Arkæon - Parasit

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drÖne
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Arkæon - Parasit

Message par drÖne »

J'aime assez ce truc, death danois lorgnant vers le prog, plein de discordances malsaines.



http://www.metalnews.fr/chroniques/parasit :
Terminons le passage en revue des sorties I, Voidhanger avec la troisième déflagration de leur bombardement de novembre, et l’entité maléfique danoise ARKÆON. ARKÆON est certainement le groupe le plus classique de ce nouvel addendum, loin derrière l’avant-garde de SKYTHALA et INCANTVM. Pourtant, de ce classicisme de surface émergent des options moins évidentes, ce qui tend à transformer ce premier album en mystère plus intriguant qu’il n’y paraît au prime abord.

Power-trio noir comme le jais, ARKÆON est constitué de figures bien connues de la scène BM danoise. Les trois musiciens ont été vus dans de nombreux groupes aux fortunes diverses, dont TONGUES, MUSPELLZHEIMR, ÆRKENBRAND, NVLVS, GESPENST et une poignée d’autres plus anecdotiques ou connus. Mais le passé/passif ne nous intéresse guère dans le cas présent, qui justement nous projette vers l’avenir via cinq morceaux étirés au maximum, et une envie de confronter la tradition au modernisme raisonnable.

Enregistré en janvier 2022 au Dead Rat studio, mixé et masterisé par Jacob Bredahl, Parasit en est un qui s’insinue dans votre organisme, ne semblant provoquer aucun changement au départ, avant de contaminer la moindre de vos cellules. Ce parasite se nourrit donc de votre intérieur, vous laissant les organes en mauvais état, et l’audition complètement ruinée. Et malgré sa vilénie en voracité majeure, Parasit reste une œuvre construite, intelligente, ce qui tend à la rendre encore plus dangereuse.

Entre formalisme 90’s et Avant-Garde light du nouveau siècle, ARKÆON n’a pas choisi. Si le label les propose aux fans de MAYHEM, DARKTHRONE, TONGUES, ou GESPENST, autant dire que tous les amateurs de Black sombre, ambitieux, et colérique seront conquis par ces nuances entre passéisme et originalité, cocktail qui se manifeste autour de breaks dissonants, succédant à des charges virulentes et frontales.

Des blasts en veux-tu en voilà, des cassures discordantes qui sonnent juste assez expérimental et personnel, c’est le menu proposé par ce premier album. Zarnak (guitare), Nohr (batterie et chant) et Antonius (basse et chant) proposent donc un paysage nuancé, plongé dans les ténèbres mais qui accepte de temps à autres de laisser passer une lumière blafarde au travers des nuages. Découpé en cinq longs chapitres, ce premier long est donc exemplaire dans sa démarche, et efficace dans son mélange.

On en prend note dès l’explosion en plein vol, de « Skagerrak », entrée en matière démoniaque qui nous cloue au sol. Entre brutalité franche et parfois excessive, et volonté artistique prononcée, ARKÆON choisit de ne pas choisir, et ose les enchaînements pas toujours logiques, et les longues progressions nocturnes peu rassurantes. Ce bel équilibre est parfaitement défini par le monstrueux « Forbrænde », qui sonne comme un affrontement létal entre MARDUK et DODECAHEDRON, mais aussi par « Smertens Vilje », aussi discordant que puissant.

Je parlais de groupe « classique » en amont, mais uniquement en comparaison. Car pris à part, ARKÆON se démarque de la masse avec beaucoup d’intelligence, en travaillant ses atmosphères en les renforçant d’arrangements venteux, étranges ou même totalement inquiétants.

On acceptera le jeu tout en hystérie de blasts de Nohr, qui assume son statut de fusil mitrailleur, et les parties en riffs circulaires de Zarnak qui semble s’échiner à proposer le nombre maximum de plans à la minute. Toutefois, point de cacophonie, d’ellipse facile ou de complexité gratuite. Ici, le propos est compréhensible et si la petite touche avant-gardiste est bien présente, elle n’en reste pas moins discrète eu égard à la puissance de l’ensemble. Et même si quelques idées moins évidentes viennent émailler le propos, elles se basent plus sur la redondance que sur l’étrangeté, ce qui renforce cette impression de traditionalisme.

Montant crescendo dans la noirceur, Parasit grandit, devient de plus en plus dangereux et intrusif, et nous laisse avec un sentiment de peur panique liée à la discordance prononcée de l’évolution de l’album. « Evig Trods » en final accentue tous les aspects les plus bizarres, au point de se rapprocher d’un Metal extrême plus générique, avec force roulements, grosse caisse maltraitée et riffs monolithiques entre atonalité perturbante et dissonance troublante.

Le but avoué est donc d’être aussi efficace que malsain, et l’opération est un succès. Ténia artistique, ARKÆON s’insinue dans nos tripes pour nous priver de carburant, et nous obliger à affronter l’horreur. Une horreur parfaitement décrite par un chant rauque et hurlé, une guitare obsédante et une rythmique mouvante.

Pas le plus original de ce mois de novembre chez I, Voidhanger, mais l’un des plus solides et entre deux eaux.
drÖne
d'où, chose remarquable, rien ne s'ensuit...
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