les mouches mortes, roman à suivre, un épisode chaque jour

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Message par konsstrukt »

la lecture schizophrénique du site officiel non-officiel est une source précieuse !

http://residents.com

à plus !
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drÖne
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Message par drÖne »

Vi vi, il est dans mes favoris... mais mon fucking english is not like a bird in ze branche, à moins que ce ne soit my tailor qui est so rich ? Bon, en fait je n'ai jamais eu la patience de tout lire. D'ailleurs j'ai été surpris du nouveau look du site : bizarre, mais pas très weird !

+A+
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d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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Message par konsstrukt »

ouais, enfin faut se dire que les residents ne sont pas vraiment impliqués là-dedans, mais l'effort de traduction vaut quand même le coup !
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Message par konsstrukt »

ok pour en reparler à ton retour de suisse :)

(et sinon au chapitre rumeur ineptes : les residents sont les beatles (mais la mort de john lennon a vachement discrédité le truc), et les residents sont les legendary pink dots (mais leur discographie totale se monte alors à 250 albums en 30 ans, ce qui fait beaucoup pour quatre cerveaux...)
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Message par konsstrukt »

Je danse avec un type Je me demande combien de couples vont baiser dans cette maison ce soir Le type est trop beau Son visage est fin ses cheveux sont noirs il a un pur look gothique pas surchargé Tout ça est interchangeable je me dis Les gens les fêtes les maisons les baises La musique latino ici n’importe quoi ailleurs Joëlle me regarde de travers Je lui renvoie son regard Elle détourne la tête Elle fait la gueule parce que je suis venue avec jordan Son sens moral me fait rigoler Je peux tromper mon mec tant que je veux du moment qu’il n’est pas au courant N’importe quoi Ma réputation l’emmerde Ca l’emmerde que je passe pour une salope C’est pourtant pas son problème Elle est mon amie alors elle se sent concernée enfin ça la rend triste Mais je sais pas si elle fait la différence entre la honte la compassion Je m’en fous au fond Il bouge bien ce mec Il est gracieux Il m’excite Je me rapproche de lui Je pose mes mains sur son torse Il sourit Il est surpris il se laisse faire Il ouvre les bras les ondule Je roule du bassin Nos yeux ne se quittent plus Tout le monde doit nous regarder On dégage trop de sexe Trop pour leurs petits circuits Je les emmerde Le sexe ils savent pas ce que c’est Ils connaissent juste leur honte débile leurs petites envies nulles Je baisse mes mains tout en le caressant Je m’accroche à sa ceinture Il pivote Je me colle contre lui Il ondule avec les bras le long de son corps Il me guide Nous ondoyons ensemble Je glisse furtivement une main dans son jean je la ressors J’ai vu qu’il bandait J’ai eu le temps de remarquer que son pubis est rasé C’est très doux J’approche ma bouche de son oreille On va à la salle de bain je demande Il fait oui de la tête On cesse de danser On y va On tourne le verrou Je défais sa ceinture baisse son pantalon de skaï noir son caleçon noir l’assieds sur la cuvette des chiottes Il me regarde Sa queue se dresse Ses couilles bien rasés sont trop jolies Je baisse ma culotte m’enfonce sur son érection Il ouvre la bouche en grand pousse un soupir de contentement J’y fourre la langue Je m’accroche au réservoir d’eau Je branle le bassin d’avant en arrière Le mec est dans un état second Ses mains pétrissent mes seins La taille de mon ventre me gène Je commence à prendre mon pied Je me soulève jusqu’à sortir sa queue je le branle tout en frottant son gland contre mes poils mes lèvres Il suffoque de joie Il me malaxe les seins comme un fou Je m’enfonce d’un coup sur sa bite Je m’enfonce jusqu’au bout Je sens une vague de chaleur dans tout mon bas-ventre Lui il crie de bonheur Je me soulève lentement Des ondes de chaleur me montent dans tout le corps Sa queue sort de ma chatte Il gémit je gémis Il éjacule Ce con éjacule Il jouit Il m’envoie sur les cuisses quatre petites giclées de sperme Sa queue retombe déjà Je suis atterrée Je le regarde Il a l’air très con Je suis désolé il dit Je m’en doute Je Ta gueule je réponds Il veut se lever Je le rassieds Je prends sa main la place entre mes cuisses Elle est froide Un frisson de délice me traverse Je me cambre pour qu’il me doigte correctement Je suis penchée au-dessus de lui Je m’agrippe au réservoir Je mouille beaucoup Il me branle avec beaucoup de sensibilité Son autre main passe par en dessus me frotte l’anus Il me branle à deux puis trois doigts Des deux côtés Je gémis de plus en plus fort Je fais des mouvements d’avant en arrière Je gémis continuellement Je suis excitée à mort Je bouge sans rythme C’est le chaos Je halète Je suis au bord de jouir Je regarde sa bite Elle bande à moitié Je lui ôte la main de ma chatte Mon coeur bat trop fort Je me baisse Je le suce un peu pour l’amener à point Sa queue a à la fois son goût le mien Quand il est prêt je m’assieds de nouveau sur lui en avant c’est frénétique je charge je roule je crie il crie je lui griffe le dos il me tire les cheveux c’est la tempête ça vient ça vient j’enfonce la tête dans son cou je lèche je mords l’oreille l’artère je roule sa queue vibre brûle je palpite on crie ensemble ça vient ça vient ça vient ma jouissance explose explose je profite de son érection longtemps lui n’est pas prêt à jouir je n’arrête pas jamais ça monte encore encore ça n’arrête pas d’explosion en explosion jusqu’à la plus grande je ferme les yeux je crie je crie je crie ça finit par se calmer refluer je suis un bloc de chair tendre calme je le regarde il est beau il est au bord de jouir lui aussi c’est un masque de souffrance de plaisir je me soulève sa queue sort de ma chatte un éclair de jouissance de frustration éclate dans ses yeux je me mets à genoux j’enfonce sa queue dans ma bouche je le suce lentement jusqu’à ce qu’il jouisse lui aussi ça ne prends pas longtemps je lèche partout où c’est rasé c’est trop excitant même encore maintenant il jouit finalement il balance tout dans ma bouche c’est un peu écoeurant mais ça me gène pas je finit en le branlant à chaque soubresaut que fait sa queue il gémit les yeux fermés je lui frotte le gland le presse en exprime chaque goutte il sursaute gémit pour lui aussi finalement ça redescend on se calme tous les deux il s’installe une sorte de tendresse bizarre nos coeurs battent à ce point que je pourrais les entendre tous les deux Je me relève je crache dans le lavabo je me rince la bouche Je finis de me déshabiller Je rentre dans la douche Il me regarde Ca me plait Je ne tire pas le rideau Je commence à me laver Il continue à me mater Ca t’excite je demande Oui Alors viens Il se déshabille Il est trop bien foutu Il est plus maigre que moi Il a un piercing au téton gauche un au nombril Il entre sous la douche Il se cale contre moi On s’emboîte bien comme ça Il frotte sa queue entre mes fesses Ca le fait vite redémarrer Il me caresse les seins le ventre Ca paraît l’exciter malgré leur taille Il descend sa main vers ma chatte Je ne mouille pas tout de suite mais je suis excitée Je m’appuie contre la paroi Je prends sa main Je la dirige vers mon cul Vas-y mouille le bien je dis Je pousse un long gémissement quand son doigt s’enfonce entre mes fesses On bouge à l’intérieur ça me coupe le souffle Je gémis presque sans voix Je frotte les carreaux blancs de mes mains Encule-moi je dis Je me plaque contre la paroi L’eau brûlante nous pleut dessus La vapeur nous plonge dans la brume Les carreaux glacés écrasent mes seins mon ventre Il rentre dans mon cul m’arrache un cri Il va vient lentement sans jamais sortir tout à fait ni entrer à fond A chaque coup il se laisse aller contre moi m’écrase contre les carreaux ça contraste avec l’explosion dans mes reins qui irradie tout le long de ma colonne vertébrale jusqu’au cerveau qui explose puis il se retire je me décolle ça recommence avec un plaisir plus fort ça gèle ça brûle je sais plus où j’en suis je suis livrée à ces sensations c’est la folie j’en peux plus je crie je m’entends crier comme dans un rêve tout le monde doit m’entendre dans la maison je m’en fous je m’en fous je m’en fous je m’en fous je lance mes bras derrière je saisis ses fesses je lui plante un doigt dans le cul je fouille il se crispe se cambre grogne d’une voix étranglée ça me rentre dans l’oreille comme un frisson terrible ça se diffuse dans tout le dos ça monte ça vient l’orgasme explose avec brutalité pour lui comme pour moi reflue aussitôt pour nous laisser épuisés désorientés Il y a de la vapeur d’eau partout On ne voit presque rien On ne peut rien dire On commence à redescendre de cet état Le silence devient moins naturel On finit vite de se laver Il sort le premier Il commence à se rhabiller Je sors ensuite Je me rhabille aussi Son regard est fuyant Il est gêné par le silence Sa gène m’amuse Tu connais joëlle il demande Oui C’est ma meilleure amie je réponds Elle va faire la gueule mais je l’emmerde Comment ça il demande Laisse tomber T’en as rien à foutre Y’en a qui disent que tu couches avec tous les mecs Alors quoi C’est vrai il demande Je fais ce que je veux Tu sors avec jordan en ce moment J’en ai marre de ces questions Je lui réponds ça t’as pas empêché de m’enculer que je sache Il la ferme Il a l’air gêné Ca te gène que je parle comme ça je demande Tu connais jordan ou moi tu me connais moi Ben au lycée t’es tout le temps dans ton coin il dit Tu parles jamais à personne sauf avec joëlle Y’a que des cons au lycée je dis J’ai mieux à foutre que de leur parler T’es une fille bizarre toi Faut sortir de la salle de bain je réponds Tu sais quoi si les mecs avec qui je baise ne s’en vantaient pas alors je n’aurais aucune réputation tu me suis Tu préfère que je sois discret il me demande C’est vraiment un pauvre con C’est ce que je lui réponds Il me demande pourquoi Laisse tomber Je ne te comprends pas il dit Tu me fais penser à mes parents Il se tait A la fin il dit je m’appelle loïc Il rougit Il est pathétique J’ai honte pour lui Les discussions après la baise c’est toujours un moment merdique On quitte la salle de bain Rien n’a changé dehors Joëlle fait la gueule

Des jours

Encore des jours Samedi

Boum

Après il n’y a plus rien Juste l’attente J’attends
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Encore une semaine Bientôt encore un samedi Il arrive Il approche Je ne veux pas penser à ce samedi Ni au précédent ni à celui qui vient J’en ai parlé à personne Pas à mes parents pas à Joëlle pas à moi Je me douche toute la journée Je pleure toute la journée De quoi me noyer toute cette eau je me dis Pas de téléphone Je ne veux personne Quinze heures de douche de larmes Encore une semaine Demain une nouvelle semaine J’ai brûlé le papier J’ai fait jurer à mon frère de la boucler Il va vu ma gueule Il va se taire il a compris Maintenant je ne pense plus à ça Je ne veux pas c’est impossible Quelques heures passent C’est la nuit Je dors mal J’ouvre les yeux Ca y’est c’est lundi Je pleure encore J’ai mal aux yeux Ils sont gonflés Mon ventre est trop douloureux
Je vais au lycée Je n’écoute ne comprends rien Je ne pense à rien Même pas à samedi Il y a un trou noir il aspire tout Je disjoncte J’ai envie de hurler C’est des ombres autour de moi je ne réponds à aucune Je n’arrive pas à rebrancher au réel Quatre heures de noir A midi je croise loïc Je vais vers lui Tes parents sont chez toi je demande Euh non Alors on y va Je l’embrasse je murmure j’ai très envie de toi c’est pas vrai bien sûr c’est pas vrai mais je vois pas d’autre solution il faut quitter samedi il faut revenir ici je suis en rade il faut que je récupère Il semble gêné mais accepte Allez on y va je répète On marche sans rien dire Je suis samedi En chemin il me dit que je fais une tête bizarre Qu’est-ce que ne va pas il demande Laisse tomber Tu es bizarre Oui Tu m’évites pendant huit jours maintenant Maintenant quoi Non rien mais Tu comprends rien Ben non Il a l’air pitoyable Je suis fermée Ma voix est morte Mon regard est mort J’ai rien d’autre Merde Je lui dis ça Je comprends rien il répète Tant pis Le silence s’installe se prolonge Il dit jordan Quoi T’es encore avec lui ou pas Je ne suis avec personne même pas avec toi Bon il est au courant de ça Personne n’est au courant de rien alors lâche-moi avec ça Bon Encore du silence Je lui prends la main Je n’ai pas envie de sexe Je n’ai pas envie de tendresse Je n’ai pas envie de parler Je n’ai pas envie de lumière Je n’ai pas envie de gens autour de moi Je n’ai pas envie de samedi
On baise dans sa chambre On est tous les deux à poils Je suis allongée sur le dos Il me lèche la chatte Je suis sèche Je ne bouge pas Je ne dis rien Je suis silencieuse Je lutte contre les larmes Je n’ai pas envie Il remarque vite que ça ne va pas Il relève la tête Il pose encore des questions Je reste silencieuse J’ai le regard fixe dur Il n’arrive pas à le soutenir Je lui demande t’as déjà baisé dans la chambre de tes parents Ben non il réponds avec son air con coutumier mais qui ne me fait plus rire plus rire du tout Je me lève d’un bond Je cours hors de sa chambre Il me poursuit En criant encore des questions idiotes J’arrive à la chambre de ses parents Je me jette avec violence sur leur lit Le matelas s’enfonce sous mon poids Loïc est dans l’embrasure de la porte Il a l’air inquiet Il n’ose pas avancer Il croît que je suis folle il a sans doute raison Je me doigte violemment Les jambes largement ouvertes Juste en face de lui Dents serrées Je dis rien gémis pas rien Je me bourre C’est sec Ca fait mal Il me rejoint Il a l’air au bord des larmes Il bande malgré lui Je le cogne d’un coup de poing au ventre il se plie en deux J’attrape sa queue m’empale dessus Il pousse un râle de douleur plaisir incompréhension je crois que même lui ne sait pas moi je pousse un cri de douleur ça me déchire je recommence deux fois ça me brûle lui aussi a mal je le sais pourtant il bande je hurle baise moi baise moi baise moi baise moi je hurle à me péter la voix je me relève d’un coup je le domine il est pitoyable sur le lit en chantier je lui fous un coup de pied dans les couilles il couine sa queue se ratatine aussitôt je me casse en courant Il est médusé Je me précipite à la salle de bain Je me mouille le visage Je remplis un verre J’ai soif Il me rejoint Il est tendu Je me retourne Mon visage est fermé Je tiens le verre à la main Non il dit Ne le fais pas Lâche ça s’il te plaît D’abord je comprends pas puis je comprends puis j’ai envie Je lui balance le verre à la gueule Il esquive Le verre éclate contre un mur Salope il gueule Il se jette sur moi on tombe Je m’éclate le coude contre le sol Je saigne du coude Il me colle une claque Je le gifle Il bande On le voit Il dit je Il se tait Je lui attrape la queue la force vers ma chatte On jouit au bout de quatre pénétrations Ca nous laisse en sueur désemparés Moi j’ai envie de pleurer Je suis enfin triste Le malaise revient On se rhabille On range Moi je ne reste pas triste longtemps Je retourne à samedi Je retourne dans l’ombre On range Mes gestes sont brusques froids Les siens sont juste tristes Il n’a plus de force Il est à bout Tout est rangé On se tient debout devant la porte Je suis désolé il dit Ah je réponds On se voit samedi il demande Non pas samedi Quand alors Tu as vraiment envie de me revoir Il répond oui toi Je ne sais pas Il ferme la porte Je retourne au noir Au noir jusqu’à samedi Ca à l’air de durer un an C’est comme si je marchais pendant une année entière une année où il n’y aurait que ça à faire des pas encore des pas des pas des pas des pas sans arrêt sans fin sans rien du tout Vers le lycée la maison dans la rue jamais assez de pas pour mener hors du trou noir Mes parents ne voient pas Ils croient que je suis avec eux Ils croient que je suis triste Je suis juste samedi Mon frère sait il se tait De toute façon il ne m’aime pas Il se tait parce qu’il sait que c’est pire ainsi Ils croient tous que je fais la gueule Je fais samedi Je ne peux rien dire à personne parce que samedi il n’y a personne il n’y a même plus de langage Je marche Mais chaque pas me rapproche de samedi
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Jordan téléphone Il a une voix larmoyante C’est un mélange de reproches de questions C’est fini pauvre blaireau je dis Je te quitte espèce de connard merdique espèce de lavette Je raccroche Je regarde le décor autour de moi En ce moment c’est ma chambre Il y a du bruit C’est antechrist superstar

Joëlle téléphone Elle veut savoir ce qui ne va pas Je ne dis rien J’ai envie de pleurer J’arrive à pleurer Ce soir c’est jeudi c’est vraiment jeudi je pleure je ne dis rien mais je pleure alors c’est jeudi Je suis en vie Je dors après Quand je me réveille c’est vendredi Demain c’est samedi Je ne pense qu’à ça





































































Je regarde autour de moi C’est le terminus du tramway c’est hautepierre c’est dimanche Tout mon corps me fait souffrir Je regarde le panneau électronique pour connaître l’heure Il est onze heures trente C’est dimanche C’est encore samedi Pour l’éternité Je sais maintenant que samedi ne finira jamais Je n’ai aucune force Je n’arrive pas à penser Je suis sale Je pue J’ai mal partout Je suis seule à l’arrêt du tram J’ai mal au vagin à l’utérus au ventre au cul à tous mes muscles J’ai la joue enflée la lèvre enflée les paupières tuméfiées Je suis dans la cave Il n’y a plus de lumière du jour c’est fini c’est fini à tout jamais J’ai mal aux seins Ils sont lourds tendus Mes tétons doivent être enflés
Je suis dans la cuisine Je ne me suis pas encore déshabillée Je ne veux pas voir les ecchymoses noires Je ne veux pas voir les croûtes Je ne veux pas voir mes poils collés Je ne veux pas me laver Si je me lave c’est que je suis sale Si je suis sale c’est que c’est samedi Je ne veux pas samedi Je ne veux pas la cave Je me prépare deux sandwiches Entre les tranches de pain de mie je mets n’importe quoi Tout ce que je trouve La bouffe c’est bien Il n’y a pas de bouffe dans la cave Je pue J’ai mal Mon dos me fait très mal Je dois avoir des égratignures Je ne veux pas les sentir Je ne veux pas les voir Il faut que j’arrive à sortir de la cave Ca n’est pas possible Je bouffe Je relis le mot de mes parents Il sont mécontents que j’aie oublié le repas de famille Ils sont partis sans moi Ils me promettent qu’on en reparlera ce soir Ca n’existe pas ce soir Je suis allongée sur mon lit j’écoute antechrist superstar je bouffe je m’empiffre dans la pénombre j’essaie de ne pas me voir Il faut que je me lave On ne peut pas me voir dans cet état Au moins que je reste seule samedi Je veux pas qu’on me voie samedi

Je vomis tout dans les toilettes Toute la bouffe repasse par mon gosier ma bouche se déverse dans l’eau des toilettes Je tousse je pleure l’eau des chiottes se teinte C’est aigre dans ma bouche dans mon nez
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J’ai soif Je suis dans le salon vide sombre Je suis à genoux devant le bar Je prends une bouteille de rhum Je bois une longue gorgée au goulot Je la remonte dans ma chambre Je m’allonge sur le lit Je continue à boire au goulot J’écoute antechrist superstar en boucle Je ne suis plus vraiment à la cave je ne suis nulle part non plus Je bouge tout suit avec un léger décalage La nuit tombe J’ai faim mais je ne mange pas Je ne bouge plus J’ai envie de me griffer de laisser tout mon sang couler de le changer de mettre du sang propre à la place J’ai envie de hurler Je n’ai plus de cordes vocales Elles sont restées samedi Je hurle samedi mais dimanche personne ne m’entend Je n’en peux plus Je suis prête à éclater Je me sens gonflée tendue trop tendue J’entends mes parents rentrer J’éteins tout je fais semblant de dormir Ils allument la télé en bas Ils parlent ils sont dimanche soir Je les hais Je suis dans la cave dans le noir je suis samedi Je suis un tel poids je vais m’effondrer sur moi même me ratatiner comme un trou noir imploser en silence tellement obscure que personne ne verra rien tellement lourde que personne ne pourra me toucher sans crever aussi Je m’endors en buvant

Mes pleurs me réveillent Il est cinq heures Il est lundi C’est pas encore l’aube Il fait très noir De toute façon c’est samedi Tôt ou tard en tout cas J’ai la nausée Je me lève A tâtons dans le noir je vais jusqu’aux chiottes Je vomis tout le rhum J’ai mal aux seins aux reins aux yeux à la mâchoire à tout le dos Il faut que je me déshabille Je me déshabille Il faut que je me regarde Je me regarde Je vois les croûtes les bleus les estafilades Je vois les poils collés Je vois ma gueule mes yeux enflés mes lèvres enflées Je me douche L’eau me fait mal Je me douche jusqu’au matin Jusqu’à ce que mon réveil sonne J’ai des stries rouge au ventre Mes mamelons sont violets Mes seins parcourus de vaisseaux sanguins éclatés J’ai une trace de morsure à la hanche D’autres traces ailleurs Des traces internes Je sors de la douche Je me sèche Je m’habille Je descends Ma mère me voit Elle a peur en voyant mon oeil je la rassure en mentant La journée commence Je me vois avec une pierre attachée au cou Je coule jusqu’au soir Plus je coule plus la pression m’écrase Il n’y a pas de fond pas de raison de s’arrêter de couler

Mon père me fait la morale J’écoute rien j’entends rien Je suis allongée sur un sol de pierre froide Je suis allongée samedi A la fin de la discussion mon père à l’air triste Il m’autorise à monter dans ma chambre Je monte dans ma chambre Je m’allonge sur le lit Je ne fais pas mes devoirs Je n’écoute pas de musique
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Je me souviens d’un rêve Je me dis faudrait le noter Je n’ai pas envie de le noter L’écran de ma mini chaîne diffuse une lueur verdâtre dans toute ma chambre Dans ce rêve je me lève m’habille vais au lycée normalement mais arrivée là-bas je m’aperçois que c’est la nuit il fait nuit je suis seule là-bas je marche dans la cour je m’assieds dans une salle de classe j’ai soudain très très peur je me réveille j’ai toujours peur je ne sais d’abord pas pourquoi puis le rêve me revient en mémoire Toute la chambre est verte à cause de cette chaîne de merde Je me lève Je traverse la chambre Le sol est chaud J’ai des frissons Je n’en peux plus Je n’en peux plus Je n’en peux plus Je débranche la chaîne Le vert disparaît Il ne fait pas noir Il y a des lumières qui viennent de dehors Elles passent à travers les volets Elles dessinent des trucs menaçants au plafond Ca me fait encore mal Là où ils m’ont fait mal ça me fait encore mal Je crois que ça ne me quittera jamais Samedi ne me quittera jamais La panique est passée C’est pire ça veut dire que c’est pire Ca veut dire que je commence à m’habituer Alors ça va être éternel Je retourne m’allonger Je me cache sous les draps Je me recouvre entièrement Il n’y a que moi mon odeur ma chaleur mon noir Rien d’autre Je voudrais ça pour toujours le noir mon noir rien d’autre mas il y a samedi il y a les autres la douleur je m’y habitue je ne suis plus terrifiée je ne sais pas quel sentiment j’éprouve je ne sais pas juste du dégoût plus de la terreur je sais ce qu’ils me font ce qu’ils vont me faire je sais je le sais ce n’est plus inconnu ça ne m’effraie plus Ca veut dire que ça va durer toute l’éternité C’est la peur qui nous fait mourir On meurt de peur à la fin Vieillir c’est avoir peur de plus en plus plus on vieillit plus on a peur c’est ça c’est comme ça à la fin on meurt de peur c’est tout moi j’ai plus peur je vieillis plus le temps c’est arrêté sur samedi sur la cave pour toujours sans évolution sans rien La peur une fois perdue je ne peux pas la retrouver c’est fini c’est foutu Je vire les couvertures Ma chambre n’est pas du tout obscure Il y a des zones plus éclairées il y a des reflets au plafond il y a le bord des volets Je me lève Je sors de ma chambre J’écoute dans le couloir Mes parents respirent Mon frère respire Ils dorment ils respirent J’ai envie de me tuer là sauf que je ne le ferai pas je ne le ferai jamais je suis pas du genre suicidaire en laissant un mot une connerie vous pouvez pas comprendre c’est ça tu parles de la merde oui du sang là mon sang sur la moquette ma main crispée sur un couteau la lame du couteau pleine de sang mes deux poignets ouverts l’os visible les tendons foutus les artères coupées il paraît quand on se tranche les veines qu’on a pas mal mais très froid il paraît aussi qu’on met longtemps à crever il paraît il paraît Je descends les escaliers Le salon est pareil que ma chambre pas de noir une lumière sombre vague des dessins au plafond des zones d’ombres plus profondes des zones mieux éclairées Je traverse le hall J’ouvre la porte d’entrée Je sens l’odeur de dehors C’est bizarre Je me sens très bizarre Je me rends compte que je suis à poil De tout façon il n’y a jamais personne à cette heure-ci en fait je ne sais pas quelle heure il peut être deux heures du matin trois heures peut-être je ne sais pas Je regarde dehors les autres maisons les volets fermés aucune lumière nulle part les voitures garées la lumière des lampadaires un cercle de l’ombre un cercle de l’ombre un cercle de l’ombre comme ça dans toute la rue dans toutes les autres rues Il y a une ambiance bizarre je me sens seule totalement isolée ici je n’entends pas ma famille vivre c’est drôle le mot famille je ne sais pas pourquoi j’ai employé ce mot famille je ne l’entends pas vivre en tout cas je ne l’entends pas respirer je n’ai aucune preuve de l’existence de personne je pourrais aussi bien être seule oui ça se pourrait bien L’air nocturne frôle ma peau nue ma graisse ma cellulite mes bleus mes croûtes mes coupures refermées mes traces de fouet l’air nocturne frôle tout ça tout ça se réveille l’air réveille tout ça tout ça palpite me fait mal me fait mal aussi à cause du froid Je regarde dehors encore encore ça ressemble à un rêve à un rêve sans fin où il ne se passe rien je regarde dehors j’essaie de comprendre ce que j’éprouve je suis coincée là-bas pour toujours dans la cave Ce décor ne me convainc pas
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Un autre matin Le bruit du radio réveil Pas la radio le buzzer Derrière c’est le bruit de la pluie La pluie ça me rappelle que les jours passent qu’ils ne sont pas les mêmes dehors que ce n’est pas toujours samedi qui se répète C’est juste samedi qui approche toujours qui ne fait jamais qu’approcher Sauf au moment où il est là proche à te toucher il te touche il paraît loin de nouveau mais non c’est juste qu’il a recommencé à approcher Il n’est jamais loin ou pas loin Il approche Il approche toujours il est de plus en plus proche jusqu’au moment où il est là J’éteins le buzzer J’entends mieux le bruit de la pluie Je sors du lit Rien ne m’incite à sortir Il fait froid en dehors du lit rien ne va être bien Rien n’est bien Plus depuis Merde avec ça Il faut cesser d’y penser Tout me le rappelle Je dois penser à autre chose Penser à quoi Je fouille dans la commode Je ne sais pas Je prends des vêtements propres Il n’y a rien d’autre Je vais à la salle de bain Rien d’autre à penser J’allume Que ça Première lumière blessante de la journée Il y en aura d’autres Beaucoup C’est comme quand j’ai déjà voulu les compter J’ai arrêté à six Je n’avais pas le courage de continuer C’est ridicule Pas d’autre pensée Je me regarde sous la lumière Jamais plus Toujours les mêmes vieilles merdes Les même pensées Trop grosse trop laide trop pâteuse bouffie c’est pas les mots qui manquent Le reste mais ça va mieux ça commence à guérir sauf que dans quelques jours il y en aura d’autres Il y en aura toujours d’autres Il y a mon reflet en face de moi mais je ne le regarde pas Je ne peux pas le regarder Me voir comme les autres me voient J’entre sous la douche Je tire le rideau Je fais couler l’eau Très chaude Jusqu’à tout noyer de vapeur Je respire mal Je me vois à peine Je laisse durer ce moment Je le laisse durer le plus possible Je ne sais pas combien de temps Quelques minutes à peine Tant que ça dure je ne pense presque pas au reste Ca s’arrête Je recommence à y penser à y penser complètement Je sors de la douche Lumière désagréable Froid Je m’essuie vite Je n’aime pas le contact de ma peau sous la serviette Je n’aime pas deviner la graisse jaune là-dessous Je m’habille Je m’habille ample Ca change Je vois bien dans le regard des autres que c’est pas normal Je les emmerde Je veux pas qu’ils voient pourquoi je m’habille ample Le miroir est plein de buée Ca me va Je me brosse les dents Ca aussi je fais durer Je ne me maquille pas Je m’essuie les cheveux Je me coiffe Je sors de la salle de bain Il fait froid Le couloir est presque silencieux Il y flotte les bruits de ceux qui dorment encore Mon père mon frère Ma mère est déjà partie travailler On a plus les mêmes horaires depuis quelques jours Tant mieux J’écoute un moment leurs respirations Je me demande à quoi ils rêvent en ce moment précis Je me demande ce que je ferais s’ils mourraient là maintenant Je descends l’escalier J’arrive en bas Les volets sont fermés Je traverse le salon obscur J’arrive à la cuisine J’allume le néon La cuisine sent le café Il y a une tasse dans l’évier J’ouvre un placard J’en sors un paquet de chocapic J’ouvre un autre placard J’en sors un bol propre J’ouvre un tiroir J’y prends une cuillère J’ouvre le réfrigérateur J’en sors le lait Je m’assieds Je prépare mon petit déjeuner J’écoute le pseudo silence de la cuisine C’est bizarre Le bruit du frigo ou d’autres trucs Le bruit du dehors Mes propres bruits Tout ça devient important Comme si tout ça sortait directement de ma tête J’ai l’impression qu’ils sont là Qu’ils sont dans le salon Qu’ils m’attendent Ou alors derrière la porte Dans le jardin Ou dans la rue sur le trajet ou pas loin Tous les gens que je croise j’ai l’impression que c’est eux sans leur cagoule Je mange Ca au moins ça existe c’est comme dormir pisser C’est quelque chose de vrai de réel Je mange Je fais durer Je me concentre sur le goût Ca ne dure pas longtemps Je compte les cuillérées Chaque cuillère est bien remplie Ca fait slurrp Il faut que j’aspire le lait les chocapics en même temps Il y a dix-sept cuillérées Il reste un peu de lait Je le bois Je lèche la cuillère Je n’ai plus faim Je n’ai pas envie de partir Je me ressers un bol Encore dix-sept cuillérées Le chiffre se répète Il ne faut pas que l’angoisse gagne Il ne faut pas que la panique gagne Gagner perdre C’est nul de penser comme ça Je ne veux pas d’angoisse Pas dès le matin c’est trop dur Un réveil en haut Bon il faut partir Je ne veux pas les voir Pas les croiser Pas le matin c’est trop dur J’ai pas encore assez de force Le soir à la rigueur Comme ça ça va en progressant Les gens D’abord dans la rue des passants des inconnus Ensuite ceux du lycée à eux il faut parler Les profs tout ça Mes amis un peu plus tard Enfin à la fin de la journée quand je suis habituée eux la famille tu parles d’une famille ces connards ces trois connards samedi eux la cave c’est pareil chaque semaine la même progression dans la merde La porte de la chambre s’ouvre Merde J’ai pensé trop longtemps Je me rends compte que j’étais en train de bloquer le bol de chocapic avec quelques céréales coagulés dans le fond de lait noirci Je me lève la chaise racle tu es là chérie c’est mon père je racle la chaise plus fort pour pas entendre je vais à la porte je sors je ferme la porte je suis dans le jardin je traverse le jardin j’ouvre je ferme la clôture je suis dans la rue seule je souffle je marche un peu je tourne à l’angle de la rue je ne vois plus la maison quand j’avais dix douze ans quand je sortais y’avait toujours ma mère derrière la fenêtre pour agiter la main m’aimer tout cet amour j’en aurais vomi quand j’avais treize ans j’inventais des plans je comptais j’oubliais une fois sur dix de me retourner pour répondre à ma mère puis une fois sur neuf je voulais arriver comme ça à m’en débarrasser complètement de façon homéopathique en fait ça c’est arrêté avant juste naturellement quoi ou alors c’est moi je ne sais plus Je me demande pourquoi je pense à ça maintenant Sans doute pour ne pas penser au reste Il n’y personne en cet instant précis dans la rue Même pas une voiture Je n’ai pas envie d’y aller Au lycée Je n’ai pas envie d’y aller Il faut que je sorte de ça Après le lycée il y a samedi samedi non Samedi c’est impossible je ne veux pas Je ne veux plus Pas d’autre samedi je ne peux plus C’est fini J’arrête de regarder le trottoir Je regarde devant moi Il y a la rue qui mène au lycée Il y a la rue qui mène vers la gare Je les regarde Je ne sais pas Je suis dépassée par une voiture Je ne peux pas décider Je prends la rue qui mène au lycée D’ici samedi J’ai le temps De me préparer D’organiser C’est pas une fuite C’est C’est autre chose C’est Je ne sais pas Ce que c’est Je ne sais pas ce que c’est C’est pas une fuite En tout cas Non Ca n’est pas ça Pas une fuite Je marche C’est le chemin habituel Pas l’autre Celui-là Que je prends tous les matins Pas l’autre Non Pas l’autre Celui qui va Ailleurs Je ne sais pas Je ne sais pas où C’est drôle C’est comme si Je ne sais pas Je préférais marcher vers l’horreur que je connais Plutôt que tester l’inconnu Est-ce qu’ils sont tous comme ça Je veux dire Est-ce qu’on est tous comme ça C’est drôle Je n’ai plus envie de sexe Plus du tout Plus depuis la dernière fois Avec Comment il s’appelle déjà Merde j’ai oublié Tant pis De toute façon C’est terminé Le sexe Le reste Tout ça c’est terminé C’est pas la peine Pas la peine Le lycée est proche Je suis en avance Les portes ne sont mêmes pas ouvertes C’est comme ça Comme ça tous les matins Depuis que j’ai décidé ça Décidé de ne voir personne Quand je me lève J’arrive devant le lycée Il donne sur la rue Je m’assieds sur le trottoir Il fait à peine jour Il fait froid Des voitures passent J’ai envie de pleurer Mais pas plus que d’habitude J’ai une envie normale de pleurer Je crois que je n’en peux plus Tout le monde pense ça Mais moi c’est vrai C’est horrible Ce que je vis personne ne le sait Personne ne devine Pourquoi personne ne devine C’est mieux De toute façon personne ne doit savoir Sinon c’est la merde En même temps mon frère c’est un connard Alors qu’ils lui fassent du mal Oui mais est-ce que je veux vivre avec ça moi Non de toute façon à moi ils en feront aussi du mal de toute façon je veux pas être la victime Tu imagines Toutes ces années Ah oui c’est elle Les gens qui se repassent ton nom Le bouche à oreille Les anecdotes qui circulent Toutes horribles Les voix pleines de pitié Partout dans tous les magasins Le silence quand tu rentres les gens qui se parlent quand tu sors Qui se parlent de toi Qui racontent des trucs Ils ne les comprennent pas mais ils les déballent quand même J’ai froid Il y a un groupe d’élève près de moi Ils viennent de descendre d’un car D’autres élèves descendent Je me lève Les portes s’ouvrent C’est décidé Vendredi Vendredi je pars C’est comme ça C’est pas une fuite C’est juste un changement Il faut que je donne Que je donne tout A qui Je sais pas Il faut que je trouve A elle Sans doute à joëlle Elle le mérite Je l’aime bien Si je l’avais dit à quelqu’un c’est à elle A elle Je suis dans la cour Il fait pas encore complètement jour J’entends les sons le brouhaha Je suis mal à l’aise Ca fait un moment qu’ils ne me parlent plus Enfin plus vraiment Plus comme avant Déjà je parlais pas beaucoup Maintenant c’est pire Ils pensent que je suis folle Si ils savaient ils diraient c’est bien fait Elle l’a cherché T’as vu tout ce qu’elle faisait Ils se raconteraient tout tout les trucs Je les hais Je les hais tous S’ils mourraient tous là maintenant d’un coup je me sentirais libérée La sonnerie Il est enfin huit heures La classe se regroupe Le bruit des pieds qui traînent Je n’entends que ça c’est bizarre Tous ces pieds Ca me fait chier d’être là Je n’en peux plus Je n’en peux plus merde Je quitte le rang Le prof me dit c’est l’heure Je marmonne que je vais pisser Il a l’air choqué Je vais aux toilettes Ils me regardent aller aux toilettes Ils pensent ça y’est elle disjoncte Ils pensent que je suis débile Que je suis tarée Je les hais de toutes façon Pas vendredi Pas le temps Rien à foutre Je les emmerde Je rentre dans les toilettes Je m’enferme Y a pas un bruit C’est bien Je me pose sur un chiotte Ca sent la pisse un peu surtout la Javel Y’a pas un bruit Je ferme les yeux J’entends ma respiration Je sens mon coeur battre Je me sens en vie Là un peu pour une fois en vie J’ai les yeux fermés Du sang qui circule dans mon corps Qui bat à mes tempes J’ai chaud ici Je transpire un peu Je fais quoi maintenant Je voulais attendre que tout le monde soit rentré en classe pour me barrer me barrer du lycée après quoi faire quoi faire Rien une fugue une fuite Je vais où moi Non je peux aller nulle part Même vendredi c’est con Je pleure Je sanglote Je n’arrive plus à penser Je suis recroquevillée sur les chiottes Je pleure je pleure je pleure tout Enfin enfin je peux tout pleurer samedi samedi samedi je pleure pleure pleure pleure pleure pleure pleure tout mon corps se secoue Mon ventre se secoue expulse les pleurs j’ai mal à la gorge je sanglote je crie ma voix me fait peur je me dis arrête arrête j’en peux plus tout le monde doit m’entendre je m’en fous je pleure je pleure je m’en fous j’ai mal à la tête mal à la gorge mal au ventre je suis recroquevillée je pleure je pleure je sanglote je crie je bave j’ai des larmes partout les joues mouillées entièrement des cheveux collés j’ai le nez qui coule je pousse des cris hheu hheu hheu hheu hheu hheeueheheeu heehu je pleure pleure hheueeh eueheuhe eheue euh he ueheueue h e hueh eueueueh je n’en peux plus peux plus plus plus puis ça se calme ça se calme vite je me sens au-dessus de moi bizarre à me regarder me dire bon ça va maintenant arrête ton cirque tout d’un coup c’est bon c’est fini je ne pleure plus je suis inondée de larmes de morve de salive j’ai mal à la tête j’ai les yeux gonflés la gorge qui me serre J’ai du mal à respirer à reprendre mon souffle Il me faut un moment avant de voir normalement de respirer normalement puis tout d’un coup la boule au ventre revient elle est plus dure qu’avant plus lourde elle prend plus de place elle serre plus comprime oppresse plus la boule est revenue Je me dis ça change rien Ca change rien à samedi Mais je ne pleure plus Je suis gonflée bouffie la chair du visage détendue par les pleurs dilatée rouge moite la boule est là la boule est revenue J’ai pleuré j’ai tout évacué ça n’a rien changé c’est toujours pareil pareil qu’avant Je ne peux pas partir parce que ça serait encore pire Même moi je peux imaginer pire Là je sais encore où dormir je peux encore manger Si je pars c’est pire C’est pire Je me passe de l’eau sur le visage Je suis horrible Je vais à l’infirmerie Je dis que j’ai mes règles Qu’elles me font trop mal L’infirmière me file du spasfon Elle me dit de m’allonger J’ai envie de passer toute la journée là A bouffer du spasfon à regarder le plafond A écouter les conversations nulles des infirmières A me sentir légèrement défoncée par le spasfon Je reste là un moment Mes yeux se ferment d’eux-mêmes Ils se rouvrent plus tard L’infirmière me regarde Elle a l’air inquiète Je me dis merde pourvu que j’ai pas parlé pendant mon sommeil La boule revient J’ai envie de pleurer mais je sais que je ne pourrais pas L’infirmière me dit ça va tu es sûre que ça va C’est pas des mots accumulés je sens qu’elle pense à ce qu’elle dit qu’elle me regarde vraiment Ca me fait peur Je sais pas quoi dire J’ai envie de tout dire Je dis non c’est rien c’est mes règles Putain j’ai envie de tout dire Putain il se passerait quoi J’essaie de voir les conséquences non trop de bordel trop de gens à qui il faudrait le répéter non l’horreur non putain je ne veux pas c’est mes règles je dis elle m’ont jamais fait aussi mal vous croyez que je peux passer la journée ici elle me répond tu préfères pas rentrer chez toi non chez moi il n’y a personne je me sens seule au moins ici vous êtes là je me sens rassurée tu es sure qu’il n’y a rien d’autre non non il n’y a rien elle me regarde d’un air soupçonneux enfin inquiet soupçonneux ça y’est elle se dit ses parents la battent elle a du mater un bleu ou un autre sur mon corps ou des traces sur ma gueule ou alors c’est qu’elle a juste l’habitude de ça maintenant ça a fait tilt merde je veux pas qu’elle pense ça cette pute putain j’ai envie de dormir je lui dis j’aimerais dormir encore un peu elle me dit bien sûr ma chérie vas-y allonge-toi je vais prévenir le directeur que tu passes la journée ici merci je dis je me recouche je ferme les yeux Je ne m’endors pas Mes pensées dérivent Je n’arrive pas à les diriger Je reviens à samedi Je peux pas faire autrement C’est comme un siphon J’y vais toujours tout le temps Pas moyen de me tirer ailleurs J’en peux plus Ca me ramène toujours Putain Samedi Je dis encore du spasfon je veux dormir donnez-moi quelque chose s’il vous plait mais elle refuse On voit bien que t’es pas dans ma tête que samedi t’es chez toi en train de baver devant ta télé de merde salope grosse truie sale pute Je ferme les yeux je me concentre sur marilyn manson je me passe l’album dans la tête les moindres détails je me remémore tout le moindre riff le moindre effet électronique toutes les paroles tous les effets de voix tout putain tout tout tout avec le silence les yeux fermés tout à force de bloquer sur manson je deviens pâteuse je deviens cotonneuse ma pensée se paume se paume se paume nulle part Je me réveille c’est l’infirmière qui me secoue Il est cinq heures elle me dit dis donc tu avais beaucoup de sommeil en retard Tu devrais peut-être rentrer chez toi maintenant Je m’assieds trop vite j’ai le cœur qui bat la chamade j’ai du mal à rassembler mes pensées puis je me dis c’est pas plus mal puis je me dis non non puis c’est trop tard c’est là avec moi ça part pas ça partira jamais L’infirmière a dû comprendre mon regard elle me dit tu sais s’il y a quoi que ce soit tu peux venir me parler à moi si tu veux quand tu veux elle insiste même pour me filer son numéro de téléphone je le prends mais bon pour ce que j’en ai à foutre de son numéro de téléphone enfin je suis debout maintenant je me sens bizarre j’ai encore le cœur qui bat trop vite la bouche pâteuse les jambes faibles Je sors de l’infirmerie dans la cour y’a personne de ma classe je sors du lycée je sens le regard de la pionne de l’accueil le regard du directeur ils vont parler de moi ils vont parler de moi la pauvre petite qu’est-ce qu’il lui arrive vous croyez qu’elle se drogue que ses parents la battent qu’elle se fait racketter Je suis dehors je marche je change de chemin pour rentrer j’ai envie d’aller ailleurs mes pensées sont molles je passe sur un pont je prends jamais ce pont je regarde en bas je regarde autour de moi je passe la jambe vite j’entends une voix hé mademoiselle mademoiselle je passe l’autre jambe j’entends non non je lache j’ai de l’air autour de moi j’ai de l’eau autour de moi j’ai de l’eau dans ma bouche j’ai de l’eau dans mon nez j’ai de l’eau dans ma gorge
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