Le CNRS au service du PQ : la science en action…

Blog-PQ[1]Je ne résiste pas au plaisir de me foutre de la gueule de certains scientifiques du CNRS avec un article du Journal du CNRS, qui est une espèce de journal d’entreprise destiné à la presse grand public, tout entier dédié à la gloire du CNRS et à la célébration de ses grands génies.

Il se trouve que je lis le Journal du CNRS car je le reçois, mais je le lis aux chiottes, tellement ce journal a peu d’intérêt scientifique. L’article qui m’a fait sursauter sur mon trône il y a quelques temps parlait de « tribologie », la « science du frottement » dont les enjeux paraissent absolument fondamentaux. En effet, certaines recherche pourraient déboucher (hum…) sur une amélioration de la qualité du papier cul. Ouais ! Utile la science ! Plus utile que la littérature ancienne dont notre cher président se demandait si le contribuable devait continuer à la soutenir par ses impôts. Voici donc cet article sur la science du PQ, heu, des frottements :

Écoutez comme c’est doux
Passez votre doigt sur une peau douce puis sur une peau sèche. Tendez l’oreille. Le bruit n’est pas le même. C’est à partir de ce constat et de leur expérience en matière de frottement que les chercheurs du Laboratoire de tribologie et dynamique des systèmes (LtdS) ont inventé une sonde capable d’enregistrer ces crissements quasi imperceptibles et d’en déduire la douceur de la peau.
Chaque peau fait un bruit différent, et pour en comprendre la raison, il faut se rapprocher de la surface : une peau douce est composée de sillons resserrés et peu profonds, une peau sèche, de rides beaucoup plus marquées. Lorsqu’on caresse la peau, elle rentre en vibration et émet des ondes dont l’amplitude augmente avec la rugosité et la rigidité. Autrement dit, une peau sèche fait plus de bruit qu’une peau douce. Pour enregistrer ces vibrations, les chercheurs ont donc développé une sonde « tribo-acoustique » munie, à l’extrémité, d’une sphère creuse d’un diamètre de 4 centimètres. Lorsqu’on la fait glisser sur la peau, comme on la toucherait du doigt, les ondes générées sont amplifiées et enregistrées grâce à un capteur situé dans la sphère. « Les mécano-récepteurs de la peau, qui transmettent les informations du toucher au cerveau, sont sensibles à des vibrations comprises entre 10 et 400 hertz environ. Nous avons donc sélectionné un capteur qui possède une large bande de fréquences », explique Hassan Zahouani, professeur des universités à l’Enise3 et chercheur au LtdS.
sonde

© R. Vargiolu/LTDS/CNRS

Quelques passages de la sonde « tribo-acoustique » sur la peau suffisent à obtenir, instantanément, une mesure objective de sa douceur.
La sonde fournit donc une véritable signature acoustique de la surface de la peau, révélatrice de son état de douceur. « Les personnes qui testent la douceur de certains produits, malgré des gestes et un vocabulaire normalisés, ont une approche subjective, souligne Roberto Vargiolu, ingénieur d’études au LtdS. La sonde offre une approche objective avec des données chiffrées et précises. »
Breveté par le CNRS en 2005, l’instrument pourrait intéresser les dermatologues pour le diagnostic et le suivi des patients. Déjà, il sert aujourd’hui à évaluer l’effet de crèmes rajeunissantes ou hydratantes sur le relief cutané mais aussi à tester la douceur de papiers toilette, l’efficacité d’après-shampoings sur les cheveux ou encore celle d’adoucissants sur des serviettes-éponges.
Pour aller plus loin, les chercheurs souhaitent à présent évaluer comment notre peau perçoit la douceur de différents tissus. « Pour cela, on excite la peau avec un tissu et on mesure les vibrations qui lui sont transmises grâce à un vélocimètre4 laser, s’enthousiasme Hassan Zahouani. Il y a quelques années, cela nous semblait irréalisable. »

Laurianne Geffroy

 

Voilà, comme ça vous savez à quoi servent vos impôts quand ils financent de la science appliquée…

4 réflexions sur “ Le CNRS au service du PQ : la science en action… ”

  • 28 avril 2008 à 10 h 08 min
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    Bonjour,
    Je suis ravie que l’article sur la mesure de la douceur ait suscité de votre part un tel intérêt. Sachez que nos travaux sur le papier toilette vous permettent d’effectuer votre besogne quotidienne dans des conditions optimale de confort. Apparemment vous n’y êtes pas opposé sinon vous utiliseriez du papier journal.

    Bien à vous.
    Roberto VARGIOLU

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  • 17 mai 2008 à 13 h 22 min
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    Je suis ravi que l’Ecole Centrale (si j’en crois votre adresse mail) se soit donnée comme défi scientifique de contribuer à l’amélioration de la douceur du papier toilette : cet objet de recherche constitue en effet un enjeu majeur, tant au plan social qu’épistémologique, et je ne doute pas que les collaborations interdisciplinaires s’en suivront pour le plus grand bien de la progression des savoirs fondamentaux sur la matière, l’univers, et la société. Il en va de la réputation d’excellence de votre établissement ! L’excellence dans le papier toilette, voilà en effet une mission qui, j’en suis sur, redonnera envie à tous les jeunes de s’engager dans la recherche scientifique. Merci donc à vous pour ce grand oeuvre !

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  • 13 juin 2008 à 11 h 43 min
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    l’école Centrale de Lyon participe à des recherches archéologiques concernant la fabrication et l’usure des objets. Nous n’avons jamais pu leur fournir un budget. ceci explique peut-être qu’ils ne se consacrent pas qu’à la recherche fondamentale.
    Des étudiants participent à ces projets. Je pense que cela peut donner envie de s’engager dans la recherche scientifique.

    catherine NGUYEN

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  • 13 juin 2008 à 15 h 58 min
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    Ce qui est dommage, dans ce cas, c’est que le Journal du CNRS et le labo de tribologie de Centrale aient préféré valoriser un type de recherche susceptible de recevoir l’IGNobel plutôt qu’un véritable travail scientifique. Peut-être ne faut il pas chercher bien plus loin les raisons de la désaffection des étudiants pour les études scientifiques : quand les chercheurs eux mêmes confondent innovation technologique et production de connaissances nouvelles, on ne peut pas s’attendre à recruter beaucoup de monde dans ces filières. Les études disponibles depuis 30 ans sur la perception des sciences dans le public montrent en effet un attachement constant à ce qu’on pourrait qualifier « d’esprit des Lumières », esprit qu’on serait bien en peine de sentir souffler avec une science de plus en plus au service du marché, et de moins en moins porteuse d’enjeux de réflexion sur la vie, la matière, ou les sociétés…

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