Brave Patrie : le vrai journal des vraies valeurs

Désobéissances et micro-résistances.

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Brave Patrie : le vrai journal des vraies valeurs

Message par drÖne »

Mince, je découvre avec horreur que nul lien ne pointe vers ce summum de la carricature du prophète... heu... non, de la carricature qu'est Brave Patrie !

http://bravepatrie.com/

Voilà qui est fait. Je reste admiratif devant la capacité des Braves Patriotes à continuer à pratiquer la carricature de notre Bienheureux prophète... heu... pays dans une atmosphère d'une telle merdicité que conserver son sens de l'humour relève du parcours du combattant islamiste avec ceinture d'explosif autour du ventre. Boum !

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As-tu le le débat qui suit l'article? Les propos des correspondants qui déclarent représenter le point de vue des musulmans? Franchement un truc me tracasse dans toute cette affaire : ils sont où les intellectuels musulmans ? Pourquoi est-ce qu'on ne lit rien d'eux? On aurait tant besoin d'eux.
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Message par drÖne »

LLB a écrit :As-tu le le débat qui suit l'article? Les propos des correspondants qui déclarent représenter le point de vue des musulmans? Franchement un truc me tracasse dans toute cette affaire : ils sont où les intellectuels musulmans ? Pourquoi est-ce qu'on ne lit rien d'eux? On aurait tant besoin d'eux.
Les intellectuels musulmans ne doivent pas fréquenter Brave patrie qui est un site satirique. Reste à savoir où ils sont les intellectuels musulmans : ah oui, ils se font pêter le caisson à coups d'explosifs dans la foule. N'oublie pas que les islamistes recrutent dans les universités... le savoir ne protège en rien de la barbarie : l'Allemagne cultivée a produit Hitler, Israel a produit Charon, on a eu Napoléon après les Lumières, Tariq Ramadan, universitaire cultivé, exige de sa femme qu'elle porte le voile, bref, les saloperies les plus infectes se nourissent de la rationalité et de la culture. Plus j'avance et plus je crois que c'est la rationalité qui est pourrie, jusqu'à la moelle. L'ordre du "faire" ne se préoccupe ni du vrai, ni du beau, ni du bien. Bon, je retourne lire Adorno et Horkheimer...

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Je ne crois pas que c'est rationalité qui est forcément pourrie, si j'en juge par les effets de la croyance religieuse qui exècre ce que tu entends par rationalité. Ou plutôt, la rationalité n'a certainement pas le monopole de la pourritude. Il est vrai qu'on doit balayer devant le pas de sa porte avant de critiquer Autrui, mais quand tu es tellement obligé de construire fictivement le rapport d'alterité, le respect etc. comment penser quoi que ce soit de quoi que ce soit.
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Message par LLB »

Je reviens sur ce que je disais et je fais amende honorable. Tu as raison de lire Adorno et Horkeimer, tu as raison de balayer devant la porte, ma réaction est inspirée par l'effroi devant ce qui m'est incompréhensible, et du coup c'est moi qui ne sais pas comment dire quelque chose de quelque chose.
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Message par drÖne »

LLB a écrit :Je ne crois pas que c'est rationalité qui est forcément pourrie, si j'en juge par les effets de la croyance religieuse qui exècre ce que tu entends par rationalité. Ou plutôt, la rationalité n'a certainement pas le monopole de la pourritude. Il est vrai qu'on doit balayer devant le pas de sa porte avant de critiquer Autrui, mais quand tu es tellement obligé de construire fictivement le rapport d'alterité, le respect etc. comment penser quoi que ce soit de quoi que ce soit.
Il me semble que la rationalité instrumentale, celle qui permet de calculer, de prévoir, de faire faire, n'est absolument pas remise en cause par les fondamentalismes religieux. Les assassins du FIS étaient principalement recrutés dans les facs de sciences algériennes, par exemple, et l'usage d'internet par Al Qaida montre bien la capacité des fondamentalistes à articuler un discours anti-modernité avec l'usage même des outils de la modernité technique : car ce qui compte, c'est de disposer de la nature et des hommes à des fins de domination. C'est ça qui est en germe dans l'idée de rationalité qui émerge au XVIIème/XVIIIème : disposer de la nature pour le bien être des hommes. Or, quand on a pour modèle de pensée dominante l'idée de disposer des choses pour en profiter, le pas est très vite franchi en direction de la naturalisation des rapports de domination au sein de la société. Après, on agrémente depuis les Lumières l'idée de rationalité avec la construction d'un espace public argumentatif qui fonctionne parfois - de moins en moins à mon avis -, mais tant qu'on n'aura pas remis en cause radicalement le fondement égoiste de l'exercice de la rationalité (disposer de la nature pour que l'Homme en profite), je vois mal comment l'ensemble du système (sciences, technique, politique) pourrait ne pas s'en servir comme modèle pour réassurer les rapports de domination politiques.

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Message par drÖne »

En même temps, c'est pas aussi simple que le tableau morbide que je dépeints : le refus de la domination (religieuse, ou politique) est bien évidemment présent dans l'idéal des Lumières. Tiens, y'a qu'à lire ce qu'en disait Kant dans un articule de vulgarisation répondant à la question "Qu'est-ce que les Lumières ?" pour un journal de son époque ( http://foucault.info/documents/whatIsEn ... es.fr.html ). Y'a l'analyse de ce texte par Foucault ici : http://foucault.info/documents/whatIsEn ... es.fr.html

Le problème c'est que les fondations d'une philosophie, comme les prémisses de tout raisonnement, ne peuvent jamais être totalement explorées en dehors du pur et simple syllogisme ("Tous les hommes sont mortels + socrate est un homme => Socrate est mortel"). Dès qu'on prétend fonder quoi que ce soit sur du discours (et c'est bien ce qui se passe à l'époque des lumières), qui plus est en articulant du discours ET des pratiques, alors on ne peut plus savoir si les fondations vont orienter la maison dans un sens, dans l'autre, ou dans plusieurs sens à la fois. Aucune fondation philosophique solide n'est possible, à mon avis, en dehors de celles reposant sur des prémisses syllogistiques, et encore : rien ne dit que l'argumentation logique soit une fondation moralement très recommandable...

Tout ça pour dire que même les fondations légitimes et/ou moralement positives (pour nous) comme celle que constitue l'idéal de la Raison des Lumières peuvent parfaitement coexister ou même justifier des processus de domination et de destruction moralement inacceptables. Ou en tout cas, simplement douloureux si on refuse à la morale le moindre droit à servir de prémisse à un raisonnement. Bref... je sais pas si j'ai avancé là, car c'est un peu confus pour moi tout ça.

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Message par LLB »

J'entends bien ce que tu dis et en même temps, il y a en ce moment un tel vacarme de haine et de tels silences de mépris, que la dénonciation d'une rationalité portée par une volonté de domination sous couvert d'idéal de Raison et de savoir semble, me semble devoir être obligatoirement accompagnée d'une dénonciation de la jouissance de haine qui s'étale aujourd'hui.
Je suis étonnée que dans la plupart des analyses concernant les conflits, on mette en avant de part et d'autre des principes, comme si on s'efforçait de recouvrir encore avec le cache-sexe des raisons culturelles ou politiques, l'énergie de la haine. Je me demande pourquoi au fond certains n'assument pas carrément au point où ils en sont, qu'ils haissent autrui, au lieu de dire qu'ils défendent telle ou telle chose, en particulier les choses dires sacrées, qui sont pratiques car elles autorisent l'expression d'un haine proportionnelle à la sacralité des choses "défendues".
D'un côté il y a la haine, de l'autre côté (celui de l'argent, des équilibres économiques, etc.) on a le mépris, moins spectaculaire, mais qui a des effets mortels sur des millions de gens.
Tout ça pour dire la chose suivante : les sciences humaines et sociales n'aiment pas parler des sentiments, les sentiments "psycho-sociaux" comme disent des sociologues héritiers de Simmel pour donner une respectabilité académique à ce qui les intéressent. Et pourtant, ils me semble qu'ils ont raison de s'intéresser à ce qui a tant d'effets. Par exemple, par rapport à ta critique de la rationalité qui ne fait pas intervenir ces sentiments qui me semblent à moi centraux, est-ce qu'on ne peut pas avancer l'idée que l'idéal de la Raison peut couvrir le mépris d'autrui au nom des valeurs de la raison justement?
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Message par drÖne »

La dernière fois que la haine a été revendiquée comme moteur pour l'action politique, c'était les nazis... Rappelle-toi le film "Les damnés" de Visconti : c'est exactement ça qu'il montre. Est-ce que tu peux préciser ce que tu entends quand tu dis "que l'idéal de la Raison peut couvrir le mépris d'autrui au nom des valeurs de la raison" ?

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Message par LLB »

D'accord, je vais exposer les choses carrément comme je les ressens en ce moment, l'époque n'appelle pas aux nuances subtiles :
- je pense que la religion est à l'aise avec les sentiments psycho-sociaux et qu'elle les reconnaît et les mobilise pleinement : je ne vais pas revenir sur la valeur d'amour pour le christianisme. Pour cette raison même, la religion peut aussi activer, et donner sens à l'expression de la haine, quand il y a conflit.
- la Raison (et la science) ont été invoqués comme un moyen de sortir des affects, transports etc. pour réguler le rapport au monde et à l'autre : c'est ce contre quoi s'est construit le mouvement Romantique, qui a été un mouvement dur, parfois désespéré, pour défendre une modalité culturellement et politiquement légitime de relation au monde qui disparaissait
De même que sous les sentiments religieux se cachent des langages, sous les principes de la raison se cachent des sentiments, parce qu'on ne peut pas les évacuer ni les uns ni les autres.
La manière qu'a eu la Raison de se débarasser des sentiments comme modalités légitime, c'est peut-être à mon avis de promouvoir soit la bienveillance, soit le mépris, qui sont une manière de prendre de la distance avec les engagements par les sentiments : un peu comme on guérirait un fou qui se prend pour un chien en lui apprenant à marcher sur les pattes arrière, on apprendrait aux fous qui se croient délivrés des sentiments psychospociaux grâce à la Raison, à mobiliser la bienveillance, mais du coup son corrollaire possible le mépris.

Je sais que ce genre de fresque est fausse et caricaturale mais j'essaie de l'exprimer pour comprendre d'où elle me vient : pour moi, à certains moments, il y a inversion des choses, et en ce moment, la haine et le mépris marchent la main dans la main sur des rives opposées en ce sens qu'ils sont véritablement les moteurs politiques et économiques, alors qu'on pourrait espérer que dans d'autres moments, ce soit des sentiments d'amour ou de bienveillance qui soient moteurs. Je suis désolée de sortir tous ces gros mots mais il me semble qu'on y est conduits par nécessité aujourd'hui, pour savoir donner un sens à ce qu'on ressent.
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