C'est la lutte finale....

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Modérateur : drÖne

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charlie
Galaktik parano
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C'est la lutte finale....

Message par charlie »

Je vous présente le site d'un de mes prof, Bruno Guiganti, consacré aux révoltes, textes, images et surtout son (des remix de l'interationale bien marrants).

http://revoltes.com

la présentation :

L'impulsion de départ pour ce projet, qui s'est depuis élargi, vient pour beaucoup des manifestations de rue à Paris, de l'inventivité candide, de la vitalité festive mais aussi des conformismes mesquins à l'oeuvre dans la protestation collective. Expressions souvent sur-spectacularisées d'une myriade de frustrations qui trouvent leur genèse ailleurs, dans la banalité terne d'un quotidien désublimé.


Les sources et les expériences de la révolte sont multiples et complexes. Ses modes d'expression sont eux aussi d'une variété infinie expérimentant les limites du jeu politique, de la frustration sexuelle, de l'exclusion sociale, de la thanathologie, de l'expérience esthétique, de la discursivité...
Révoltes individuelles ou collectives, révoltes passagères ou permanentes, révoltes inframinces ou démesurées, révoltes nihilistes ou utopiques, révoltes intériorisées ou spectacularisées, révoltes égoïstes ou désintéressées, révoltes de nantis ou d'indigents, j'entends ici faire éclater cette énergie existentielle en une constellation de significations improbables sans jamais prétendre à en canaliser le flux, ni à en conceptualiser l'essence.

Ce site est le projet d'un artiste atopique (sans lieu de discours parfaitement prédéfini) qui ne sait ce qu'est l'existence et qui chaque jour, ne sachant rien faire d'autre que produire des agencements symboliques, essaye de sortir de l'état de minorité inacceptable dans lequel il est maintenu sans raison, en se créant par l'art l'illusion d'être enfin maître de sa destinéerrance.
Issu d'une longue lignée d'esclaves modernes asservis volontairement à des tâches déshumanisantes, la révolte est un sentiment intime, une éthique (manière d'être ensemble) que j'ai fini par accepter comme acceptable. J'assume cet héritage familial lourd d'humiliations, de colères rentrées, de coups reçus, de démissions, de bassesses qui, par l'habitude, ont produit une forme organique d'insatisfaction permanente et sans objet.

A l'échelle de la monade que nous sommes, comme possible définition de la révolte, je dirais simplement qu'elle correspond à la mise en mouvement du sujet hors de lui-même. Ce qui bien sûr s'oppose à l'attitude contemplative du sage et à la modération qui lui est associée. Car le sage sait lui discipliner ses humeurs, contenir la passion, résister aux sollicitations qui font habituellement avancer le troupeau dans un désordre parfait. Mais on oublie trop souvent que tout sage, ou prétendu tel, succombe régulièrement aux assauts de la débauche ou de pensées insensées.
Peu de sagesse donc dans ce projet artistique et beaucoup d'excès assumés comme tels, avec ce que cela sous entend d'erreurs volontaires, d'approximation, de contradictions, de provocations vaines, d'improductivité, de déraison, d'indignité voire même parfois d'infamie.
Oscillant entre anarchie et relativisme sélectif, ce projet pro-révolte trouve ses limites dans quelques postures esthétiques problématiques, voire dans certains cas dangeureuses. Je veux parler, par exemple, de la complaisance, de la confortation dans un nihilisme humiliant la faculté de pensée et privilégiant la provocation gratuite. Ou bien encore et surtout, il faut prendre soin à éviter le glissement imprévu vers la promotion irresponsable de la révolte extrême qui réalise toutes les formes de destruction violente, physique ou psychique, propre à l'inhumanisme totalitaire.

On remarquera immédiatement qu'une tonalité ironique, qu'un scepticisme postavantgardiste, imprègne l'ensemble de la production et de la sélection des travaux réunis dans cet espace de présentation virtuel. Certains y retrouveront l'esprit anartistique de DADA, d'autres le "révolutionnarisme" bourgeois du Surréalisme, ou d'autres encore la radicalité et la causticité de L'international situationniste, ou tout à la fois, dans un bricolage référentiel maladroit. Un "désillusionnisme" accompli, propre aux attitudes esthétiques "post" de type "tout a déjà été fait mais que faire d'autre", justifie donc l'usage de l'ironie et l'auto-dérision comme stratégie principale de mise en oeuvre du site.
L'ironie est finalement à comprendre ici comme le seul levier métaphysique fonctionnel à même de maintenir en équilibre la pensée esthétique de notre devenir-néant (individuel et collectif).
Ce site voudrait ausculter, selon l'humeur, sans logique ou systématisme programmatique, l'infini variété des modes d'apparition, d'expression, de validation, de détournement, d'épuisement, etc... de la révolte.
En dernier ressort, on ne peut que rire de notre résistance pathétique aux forces qui nous engloutissent en nous destinant à l'in-signifiance et à la poussière.

Bruno Guiganti, novembre 2003

vos réactions, vos remarques : revoltes.com@free.fr
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