saveurs molles - 1 chaque jour

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konsstrukt
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saveurs molles - 1 chaque jour

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1.saveurs molles, jour 1

un groupe d'enfant traine devant un chantier. ils observent, crient, rient, se disputent à propos de futilités, puis se séparent.
les bruits du chantier sont assez importants pour créer une atmosphère qui les enveloppe, c'est pour cette raison qu'ils ne se rendent pas compte du manège hospitalier autour d'eux, le samu, les passants attroupés, l'évacuation d'un homme blessé et les pleurs d'un deuxième.
ensuite les enfants se dispersent, mais le chantier reste et continue ses bruits habituels et évidents. les ouvrier n'ont pris garde à rien, ils construisent une caserne et leur principale préoccupation est d'aller vite, car ils espèrent rentrer chez eux moins tard que la veille.
la petite foule devant le bistrot se disperse quand le véhicule du samu emporte le blessé et son ami. les clients retournent à l'intérieur et à leurs commentaires sur la météo politique, qui ces derniers jours tourne à l'orage.

ANNEXES :

1 :

des tuyaux, tout en-dessous, des tuyaux.
plus bas que les collecteurs d'égoûts et plus bas que les plus anciennes catacombes, plus bas qu'aucune pioche ni aucune excavatrice ne pourra creuser ; plus bas, et partout. Ces tuyaux sont aussi ancien que l'homme, et leur plus inquiétante caractéristique est qu'ils semblent façonnés selon une technologie issue des années cinquante, alors qu'ils traversaient déjà la roche quand l'homme regardait les étoiles sans même songer à y voir dieu.
des tuyaux, aussi bas que l'imagination creuse, ce n'est pas assez bas pour eux.
si quelqu'un creusait jusqu'à eux, s'il parvenait à les voir, ces anodins tuyaux de ciment gris, rond, épais et lisses, sa raison s'y dissoudrait ; ces tuyaux sont le mal, ils véhiculent le mal, leur action est néfaste et sans limite.
des tuyaux aussi longs que la terre, aussi ramifiés que nos veines les plus insignifiantes.
ce sont des flots de haine qu'ils transportent, du pouvoir et de l'asservissement qu'ils charrient ; ils pompent, pompent, pompent, obéissent à un circuit dont le coeur demeure caché, dont la cause et la raison demeurent inconnues.
des tuyaux, de simples tuyaux en tous points semblables à ceux que nous observons quotidiennement sur les chantiers.

2: la caserne

dans trois mois, elle sera terminée.
dans six mois, du matériel y sera volé.
dans dix mois, ce matériel renversera, au cours d'une bataille décisive entre des black blocs et les forces armées, l'équilibre du combat en faveur des black blocs.

3: blog de baptiste mattéis

je commence ce truc dans l'espoir de dêméler un peu les fils du bordel dans lequel je me trouve. ce n'est pas vraiment destiné à être lu, encore moins commenté, mais, par une bizarre perversion, j'éprouve la nécessité de rédiger mes pensées ici pas sur un calepin.
effet de la mode, sans doute.
j'ai trente-huit ans, je suis divorcé, et mon supérieur hiérarchique vient de tomber dans le coma, il y a moins d'une heure, juste devant moi. Nous étions assis face à face, dans un bistrot, et il m'évoquait une enquête complexe sur laquelle il voulait que je le seconde. Ca signifait une quasi promotion.
l'instant d'après, son visage était écrasé contre la table et du sang lui coulait des oreilles.
plus tard, les médecins ont dit qu'il s'agissait d'une rupture d'anévrisme. quoi que ça puisse être, le désordre ambiant est trop lourd pour le transporter sans risque dans un centre de soins approprié, tout comme le désordre est trop grand pour que le nouveau commissaire prenne ses fonctions immédiatement. pendant une semaine, j'ai en charge ce dossier et toute la boutique par-dessus le marché. et comme si ça ne suffisait pas, j'ai décidé d'aller rendre visite au commissaire chaque jour, pour lui faire mon rapport en quelques sortes. faut être idiot...
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2. saveurs molles, jour 1

un homme bat une femme sous le regard d'un enfant. L'homme et la femme sont mariés ; l'enfant est le fruit pourri de ce mariage.
l'enfant est autiste, il regarde la scène de violence sans véritable réaction. Il se dandine, et essuie la bave qui lui coule quelquefois aux coins des lèvres.
certains, dans l'entourage, supposent que l'enfant est autiste parce que le mari continuait de battre son épouse au cours de la grossese ; d'autres pensent que c'est parce que le mari, et quelquefois la femme, battaient trop durement l'enfant lorsqu'il était bébé ; d'autres encore estiment que la drogue joue un rôle là-dedans.
le différent qui oppose les deux époux est lié à l'enfant. le mari a conclu une vente que la femme ne peut pas supporter. pour environ cinq mille neuros (cela représente un an de salaire, pour cet homme qui est mineur de fond dans un pays pauvre), il a cêdé l'enfant à un homme riche, espérant convaincre sa femme du bien-fondé de l'opération.
l'épouse, bouleversée, a menacé son mari de le quitter sur le champs, et de le dénoncer à la police ; il tente par les coups de la rallier à son point de vue.
l'heure tourne, et le rendez-vous approche. excédé, il saisit un broc d'eau et en cogne le crâne, puis le visage, puis le cou de la femme, qui tombe inanimée. il la traîne ensuite aux toilettes, où il la ligote et la baillonne.
l'enfant, lui, suit toutes ces actions en se dandinant et en essuyant la salive qui lui coule au coin des lèvres.
le rendez-vous se conclut de la meilleur façon, des alcools sont débouchés pour fêter ça, l'argent est au complet, et les hommes en veste noire emportent l'enfant qui ne comprend pas (encore) la situation.
l'époux est partagé entre l'allégresse d'avoir gagné une telle somme, et la tristesse de subir le délabrement de son couple ; il pourrait quitter sa femme, ou même la tuer, dans ce pays presque sans loi cela ne serait guère conséquent, mais, pour son malheur, il en est fou amoureux.

ANNEXES :

1 :

ils ont vu des choses, les fous, des choses impossibles, des choses ridicules à tout autre esprit que le leur, et ces choses qu'ils ont vu et qu'ils ne peuvent dire, ces choses-là remplissent tout ; s'ils se mutilent ce n'est que pour tenter de les faire sortir ; leurs hurlements ne sont que des tentatives dérisoires de les vomir ; leurs continuels délires verbaux ne sont que les vestiges de cette volonté initiale de partager l’horreur vue ; et il y a pire, il y a ceux qui se taisent et ne font rien, et ceux-là, pourquoi se taisent-ils, et pourquoi ne font-ils rien, pour une raison simple et épouvantable, pour la raison qu'ils ont compris ce que ces choses étaient, et pour la raison aussi qu'ils ont accepté ; ils sont comme ces fous sur lesquels dieu dégringole, et qui tout à coup, au lieu de se sentir terrifiés, en conçoivent une joie de dément et deviennent prophètes ; oui, c'est ça, en vérité, les fous qui ne disent rien sont nos nouveaux prophètes, et si nous savions lire leurs pensées, ou au moins déchiffrer leur regards d'abîme, nous contemplerions dieu, dans toute son impensable horreur.

2:

et ces tuyaux certains hommes les ont finalement vus, et certains hommes les ont finalement touchés, et par eux le mal s'est répandu ; certaines fois ce mal à porté des noms, la peste, l'amiante, et cela dépendait de l'époque et du lieu, mais dans la réalité aucun nom ne convenait à ce mal-là, non, aucun, juste le mal, et même pas de majuscule, car il n'avait aucune noblesse, aucune grandeur ; simplement il apportait la désolation, la douleur, et en des occasions la mort.
ces tuyaux si profonds alors devenaient maintenant dangereusement proche des pieds de l'homme, et nul de ceux qui creusent les tunnels des métros, et nul de ceux qui acheminent le pétrôle et autres semences issues des muqueuses telluriques n'ignore l'existence de ces tuyaux. ho, bien sûr, personne ne se trouvera à vous en parler, et vous pouvez pousser à boire qui vous voulez, et autant que vous voulez, leurs épouses mêmes, leurs maîtresses mêmes, n'en ont jamais entendu parler ; mais entre eux, ho ! entre eux ils en parlent, et souvent même, et si vous comme moi pouviez laisser une oreille trainer, que d'horreur entendriez-vous, oui...
un nouveau tuyau, de nouvelles ramifications, ont envahi les imaginaires des troglodytes ; un tuyau plus épais, plus rugueux, plus sale qu'aucun autre, et aux ramifications qui paraissent s'étendre sous toutes les grandes métropoles ; et certaines langues prétendent savoir ce qu'il charrie, et dans quel but, mais beaucoup d’autre rient à ces impossibles évocations

3: Blog de Paul Herbert

je me sens loin de chez moi, et je m'emmerde. je me suis emmerdé toute la journée, et je continue à m'emmerder ce soir. tous les autres sont je ne sais où à s'éclater avec des call-girls russes aux noms ridicules, et moi je ne suis là comme une andouille à tapoter sur mon ordinateur, et pourquoi ? je ne sais même pas.
je crois juste que ça commence à me taper sur le système, cette vie et ce boulot de crétin. je suis le standardiste le mieux payé de la planête. 10000 euros par mois simplement pour dire "désolé monsieur, mais monsieur xxx est occupé".
oui, xxx. son nom est tout de même assez connu de certaines personnes, ça la foutrait mal qu'ils lisent par hasard les confessions semi-dépréssives de son secrétaire.
10000 euros bien sûr c'est pour couvrir les risques de corruptions. d'un autre côté, c'est tellement trop que à part épargner pour mes vieux jours je peux rien faire avec. pour bien faire il me faudrait une copine à couvrir de cadeaux, mais comment est-ce que je pourrais rencontrer quelqu'un en étant tout le temps en voyage.
ou alors je pourrais faire comme eux, et appeler toutes les filles Irina, en se persuadant que c'est la même. Mais c'est pas ma faute si je trouve ça ridicule.

4:

(extrait de journal)
Helena Rodovsky a été internée hier, après le meurtre brutal de son mari. Ayant gardé le silence tout au long de son interrogatoire, de son procès, et, vraisemblablement, au cours des quatre ou cinq mois précédents, c'est donc en recoupant les divers témoignages des voisins que nous avons pu reconstituer l'affaire.
(...)
La police, ne trouvant aucun réponse à ses injonctions, défonce la porte de l'appartement. Les cris ne cessent qu'à ce moment, et Héléna, hébétée, l'avant-bras totalement recouvert de sang, accueille les policers avec sang-froid, et les invite à prendre une tasse de thé.
(...)

5:

(Extrait d'un catalogue trouvé sur internet)
- Rein : 5000 euros (âges : 12-16 ans, 30-40 ans)
- Oeil (paire) : 3000 euros (âges : 15-20 ans, adultes ; couleurs : verts, bruns)
(...)
- Corps entier : 15000 euros décédé, 45000 euros vivant (âges : 12-55 ans, nationalités diverse, nous contacter)
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la première, c'est tout à fait ça.

ça fout la trouille, ces tuyaux, je trouve.
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3. saveurs molles, jour 1

dans la tête du type des pensées se déploient
dans la tête du type des pensées se déploient
dans la tête du type des pensées se déploient
des bulles d'air, de gaz rares ou communs, de sang
des impulsions électriques et des pulsions de mort
des lignes vertes sur un écran noir
des rêves en kit et des phrases en trop
des rêves en kit et des phrases en trop
des rêves en kit et des phrases en trop
des muscles morts et des organes froids
des seringues intelligentes et robotisées
des graphiques virtuels sur des laptops très chers
du matériel plus cher que toi
du matériel plus difficile à fabriquer que toi
plus difficile à entretenir que toi
du matériel plus rare et plus précieux que toi
du matériel bien plus vivant que toi
dans la tête du type des rêves en kit
des pensées en trop se déploient dans le froid
les yeux rêvent mais ne roulent pas
la chimie gère mais ne vit pas
des tuyaux dans la bouche mais ils ne parlent pas
des rêves se déploient se reploient disparaissent ratatinés noyés sous la chimie
des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières et des tunnels et des lumières au rythme artificiel du coeur artificiel
des cavernes où l'eau goutte dans l'obscurité
des monstres en ombre sur les parois noires
des visages tournés vers un visage
des mains tendues vers des corps tendus
du latex pour recouvrir la peau
des lasers pour ouvrir la peau
des robots pour recoudre la peau
des humains vivants qui regardent et qui parlent et qui comprennent ou ne comprennent pas
mais font très bien semblant dans ce cas
des pensées en kit éclosent dans le cerveau mort
des pensées en kit éclosent dans le cerveau mort
des pensées en kit éclosent dans le cerveau mort
des pensées fanées sont lues par des laptops à vingt-cinq milles euros
des pensées fanées sont traduites en lignes brisées
des pensées fanées traversent des écrans noirs
des pensées fanées sont vertes et sinusoïdales
des pensées fanées et saccadées remplisent un laptop à trois tetraoctets
des hommes presque en vie sont presque intéressés
ils parlent sans se regarder
dans les yeux des vivants et dans les yeux des morts les mêmes reflets
dans les yeux des vivants et dans les yeux des morts les mêmes lignes vertes qui reflètent les pensées cassées du corps étendu sans parler
des rêves commencés ne finiront jamais
des rêves commencés ne finiront jamais
des rêves commencés ne finiront jamais
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contacte-moi sur mon mail, je cherche justement quelqu'un pour enrichir l'univers des saveurs molles de vrais morceaux de graphisme et de son.

*proposition sérieuse !*

konsstrukt@aol.com
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En fait, les dessins sont ceux de Squal, notre VJ de Vortex. C'est parfois ce genre d'image qu'il mixe durant notre live, en les mélangeant avec d'autres éléments : des pictogrammes animés, des slogans. On va aller plus fers l'image fixe que vers le Vjing classique, qui est souvent très chargé en effets et en animations. L'adresse du site de Vortex :

http://speedyjack.free.fr/vortex/acceuil.html

Pour la musique, tu peux utiliser mes titres, si tu veux, pusiqu'ils sont sous Copyleft. Le problème c'est que les fichiers sont un peu lourds.

+A+
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4. saveurs molles, fin du jour 1

là, il y a un homme qui en tue un autre.
ici, un mendiant réclame un euro pour aller boire un café
là, un autre mendiant est embarqué par les flics pour avoir pissé dans la rue, enfin pisser est un bien grand mot : il se compissait sans même avoir ouvert son pantalon, et dans la chaleur de l'été urbain l'odeur gênait les touristes
ici, un enfant tente de voler des fleurs pour les offrir à la fille dont il est amoureux ; rien en l'état actuel des choses ne permet de dire s'il va réussir
là, un chien renifle la merde déposée un peu plus tôt par un autre chien
ici, un homme presque nu (il se cache le sexe avec un magazine) ferme les rideaux devant une fenêtre, on devine la silhouette d'une fille sous les draps, au fond de la pièce
là, un policier tient le guidon de sa moto d'une seule main ; de son autre main, armée d’une tonfa, il brise d'un le genou droit d'un homme qui fuyait à pieds
ici, un adolescent viole pour la quatrième fois sa sœur
là, un adolescent regarde pour la quatrième fois massacre à la tronçonneuse
ici, un homme sous l'emprise de l'alcool vomit par la fenêtre, il n'y a personne en bas
là, une fleur pousse ; ici, un chien agonise ; là, un enfant meurt brutalement ; ici, une chèvre naît et pousse un cri de chèvre qui naît ; là, un magnétoscope s'éteint ; ici, un incendie s'allume ; là un train déraille au cours d'un trajet sous la pluie ; ici c'est un homme, au cours d'un repas d'affaire très arrosé
là, c'est ici
ici, c'est maintenant
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5. saveurs molles, jour 1

il y a cet homme, qui vient de se faire licencier. ça tombe mal, des dettes importantes ne souffrent aucun délai. il y a la maison à payer, les intérets sur les prêts contractés, et toutes sortes de choses achetées à crédit. il possède des relations dans la pègre. quelqu'un lui confie un cd-rom ; il doit le conserver quelques jours et ne surtout pas le garder, cela lui rapportera mille euros.
le soir même, par curiosité, il visionne le contenu du disque, et ce qu'il voit ne le répugne pas. il ne voit que l'argent qu'il peut en tirer. aussitôt il échaffaude des plans, il se voit avec sa femme dans une meilleure maison, dans un meilleur quartier, ailleurs. Cette ville est trop étroite. s'il se débrouille bien, il peut en tirer assez pour accomplir tout ça. cent mille euros, peut-être plus.
il passe le reste de la nuit sur internet, à chercher des acheteurs ; il en trouve bien sûr.
il vend, il a l'argent, tout ça à l'insu de sa femme. ensuite, il se débrouille pour lui faire croire qu'il a réussi un coup juteux, il invente une histoire de contrat, quelque chose d'embrouillé, de difficile à avaler, mais il y a du cash, elle préfère croire les bobards et espérer elle aussi une vie meilleure. alors ils déménagent, et son air inquiet, à lui, n'efface pas la joie qu'elle éprouve, elle, à recommencer.
les autres, ceux qui voulaient récupérer le cd, mettent quelques jours à retrouver la trace des fuyards. ils s'introduisent une nuit dans la maison, et kidnappent la femme. ensuite, ils tabassent et torturent le mari, qui dispose de quarante-huit heures pour récupérer le cd.
les choses en sont là à la fin de cette journée. l'homme est totalement désespéré, il tourne en rond dans la ville de location qu'il n'habite même pas depuis une semaine. il envisage le suicide comme une fin possible à ses problèmes, mais pour son malheur il aime sa femme, et imaginer les conséquences, pour elle, de son suicide à lui le rend malade.

il y a aussi cet adolescent, qui, amoureux de cette adolescente, ignore comment le lui faire savoir, ignore surtout quel sera l'effet de cette révélation, et a peur de toutes sortes de choses. il n'est pas au lycée aujourd'hui, il a trop de choses à penser, trop de plans à échaffauder. Il en est là, lui, aujourd'hui, assis dans un bar à regarder les gens sans réellement les voir, et à ne pas réussir à penser, mais tout juste capable de laisser ses peurs enfler en fantasmes complêxes. ce qu'il ignore, c'est que dans quelques jours tout ira bien, que sa bouche connaîtra le goût d’une autre bouche ; et ce moment merveilleux correspondra à des moments pathétiques pour le reste du monde.

ANNEXES :

1:

Frédéric Michard, vétéran de la politique, a intégré et quitté divers partis avant de fonder le sien, le PNR ou parti national-républicain.
depuis qu'il est président de la république, certaines dispositions sociales ont profondément changé, telles que les droits des chômeurs.
les émeutes et les grèves qui secouent le pays depuis quelques temps ne sont pas étrangères à ces décisions. pourtant, il faut bien constater que le chomage a subi cinquante pour cent de baisse depuis l'application des nouvelles lois. l'une de ces lois stipule que tout chomeur de plus de six mois est automatiquement radié. le rmi a été supprimé, le délit de vagabondage rétabli ; la présence policière s'est accrue considérablement, de nombreux endroits ont fermés, il n'existe plus de ministère de la culture mais un ministère des loisirs et de la jeunesse, ce qui change tout.
des artistes se sont mobilisés, certains sont actuellement en prison ; le pays tout entier connaît, depuis ce matin, sa plus importante grève depuis 1968. aucun train ne roule, aucun courrier ne passe, l'électricité n'est pas distribuée partout.
l'armé n'attend qu'un ordre pour intervenir, la police a déjà mattée certains émeutes en tirant à balles réelles dans la foule.

2:

un fichier de photos intitulé "4 à 8 ans", un autre intitulé "9 à 11 ans", un troisième intitulé "fichier sons".
les photos
nus
quelquefois de dos
quelquefois les jambes écartées
les fichiers
des cris supposés de douleur
et des cris de plaisirs sans équivoque
les photos
classées
des gros plans
de la peau, de la peau sans poil
pas un seul poil sur ces peaux-là
et caetera

3:

ils seront une armée d'une centaine, très bientôt, une centaine à réclamer vengeance d'un meurtre odieux.
beaucoup se poseront la question : mais qui a bien pu donner l'idée à ces loques, à ces rebuts parqués dans des ruines, l'idée d'une telle rebellion ?
le fait-divers qui déclenchera les émeutes est passablement horrible : il s'agira d'un clochard semblable à ces deux-là, peut-être l'un des deux, qui sera torturé et tué de manière horrible, en manière d'amusement, par des collégiens. l'un de ces enfants se trouvera être le fils d'un ministre, il n'en faudra pas plus pour déclencher une guerre civile emmenée par les gueux.
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