[MON CUL] poésie moche

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Modérateur : drÖne

konsstrukt
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[MON CUL] poésie moche

Message par konsstrukt »

chéri tu as envie de manger ?
non
ah merde penser ça suffit pas
non
je dis
comment ?
sa putain de voix aigüe de merde
NOOOON
J'AI PAS FAIM
merde
merde
merde
connasse j'ai pas faim
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

j'ouvre les yeux
j'ai dix-sept ans
demain j'ai cours
il fait nuit
les chiffres rouges de mon radio-réveil indiquent qu'il est deux heures du matin et dix-sept minutes
ma mère gueule dans le salon
elle fait chier putain
la lumière rouge du radio réveil me blesse les yeux
je me lève dans à peu près quatre heures et demi
je n'entends pas ce qu'elle gueule
elle gueule à un niveau juste assez bas pour être inaudible à travers la porte de ma chambre et celle de la salle à manger mais juste assez fort pour que les bribes de mots m'empèchent de dormir
salope
putain de salope
putain de putain de salope de merde de connasse
je vois rouge
je fous un grand coup de poing dans le mur
aïïïe putain
merde
ho
silence
des pas
je me retourne côté mur
elle ouvre la porte
christophe ?
je réponds pas
elle ferme la porte
elle repart
ça fait des élancements de ma main putain
au salon ça repart
un peu moins fort
j'attends que ma main se calme
j'essaie de fermer les yeux
inutile putain
j'ai des envies de meurtre
attendre qu'elle s'endorme cette pute
et aller lui péter le crâne avec un marteau
et terminé
se coucher
et dormir
je ferme les yeux
j'essaie de me laisser aller
un bruit plus sourd j'ouvre les yeux elle gueule un peu plus fort elle vient de taper sur la table elle recommence
CONNASSE
merde j'ai gueulé à voix haute
elle a pas entendu
ça me fait pas de bien du tout ça me soulage pas
je me retourne dos au mur
lumière rouge du radio réveil
deux heures trente huit
silence au salon
elle se sert surement à boire
ça repart
je ferme les yeux
j'essaie d'échapper au brouhaha
je sens l'aggressivité et la haine dans sa voix même si les mots sont inaudibles
j'attends
j'ai sommeil
j'arrive même pas à fermer les yeux
j'attends
je me cale sur le dos
je soupire
je remue nerveusement des pieds
je tourne la tête vers le rouge
trois heures une
je me tourne vers le mur
je ferme les yeux
silence au salon
ça m'arrache à la torpeur
ah
la salope a terminé
bruit de pas glissants qui montent l'escalier
pause hésitation
pas lourd d'un mec bourré épuisé et triste
mon père passe devant ma porte
je l'entends buter contre un mur
porte qui s'ouvre porte qui se ferme silence
je souris
bon
c'est enfin terminé
je me tourne encore vers le radio réveil
trois heures seize
il me reste un peu plus de trois heures de sommeil
je ferme les yeux
fait chier
comme j'aimerais la tuer maintenant tout de suite
comme ça serait bon
de sentir son crâne qui arrête l'impact du marteau et qui se brise
de voir la cervelle plein le canapé
de voir son sang gicler sur mon bras
ho putain ça serait bon de te crever salope
comment ça serait bon ouais
mes yeux se ferment tout seul
je savoure le silence
je me laisse aller au sommeil
pourquoi je pense à ça
je sais pas
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

tu me passes le pain s'il te plaît ?
jean pierre pernaud parle
ma mère empoigne le pain
elle me le tend
tiens mon chéri
merci
j'essaie d'avoir une voix maussade
j'essaie de faire passer du mépris
c'est pas facile dans une phrase aussi simple
et puis le silence
et ma mère
non mais quel connard !
elle parle a pernaud
tu ne trouves pas ?
là elle parle à moi avec une tournure interrogative
je lève la tête de mon pain et de mon fromage et je la regarde d'un air inexpressif
pardon ?
elle se renfrogne direct
ses yeux deviennent triste et en colère et butés
elle répond
non rien
ah obn
je replonge dans mon pain et mon fromage
surtout ne pas sourire
morue
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Message par morue »

haha excellent le dernier :)

espece de pti con ... tes gosses te feront payer ! :)
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

héhéhé !
justement, les gosses, je suis dedans jusqu'au cou, là ! j'essaie de toute mes forces de pas refaire ce que je suis en train d'écrire !
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

la fenêtre est ouverte
lumière chaleur
odeur de nourriture
entrecôte purée
la télé
pernaud qui dit des trucs
ma mère
qui ne dit rien
je mange
la voix de pernaud
le bruit du couteau qui tranche la viande
le bruit de la fourchette qui des fois dérape contre l'assiette
le bruit de mastication
le bruit de déglutition
le bruit de la salive
le bruit du ventre
le bruit du dehors
le bruit de la respiration
l'odeur de ma viance
l'odeur de la purée
les bruits en double
fourchette couteau etc.
en double
elle et moi
pernaud au centre
l'odeur de sa viande à elle
l'odeur de sa purée à elle
l'odeur du sol propre
l'odeur de mes vêtements propres
l'odeur de son eau de cologne saint-michel
l'odeur de laque dans ses cheveux
l'odeur de son fond de teint
l'odeur de son rouge à lèvres
j'évite de la regarder
déjà je la sens
je l'entends
je veux pas la voir en plus
je regarde la télé
je regarde et entends pernaud
il parle
elle ne parle pas
je ne parle pas
elle mange
je mange
il ne mange pas
il sourit
je ne pas quelle expression a son visage à elle
je peux la deviner
fermée
hostile
en colère
impatiente que mon père rentre
qu'elle puisse regarder la télé avec quelqu'un puisque moi je ne sais que faire la gueule
et qu'elle puisse surtout gueuler sur quelqu'un
déjà gueuler sur ppda
et puis ensuite gueuler sur mon père
moi je ne souris pas
j'ai le masque
j'ai appris ça
je sais le faire maintenant
l'oeil éteint pas de sourire pas d'expression l'air d'un autiste
je mache lentement ma viande en m'efforçant de faire le moins de bruit possible
j'avale mes bouchées de purée en m'efforçant de faire le moins de bruit possible
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

je suis debout je suis à poil je suis dans ma chambre
j'y arrive pas putain
vessie de merde cerveau de merde
et l'autre connasse pour changer
qui ronfle et ronfle et ronfle et son crâne j'ai envie de le pêter
je me secoue la nouille
la nouille c'est bien le mot
pas une goutte
putain que je déteste ce tapis
la lumière de la lune grace à elle je peux voir les lacérations au cutter sur le tapis
putain que c'était bon
je pousse de toutes mes forces sur ma vessie
je contracte mes mâchoires
putain d'éducation de merde
je sens la pisse descendre le long de l'urêtre
mais en chemin elle se bloque
aaah
sensation de pisser
non
juste une goutte qui perle
je secoue
elle se détache mais même pas je vois si elle tombe sur le tapis ou non
j'ai envie de pleurer
pleurer de rage ou alors descendre lui bousiller la gueule
un deuxième ronflement en écho
celui de l'autre connard
j'ouvre le tiroir du bureau
dedans il y a des papiers et sur les papiers un croque monsieur entamé
je l'ai cuisiné il y a trois nuits mais j'ai eu l'appétit coupé par ce tapis de merde
je l'ai foutu là
le fromage bien que cuit commence à dégager un relent acide
dans quelques jours il va bien puer
ma mère va rien comprendre
et si elle le trouve là
elle va encore plus rien comprendre
déjà qu'elle comprend pas grand chose cette pauvre folle
sa mère est morte il y a un mois
ma grand mère quoi
bien fait pour sa gueule
et elle pleurait et elle pleurait
j'avais une tête impassible
putain comme j'avais envie de la frapper
ho putain
sa mère est morte dans sa ferme pourrie de normandie le cerveau noyé dans le calva
je me souviens de son visage méchant
méchant et fermé
bien fait quelle soit crevée
vivement que l'autre crève aussi
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

au moins j'ai obtenu que cette connasse me laisse me laver tout seul
ses mains sur ma peau
de quoi gerber
ses mains de pute qui enduisent le gant de savon et qui passent le gant sur mon corps
qui me lavent le visage
qui me lavent la bite et les couilles et le cul
putain tu veux pas me nettoyer le cul avec ta langue aussi salope ?
et tout ça pour quoi ?
tout ça pour quoi sale pute de merde ?
parce que je suis trop petit pour me laver tout seul ?
merde
tu crois quoi
que je vais me noyer
connasse
c'est ce que tu m'as dit connasse et tu me l'as dit en chialant parce que je voulais plus sentir tes sales mains sèches de pute frigide et sans amour sur la peau de mes couilles
merde
la scène que tu m'as fait d'abord me traiter d'ingrat
putain pourquoi je repense à tout ça moi je suis con ou quoi c'est insupportablement chiant de penser tout le temps à ça
la scène que tu m'as fait connasse
et tu n'aimes que les douches mon bébé tu répétais
tu n'aimes pas les bains tu m'as toujours dit
putain il pleut
putain c'est mercredi elle m'aura acheté le dernier numéro de télérama
et blam un grand coup de pied dans les ovaires
ah putain la voir pliée en deux par terre tordue de douleur à se tortiller en gémissant
ah putain le pied
j'aurais envie de recommencer c'est sur de massacrer sa chatte frigide à coups de pied à en avoir mal aux chevilles
ah putain quelle jouissance
et toi tu pleurais comme une connasse pendant que j'essayais de pas péter les plombs que j'essayai de t'expliquer que je préférais prendre des bains tout seul pour mon intintimité
et j'ai bien vu ton regard
j'ai bien vu ce que tu as compris dans ta pauvre tête de connasse à la ramasse
t'as pleuré pour esquiver mais j'ai bien vu ce que tu pensais pauvre pute ravagée du cerveau
j'ai trouvé une serviette éponge sous mon oreiller
le soir même
pour le cas où
où quoi connasse ? des non-dits encore
et tu m'as dit que c'était normal que tout le monde en avait une que même papa en avait une
papa en a une ah ouais
ah bon
ça veut que que t'étais pas foutue de lui donner envie de baiser tu veux dire que le tabasser tous les soirs ça lui donnait pas la trique à papa et qu'il fallait qu'il se branle et quoi toi à côté qui lisait femme actuelle ou télé poche c'est ça e paf quand il a fini il tire la serviette éponge de sous l'oreiller il essuie le foutre sur son ventre sur sa main sur le bout de sa queue qui ne bande pas pour toi il plie la serviette pour pas qu'elle tache l'oreiller il la range il dit bonne nuit d'une voix un peu lasseet il te demande s'il peut éteindre de son côté et c'est les mêmes phrases la même boucle depuis dix ans ou depuis plus et pendant qu'il s'endort avec sa bite détendue toi tu continue à tourner les pages de femme actuelle ou de télé poche shliip shliip et il commence à ronfler
c'est ça ?
et c'est lui aussi qui lit union ?
et ce magazine porno allemand avec des hermaphrodites c'est qui qui le lisait de vous deux celui-là hein ?
me branler
putain mais c'est pas pour me branler dans mon bain que je putain
putain mais
oulà mais je pète les plombs moi à partir en boucle comme ça
merde en plus je marmonne merde
me branler dans mon bain putain
j'ai juste envie de me laver les couilles sans ton aide
du calme putain
respire
je prends des inspirations
je transpire
il pleut dehors
j'ai trop chaud sous la couette
ça sent la sueur
la lumière est grise
konsstrukt
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Message par konsstrukt »

la route nationale numéro 113 joint un petit village et une petite ville
c'est une route à deux voies
elle traverse la campagne pendant six kilomètres et sur cette distance il y a un seul croisement et un seul virage important
c'est sur cette route que je me suis fait tripoter à trois heures et demi du matin par un mec bourré alors que je faisais du stop
dans la voiture y'avait deux mecs et deux nanas et en rentrant je me suis masturbé en imaginant que c'est la nana qui me triporait
je me trouve à quatre kilomètres environ de la petite ville il fait nuit noire mes yeux sont habitués à l'obscurité
la route est bordée de part et d'autre d'un bas-côté où pousse de l'herbe et au-delà du bas-côté il y a des peupliers plantés à intervale réguliers et au-delà des peupliers les vignes à perte de vue
la lune éclaire vivement les vignes
la lumière de la lune est très blanche
elle est arrêtée par le rideau d'arbres et la route est plongée dans le noir
en pleine journée le soleil se diffuse par intermittence entre les arbres
ça donne sur la route une tache d'ombre alternée avec une tache de lumière
une tache d'ombre
une tache de lumière
une tache d'ombre
une tache de lumière
ainsi pendant six kilomètres et tout en marchant dans la nuit je me demande combien de taches de chaque catégorie s'alternent sur la totalité de la nationale
je marche depuis quarante-cinq minutes sans avoir croisé aucune voiture
il n'y a aucun bruit hormis le bruit que je fais en marchant et en vivant
je suis debout
je respire
j'avance
j'aime ça
il fait chaud
j'imagine la chaleur comme du cellophane qui m'emballe
ma peau respire difficilement
cette sensation est agréable
j'aperçois à quelques mètres une masse sur le bas-côté
la silhouette d'un animal allongé
un chien
immobile
j'arrive à sa hauteur
il est couché sur le flanc son dos tourné vers la route
sa gueule ouverte en direction des vignes
il est mort
je ne vois aucune blessure ni aucune trace de sang
il ne respire pas
la lune se reflète dans ses yeux vitreux
je m'accroupis
c'est un objet désormais
cette pensée me trouble
je touche son flanc en plaquant ma paume contre ses poils
il ne respire pas
il est chaud
ses poils sont secs et morts
je touche l'herbe de la même manière
l'herbe est chaude
je touche la route
la route est chaude
toutes les choses sont chaudes
je ne suis pas chaud de la même manière
je touche de nouveau le flanc du chien
il ne réagit pas
je pince sa peau
il ne trésaille pas
il ne grogne pas
je touche un de ses crocs
il est chaud comme le chien comme l'herbe comme la route
je le secoue un peu
le chien ne réagit pas
le chien ne me mord pas
la tête accompagne le mouvement du croc que ma main secoue
je touche sa langue
sa langue est chaude
sa langue est sèche
il ne me mord pas
je pose le bout de l'index à la surface de son oeil
j'ai un frisson d'écoeurement
la surface de l'oeil est pareille à un insecte mort
il ne ferme pas la paupière
il n'aboie pas
je retire le doigt
je caresse son crane
il s'en fiche
je lui gratte la nuque
il s'en fiche
je le gratte sous le menton
d'un coup je me sens ridicule
je me relève
je me remets en route
j'ote la poussière de mes genoux
je porte la main à mes narines
je na renifle
ma main pue le chien sale
konsstrukt
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la porte du placard est ouverte
au sol des chaussures inutlisées s'entassent
ça sent la vieille chaussure
c'est pas les chaussures qui m'intéressent pourtant je les regarde
un ronflement sec une pause et ça démarre
ça c'est elle
je tire un rideau qui sépare le placard en deux zones
je décroche le rideau
je suis pieds nus
j'ai froid aux pieds
je serai peut-être enrhumé demain
je suis fragile je m'enrhume pour un ruen
j'ai les jambes les couilles nues
je porte un tee-shirt qui m'arrive un peu en dessous du nombril
j'ai les reins découverts
j'ai les bras nus
j'ai froid aux mains et aux poignets
je soupèse le marteau
il est lourd et déséquilibré vers la tête
je pose la tête en acier contre mon torse
c'est froid même à travers le tee-shirt
je prolonge le contact
mes avants-bras se hérissent de chair de poule
je romps le contact
la trace de froid
rectangulaire
persiste
je fais des mouvements de balancier
bras souple
pour éprouver le poids de l'outil
au bout de ma main
je prends garde de ne rien heurter
j'ai la goutte au nez
je suis forcé de renifler
j'aime le poids du marteau
je n'ai pas envie de cesser de jouer avec
j'ai froid au gland
j'ai le bout des doigts glacés
les oreilles et les genoux aussi
je regarde le marteau
maintenant je ne sais plus trop en quoi faire
comme souvent je me sens un peu ridicule
ou plutôt
vain
j'ai envie de retourner sous les couvertures et me réchauffer
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