un autre modèle économique pour l'art et la Kulture

Discussions sur les enjeux politiques et socio-culturels des musiques populaires ou savantes.

Modérateur : drÖne

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dana
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un autre modèle économique pour l'art et la Kulture

Message par dana »

(si tant est que Kulture soit encore un mot approprié là)

1° le modèle dominant : la rareté de l'art véritable

ça m'est venu en lisant à droite à gauche des réflexions sur les moyens de rémunération des artistes (notamment des auteurs-musiciens). La plupart des artistes ou des sympathisants d'artistes, y compris les majors, les défenseurs des licences libres, etc.. cconviennent au moins d'un point : il faut améliorer le revenu des artistes, parce qu'un artiste qui ne gagne pas sa vie en pratiquant son art, perdrait en créativité.
Il y a donc une équation simple : artiste + revenu = créativité.

C'est le modèle de pensée dominant, à droite comme à gauche.

je ne sais pas s'il est juste étant donné que pour ma part, lorsque je travaillais (ainsi que mon ex-épouse), et que je disposais de revenus confortables (2 salaires de profs), je ne créais absolument rien, et que je ne me suis autorisé à vivre en artiste qu'à partir du moment où ma situation a dégénéré socialement.

Ce qu'on omet souvent de signaler (ou du moins qu'on ne présente pas sous une forme aussi cynique) c'est l'origine des revenus de l'art. la meilleure manière qu'on ait trouvé jusqu'à présent de faire de l'argent avec l'art, c'est de conditionner la jouissance de l'oeuvre à un paiement, c'est-à-dire qu'on commercialise la jouissance (c'est le principe même de l'industrie du divertissement), c'est-à-dire encore pour reprendre une expression tirée de mon essai sur la dissémination de la musique : qu'on paye pour jouir.

C'est la raison pour laquelle on considère comme justifié l'existence de droits d'auteur lesquels commencent par restreindre de manière drastique l'accès à l'oeuvre, et, en jouant sur le désir qu'elle est censée procurer, suscitent un paiement en échange de la jouissance promise.

Jouissance d'un côté, rémunération de l'autre. L'artiste fait commerce de son oeuvre comme d'autre de leur corps. L'analogie n'est pas si forcée, et je connais assez bien certains artistes, à commencer par moi-même, qui ont tout à fait en horreur cette idée là et sont incapables d'engager leurs oeuvres dans le champ de la commercialisation.

Ce modèle suppose bien d'autres choses encore (par exemple le primat de la paternité instaurée par le droit d'auteur, une certaine distance mise entre l'artiste et son public, et même plus généralement l'institution de cette distinction, etc..) qui mériteraient discussion.

2° un autre modèle : dépasser le problème de la rémunération de l'artiste

Je voudrais maintenant poser d'autres prémisses afin d'imaginer un autre modèle.
Cette réflexion repose notamment sur la lecture de toute une littérature que vous connaissez sans doute relative à l'iinstauration d'un revenu d'existence inconditionnel.
Je vous renvoie à quelques textes sur le sujet :
http://perso.wanadoo.fr/marxiens/politic/revenuex.htm
http://perso.wanadoo.fr/marxiens/politi ... resson.htm
http://multitudes.samizdat.net/article. ... article=10
Notez bien que cette théorie dépasse d'assez loin le clivage politique traditionnel droite/gauche (la thèse ayant été défendue au départ par des ultra-libéraux américains)

2.1. le revenu minimum d'artiste : un point de vue bien naïf

L'idée d'un revenu minimum d' artiste a déjà été pensée, de manière assez timide : le principe étant que l'artiste, bénéficiant ainsi d'un revenu pour créer, mettrait ainsi en échange, selon les beaux préceptes couramment dveloppées au XIXème siècle, son art au service de la cité.
Cette thèse, qui m'a toujours semblé un peu naïve (parce que je crois que la tâche de l'artiste consiste au moins autant à se révolter contre la cité que de la satisfaire son bon plaisir, et je crois même qu'un art institutionnalisé constitue la pire des choses, un nivellement de l'art, son désamorçage inévitable : on a vu par exemple ce que sont devenus le rock ou l'art contemporain une fois assumés et digérés et catalogués et subventionnés par l'institution et le marché : de simples enseignes publicitaires, sans aucune pouvoir transgressif), cette thèse donc, achoppe sur un point crucial : la détermination de ce qu'est ou de ce que n'est pas un artiste. IL existe un tel revenu dans certains pays (en Suède notamment), mais il est réservé à des artistes qui ont fait l'école des beaux arts et se sont soumis à des critères administratifs (nombre d'expositions, oeuvres réalisés par an etc..), qui évidemment ne conviennent pas à tous les artistes.
Le problème est qu'une telle détermination (dont la quête me parait tout à fait illusoire : il y a autant de pratiques de l'art que de pratiquants) conduirait forcément au triomphe d'une institutionnalisation de l'artiste : l'exemple français n'est pas encourageant de ce point de vue.

2.2. le revenu d'existence inconditionnel et la gratuité de l'accès aux oeuvres


Je suis pour ma part d'avis d'aller beaucoup plus loin. Et de partir d'une prémisse dont je n'ignore pas l'aspect scandaleux : on ne sait pas au juste ce que c'est qu'un artiste. C'est notamment vrai aujourd'hui : les pratiques artistiques ont littéralement explosées débordant largement les reconnaissances institutionnellles, les starifications du marché. Visitez des sites web comme musique-libre.org pour vous faire une toute petite idée de ces pratiques dans la musique, visitez les galleries de photographies online du site flickr (http://www.flickr.com/). Ces personnes qui présentent leurs oeuvres, à quel titre seraient-elles non habilitées à être reconnues comme artistes, je vous le demande ? Et j'en dirais autant des peintres du dimanche, des poètes compulsifs, etc.. On ne s'est jamais vraiment préoccupé de mesurer le champ de cette diversité de l'art, hypnotisé qu'on est par les critères traditionnels et notamment celui-ci : il existe un art véritable (autrement dit, il existe des pratiques créatives qui ne mérite pas vraiment, sans qu'on explique jamais pourquoi, le nom d'art), et cet art DOIT être rare (il doit l'être parce que sinon l'artiste véritable perd son privilège, le critique n'a plus de raison d'être, le marché n'a plus rien à vendre, l'institution plus de prix à remettre).

Il faut oser dire qu'il y a beaucoup plus d'artistes qu'on le pense généralement.

C'est la raison pour laquelle je pense qu'un revenu minimum d'artiste ne présente que des désavantages. Il n'y a pas lieu à mon avis de faire un sort spécifique à l'artiste et de lui accorder un manne en vertu de sa spéicifité - qu'on aurait de la peine à établir.

La question de la rémunération de l'artiste doit donc être abandonnée au profit d'une considération bien plus large : et c'est ici que je récupère l'idée d'un revenu d'existence inconditionné. Lequel est versé à tous, sans condition justement, qu'il soit ou non artiste, sous la forme d'un versement mensuel (qu'on évalue autour de 1000 euros), reconduit toute la vie, revenu suffisamment important pour subsister normalement - c'est-à-dire au delà du seuil de pauvreté, ce qui n'est pas du rmi je le rappelle, lequel est d'une part "conditionnel", et d'autre part son montant est en deça du seuil de pauvreté - ce qui à bien y réfléchir laisse tout de même songeur sur l'objectif des politiques de ce pays).

Un tel revenu inconditonné n'empêche évidemment pas celui qui le souhaite de faire fortune, en travaillant par exemple, éventuellement même de faire fortune de son art, si telle est sa vocation. Mias elle assure à quiconque un confort de vie minimum, y compris aux artistes.

Du coup la question spécifique de la rémunération de l'artiste ne se pose plus. L'artiste étant considéré comme n'importe quel citoyen (et non plus distingué en vertu de je ne sais quelle spécificité), la question des sources de sa rémunération de ne se pose plus. PLus la peine dès lors de taxer la jouissance de son oeuvre : la communauté paye déjà dans un sens pour cela à travers cette allocation universelle (même si la création en saurait être considérée comme ce en échange de quoi est versé ce revenu minimum d'existence). Mais surtout, l'argumentation qui supporte l'idée des droits d'auteur tombe d'elle même.

On devrait dès lors considérer que l'accès à toute oeuvre doive être libre (c'est-à-dire non-empéché, non restreint), et gratuit (c'es-à-dire qu'on ne paye plus pour jouir.

Mais me direz vous, c'est la fin de toute l'industrie du divertissement ! Lequel comme tout système marchand est fondé sur la croyance que l'art véritable (celui qui mérite qu'on paye pour en jouir est RARE !

Hé bien, je ne pleurerais pas si tous les salariés des majors pointent au chomage (puisqu'ils bénéficieront du revenu minimum d'existence). Je ne pleurerais pas si les journalistes, les crituques, si tout le système de l'art s'écroule. Il finira par s'écrouler de toutes façons.

Parce que l'art véritable, comme ils disent, n'est pas rare.
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patman
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Message par patman »

dana pdr !!! presiendt de la republique
100% pour l c toi ki voit...

keke tu veux les bulles dans la baignoire, oki vends salope !

++
dana
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Message par dana »

dana pdr !!! presiendt de la republique
100% pour l c toi ki voit...
merci
je veux bien être président de la république des cantalous (aka : les habitants du Cantal)
vous avez qu'à venir habiter là
(sauf que : il fait froid quand même
j'ai fait de chouettes glissades tout à l'heure dans la neige)
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