le bordel quotidien / poésie hebdomadaire / 10ème livraison

[konsstrukt]

le quinze mars au matin
en emmenant valentin
à l’école
on longe un caniveau et à un moment
il y a de l’eau sale gelée
des confettis sont pris dedans
et un gobelet en carton
sans doute de macdonald
à midi dans la même rue
les bandes blanches d’un passage pour piéton
que des ouvriers sont en train de peindre
scintillent sous le soleil
pas de doute
le printemps approche

***

la crotte qui reste accrochée à mon cul
suspendue à un filament de merde
qui lui fait comme une tige
pendouille comme un fruit mur
je me secoue bêtement sur les chiottes
je la sens osciller et taper contre mes fesses
elle refuse de tomber
quand enfin le fil de merde
fraigilisé par mes mouvements
vaincu par le poids de la crotte
rompt
je suis soulagé
je me dis aussi
au passage
que je n’aurais jamais d’image réelle de ce qui vient de se passer
juste une image mentale
et que cette image mentale
est d’ailleurs très précise

***

vanessa me téléphone
pendant que le lis un bouquin
pour me dire que pendant sa pause-clope
elle a vu un ragondin
galérer comme c’est pas permis
pour choper une feuille et la bouffer
et pour choper des branches
et les ramener
à son terrier
vanessa me téléphone
souvent quelques minute
pendant ses pauses-clopes
elle me dit qu’il fait froid
elle me dit qu’il fait bon
elle me dit qu’elle m’aime
elle me dit qu’elle doit raccrocher
qu’elle doit retourner au bureau
je l’imagine tirer une dernière bouffée sur sa clope
regarder un dernier coup son ragondin
et retourner dans l’immeuble
et je comprends mieux pourquoi
elle aime bien que je la remercie
quand elle m’invite au resto