[konsstruktVOUSaime] / punKpoésie / un texte par jour

[konsstrukt]

l'éclipse c'est un peu comme une redescente d'exta
le corps qui vibre lentement
grand calme
lumière bizarre et envie de ne pas parler
empathie
bouger lentement avec une certaine conscience de son corps
bloquer sur l'ombre
juste là
d'un arbre sur la colonne
carrée de béton qui sert à soutenir
le plafond du balcon
une série d'ombres d'un gris très net
à la découpe parfaite dans le bizarre flou ambiant
et qui donne envie de les regarder longtemps
sans parler
juste partager en pensées confuses les sensations avec quelqu'un qu'on aime
et qui n'est pas loin
des ombres vivantes
dans la lumière grise et fatiguée
et le corps comme ces ombres
et puis l'éclipse passe
et il est temps d'aller bosser
tant pis

[konsstrukt]

ouais mais bon si je commence à écrire des trucs qui parlent de kabbale
non parce qu'on dit qu'il faut cinquante ans pour former un kabaliste
mais moi ce que je sais
c'est que tu laches un taré de kabbale dans une soirée
et en vingt minutes tous les invités sont partis
mais bon
je n'ai pas de révélation tous les jours
non plus
la dernière fois
c'était le christ sur l'immeuble d'en face
aperçu à travers la fenêtre des chiottes
l'immeuble d'en face présente une vaste façade aveugle
à l'exception d'une fenêtre de bureau
où travaillent des meufs de quarante ans qui voient ma bite
quand il fait chaud et que j'ouvre la fenêtre
et cette façace
est sabrée d'une large fissure
et chaque fois
du coin de l'oeil
cette fissure en croix devient le golgotha
un christ énorme d'au moins cinq mètres de haut
son torse cambré
la croix sale et vieille
et chaque fois mon coeur s'arrête un instant
et aujourd'hui
fortuitement
j'ai eu la révélation de la thora originelle
j'ai vu le véritable nom de dieu
alors que je regardais des dessins animés incompréhensibles
en essayant de digérer mes trois bols de cafés
et là j'ai compris
que le véritable nom de de dieu
que la combinaison de la thora originelle
est planquée dans les pages blanches
et qu'il va falloir désormais passer sa vie
à retrouver le bon ordre
surement les tamagochis pourront nous aider
contrairement aux humains
ils fonctionnent en réseau

[konsstrukt]

tu as l'ampleur des évidences
quand tes yeux se posent sur moi
on dirait que tu veux controler
que j'existe bien
que je ne suis pas un ami imaginaire
et moi je n'ose pas bouger
et ça me permet à moi aussi de vérifier
que j'existe
quand tes yeux se posent sur moi
c'est un contact physique dont la vérité
est presque insupportable

[konsstrukt]

moi à la campagne alors que je n'aime pas ça
mais avec toi je suis un petit enfant
tu me montres des trucs et je t'écoute
tu grimpes un peu partout pour récupérer des coquilles vides et des bouts de bois
et moi je te regarde faire
émerveillé
alors qu'à n'importe quel autre moment de ma vie
vivre un tel truc m'aurait consterné
et le bruit de l'eau me détend
je suis assis sur un rocher moussu
et le bruit de l'eau me détend
et quand j'en ai marre de te regarder caracoler n'importe où
je te rejoins et c'est ensemble que nous caracolons
tu me montres des insectes
tu me racontes des histoires d'arbres
tu me montres des chèvres
et moi ça m'intéresse
et je ne comprends pas que ça m'intéresse
mais je m'en fous
je t'écoute comme un petit enfant

[konsstrukt]

tu es penchée au-dessus de l'eau
tes pieds campés sur un rocher glissant
tu me tournes le dos
faiblesse ou confiance
et tu cherches des trucs dans le ruisseau
tu me tournes le dos oui
et moi des idées me viennent
bien sur que des idées me viennent
pas de la prédation non
tu n'es pas une proie
juste des idées morbides
casser ce que l'on aime
et si je te poussais
et si tu étais assez surprise pour me laisser le temps
de quoi
de t'enfoncer dans l'eau jusqu'à la noyade
de te casser le crane avec un rocher
je me demande quel est mon regard
ton dos est joli
bin oui même ton dos est joli
ce grain de beauté là
bien sur je le vois pas à travers les vêtements
ton dos serait joli à pousser mon amour
ton crâne serait beau à fracasser mon ange
ton sang serait magnifique dans l'eau vive ma bien aimée
et puis la pensée passe
et je te souris
bientôt tu te relèves
et je devine le goût de ton sang en léchant tes lèvres

[konsstrukt]

il est neuf heures dix-sept
et le plus difficile
c'est de trouver des choses à faire
pour ne pas courir à la gare comme un idiot
mon train est dans trois heures
je ne dors plus
quoi faire
il faut que je me douche
que je me rase un peu partout
la moustache mieux taillée
les couilles
et après
vérifier les bagages
y aller enfin
je suis à la fois le gamin qui attend d'ouvrir ses cadeaux
et sa maman qui l'empêche et attend la bonne heure
il est neuf heure vingt et une
maintenant
et je ne suis pas plus avancé

[konsstrukt]

anaïs pleure et moi je ne pleure pas
je la regarde et je me demande quoi dire
je n'éprouve plus rien
plus rien d'autre que d'habitude
et je prends conscience de quoi
de rien d'autre que je sache déjà
longtemps en fait que je l'ai quitté
d'abord mon corps et puis mon esprit
et là
la parole
le dernier rempart le dernier truc
et maintenant je ne sais pas quoi dire
elle pleure et je la regarde sans pleurer
elle est recroquevillée contre moi et aucune chaleur n'émane de moi
c'est comme si j'étais mort
comme si j'étais ma propre dépouille
et que j'assistais à ça
à son deuil inconsolable
et de même que le mort ne tend pas les bras
de même je ne lui fait pas de calin
et elle se détache
tristement
et ne me parle plus
et moi je pense à autre chose
anaïs pleure et moi je ne pleure pas
anaïs souffre et moi je ne souffre pas
anaïs regrette et moi je ne regrette pas
anaïs pleure
et je souris
parce que je pense à autre chose
anaïs souffre
et je suis incapable de compassion
le bonheur rend autiste
j'ai les deux pieds dans la merde

[konsstrukt]

des poulets crèvent dans des poubelles et des tourteaux
crèvent dans ma casserole
des poulets soupçonnés de maladie
jetés vivants à la poubelle
A LA POUBELLE et incinérés
et mon estomac se soulève
et mes tourteaux
gardés vivants pour être ébouillantés vivants
c'est que la chair est meilleure
enfin soi-disant
et moi tranquille je prépare une mayonnaise
et mon appétit est ouvert bien ouvert
mon estomac ne pige pas tout
je fais des prières aux poulets
et je fais des prières aux tourteaux
et quel tueur d'enfant fait des prières
pour le bien de sa victime
au moins ils ont le courage de leur cruauté
je suis triste de tuer ces tourteaux
je suis content de les bouffer
je suis horrifié de la mort de ces poulets
soi-disant malades
hier j'ai cuisiné un curry de poulet
soi-disant sain
surement mort
des poulets dans des poubelles
des poulets brûlés vifs
j'imagine l'odeur
et les reflets dans leurs yeux
d'abord l'essence
qui leur brûle la gorge
et la flamme
et la lueur
d'absolue panique
dans leur regard idiot
et dans les yeux idiots
des tourteaux
rien que je puisse voir mais ils se débattent
pour échapper à la mort
pour s'enfuit de l'eau bouillante mais c'est trop tard
et la mayonnaise est prête
dix-huit euros le kilo
et des poulets dans des poubelles
des tourteaux morts dans mon ventre
et des poulets morts transférés d'une poubelle à l'autre
j'ai envie de vomir
et je ne vomis pas
je reprends encore
un peu
de crabe

[konsstrukt]

des enfants dans le parc
et y'en a un qui m'appelle papa
des fois
et la nuit
il y a des bras qui prennent peur
s'ils ne m'entourent pas
je n'avais jamais été
autant sollicité
et je m'en porte bien
mais je ne vois pas comment concilier ça
avec arnaud michniak
qui sur tous les autres points
est pourtant dans le vrai

[konsstrukt]

c'est halloween
tristan revient blindé de bonbons
sa mère essaie de lui inculquer
quelques principes spirituels
et moi je suis quoi
on verra
pour l'instant je suis aux chiottes
et dehors l'orage tonne
moi je pète c'est un hommage
je me sens à ma place
je me sens de mon temps et de mon espace
et je pète encore un coup
j'ai des textes en retard que j'ai hâte d'écrire
je pisse
je suis bien