Dr Nikko a écrit :Salut à tous,
Je me suis inscris la semaine dernière mais par manque de temps je n'ai pas encore eu l'occasion de poster ni même de lire tous vos messages.
Salut Nikko, et bienvenue au club ! Enfin, au club... bienvenue dans la chambre des tortures mentales drönésiennes !
Etant moi même amateur de techno et de "boum boum" je voudrais simplement faire remarquer que ni les free party ni leur public ne sont représentatives du mouvement techno. Les free n'ont rien à voir avec ce qu'on appelaient "rave". Certes les raves sont mortes mais ça fait plusieurs années déjà (la dernière fois que je suis allé dans une "rave" ça doit remonter à 1998) mais décréter la mort de la techno, non ! Il y a toujours une musique électronique binaire et dancefloor inventive. Les free party ne sont qu'un mouvement de mode passager, tout comme la trance goa il y a 5,6 ans.
Je suis bien placé pour savoir que les free et les raves ne sont pas spécialement représentatives de quoi que ce soit, puisque je fais partie de cette génération de presque quadragénaires qui utilisaient le mot "techno" dans les années 80 pour qualifier des musiques du genre de celles de F242, Split Second, Cassandra Complex, Skinny Puppy, etc. A l'époque, on écoutait ça en concert et ce qu'on entendait en club, essentiellement de la house des milieux gays, ne m'intéressait pas particulièrement. Et que dire de nos aînés, ceux qui comme mon pote SpeedyJack ont abordé la techno par Kraftwerk dans les années 70 ! Donc, entre les premiers Kraftwerk, puis l'EBM des 80's et la house festive de la même époque, puis le trash sampler de Ministry, KMFDM et de NIN, en passant par la Goa, la d'n'b, le trip-hop, ou encore l'electronica, qu'est-ce qu'il y a de commun ? Un terme assez vide de sens : le mot "techno", vaste fourre-tout généraliste et peu discriminant. Et que dire du caractère passager des mouvements de mode qui agitent la "techno" ! A mon avis, et tu dois le connaître par coeur mon avis à force de m'avoir lu sur frame, le critère "musique électronique" (critère de support de création) est largement insuffisant pour caractériser tout ce foutoir, ne serait-ce que parce qu'aujourd'hui, comme dès les 80's d'ailleurs, un grand nombre de styles musicaux sont fabriqués à l'aide d'instruments électroniques. Je ne vais pas m'étendre là-dessus, mais les critères à prendre en compte me semblent être plus complexes : la sociologie des publics et des musiciens, le champ de la critique (les magazines spécialisés, les forums spécialisés, etc.), les modes de diffusions et leur caractéristiques énonciatives (la rave où le DJ est souvent caché et où l'attention se focalise sur le public, par différence avec le concert de rock, par exemple, où les stars mises en avant s'adressent au public de manière frontale), la sérialité et la répétitivité des productions musicales, leur relatif anonymat, etc. Tout ça est nécessairement à prendre en compte si l'on veut caractériser de manière un peu précise le mouvement "techno", et surtout le caractériser par différence avec d'autres courants contemporains.
Du coup, pour pouvoir dire que la techno est morte ou qu'elle est bien vivante, c'est tout ça qu'il faudrait arriver à embrasser du regard. Vaste programme ! Comme personne ne le peut, à part éventuellement quelques chercheurs acharnés, on en est réduit à des impressions vagues, ce qui est mon cas. L'opinion qu'on va pouvoir formuler va alors dépendre des faisceaux d'indices qu'on peut mobiliser, en s'appuyant sur nos connaissances empiriques du moment. Je suis bien d'accord pour dire que c'est peu de chose et qu'on peut alors facilement se tromper.
En tout cas, il y a bien des moments où un consensus émerge pour dire "tel mouvement musical n'a plus rien à dire". Prenons un exemples radical : le twist ! Là, le consensus me semble total : il n'existe plus de champ critique, plus d'artistes se revendiquant du "twist again à St Tropez", le public des septagénaires est mourant ou rangé des voitures, et on ne cite le twist que lors de rares émissions débiles à la TV, quand on veut faire état d'une nostalgie pour les années 50 ou le baby boom. Bref : le twist EST mort, et personne ne s'en plaindra ! Mais, bon, le twist aujourd'hui, faut bien se dire que c'est peut-être la techno de demain ! Ou alors, c'est que la techno aura le même devenir que le jazz ou le rock qui perdurent après plus de 50 ans d'existence. Doit-on s'en féliciter ? J'en doute, mais là, on n'est plus dans un domaine d'argumentation, mais dans celui du jugement de goût... Tout ce que je peux te répondre, c'est que j'ai le *sentiment* que la techno est en train de s'effondrer de la même manière que j'ai vu le punk, puis la new-wave, puis la cold-wave s'effondrer.
Quand au public des free c'est vrai qu'il est plus que navrant, il suffit de se rendre sur Freetekno et autres sites du même acabit pour s'en rendre compte. Ces mecs n'ont pour la plupart aucune culture, que se soit musicale ou même en général. Faut dire aussi que ce sont souvent des gosses à peine sortis de l'adolescence.
Très juste. J'ai du mal pour cette raison à leur jeter la pierre. J'ai moins de mal à critiquer, en revanche, certains acteurs du mouvement en voie d'institutionalisation galopante ou en peine crise d'artistisation égocentrique (voir le fil de discussion lancé par LLB, sur l'âââârt et l'expo Sonic Process).
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La free est morte c'est clair mais la techno n'as pas encore dit son dernier mot !
Bah, on verra bien !
En attendant, j'espère que tu trouveras avec Room 101 un espace de discussion plus agréable et moins conflictuel que freetkno ou que frame !
A+