8 bits

Discussions sur les enjeux politiques et socio-culturels des musiques populaires ou savantes.

Modérateur : drÖne

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drÖne
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Message par drÖne »

Yop !

Tu pointes un truc intéressant, là : comment nos habitudes d'écoute sont structurées par bien d'autres éléments que la musique au sens "noble" du terme (les disques édités, la critique spécialisée, les concerts, les teufs). J'ai pas trop le temps de développer, mais c'est important de comprendre que nos goûts musicaux dépendent de tout un environnement qu'on se choisit plus ou moins, et qu'on peut parfaitement développer un goût pour des formes qui ne sont pas unanimement considérées comme de la musique. tu nous parles des sons 8bits des consoles de jeux, et dans mon cas (comme dans celui de Jack), c'était le son des usines le soir, en banlieue, qui nous faisait tripper. C'est comme ça qu'on a fini par adhérer à la techno, dans les années 80, alors qu'on venait du punk : par les sons industriels qu'on allait écouter après chaque répet, et qui sortaient d'une bouche d'aération d'une usine qu'on avait repérée. Olivier Messiaen était fasciné par les chants d'oiseaux, nous par le bruit des usines, toi par les consoles de jeux, et aujourd'hui nos choix d'écoutes (et de sociabilité qui vont avec) doivent un peu à tout ça, à cet environnement extra-musical.

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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Musique et bruitisme

Message par drÖne »

raph a écrit : la profondeur c est ca joie et peine dans la meme respiration
tres bo non? tres vivant
j adheres
d ailleur
meme si j ai pas les mots je comprends tout a fait puisque c est un critere de jugement personnel
exemple j aime drone et jack
pourquoi
entre indus et harmonie(et ouias c est comme ca finalemnt que j ai envie de le dire ce soir)
je respire autant d espoir que d angoisse dans votre zik
C'est exactement ça qui m'intéresse : arriver à éclairer l'angoisse, ou à rendre sinistre la joie, dans un équilibre si possible juste. C'est ce que j'ai retenu de l'écoute des Residents, et de mes cogitations : on peut faire dans le sinistre à mort, ou dans le festif total, mais alors on reste dans la monotonie. Ce que j'essaie de faire, c'est de faire ressortir les aspects joyeux par leur opposé, et vice versa. Les Residents y arrivaient particulièrement, puisqu'ils maniaient l'humour et la noirceur dans un équilibre que j'ai toujours trouvé intéressant : un morceau ou un mix, ça peut être comme une tranche de vie. Tout n'est pas toujours gai ou triste, mais on sait qu'on est heureux quand on se remémore les périodes de tristesse, et ce qui donne envie de sortir de la dépression, c'est l'idée que quelque part on peut ressentir de la joie, ou qu'on en a déjà ressenti. La musique peut jouer sur ces effets de contraste, et j'aime particulièrement les contrastes !
effectivement
j ai re compris
re assimiler plein d idees sur le bruitisme et plein de piste futuriste et contemporainne
sur l univers sonore
comment il nous determine
comment on le determine
comment on le vie
comment faire de la zik avec ce qui n en est pas!!!!
comment notre systeme nerveux lui ne differencie pas la ou notre conscience elle reprensente et classe
C'est intéressant de se demander ce qu'on catégorise comme étant du "bruit" à certaines époques, et comme de la "musique". Comment se fait-il que les percussions soient considérées comme du bruit, en particulier dans la culture de la musique classique, et pas les sons du reste de l'orchestre ? Dès le début du XXème siècle, vers 1914 ou 1917 je ne sais plus, le futurisme italien a exploité le bruit de l'industrie comme une esthétique ayant sa place dans la culture "savante". Quasiment au même moment où Duchamp peignait le "nu descendant un escalier", qui était une tentative de décomposition du mouvement, donc de "rationalisation" du continu pour le transformer en discontinu, comme on transforme une matière première en sous produits industriels, le futurisme naissait en Italie.

Image
Nu descendant un escalier, 1912
Huile sur toile, 146 x 89 cm
Philadelphia Museum of Art

Ce n'est sans doute pas un hasard : la musique, comme la peinture, ne restent dans l'histoire que si elles disent quelque chose de leur contexte, de ce qui change dans une société, de ce qui inquiète. J'ai trouvé une interview de Vivenza sur le net :

http://radio-canada.ca/radio/navire/ren ... venza.html

J'ai écouté Vivenza à l'époque où je m'intéressais au bruitisme. Pas mal de groupes "indus" avaient thématisé, tentaient d'exprimer, un certain rapport au monde industriel : P231 (en référence à la pièce d'A Honneger), Test Dept (que j'écoute encore beaucoup aujourd'hui), évidemment Throbbing Gistle, ou encore Einsturzende Neubauten. Mais ce qui est intéressant également, c'est que la techno, celle de Detroit, est née d'un intérêt identique des Dj pour l'industrie et le contexte capitaliste de cette ville. J'avais entendu une interview d'un DJ black de Detroit, dont j'ai oublié le nom, qui faisait explicitement référence à ce travail de mise en sons de l'univers des usines : répétitivité, sérialité, absence revendiquée de "feeling", c'était des thèmes également chers à Kraftwerk dès les années 70.

Aujourd'hui, on a un peu oublié ce contexte d'émergence de la techno, et on occulte le fait qu'il s'inscrit dans une longue tradition de réflexion et de pratique musicale qui débute avec le XXème siècle, et qui n'a sans doute pas fini de se déveloper. Aujourd'hui, l'electronica bruitiste, celle qu'on a écouté à la soirée Industrial Tribe, par exemple, mais également l'electronica plus "subtile" de gens comme Oacis, Pan Sonic, Vromb, M², Dead hollywood Stars, etc., prolonge cette mise en musique des technologies : ce n'est plus le son de l'acier ou des marteaux pilons du XIXème/XXième siècle, mais ce sont les claquements et crissements, les blip-blip de l'informatique du XXIème qui sont évoqués dans ce type de musique.

Blip blip blip !

+A+
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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