nyf a écrit :
Pour moi, ces gens sont des victimes, pas des abrutis.
Victimes du système comme je l'ai été un temps, peut etre comme certains d'entre vous aussi : A l'époque ou j'avais tellement de mal à boucler mes fin de mois, à m'occuper de l'administratif, à trouver à bouffer, ou une voiture pour aller bosser... que les considérations sur la planète ou la société ne m'effleurait meme pas.
Quand tu as faim, tu as faim. Tu penses aprés, une fois ke tu as mangé...
Je suis persuadé, pour avoir eu des fins de mois difficile, des problèmes de bagnole, des interdictions de chéquier et autres joyeusetés de ce type durant des temps assez longs, et pour n'être pas issu de la bourgeoisie mais de la banale middle class, et pour fréquenter ici des gens qui écrivent "les pates sont les amis des prolos : mangeons des pates", que l'indépendance et la curiosité intellectuelle, de même que la capacité à analyser et à conceptualiser sa vie et les processus sociaux, ne sont pas toujours corrélées avec les facteurs économiques. lis un peu plus ce forum, explore ses archives, et tu le comprendras vite.
D'ailleurs, aujourd'hui, il est connu, au plan sociologique, que les pratiques culturelles ont "décroché" par rapport aux grilles des salaires depuis pas mal d'années : on n'en est plus à "L'amour de l'art" quand Bourdieu montrait, dans les années 60, que la capacité à la délectation esthétique devant les oeuvres d'art suivait les CSP. Le Lion en parlerait mieux que moi, elle qui connaît bien les questions de rapport à la culture, mais je peux te dire que certains universitaires ont des fins de mois très difficiles en ce moment, tandis que les prolos fréquentent assidûment les musées d'art contemporain... Quant aux pratiques de lecture, elles peuvent facilement être gratuites : il y a des clochards qui vont lire en bibliothèque publique, des gamins des cités qui s'y connectent au net, et c'est ouvert à tous ! A l'époque où je n'avais pas un rond, j'allais beaucoup en médiathèque, dans la banlieue où je vivais : j'ai étoffé ma culture musicale sans jamais acheter de CD durant des années, et j'ai bien vu que les gamins qui entraient dans la bibliothèque de cette banlieue, c'était aussi les "blacks/blancs/beurs" du quart monde français, et pas seulement la classe moyenne déjà cultivée.
Bien entendu, il y a une différence énorme entre naître à Neuilly de parents aristocrates et à Asnières de parents récemment débarqués du Mali, mais l'économie n'explique jamais tout, et c'est lui donner trop d'importance que d'en faire un facteur explicatif global. Comme diraient les gens qui ironisent sur Attac et leur obsession de l'analyse économique : "le monde n'est pas un pourcentage"...
+A+