M A N I F E S T E
Indexée sur les valeurs marchandes et financières, sur
la « nécessité » de l’exploitation et de la servitude,
de l’entreprise et de la concurrence, la vie n’est-elle
pas dans le même temps indexée sur la mort ? Si la
vie doit perpétuellement s’adapter aux critères
financiers, à la valeur et aux logistiques compétitives
de création de plus-values, n’est-elle pas spontanément
condamnée à visiter sans fin des horizons d’ennuis
morbides, de destructivité, d’agressivité, d’atrophie,
d’agonie, etc. ? Le projet générateur de la
revue est de fournir au lecteur des éléments de
réponse à ces questions qui touchent de près l’économie
thanatique dans nos sociétés capitalistes contemporaines.
Il s’agirait de traquer et critiquer les représentants
individuels et collectifs, les incarnations idéologiques,
imaginaires, symboliques, artistiques, culturelles,
institutionnelles, administratives, etc.,
d’une pétrification des devenirs de la vie qui a trouvé
dans le système capitaliste ultralibéral un terrain
psycho-patho-politique à la hauteur de ses ambitions.
Nous avons des capitalismes incarnés jusqu’aux os à
mesure que nous affirmons l’implacable réalité de ce
monde. Mortibus, farceuse et ironique, en refuse l’absurdité
totale et veut donner la part belle à la raison
émouvante et à l’embrasement de la vie.
MORTIBUS 1, mars 2006
U t o p i e s d e m a r c h é
La « fin de l’utopie », proclamée en même temps que la « fin de l’histoire
» et autres fins ou mort du sujet, a suscité des réactions politiques
paradoxales et à la hauteur de ce symptomatique post-déboire. La situation
de l’utopie semble malgré tout bien loin de l’enterrement. Mais
n’est-elle pas cependant plus morbide que jamais ? Sans doute, la ténacité
des utopies contemporaines rend-elle compte d’une métamorphose
du contenu vivace et de la raison émouvante de l’utopie. Le contenu
morbide des utopies sur le marché du bien-être pourrait se comprendre
comme une sorte de maladie auto-immune de l’utopie de la libération
; maladie déclenchée par un système capitaliste qui ne cesse de fuir
en avant.
Avec des textes de Miguel Abensour, Daniel Bensaïd, Michel Brix,
Philippe Caumières, Roger Dadoun, Jean-Clarence Lambert,
Michaël Löwy, Jérôme Martin, Luis de Miranda, Fabien Ollier,
Thierry Riffis, Stavros Tombazos
MORTIBUS 2, octobre 2006
D é s i r s d ’ o s e i l l e
L’argent, esprit pratique de ce monde, sur-marchandise d’assouvissement
aveugle, objet et sujet par excellence de la possession,
travaille nos désirs comme dans une Bourse.Au
corps de nos désirs, il fouille et calcule jour et nuit les dépenses
et bénéfices que génère toute rencontre avec le monde,
toujours logé au « quatre étoiles » de nos hospitalités charnelles
quand autrui, en permanence suspecté de ne rien rapporter
du circuit qui le rend argent, prend l’allure de
l’émigré clandestin éternel. Unis par l’argent en
tant que séparés, les hommes ont Mamonn pour
divinité commune et l’intérêt personnel pour
objectif pratique. Ainsi pullulent les désirs d’agression.
L’argent pourtant n’est pas un désir d’enfance
La communication du nom des auteurs n’est pas possible
à cette date.Veuillez nous en excuser.
PROCHAINS NUMÉROS (2007)
MORTIBUS 3 : Eros zéro ?
MORTIBUS 4 : Fin du travail
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L’association et la revue Mortibus sont nées en juin 2005 sous l’impulsion de Fabien Ollier, écrivain et peintre, enseignant, ex-responsable de rédaction d’une autre revue nommée X-Alta, qui elle fut fondée en 1999 et compte à ce jour 8 numéros disponibles (cf. site internet : http//:x-alta.chez.tiscali.fr). Mortibus est autonome, autogérée, et animée collectivement par Philippe Guillaume (sculpteur), Fabien Ollier, Thierry Riffis (ex-membre de la revue X-Alta également ; peintre et enseignant), Gwendoline Vessereau (aide médico-psychologique pour adultes handicapés mentaux) et Sabrina Vessereau (agent SNCF).
Le manifeste de Mortibus est le suivant : Indexée sur les valeurs marchandes et financières, sur la « nécessité » de l’exploitation et de la servitude, de l’entreprise et de la concurrence, la vie n’est-elle pas dans le même temps indexée sur la mort ? Si la vie doit perpétuellement s’adapter aux critères financiers, à la valeur et aux logistiques compétitives de création de plus-values, n’est-elle pas spontanément condamnée à visiter sans fin des horizons d’ennuis morbides, de destructivité, d’agressivité, d’atrophie, d’agonie, etc. ? Pour répondre à ces questions, il s’agirait de traquer et critiquer les représentants individuels et collectifs, les incarnations idéologiques, imaginaires, symboliques, artistiques, culturelles, institutionnelles, administratives, etc., d’une pétrification des devenirs de la vie qui a trouvé dans le système capitaliste globalisé un terrain psycho-patho-politique à la hauteur de ses ambitions. Nos capitalismes intérieurs et incarnés se renforcent à mesure que nous affirmons la réalité cadavérique de ce monde. Mortibus, farceuse et ironique, en refuse l’absurdité totale et propose de donner la part belle à la raison émouvante et à l’embrasement de la vie !
Les épistémologies qui sous-tendent ce regard que l’on pourrait qualifier de «psychosociologie psychanalytique » sont d’une part le Freudo-marxisme (Wilhelm Reich, Otto Fenichel, etc.), d’autre part la théorie critique de l’École de Francfort (Max Horkheimer, Theodor Adorno, Herbert Marcuse, etc.). Des liens sont à tisser par ailleurs avec la critique de la biopolitique menée par Michel Foucault. Mais ces courants majeurs des sciences sociales nous invitent à une ouverture théorique complémentariste et sont en fin de compte le souffle qui nous pousse à de nouvelles rencontres textuelles et sensibles, à de nouvelles combinaisons d’écrits qui embraseraient le sens de la vie plutôt que le laisser tomber. Il en sera ainsi par exemple en ce qui concerne la place de l’art dans la revue : la place des peintres modernes dans nos recherches de mise en forme de la revue, la place de la peinture et de l’image dans notre ambition d’une textualité sensible et critique, la place de la poésie et de la littérature comme «explosifs charnels » des concepts mais aussi comme horizons de « petits sabotages » éclateurs de vérité.
Vous vous doutez que faire vivre une revue de ce genre, engagée politiquement et théoriquement contre le capitalisme et ses logiques mortifères, il faut des soutiens. J'en appelle donc à votre aide en vous proposant de vous abonner à cette revue. Il y aura deux numéros par an : un en mars, l'autre en octobre. Chaque numéro fera au moins deux cents pages et proposera une quinzaine d'articles. Un abonnement d'un an coûte 23 euros.
Avant de vous quitter, je vous laisse découvrir le sommaire du premier numéro consacré à une critique des Utopies de marché.
Mortibus
Utopies de marché, utopies morbides
Roger Dadoun
L’utopie qui chante
Miguel Abensour
Persistante utopie
Jean-Clarence Lambert
Constant, new Babylon (entretien)
Dietrich Hoss
L’utopie et l’art chez Adorno (entretien)
Philippe Caumières
L’utopie chez Castoriadis
Luis de Miranda
L’Ego : nouvel opium du peuple ?
Michel Brix
De Sade à Millet : filiation ou imposture ?
Fabien Ollier
Le sport : utopie qui dé(sen)chante
Thierry Riffis
Je t’appelle de tous mes pôles
Daniel Blanchard
Crise de mots
Michaël Löwy
éloge de la publiphobie
Daniel Bensaïd
Lente impatience (entretien)
Stavros Tombazos
Le marché comme obstacle à la démocratie
Jérôme Martin
Kawa
Fabien Ollier
The Descent : la contre-utopie de Neil Marshall