J'ai eu une réflexion bizarre récemment, suite au titre que j'ai fait et qui pose 8 samples comme base de composition, et au-delà de ça, du travail que je fais depuis que l'ordi a investi mon home-studio en compensation de machines détraquées : je n'utilise plus de MIDI, tout est sample et la plupart proviennent de récupération via le net.
Je les dénature suffisamment pour ne pas avoir à m'inquiéter de leurs origines et d'un quelconque problème de droit, mais je ne peux m'empêcher un relent nostalgique et penser aux temps bénis où je n'avais pas d'ordi mais un ensemble de machines fonctionnelles, synthés, boites à rythmes, etc. Un seul sampler au milieu de tout ça, un vieux truc archaïque anti-intuitif au possible (TX16W de Yamaha qui a dû attendre 15 ans avant d'oser retenter l'élaboration d'un autre sampler ;+). J'utilisais aussi un studio K7 4 pistes pour insérer des samples dans mes compos. Mais je savais exactement d'où provenaient chacun de mes samples, essenciellement tirés de dialogues ciné ou TV, enregistrés par mes soins, de prises de sons d'ambiance et autres faites avec un mini-disc et un micro de dictaphone ou de parties composées et jouées par moi-même.
Bref, une traçabilité parfaite de tous mes samples, pas de risque de vache folle :+)
Maintenant, le plaisir est moindre puisque j'utilise beaucoup moins ces procédés, voir pas du tout pour certains titres... si nos nouveaux dictateurs s'occuppent de la musique aussi bien que du reste, je suis mal barré avec mon impossibilité de remonter à la source de mes samples (j'en oublie même les sites où j'ai pu les trouver).
C'est grâve docteur ?
PS: faudrait que j'arrête de me laisser lobotomiser par la langueur informatique qui incite à pas se faire chier et finir par faire de l'insipide propret... j'en perds ma réputation de faiseur de souffle avec tout ça !
Mad Sampling vs Vache Folle
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Re: Mad Sampling vs Vache Folle
Non, vous souffrez juste de neurasthénie post-moderne...hyphen a écrit :[...] Bref, une traçabilité parfaite de tous mes samples, pas de risque de vache folle :+)
Maintenant, le plaisir est moindre puisque j'utilise beaucoup moins ces procédés, voir pas du tout pour certains titres... si nos nouveaux dictateurs s'occuppent de la musique aussi bien que du reste, je suis mal barré avec mon impossibilité de remonter à la source de mes samples (j'en oublie même les sites où j'ai pu les trouver).
C'est grâve docteur ?
J'avoue que la tracabilité de mes samples n'a jamais été parfaite, et pourtant je n'utilise pas l'ordinateur pour sampler ! Mais il me semble que les musiciens qui font des live machine ont moins d'inquiétude à avoir que les DJ en ce qui concerne les questions de droit d'auteur. Comme tu le dis, on peut parfaitement rendre un sample méconnaissable quand on le triture, ce qui rend impossible et inutile (et injustifiable également) le recours à la notion d'origine ou d'auteur original. Même si les sarko-brigades du Ministère de l'Amour... heu... de l'Intérieur se mettent à squatter le ministère de la Culture, ils auront bien du mal à légiférer sur des samples qui, au plan formel, ne ressemblent en rien à leur forme originelle. En revanche, c'est dans le cas de la citation musicale qu'on a du souci à se faire avec la reprise en main sécuritaire de la société. Quant aux DJ, j'avais entendu que la SACEM faisait pression pour qu'il devienne obligatoire de passer par elle même dans le cas où les auteurs originaux ne souhaitent pas déposer leurs titres, ce qui est majoritairement le cas dans les millieux technos qui revendiquent une libre utilisation du travail des autres, du moins une utilisation libre et gratuite de vyniles produits par des DJ dans cette optique.
En tout cas, cette idée d'origine à protéger pour un sample ou une citation est, comme tout fantasme originaire, le fait d'une idéologie douteuse. Si on met de côté les cas de plagiats flagrants - dont on peu penser qu'ils concernent en priorité le champ des musiques commerciales -, il faut reconnaître que toute notre culture musicale est faite de brassages multiples et de citations, recombinaisons, emprunts mélodiques et rythmiques, bref de tout un ensemble de pratiques qui nient toute pertinence à la notion d'origine ou d'authenticité. Et je m'en réjouis ! Et on doit tous s'en réjouir plutôt que de fantasmer sur une culture "sécurisée" ou juridiquement correcte !
Mais il y a fort à parier, vu l'ambiance sécuritaire puante qui s'est instaurée depuis quelques années (gauche-droite, même combat de ce point de vue), que des juristes vont trouver une "solution" à tous ces "problèmes" qui ne se posent que pour eux... La judiciarisation de la culture musicale sera sans doute l'arme la plus efficace contre les musiques électroniques et leur dimension parfois subversive : rejeter la notion d'auteur ou celle d'origine intellectruelle, c'est assumer le fait que la culture est un processus de transformation, et non quelque chose de figé par une légitimité auctoriale. Je fais parfaitement confiance au ministère de la Culture, de l'Intérieur et de la Répression pour utiliser ce levier supplémentaire dans le but de liquider ce qui reste de "gênant" dans les musiques électroniques. Et faisons confiance également à l'institution du Rock'n'Roll et de la Pop pour aller dans le même sens...
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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L'un des traits récurents de mes compos est la propension aux clins d'oeil...
Ca peut être comme mon dernier morceau : détourner un titre ("Music For 18 Musicians" de Steve Reich qui m'a servi à intituler mon morceau "Music For Str8 Samples"), ou reprendre un élément musical (sur "Lift", la basse cloture le morceau sur une répètition de deux notes comme la célèbre fin de "Forest" de The Cure) ou bien encore utiliser un sample (Lady Di en intervention post-mortem sur mon morceau "Tabloïd"), le tout parce que ça m'a amusé ou gonflé, bref, marqué d'une façon ou d'une autre et que ça contribue à faire de mes compos les jalons de mon parcours musical, imageant les phases que j'ai traversées (idéal pour l'effet nostalgie :+).
Mais, surtout, tout le jeu est de faire en sorte que ça ne tombe pas dans l'évidence : une écoute supercielle ne permet que rarement de déceler ces clins d'oeil, et parfois, si on a pas le carnet de bord sous les yeux, on passe carrement à côté. Mais j'aime ça, parce que ça titille l'imaginaire : si on cherche on trouve (et pas forcement ce que j'y ai vraiment mis d'ailleurs, j'ai la surprise parfois d'interprétaions différentes des miennes faites par des auditeurs, c'est très amusant).
Je m'égare, ce fil de discussion devrait plutôt être dans une réflexion sur les modes de compositions.
Je voulais juste en venir au fait que le sampling peut être du "superflu", c'est à dire, pas le rythme-groovy-implacable, ni la grosse-basse-qui-tue, mais juste un élément non-essentiel, purement affectif ou ludique.
Dans ces cas-là, si ça ne tombe pas dans l'outrancier, ces samples ne sont pas "utiles" au morceau : ils peuvent être retirés, le morceau tient encore debout.
Alors ? a-t-on vraiment là, une utilisation frauduleuse, apparentée au plagiat ?
Ca n'est qu'un exemple des dérives éthiques qu'il peut y avoir autour de l'utilisation des samples et des droits d'auteurs qui en dérivent. Et je passe sur le mélange des influences que nous subissont et qui ressurgissent plus ou moins digérées dans nos créations...
Je ne suis ni pour une utilisation sauvage du travail d'autrui, ni pour une diabolisation du sample, et les défenseurs des droits comme cet énorme parasite qu'est la SACEM me font bien rire puisque ce qui compte pour eux n'est pas le respect de la création mais l'entretien de leur bureaux et autres commodités (moquettes, chaises confortables, déco design, etc)... remarque je devrais faire gaffe à ce que je dis, je fais partie des benêts inscrits à la SACEM... :+)
Tiens d'ailleurs, ça me fait penser qu'il faut que je lance quelques fils de discussions à caractère pratique, informatifs, sur la SACEM, le Copyright, les Droits du musicien, les contrats, l'édition, etc, toutes ces matières hautement rébarbatives sans lesquelles un musicien ne peut survivre de son art pendant que d'autres en profitent impunément...
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Le sampling favorise une écriture "clin d'oeil" : qui ne s'est jamais amusé à découvrir, dans ses disques, l'origine de tel ou tel sample ? Ca favorise une sorte de recherche de connivence avec l'auditeur, du moins c'est l'un des effets possibles quand on partage la même culture que le musicien. Du temps du rock ou du jazz, ce clin d'oeil passait par une citation musicale (on reprenait un "standard", ou on utilisait telle ou telle grille harmonique déjà exploitée par un musicien célèbre, etc.). Aujourd'hui, le sampling ou le DJing permettent d'intervenir à partir de la matière sonore d'origine elle-même. Je trouve ça très cohérent avec la mise à distance de l'auteur que les musiques électroniques effectuent (trivialement, on parle de refus du "star system"). En fait, l'auteur est doublement évacué : lors de la citation musicale, et lors de l'exécution du mix par celui qui "cite" (en samplant ou en sélectionnant un skeud).hyphen a écrit :L'un des traits récurents de mes compos est la propension aux clins d'oeil...
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Mais, surtout, tout le jeu est de faire en sorte que ça ne tombe pas dans l'évidence : une écoute supercielle ne permet que rarement de déceler ces clins d'oeil, et parfois, si on a pas le carnet de bord sous les yeux, on passe carrement à côté. Mais j'aime ça, parce que ça titille l'imaginaire : si on cherche on trouve (et pas forcement ce que j'y ai vraiment mis d'ailleurs, j'ai la surprise parfois d'interprétaions différentes des miennes faites par des auditeurs, c'est très amusant).
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Oui, mais si on poussait à bout la logique de recherche de "paternité" type SACEM, on en arriverait à interdire (ou à légiférer sur) les influences, justement. Mais si ce danger ne paraît pas très réel, c'est peut-être qu'en vérité ce sont avant tout les musiques électroniques qui sont visées par cette vénérable institution. Je suis parano ? Je veux dire que si demain on nous impose de verser des droits pour tous les samples utilisés, alors je demande dans le même temps qu'on taxe financièrement ou qu'on interdise toutes les gammes blues qu'on rencontre dans le rock et la pop !Ca n'est qu'un exemple des dérives éthiques qu'il peut y avoir autour de l'utilisation des samples et des droits d'auteurs qui en dérivent. Et je passe sur le mélange des influences que nous subissont et qui ressurgissent plus ou moins digérées dans nos créations...
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Bonne idée ! Et si tu as des infos sur les applications concrêtes du Copyleft, c'est encore mieux !Tiens d'ailleurs, ça me fait penser qu'il faut que je lance quelques fils de discussions à caractère pratique, informatifs, sur la SACEM, le Copyright, les Droits du musicien, les contrats, l'édition, etc, toutes ces matières hautement rébarbatives sans lesquelles un musicien ne peut survivre de son art pendant que d'autres en profitent impunément...
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