale....je poste, tant pis, mais je ferai mieux de régler mes propres incohérences....
Le Lion Bleuflorophage
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drÖne
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Message par drÖne »

Ben c'est pas si incohérent ce que tu dis : entre des sociologues comme Micoud, qui sont dans le mouvement écolo-altermondialiste depuis les années hippies, et les poseurs à la Latour/Sloterdjick, il y a peu de proximité. ils ont beau se présenter tous comme (plus ou moins) de gauche, sympas, ouverts, etc., on sait bien qu'il n'y a pas photos entre eux et qu'on est plus proche des bourrins modestes mais constants que des poseurs médiatisés et versatiles. Tu ne critiques pas la sociologie de gauche en général, mais certains de ceux qui se réclament aujourd'hui d'une sympathie pour les thèmes écolos (surtout le climat) alors qu'ils ont parfois prétendu que la nature n'était QUE une construction sociale et pas une réalité prête à nous péter à la gueule si on oubliait qu'elle était bien réelle. Petite précision, pour les non-sociologues : il y a réellement des sociologues et des philosophes qui prétendent que la nature n'existe pas, que c'est un concept de droite, légèrement fasciste, et que seul le progrès technique et scientifique a de l'intérêt et qu'on doit asservir la nature : généralement (mais pas paradoxalement) ce sont des intellectuels de gauche qui tiennent ce discours écoeurant. En gros, ils ont commencé à le tenir depuis les années 80 quand Mitterrand et Chevenement ont monté en épingle certains mouvements dits "anti-science" (on y collait les écologistes) pour présenter la gauche comme un recours contre l'obscurantisme de la droite, forcément suspectes d'affinités avec les nazis et avec leur amour de la nature.

D'amalgammes en amalgammes, la gauche a finit par haïr l'idée de nature et à prôner (productivisme et scientisme post-marxiste aidant) l'idée que la nature était simplement un fantasme, une "construction sociale" du sens commun, dont il fallait se méfier comme de toute forme d'obscurantisme.

En gros, l'amalgamme prenait la forme de : nature = loi naturelle = idée réactionnaire qui interdit la modification des rapports de force par l'homme = amour de la nature dans l'extrême droite et le nazisme DONC l'écologie serait une idéologie de droite réactionnaire cachée derrière des idées de gauche DONC la science va nous sauver de tout si on arrive à éliminer tous ces romantiques nazis qui se cachent derière les écologistes, surtout les paysans, car la terre c'est de droite c'est bien connu. Je schématise à peine...

Aujourd'hui que la terre va se dérober sous nos pieds, alors les sociologues et philosophes productivistes et anti-nature doivent quand même commencer à se sentir cons. Ceux là, on peut bien les critiquer, surtout quand toi tu as eu l'expérience de leurs positions stupides d'il y a 15 ans, et que tu peux voir ce qui se passe aujourd'hui.

+A+
drÖne
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LLB
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Message par LLB »

Tu as bien fait d'expliquer un peu mais juste une précaution : toute cette assimilation nature/droite, consruction sociale/gauche n'est pas une vision partagée par tout le monde. Je l'ai élaborée quant à moi il y a genre 7, 8 ans ans et présentée essentiellement à mes étudiants et amis comme d'habitude, et dans quelques colloques où ça n'a pas suscité l'enthousiasme, sur la base d'un gros travail sur ce qui se passait dans les musées de sciences.
Mais toute idée circule d'autant mieux et plus vite qu'elle est débarassée des bases sur lesquelles elle s'est construite et donc de ses limites toujours énormes, et qu'elle s'est élevée et anoblie en montant dans les sphères des Idées Toutes Seules. C'est pour ça d'ailleurs que les personnalités qui pensent essentiellement en combinant des conceps, références et idées, arrivent si rapidement à des grandes synthèses. Actuellement je suis assez soufflée par le discours que commence à tenir Isabelle Stengers sur l'attachement du public aux institutions scientifiques et sur la nécessité d'une alliance, discours tout à fait pertinent, mais qui fait suite à une attitude antérieure de grand mépris pour les études empiriques précises d'où sont nées les idées qu'elle présente aujourd'hui comme issue de la réflexion-zelle-même. A part ça j'ai une admiration certaine pour elle. Je lui avait envoyé il y a quelques années un texte sur cette idée d'alliance entre publics et chercheurs pour qu'elle me dise son avis, elle m'avait renvoyé sur les tribunes libres des quotidiens... Peuchère allez, on clot le sujet avant de dériver vers des problèmes sans aucun intérêt. Le rapport homme/nature aujourd'hui c'est autrement important.
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drÖne
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Message par drÖne »

Oui, c'est vrai que l'habitude des philosophes, bien souvent, c'est de piquer les concepts et résultats des sociologues ou des chercheurs empiristes et de les transformer pour que ces idées intègrent le grand marché aux idées philosophiques (marché souvent éditorial et parfois rentable, pas seulement au plan des rétribution symboliques d'ailleurs : les livres, ça s'achète...). Ce qui disparait dans ce transfer, c'est non seulement les auteurs originaux (ton exemple avec Stenger est très éclairant) mais aussi les contextes empiriques et théoriques qui structurent (et donc limitent) scientifiquement les idées. Ce qui n'est pas rien. Bourdieu s'était déjà élevé contre les philosophes du type Foucault qui pillaient les concepts sociologiques sans jamais ni rendre à Cesar ce qui lui appartenait, ni payer le lourd tribu méthodologique que demande la recherche empirique qui ne se contente pas de dire des choses intéressantes à penser, mais qui tente de prouver ce qu'elle avance. Ce sacrifice en temps, en énergie, en abnégation, etc., n'est pas pris en compte quand Stengers se permet, comme par hasard après avoir lu ce que tu lui avais envoyé, de se mettre à parler de thèmes sur lesquels tu as travaillé sans te citer : on appelle ça du pillage, de la malhonneteté intellectuelle. Ca en dit long sur les habitudes du milieu des intellectuels et philosophes médiatiques au passage, et sur certains donneurs de leçons de morale "politique" en particulier... La "récalcitrance", certes, mais si ça paye et si ça permet de placer quelques ouvrages rentables en faisant croire qu'on a tout pensé avant les autres, c'est encore mieux...

Donc, désolé d'avoir un peu rapidement fait comme si ces idées relevaient d'un partage général : c'est vrai que c'est suite à des discussions que j'ai eu avec toi que j'ai pris conscience de ces problèmes politiques du positionnement dans le rapport à la nature.

Bon, alors, ton bouquin, tu le publies quand, hein !!! :D
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juko
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Message par juko »

ah mais oui le bouquin!
je réve meme d'un bouquin LBL/DRone avec toutes ces questions abordées lisibles entre les mains
je délire?
et pis yaura plus que de la rétribution symbolik comme ça
;)
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drÖne
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Message par drÖne »

Ben c'est en cours, mais c'est le temps qui manque. On passe plus de temps à régler des problèmes de paperasserie bureaucratique et des conflits inter-personnels de nos collègues qu'à publier : c'est ça, aussi, l'université... Sinon, LLb a un bouquin sur le feu, faut juste qu'elle l'envoie à l'éditeur : faut la pousser jusqu'à ce qu'elle clique sur le bouton "send" !

Allllleeeeeez !!! Fais péteeeer le bouquin !!!

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Message par LLB »

Je reviens une minute au sujet d'avant pour finir : j'ai emprunté aussi à Drone énormément, en fait on emprunte sans arrêt, on ne sait plus comment viennent les idées. Stengers n'a pas besoin de moi pour avoir pensé la nécessité de cette alliance fondée sur des valeurs partagées, mais j'ai trouvé dommage qu'elle ne fasse pas alliance justement avec des chercheurs qui lui envoient des textes présentant des positions qui sont exactement celles sur lesquelles elle devait être en train de réfléchir, et qu'elle les renvoie vers.... les médias!
Bref revenons au bouquin, du mal à le faire, en train, depuis des années, trop de travail.
C'est sympa de le réclamer mais je doute qu'un tel livre soit aussi agréable à lire que la musique de Juko ou celle de Drone à écouter!
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Message par staivair »

mais concrètement vous faites quoi dans la vie de tout les jours pour mettre un frein, si c'est possible, à la destruction (changement) de la nature ???

à une époque ( y as six mois) j'était tomber dans un désir de jusqu'au boutisme: arrêter mon travail, devenir paysan, quitter ma copine, j'ai arrêter de faire de la musique électronique (trop polluante), je n'avait presque plus de déchets dans la poubelle etc ...
maintenant je m'en préoccupe moins de la destruction de la planète,
parce que cette pensée m'as coupé du social (la pression sociale!!!),
et je me suis réouvert aux autres (consommateurs) ...
Je dit que la pollution c'est mal, mais je surconsomme comme tout le monde, j'ai même pour bientôt un crédit sur le dos : un parfait BOBO !!!
La nature s'en fou, elle me l'as dit, sa destruction est peut-être une bonne chose, qui sait ??
et puis la pollution ouvre de nouvelles parts de marché, et c'est le plus important, car la croissance c'est le confort des pantoufles, donc le bonheur ...
sinon vous faites quoi pour faire semblant d'éviter peut-être le pire ??
écrire des livres ? même avec du papier "bio" c'est encore participer au bordel ...on est coincé, à moins de s'en foutre, un peut de légèreté que diantre ...
rien n'est vrai, rien n'est possible
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Message par drÖne »

staivair a écrit :mais concrètement vous faites quoi dans la vie de tout les jours pour mettre un frein, si c'est possible, à la destruction (changement) de la nature ???

à une époque ( y as six mois) j'était tomber dans un désir de jusqu'au boutisme: arrêter mon travail, devenir paysan, quitter ma copine, j'ai arrêter de faire de la musique électronique (trop polluante), je n'avait presque plus de déchets dans la poubelle etc ...
maintenant je m'en préoccupe moins de la destruction de la planète,
parce que cette pensée m'as coupé du social (la pression sociale!!!),
et je me suis réouvert aux autres (consommateurs) ...
Je dit que la pollution c'est mal, mais je surconsomme comme tout le monde, j'ai même pour bientôt un crédit sur le dos : un parfait BOBO !!!
La nature s'en fou, elle me l'as dit, sa destruction est peut-être une bonne chose, qui sait ??
et puis la pollution ouvre de nouvelles parts de marché, et c'est le plus important, car la croissance c'est le confort des pantoufles, donc le bonheur ...
sinon vous faites quoi pour faire semblant d'éviter peut-être le pire ??
écrire des livres ? même avec du papier "bio" c'est encore participer au bordel ...on est coincé, à moins de s'en foutre, un peut de légèreté que diantre ...
Ben concrètement, comme tu le dis toi-même, c'est pas évident de faire quelque chose de réellement marquant. Déjà, ne pas aller dans le sens de la surconsommation ni dans celui du cynisme ambiant, c'est mieux que ne rien faire et se foutre de tout : écrire, et permettre à travers des séminaires, de faire en sorte que des étudiants accèdent à un autre type de discours que "la science c'est le bien absolu, consommez et taisez vous, le progrès ne se discute pas", ça sera plus utile pour l'avenir que de booster nos carrières en organisant de fausses conférences de consensus autour des OGM, à la manière de Pierre Benoît Joly, qui sont de l'arnaque intellectuelle. Autre exemple, très concret : on utilise notre micro (très micro) "pouvoir" et les dispositifs qui vont avec (une fac, un séminaire, des publications, etc.) pour faire que des gens qu'on estime intéressants puissent s'exprimer. Genre des gens de la confédération paysanne : on n'était pas obligé d'inviter Kastler, mais on l'a fait. Tu n'imagines pas à quel point ce serait plus facile et plus rentable en ce moment pour nous de faire comme tous nos collègues : pisser dans le sens du vent en vantant les mérites des nanotechnologies ou des OGM devant des publics d'ingénieurs de Monsanto. Résister, même de manière micro, c'est déjà résister. A chacun de le faire là où il est, à son niveau de responsabilité et avec ses armes. Parce que si on attend la révolution globale, on n'est pas sorti de l'auberge. Mais bon, je le concède, ce n'est pas toujours excitant de résister au quotidien.

+A+
drÖne
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