CIORAN "Si on avait pu naître avant l'homme!"...

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Modérateur : drÖne

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mandragore27
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CIORAN "Si on avait pu naître avant l'homme!"...

Message par mandragore27 »

Chaque fois que cela ne va pas et que j'ai pitié de mon cerveau, je suis emporté par une
irrésistible envie de proclamer. C'est alors que je devine de quels piètres abîmes surgissent
réformateurs, prophètes et sauveurs.


Ne regarde ni en avant ni en arrière, regarde en toi-même, sans peur ni regret. Nul ne descend en
soi tant qu'il demeure esclave du passé ou de l'avenir.


S'il entre dans la lucidité tant d'ambiguïté et de trouble, c'est qu'elle est le résultat d'un mauvais
usage que nous avons fait de nos veilles.

Les nuits où nous avons dormi sont comme si elles n'avaient jamais été. Restent seules dans notre
mémoire celles où nous n'avons pas fermé l'oeil : nuit veut dire nuit blanche.


Quand on revoit quelqu'un après de longues années, il faudrait s'asseoir l'un en face de l'autre et
ne rien dire pendant des heures, afin qu'à la faveur du silence la consternation puisse se savourer
elle-même.


Tout tourne autour de la douleur; le reste est accessoire, voire inexistant, puisqu'on ne se souvient
que de ce qui fait mal. Les sensations douloureuses étant seules réelles, il est à peu près inutile d'en
éprouver d'autres.

Je rêve d'un confesseur idéal, à qui tout dire, tout avouer, je rêve d'un saint blasé.


Comme je me promenais à une heure tardive dans cette allée bordée d'arbres, une châtaigne
tomba à mes pieds. Le bruit qu'elle fit en éclatant, l'écho qu'il suscita en moi, et un saisissement
hors de proportion avec cet incident infime, me plongèrent dans le miracle, dans l'ébriété du
définitif, comme s'il n'y avait plus de questions, rien que des réponses. J'étais ivre de mille
évidences inattendues, dont je ne savais que faire...
C'est ainsi que je faillis toucher au suprême. Mais je crus préférable de continuer ma promenade.


Cioran une mine un trésor rien que ça en seulement quelques pages de l'inconveniant d'etre né

parasite au pessimimisme joyeux passionant décapant donne le gout de l'ephemere d'une sagesse obscene et délicieuse
à lire et relire à l'endroit à l'envers dans tous les sens dans les chiottes dans le desert imbibez vous vous ne serez pas déçus....
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mandragore27
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Message par mandragore27 »

La conscience du malheur est une maladie trop grave pour figurer dans une arithmétique des agonies ou dans les registres de l'Incurable. Elle rabaisse le prestige de l'enfer, et convertit les abattoirs des temps en idylles. Quel péché as-tu commis pour naître, quel crime pour exister ? Ta douleur comme ton destin est sans motif. Souffrir véritablement c'est accepter l'invasion des maux sans l'excuse de la causalité, comme une faveur de la nature démente, comme un miracle négatif...

Précis décomposition
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